bigdudu a écrit:
Et on n'a jamais eu d'Anderson à Malherbe, enfin pas dans mes souvenirs. Andersson aurait pu être vendu très cher après la coupe du monde 94 (avant même de jouer) mais Malherbe tenait absolument à le conserver et les supporters aussi. On ne pouvait pas savoir qu'il ferait une saison pas terrible ... pas seulement de sa faute. Il a dû être bien vendu ensuite mais pas aussi cher qu'il l'aurait été juste après le mondial. On pouvait donc revendre un nouveau joueur sans qu'il ait joué à l'époque.
C'était une situation complexe.
Andersson, quand on le prend, il est dans une situation bizarre où il n'appartenait pas complètement à Lille, un imbroglio comme ça arrivait parfois suite à des montages chelous. Bref, c'est un attaquant qui sort d'une belle première saison en France mais qui n'est pas non plus une immense star. Il est remplaçant en sélection, c'est un peu le Toivonen de l'époque.
On prend l'entraineur de Lille qui connaissait le joueur et qui se dit que dans un Malherbe qui joue le top 10, il va planter 10 à 15 pions sans problème. Lui, accepte de venir d'abord parce qu'à ce moment-là, Caen a un discours plus ambitieux que Lille, que le club a une bonne réputation, un stade flambant neuf et attractif et imagine se mêler à la course à l'Europe. Ensuite, s'il vient, c'est parce signer à Caen va le libérer de son contrat chelou et qu'en plus, ça lui permet de partir à la Coupe du Monde serein.
Sa sélection se fixe pour objectif de sortir des poules, au vu de sa poule plutôt relevée qui compte le favori brésilien, la sensation de la dernière coupe du Monde et la Russie qui concoure pour la première fois sous ses couleurs mais avec un bel effectif dont les joueurs jouent majoritairement en Espagne.
Du coup, compte tenu de la situation (un Malherbe motivé, un joueur qui veut que ça se fasse vite et un club vendeur qui ne touche en réalité qu'un pourcentage donc qui brade plus facilement), le recrutement se fait assez vite, même s'il a fallu que nos dirigeants aillent aux Etats-Unis faire signer le contrat, par mesure de prudence.
Sauf que là-bas, la Suède va tenir tête au Brésil et finir troisième (éliminée en demi par le Brésil) et que c'est la titularisation d'Andersson qui va changer cette équipe (associé à Dalhin et Brolin l'attaquant vedette reculant d'un cran). Andersson marque des buts de fous (Brésil, Roumanie), et plante cinq fois au total, ce qui en fait le deuxième buteur à égalité avec les champions du monde Romario et Klinsman ou Baggio, la star du foot européen de l'époque.
A ce moment, effectivement, Caen devient une incongruité en même temps qu'une célébrité. De nombreux très grands clubs viennent aux nouvelles et le plus pressant, c'est Benfica (c'est avant Bosman, hein).
Benfica propose l'équivalent d'un tiers du budget du club (20 MF) + Mostovoï + Yuran, autre international russe ayant joué la coupe du monde. En valorisation, c'est pas très loin du monstant du transfert que le PSV paye pour avoir Ronaldo au même moment et c'est plus que ce que le Barça dépense pour Hagi, bref, ça le met dans le top 20 européen de l'intersaison.
Le truc, c'est que Malherbe veut profiter de l'aubaine et fait de Andersson son principal argument à la fois pour attirer d'autres joueurs mais aussi pour booster la campagne d'abonnements. Et ça marche; le jour de son premier entrainement doit correspondre à la plus grosse affluence constatée pour un entrainement de Malherbe.
Du coup, comment vendre un joueur que t'a autant mis en avant ? Les supporters auraient défoncé le stade.
Et comme le recrutement, tout clinquant qu'il était (sur le papier, c'était du haut de gamme) s'est retrouvé avec deux gros problèmes, à savoir - déjà à l'époque - le club n'avait pas recruté le milieu défensif qu'il fallait pour remplacer Cauet et que des recrues allaient se révéler catastrophiques (Jerry De Jong) ou loin de leur vrai niveau (Etamé, Péron) et que les anciens allaient couler (Dutruel, Huysman, Dangbeto, Revelles...), l'équipe ne tient pas la route, direction D2.