Ségo dans toute sa splendeur... Et dire qu'elle voulait être présidente de la république
Ségolène Royal irrite à gauche sur le Smic et les 35 heures
PARIS (AP) - En avouant que le Smic à 1.500 euros brut en cinq ans et la généralisation des 35 heures n'étaient "pas crédibles", Ségolène Royal s'est attirée jeudi une volée de bois vert à gauche, où certains dénoncent sa "duplicité" et se sentent "bernés".
"Le Smic à 1.500 euros brut dans cinq ans ou la généralisation des 35 heures sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas été du tout crédibles", avait reconnu mercredi l'ancienne candidate à l'Elysée, jetant un petit pavé dans la mare.
"C'est de sa part la preuve d'une très grande duplicité", s'est indigné le socialiste Jean-Luc Mélenchon sur RTL, "nous sommes dans le domaine de la pure et simple provocation consternante". "Est-ce que ça signifie que si elle avait été élue, après les avoir promis, elle ne les aurait pas appliqués?", s'est interrogé le sénateur.
Peu avant, le Premier secrétaire du PS François Hollande avait accueilli ces propos avec réserve. Elle a "toujours eu cette distance à l'égard du projet des socialistes", a-t-il observé sur France-Inter, admettant que le projet de son parti "n'était pas suffisamment clair, cohérent, convaincant".
Mais "quand il y a échec, il y a forcément responsabilité. On ne peut pas dire: 'c'est la faute à pas de chance'", a ajouté le futur ex-patron du PS, sans préciser s'il visait Ségolène Royal, dont certains au PS déplorent l'absence d'autocritique après sa défaite et l'accusent de vouloir en faire porter le chapeau aux "éléphants".
Le député de Seine-Saint-Denis Jean-Pierre Brard, apparenté communiste, a exprimé sa "stupeur". "Ainsi, deux des principales mesures sociales de son pacte présidentiel n'étaient donc que des leurres destinés à berner d'abord les militants socialistes (...) et ensuite les électeurs de gauche", a-t-il accusé dans un communiqué.
Après s'être "fortement engagé" en sa faveur entre les deux tours de la présidentielle, Jean-Pierre Brard ressent "le sentiment amer d'avoir été trompé" et fustige un "tropisme centriste".
La Ligue communiste révolutionnaire a également désapprouvé dans un communiqué des déclarations qui "affaiblissent les possibilités de résistance aux attaques du gouvernement". "Comment s'étonner alors que les classes populaires se détournent du PS et que certains de ses dirigeants passent dans le camp de la droite?"
Ségolène Royal avait déjà reçu la veille un coup de griffe de Nicolas Sarkozy qui, lors de son entretien télévisé, a critiqué son analyse de sa défaite. "Si j'avais échoué, je n'aurais pas dit ça", a glissé le président, "c'est toujours le candidat qui est responsable".
Durant la campagne, Ségolène Royal s'était engagée à porter le Smic à 1.500 euros brut en cinq ans. Elle s'était montrée plus évasive sur la question des 35 heures, sans jamais s'opposer ouvertement à leur généralisation, prévue dans le projet du PS. AP