Surprise ! Alors que le Défi Azimut, épreuve normalement réservée aux voiliers de la classe IMOCA, s’est achevé dimanche dernier, la classe Ultim vient d’annoncer qu’elle organise ce 25 septembre son propre événement avec une course de 24 heures ! Ce sera la première confrontation des géants des mers, à 40 jours du départ de la Transat Jacques Vabre. C’est annoncé très tard mais c’est vrai : les maxi-trimarans volants vont se confronter dès ce week-end ! Deux jours avant le départ, Armel Le Cléac’h nous a confirmé à la conférence de presse de la Transat Jacques Vabre que les Ultim vont s’offrir un tour de chauffe : ce week-end, quatre des cinq Ultim qui prendront le départ de la Transat Jacques Vabre s’élanceront sur une boucle de 24 heures en « faux double ». Au départ de Lorient, les quatre maxi-trimarans – Banque Populaire XI (Armel Le Cléac’h), SVR-Lazartigue (François Gabart), Sodebo Ultim (Thomas Coville) et Actual Ultim 3 (Yves Le Blevec)- mettront le cap vers un waypoint dans l’Ouest puis rejoindront un deuxième waypoint au large des Sables-d’Olonne où sera donné ce dimanche 29 septembre le départ de la Mini-Transat. Comme un clin d’œil des plus grands aux plus petits voiliers de la course au large. Seul le Maxi Edmond de Rothschild (Gitana 17) de Franck Cammas et Charles Caudrelier sera absent.
Interview de Tom Laperche, coéquipier de Gabart pour la Jacques-Vabre.
Passer d’un voilier monocoque de 10 mètres à un trimaran géant et volant de 32 mètres n’est pas donné à tout le monde. C’est pourtant celui du jeune champion Tom Laperche, 24 ans seulement. Après être monté sur les podiums de la Transat en double et de la Solitaire du Figaro, il rejoint François Gabart sur le trimaran SVR-Lazartigue pour prendre le départ de la Transat Jacques Vabre. Un changement de dimension et de responsabilité qui ne l’effraie pas…
Voiles et Voiliers : Tom, depuis quand sais-tu que tu vas participer à la Transat Jacques Vabre avec François Gabart ?
Tom Laperche : Je l’ai appris quelques jours avant de prendre le départ de la transat en double en Figaro, au début du mois de mai.
VetV : Cela n’a pas modifié ton programme de course ?
Tom Laperche : Non, c’était assez clair, le programme en Figaro était ma priorité et la Solitaire était un objectif majeur de l’année. Mais cela a modifié un peu la façon de gérer mon temps. Entre juillet et août, quand je rejoignais l’équipe de Mer Concept et le bateau, c’était à chaque fois extraordinaire. C’était complémentaire du Figaro en termes d’envie, en termes de motivation.
VetV : As-tu une mission particulière à bord ?
Tom Laperche : Je suis co-skipper, voilà. Jusque-là je n’étais pas énormément disponible. Avec le peu de temps qu’il y a entre la mise à l’eau (22 juillet) et le départ de la Transat Jacques Vabre (7 novembre), mon travail consiste à naviguer et à essayer de connaître au mieux tout ce qu’il y a autour du bateau, à prendre les informations de toute une équipe, de tous les gens qui travaillent autour pour connaître le maximum de choses possible. VetV : Quel est ton avis sur le bateau, ce nouveau trimaran géant SVR-Lazartigue ?
Tom Laperche : Ce trimaran a un potentiel énorme, c’est sûr. Mais ces grands bateaux ont besoin d’un peu de temps pour arriver à maturité en termes de fiabilité, de performance, et de réglage. Il faut au moins un ou deux ans avant d’être abouti, plutôt deux et c’est génial de participer à cette mise au point au début de la vie de ce bateau-là. Nous atteignons déjà des vitesses qui sont hypersatisfaisantes. Le défi est d’abord technologique : il s’agit d’avoir le bateau le plus prêt possible
VetV : Avec François Gabart, pouvez-vous avoir des ambitions sportives malgré le manque de mise au point ?
Tom Laperche : Je pense que oui, nous sommes compétiteurs, maintenant le défi il est d’abord technologique : il s’agit d’avoir le bateau le plus prêt possible et de savoir le régler pour bien le faire voler. Si le bateau arrive avec un potentiel de vitesse intact après 15 jours de course, notre place sera correcte. Mais l’objectif numéro Un, c’est d’arriver de l’autre côté, de traverser l’Atlantique, d’apprendre un maximum et de se remettre en question pendant la course afin que l’on soit meilleur en arrivant.
VetV : En tant que Figariste, tu avais l’objectif de naviguer sur un Ultime ?
Tom Laperche : Mon objectif à court terme était d’aller naviguer sur d’autres projets que le Figaro et j’avais la chance d’avoir déjà navigué en multicoque. Mais oui, c’est un rêve de naviguer en Ultime, sur ces bateaux qui volent. C’est ce qui se fait de mieux en course au large, naviguer sur ces grands trimarans où l’exigence est extrême, où il y a de l’anticipation et où les vitesses sont énormes.
VetV : Quel regard portes-tu sur François Gabart ?
Tom Laperche : François, j’ai beaucoup de respect pour tout ce qu’il a fait et j’ai une confiance énorme en lui, je serais prêt à partir faire n’importe quoi avec lui. Je pense que cela se passe bien, que l’on s’entend bien, je suis assez confiant dans l’adaptation que l’on va mettre en place.
V & V : Comment as-tu connu François Gabart ?
Tom Laperche : La première fois que je l’ai rencontré c’est quand il est venu naviguer avec moi en Flying Phantom, c’est un petit bateau à foil aussi (catamaran à foil de 5,52 m NDLR), plus petit mais sur lequel les sensations sont déjà fortes. Après nous nous sommes côtoyés ces deux dernières années où j’étais au pôle Finistère course au large. J’ai pu régulièrement discuter avec lui jusqu’à ce qu’il me propose de faire cette Transat Jacques Vabre. C’était assez inattendu mais en même temps réfléchi. À moi et à nous de jouer.
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