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Répondre en citant le message  MessagePosté: 05 Fév 2019 20:54 
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rix a écrit:

Malheureusement, les gens comme toi ont beau jeu de tenir ce discours. Les tentatives réussies de la CGT (et d'autres) de récupérer notre mouvement discréditent un mouvement au départ non partisan, voire apolitique et qui pour cette raison avait la confiance et le soutien d'une large majorité de citoyens. Pire, je crains que le mouvement n'y survive pas, du moins à court terme. Mais ça ne sera pas le première fois que les syndicats viennent à la rescousse du Pouvoir. Ils sont payés pour ça après tout.


Faudra un jour m'expliquer comment des gens peuvent se déclarer apolitique alors qu'à longueur de journée, ils débitent des "propositions" de loi et ne rêvent que de "changer" de politique.
Tu es un GRAND politicien rix...
Arrête, toi et tous les autres, de vous cacher alors que vous vous positionnez au COEUR du champ politique.


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 05 Fév 2019 20:59 
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Inscription: 31 Aoû 2005 22:06
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Simply the Best a écrit:
rix a écrit:

Malheureusement, les gens comme toi ont beau jeu de tenir ce discours. Les tentatives réussies de la CGT (et d'autres) de récupérer notre mouvement discréditent un mouvement au départ non partisan, voire apolitique et qui pour cette raison avait la confiance et le soutien d'une large majorité de citoyens. Pire, je crains que le mouvement n'y survive pas, du moins à court terme. Mais ça ne sera pas le première fois que les syndicats viennent à la rescousse du Pouvoir. Ils sont payés pour ça après tout.


Faudra un jour m'expliquer comment des gens peuvent se déclarer apolitique alors qu'à longueur de journée, ils débitent des "propositions" de loi et ne rêvent que de "changer" de politique.
Tu es un GRAND politicien rix...
Arrête, toi et tous les autres, de vous cacher alors que vous vous positionnez au COEUR du champ politique.


Et toi ne fait pas le benêt non plus, tu sais bien que pour beaucoup de monde "apolitique" ça veut dire en dehors des partis.
T'es bien placé pour le savoir, toi qui parle de libéralisme alors que c'est en fait du corporatisme.


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 05 Fév 2019 21:04 
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l exile a écrit:
Molko a écrit:
l exile a écrit:
Ben oui, mais ceux qui ne comprennent pas que la violence peut être légitime sont des personnes qui ont toujours eu une position confortable, qu'elle soit matérielle ou émotionnelle.


Alors là, mon coco, non seulement c'est stupide et en plus c'est complètement faux.
Tu n'en sais rien du tout. Tu n'as aucune idée de ça et ces présupposés sont même plus insultants que cons.


Sais tu que la violence est une chose naturelle? qu'elle a ses raison d'être? qu'elle est pratiquée par la plupart des être vivants quand elle est nécessaire?

Et je ne parle pas forcément de casser les voies du tram ou d'emmerder un élu (dont on peu débattre normalement), je parle de ses raisons d'exister, vu que tu la condamne par principe.

En fait tu te donne le droit de choisir pour les autres les moyens de défense qu'ils ont le droit d'utiliser ou pas, suivant tes principes philosophiques, qui apparemment te font croire à une possible utopie sociétale. C'est pourtant plus vers la contre utopie qu'on se dirige à grand pas.


Des êtres vivant et, malheureusement pour l'humanité l'homme.
Pour vivre en société on a inventé des coutumes, des lois.Ls accepter c'est être accepté.Quand on les refuse la société exclue les refractaires d'une façon ou d'une autre.
"dont on peut débattre normalement"...je dirais non car ce qui est illégal n'est pas acceptable.Ce qui est anticonstitutionnel n'est pas légal.
L'individu dans la société est un sujet philosophique inépuisable de part ses perceptions et ses avis.


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_________________
Pour les petits bourgeois de gauche, la réalité est fasciste, il convient donc de la nier jusqu'à l'absurde s'il le faut : le niveau monte, l'immigration est une chance pour la France, ill n'y a pas d'insécurité mais un sentiment d'insécurité....


Dernière édition par rix le 05 Sep 2019 14:37, édité 1 fois.

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Messages: 32397
Localisation: La Commune.
Plusieurs articles du Monde Diplomatique de ce mois-ci entrent évidemment en résonance avec le sujet.

Dont celui-ci, après les échanges avec Molko :

[...]
Ainsi, au moment même où les industriels démantèlent le système de la consigne, s’exonérant des coûts de retraitement, et prennent des décisions structurellement antiécologiques, ils en appellent à la responsabilisation écologique des consommateurs. Un cas typique de double morale, où l’on proclame une norme valant pour tous sauf pour soi. Responsabiliser les autres pour mieux se déresponsabiliser soi-même.

