ronnie bird a écrit:
Pourquoi ne pas s'entendre alors entre opposants au gouvernement en place sur la candidature d'un représentant issu d'une coalition à même de triompher avec la règle de la majorité relative?
Ben parce que le seul dénominateur commun entre la NUPES, LR et le RN, c’est d’être contre un projet.
Ils n’ont rien d’autre en commun objectivement, politiquement et en plus leurs électorats ne le comprendraient pas.
Tu vois quel projet commun entre NUPES, LR et RN ?
C’est ça, le jeu, les majo relatives, même si ce concept étant inconnu dans nos institutions, il est pas illogique de ne pas le comprendre. Il y a deux questions qui se posent.
La première c’est « faites-vous confiance au gouvernement ? » et là, tout le monde va répondre « Non », donc majorité absolue.
La deuxième, c’est « OK, mais par quel projet le remplacer ? » et là, les uns vont dire « un projet écologique et populaire », d’autres vont dire « un projet pro-entreprise libéral doublé d’une politique sécuritaire et anti-assistés » et les derniers vont dire « on sait pas trop, mais les arabes dehors ». Et donc, personne n’a de majorité.
Un exemple, qui date un peu, mais qui est éloquent. Un très très lointain prédécesseur de Borne avec le titre de « Premier Ministre » (à peu près) était en poste dans les années 1650 et également considéré comme illégitime tout en exerçant le pouvoir au nom d’un roi trop jeune pour le faire lui-même. Il y a avait une première opposition, parlementaire, donc institutionnelle composée de gros bourgeois et de petits nobliaux. Et il avait une deuxième opposition composée de la haute noblesse qui contrôlait ce qui n’est pas négligeable l’armée. Le Premier Ministre, qui n’était pas le moins habile, avait compris un truc : il y avait 3 groupes, il était le plus fort, mais les deux autres allaient s’allier et ensemble, ils devenaient plus forts que lui.
Alors il a joué la seule carte qu’il avait. Il leur a dit « vous voulez que je parte ? Eh bien je pars, vous avez gagné » et il est parti à l’étranger, de l’autre côté de la frontière. Tout en continuant à tirer les ficelles et en attendant que la situation pourrisse.
Parce que qu’est-ce qu’il s’est passé ? Le seul moteur de l’union des parlementaires et des princes avait disparu. Ayant perdu leur point de convergence, ils ont commencé à se mettre dessus, puisqu’avant des objectifs politiques antagonistes. Et quand ils se sont bien affaiblis les uns les autres, l’autre et rentré en France pour récupérer un pouvoir qu’il n’avait en réalité pas vraiment lâché et n’a pas eu de mal à mater ses opposants.
Après quoi, il n’a plus jamais été emmerdé et Mazarin est même devenu le ministre le plus puissant de toute l’histoire de France, et accessoirement, l’homme le plus riche de toute l’histoire du pays, record qui tient encore semble t-il.
C’est ça, le jeu parlementaire. Trouver des gens qui sont contre, c’est facile. trouver des gens qui sont pour, c’est compliqué. Sauf à imaginer que Mélenchon, Le Pen et Marleix s’associent sur un projet de gouvernement. Mais un projet de gouvernement assis sur une coalition contre nature, c’est moins improbable de le voir chez Macron, mais ça nécessiterait une alliance avec LR et une partie de la NUPES…. Sans que personne de LR n’en profite pour se tailler.
La seule issue sera des majorités de projet au cas par cas. Sinon, il y aura une dissolution d’ici l’été 2023.
Avoir une majorité relative, c’est ne pas avoir de majorité pour un projet.