tite-live a écrit:
rix a écrit:
Un exemple : dans la ruralité, les écoles ferment, dans les banlieues on dédouble les classes. On supprime des instits ici pour les mettre là. Qui sont les gosses sacrifiés ?
Donc là par exemple tu écris une énorme bêtise, à force de répéter ce que tu entends dans les discours d'extrême droite.
Les écoles rurales bénéficient aussi du dispositif de dédoublement dans les secteurs difficiles : par exemple, à Saint Pierre sur Dives, où j'enseigne, les CP et CE1 sont dédoublés. On est pourtant dans une ville qui vote majoritairement pour le RN et où il n'y a quasiment que des blancs.
De plus, dire qu'on "enlève" les postes à un endroit pour les "mettre" dans les banlieues est une erreur factuelle car les dédoublements ont été créés d'une part grâce à la suppression d'autres dispositifs déjà existants, notamment des réseaux d'aide et de soutien qui étaient très utiles, et d'autre part en augmentant les effectifs sur les niveaux non ciblés, y compris dans les quartiers difficiles.
Bref, des classes sont évidemment fermées ici où là, mais les causes sont d'abord démographiques (ce sera le cas dans l'école de ma fille l'an prochain) : il faut de toute façon mettre les enseignants là où il y a des élèves.
On en arrive à ce qu'apparemment tu ignores : justement, les endroits où on manque d'enseignants diplômés, et parfois même d'enseignants tout court (parce que personne ne veut y aller), ce sont justement les écoles de banlieue parisienne, où les enfants reçoivent donc moins qu'ailleurs de la part de l'État (et non pas davantage comme tu le sous-entends).
Comme dirait quelqu'un : "Qui sont les gosses sacrifiés ?"
Ce que tu dis n'est pas factuellement inexact, mais je trouve que tu noies le poisson avec habileté et non je ne dis pas une énorme bêtise. Je vais essayer de te l'expliquer.
Bien sûr que la loi est générale et qu'il n'y a pas de règle qui prévoit expressément de prendre des instits dans la ruralité pour les mettre dans les banlieues, c'est toujours plus subtil que ça.
Le dispositif n'est pas réservé aux banlieues, mais ce sont elles qui en bénéficient le plus. Bien sûr qu'on enlève pas directement Madame Dupont de Soligny-la-Trappe pour le mettre à Bondy, des postes sont supprimer dans la ruralité et d'autres créés dans les métropoles.
Quant à la démographie elle a bon dos. On supprime des services publics et on constate ensuite une baisse démographique qui va justifier de nouvelles fermetures. Mais il faudrait peut-être s'interroger sur les raisons de la baisse démographique. Elles sont bien sûr liées aux services mais aussi à l'empoi. Les emplois sont concentrés dans les métropoles. Par ailleurs, c'est on ne peut pas raisonner seulement en fonction du nombre d'élèves. C'est comme pour les services de santé, dont les maternités, il faut prendre en compte les distances et les temps de déplacements.
Tu me diras, mes enfants sont dans le privé, à l'initative de leur mère qui est prof du public, et même en ville il y a des parents qui font de nombreux kilomètres pour déposer leurs enfants dans une école privé en espérant qu'on y cultive pas trop le "vivre en semble" en dehors des beaux discours. Mais c'est un autre sujet.
Et puis, tu supprimes un prof dans une école rurale parce qu'il y a cinq élèves de moins, plutôt que d'avoir des classes à triples niveaux les parents vont être tentés de mettre leurs gosses à la ville d'à côté où ils travaillent, et ainsi favoriser les futures femetures de classes. C'est ainsi que la moitié des élèves ne sont pas scolarisés dans l'école communale.
Et puis dans les communes rurales, comme dans les banlieues, mais on en parle beaucoup moins dans le premier cas, tu as souvent des profs débutants, donc inexpérimentés, voire qui n'en n'ont rien à fiche car ils sont là de façon transitoire en attendant un meilleur poste et qui en font le moins possible. Je ne généralise pas, mais ça existe. Et quand la commune a investi pour avoir une belle école, de bonne condition d'enseignement, ça fait franchement mal au coeur d'avoir une équipe enseignante au complet qui ne s'intéresse pas aux élèves et à l'école.