À grand renfort de campagnes publicitaires, les industriels ont réussi à construire la question des déchets comme une « affaire de responsabilité individuelle, déconnectée du processus de production (6) », sans lien avec la réduction de la création de déchets à la source. Pour les individus que nous sommes, il est sans doute flatteur d’imaginer que tout repose sur nos frêles épaules. Mais, tandis que nous trions nos emballages dans nos cuisines, de façon moins immédiatement visible d’autres acteurs, à commencer par les municipalités, ont dû investir et s’endetter pour financer les infrastructures exigées par la production exponentielle d’ordures ménagères. En fin de compte, ce sont les citoyens qui ont « financé (à la fois par leur bonne volonté et par leurs impôts) le système de recyclage des emballages produits par l’industrie de la boisson, permettant aux entreprises d’étendre leurs activités sans avoir à assumer de coûts supplémentaires (7) ».

[...]
Il y a quelque chose de paradoxal dans cette histoire. Le système de la consigne reposait sur la mobilisation d’un intérêt sonnant et trébuchant : le consommateur rapportait la bouteille vide pour récupérer, en bon agent économique, ses 50 cents. Un dispositif de gouvernement par l’intérêt, pleinement conforme aux présupposés anthropologiques de l’économie classique. Or l’industrie a tenu à remplacer ce système par un autre, fondé au contraire sur la motivation désintéressée. Par pur souci de l’intérêt général, chacun est désormais censé trier ses déchets, et cela en l’absence de tout mobile égoïste apparent. Entre Homo oeconomicus et Homo politicus apparaît ainsi une troisième figure : Homo ethicus, sujet « responsable » chargé à son échelle de contrebattre, par sa microvertu, des macrovices systémiques.

Sauf que cette nouvelle gouvernance éthique ne chasse pas l’autre, de type économique, qui s’impose à ces mêmes agents. Elle ne la supprime pas : elle se surimprime. Les mêmes individus, interpellés comme sujets éthiques, le sont toujours aussi, et intensément encore, en tant qu’agents économiques. Chacun doit gérer la tension que produisent ces injonctions contradictoires : être économiquement efficient mais écologiquement responsable.

La responsabilisation est aussi le nom de ce report de la contradiction dans la vie psychique des individus ; le nom d’une nouvelle figure de la conscience malheureuse, associée à une forme de gouvernement par le dilemme.

Pour l'intégralité : Comment les industriels ont abandonné le système de la consigne. Eh bien, recyclez maintenant !Par Grégoire Chamayou.

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Poubelle jaune, poubelle verte, poubelle bleue… À grand renfort de sermons, on nous chante les louanges d’une « citoyenneté moderne » associée à un geste : le tri des déchets, considéré comme la garantie de sauver une planète dégradée de toutes parts. C’est peut-être se méprendre sur la logique qui sous-tend cette injonction à l’« écoresponsabilité » des consommateurs.

Par la fenêtre d’une voiture, une main lance un pochon qui va s’éventrer sur le bas-côté de la route. Les détritus se répandent aux pieds d’un personnage majestueux portant des mocassins. Un Indien coiffé d’une plume. Gros plan. Il vous regarde, face caméra. Il pleure. Zoom sur la larme qui roule sur sa joue creusée. Voix off : « La pollution, ça commence par les gens. Ce sont eux qui peuvent y mettre fin. » Incrustation à l’écran : « Keep America Beautiful » (« Faites en sorte que l’Amérique reste belle »).

L’Indien est la nature. Vous êtes la civilisation. Il est votre mauvaise conscience. Le subalterne ne peut pas parler, mais ses yeux ouverts le font pour sa bouche fermée. Cette Amérique virginale, antérieure à la colonisation, celle qui a été souillée, dévastée, génocidée, vous continuez à la blesser, et elle vous en fait le reproche muet. Puis vient le slogan. La cause de la pollution, c’est vous. Le remède, par conséquent, c’est encore vous. Tout est entre vos mains. Votre culpabilité, vous pouvez vous en soulager. Il vous suffit de changer de conduite.

Qui se cache derrière le signataire de cet édifiant message publicitaire diffusé en 1971 ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Keep America Beautiful, fondé en 1953, n’est pas une organisation non gouvernementale œuvrant pour la défense de l’environnement, mais un consortium placé sous la houlette d’industriels de la boisson et de l’emballage, parmi lesquels Coca-Cola et l’American Can Company (Compagnie américaine des boîtes de conserve).

Aux États-Unis, il existait de longue date un système de consigne pour la vente de boissons : le client déboursait quelques cents supplémentaires, qu’on lui rendait quand il rapportait la bouteille vide. Ce système de réutilisation du contenant — à bien distinguer du recyclage des matériaux (on ne refondait pas le verre, on remplissait à nouveau la bouteille) — était efficace, durable, et minimisait les déchets (1).

