Xavi Jacob a écrit:
Ça ne me dérange pas qu'un candidat à l'élection présidentielle s'en tienne à des principes et des grandes lignes. Les programmes détaillés et chiffrés ne riment souvent à rien et ça ne devrait être au Parlement et au Gouvernement de décliner tout ça en actions.
C'est littéralement comme ça que sont censées fonctionner les institutions à la base. Le Président est sur du temps long, c'est le gouvernement qui gouverne, en principe.
Et là ou Xavi a raison aussi c'est que les programmes chiffrés, ça ne rime à rien, sinon faire un effort de crédibilité, mais on l'a vu en 2017, quand on regarde en détail les programme prétendument "chiffrés et financés" on se rend compte de quoi ? bah que si les chiffres existent, ils sont relativement bidons et qu'un tel montage serait contraire à l'article 32 de la LOLF.
Un programme chiffré, désolé, mais c'est une orientation, ça ne donne rien d'autre. En aucun cas c'est une pré Loi de Finance Initiale et ça n'engage que ceux qui y croient et généralement jamais ceux qui connaissent un peu les Lois de Finance.
Quand au programme détaillé, ça ne reste jamais qu'une réponse à instant T d'une problématique. Il y a des mesures qui ont un sens en janvier et beaucoup moins en juin, parce que les choses bougent. Alors les gens qui te disent "ce programme, on le travaille depuis deux ans", OK, mais est-ce que dans 3 mois on est certains d'avoir besoin des réponses adaptées à il y a deux ans ?
C'est pour Moi le problème des programmes détaillés : ils finissent par imposer une liste de mesure, dont les principales ne sont généralement que des piques à un concurrent (regardez Roussel qui ne parle de bidoche que pour emmerder Jadot), et qui en plus s'adressent à un électorat pour le séduire, là où une action gouvernementale nécessite de prendre en compte le pays tout entier. C'est pour ça que les programmes détaillés ne sont pas mis en oeuvre : ils n'ont en réalité jamais l'ambition de l'être (et celui qui voudrait essayer montrerait qu'il ne comprend pas comment ça fonctionne), ils sont là pour une campagne et en plus après les gens disent "vous avez pas suivi votre programme". Bah oui, parce qu'un programme détaillé, au fond, ça enferme dans un truc figé et préparé à l'avance.
Moi, le candidat qui me dit aujourd'hui "j'ai travaillé l'an passé pour t'expliquer en détail ce que je ferai en 2026" je suis pas certain d'être rassuré. Et puis sinon, si c'était aussi simple, il faudrait passer tout le programme d'un coup comme une loi unique au Parlement dès juillet et hop, c'est bon.
C'est pour ça que bien que pas grand monde ne doit partager ce point de vue, Je préfère les orientations, les grandes lignes, les objectifs à conditions que tout ceci reste et crédible et sincère, plutôt que les programmes détaillés et chiffrés qui ne sont là que pour abuser le citoyen qui voudrait y croire.
Et pour rebondir, car j'ai l'impression que c'est en creux le sujet de cette page, Taubira reste critiquable évidemment, mais je ne vois pas bien en quoi ce qu'elle dit est pire que ce que peuvent dire les autres, Mélenchon inclus.
Et enfin, pour le "mon ennemi c'est la finance", j'ai une lecture différente. Moi j'y vois pas l'annonce d'une politique sociale comme il n'a pas dit "mon ennemi c'est l'économie". Finance et économie sont deux choses différentes. Cette phrase est typique des annonces de campagne : elle est là pour être martelée, c'est pas une orientation car ça ne veut rien dire d'autre, quand justement on lit le programme détaillé, que "séparation des banques de dépot et d'affaire". Et la loi a bien été déposée à l'assemblée (oui, complètement vidée de sa substance). Mon ennemi c'est la finance, c'est une formule, rien d'autre. C'est comme je vous ai compris : chacun sur le coup y comprend ce qu'il veut y comprendre, mais là, il suffisait de le lire le programme détaillé pour le voir.