Les choses commencèrent à changer dans les années 1930. Au sortir de la Prohibition, quand les affaires reprirent, les industriels de la bière inventèrent la canette en métal. Le passage à des contenants jetables ouvrait d’alléchantes perspectives : supprimer les coûts de collecte et de reconditionnement, éliminer les intermédiaires (dont les embouteilleurs locaux), concentrer la production tout en étendant la diffusion sur de grandes distances.

Généraliser le jetable impliquait bien sûr d’accroître la production de déchets, mais les industriels s’en lavaient les mains. Au début des années 1950, les fabricants de soda, Pepsi en tête, Coca-Cola à sa suite, emboîtèrent le pas aux brasseurs.

Le basculement fut spectaculaire. Alors que, en 1947, 100 % des sodas et 85 % des bières étaient vendus dans des bouteilles réutilisables, en 1971 cette part n’était plus respectivement que de 50 % et 25 % (2). Dès lors, canettes vides et bouteilles jetables se mirent à joncher les caniveaux, les terre-pleins, les voies sur berge et les aires de pique-nique. On s’en émut. On fit signer des pétitions. On exigea que les autorités prennent des mesures. En 1953, l’Assemblée générale de l’État du Vermont adopta une première loi rendant obligatoire le système de la consigne. Pour les entreprises, c’était une alerte sérieuse. On redoutait que cette législation crée « un précédent qui pourrait un jour affecter toute l’industrie (3) ». Keep America Beautiful fut fondé la même année pour enrayer le mouvement.

À l’été 1936, alors qu’elle lançait sur le marché ses toutes nouvelles bières en canettes, la Continental Can Company s’était payé une grande campagne publicitaire dans la presse. Elle y vantait les mérites de son invention, si pratique, qui s’ouvrait en un tour de main, conservait le goût et la fraîcheur, et qui, surtout, permettait de « boire directement, sans avoir de bouteilles vides à rapporter ». Le principal argument de vente pour les bières en canettes jetables était, sans surprise, leur jetabilité. Plus de consigne, plus de cadavres de bouteilles à trimballer. Une photographie montrait deux hommes en bras de chemise dans une barque, dont les postures respectives figuraient deux moments d’une même séquence visiblement appelée à se répéter inlassablement au cours de leur longue après-midi de pêche : l’un buvait, le coude en l’air, et l’autre, le bras levé, s’apprêtait à balancer sa canette vide dans les eaux du lac. Buvez, éliminez.

Un travail de rééducation morale
Trois décennies plus tard, une publicité de ce genre était devenue impensable. Sur le fond, rien n’avait changé : l’avantage des jetables, c’est qu’on peut les jeter. Mais on ne pouvait plus le dire aussi ouvertement. Le temps était venu de corriger le premier message par un second.

Dans le film publicitaire de 1971, celui de l’Indien qui pleure, on retrouvait le même geste, le bras levé pour jeter, mais cette fois suivi d’une autre image, celle de la larme indigène, qui lui conférait rétrospectivement un autre sens. L’ancien contenu manifeste, à présent refoulé, disait : « Achète-moi, c’est commode, une fois pompette tu pourras me jeter dans l’eau du lac. » Devenu latent, il était remplacé officiellement par celui-ci : « Je suis jetable, mais attention : si tu me jettes là où il ne faut pas (et tu l’as déjà fait), tu vas te sentir coupable. Ce que nous t’avions incité à faire, nous t’enjoignons à présent non seulement de t’en abstenir, mais aussi d’en porter la culpabilité. » Le problème ayant ainsi été reformulé pour être attribué à des écarts de conduite, la solution coulait de source : elle allait venir d’un travail de rééducation morale. Il suffirait que tous adoptent individuellement de bonnes manières environnementales pour en finir avec la pollution.

Mais les mouvements écologistes, eux, incriminaient les industriels qui avaient fait le choix du jetable en sabordant, par pur souci de rentabilité, un système bien rodé de réutilisation des contenants. Au début des années 1970, les initiatives se multiplièrent pour contraindre les fabricants à revenir à la consigne. Une loi sur les bouteilles fut adoptée en ce sens dans l’Oregon en 1971, puis dans le Vermont l’année suivante. Les industriels enrageaient, au point parfois d’en oublier leurs éléments de langage. « Il nous faut lutter par tous les moyens contre les référendums sur les bouteilles organisés cette année dans le Maine, le Massachusetts, le Michigan et le Colorado, où des communistes, ou des gens qui ont des idées communistes, essaient de faire prendre à ces États le même chemin que l’Oregon », s’emportait William F. May, qui avait la double casquette de directeur de l’American Can Company et de président de Keep America Beautiful (4).

Face à la menace régulatrice, le Glass Container Manufacturers Institute (GCMI, institut des fabricants d’emballages en verre) lança en 1970 une grande campagne de relations publiques dotée d’un budget de plusieurs millions de dollars. Deux jours avant la première Journée de la Terre, il proposa à Los Angeles un programme-pilote de recyclage. Les habitants, mobilisés par l’intermédiaire d’associations, d’écoles ou d’églises partenaires, furent invités à rapporter bocaux et bouteilles vides, contre 1 penny par livre de verre récoltée, dans des centres de collecte ouverts à cet effet. Moins d’un mois plus tard, on collectait 250 000 bouteilles par semaine dans l’agglomération. Fort de ce succès, le GCMI mit sur pied l’année suivante un programme de recyclage à l’échelle nationale lors d’une Semaine contre le jet de déchets.

La pratique du recyclage fut ainsi promue par l’industrie comme une solution de rechange aux projets de consigne obligatoire et d’interdiction des contenants jetables. Au terme de cette contre-offensive victorieuse menée par les lobbys industriels, le recyclage devint « la solution exclusive, plutôt que le complément à des programmes contraignants de réduction à la source (5) ». Alors que se mettaient en place les premières pratiques de tri encouragées par l’industrie, le volume des ordures ménagères explosait.

Ainsi, au moment même où les industriels démantèlent le système de la consigne, s’exonérant des coûts de retraitement, et prennent des décisions structurellement antiécologiques, ils en appellent à la responsabilisation écologique des consommateurs. Un cas typique de double morale, où l’on proclame une norme valant pour tous sauf pour soi. Responsabiliser les autres pour mieux se déresponsabiliser soi-même.

À grand renfort de campagnes publicitaires, les industriels ont réussi à construire la question des déchets comme une « affaire de responsabilité individuelle, déconnectée du processus de production (6) », sans lien avec la réduction de la création de déchets à la source. Pour les individus que nous sommes, il est sans doute flatteur d’imaginer que tout repose sur nos frêles épaules. Mais, tandis que nous trions nos emballages dans nos cuisines, de façon moins immédiatement visible d’autres acteurs, à commencer par les municipalités, ont dû investir et s’endetter pour financer les infrastructures exigées par la production exponentielle d’ordures ménagères. En fin de compte, ce sont les citoyens qui ont « financé (à la fois par leur bonne volonté et par leurs impôts) le système de recyclage des emballages produits par l’industrie de la boisson, permettant aux entreprises d’étendre leurs activités sans avoir à assumer de coûts supplémentaires (7) ».

Dans les années 1970, les industriels, reprenant la rhétorique des mouvements militants, lançaient des appels à « s’engager » et à « continuer le combat » par de petits gestes responsables. À la campagne publicitaire de l’Indien qui pleure était ainsi associée une brochure répertoriant les « 71 choses que vous pouvez faire pour mettre fin à la pollution ». Ils s’efforçaient de promouvoir des formes d’engagement domestiquées, susceptibles de satisfaire le désir d’agir qui se faisait jour tout en le réorientant dans une direction non antagonique, compatible avec leurs intérêts plutôt qu’en conflit avec eux.

La force psychologique de ces tactiques, c’est qu’elles vous disent quelque chose de très agréable à entendre ; quelque chose de vrai, aussi, pour autant qu’on le conçoive adéquatement : tout est entre vos mains, vous avez le pouvoir de « faire la différence ». Elles tâchent de canaliser de puissantes aspirations à changer les choses ici et maintenant, y compris au ras des pratiques de la vie quotidienne, mais en les piégeant dans des formes d’action inoffensives. La promotion industrielle du recyclage fut une tactique de ce genre : circonvenir les oppositions potentielles en maintenant les gens dans un état d’affairement apolitique.

Discréditer l’action politique
À l’action politique, réputée vaine, cet étrange « néolibéralisme éthique » oppose le cumul de microactes solitaires. Ce que dément pourtant immédiatement sa propre pratique : pour mettre en échec les projets de régulation environnementale, les industriels ont activement fait de la politique. Loin d’agir en agrégat, ils se sont au contraire réunis en conglomérat, en collectif capable d’agir de façon concertée.

Dans les années 1960, pour les mouvements écologistes naissants comme pour les mouvements féministes, « le personnel était politique » : il fallait débusquer les rapports de domination jusque dans les replis du quotidien. Œuvrer à changer ses pratiques individuelles et lutter pour changer le système, faire son compost et militer ne s’excluaient pas. Le discours de la responsabilisation promu par l’industrie a dissocié et opposé les deux dimensions : il a fait d’une microréforme des comportements individuels la solution de rechange à l’action politique. Il a propagé une fausse antinomie entre micro et macrochangement. À l’exigence d’une transformation du système, désormais présentée comme stratosphérique, stérile, se substitue la prétendue autosuffisance d’une réforme des pratiques individuelles, censées pouvoir changer les choses petit à petit, sans action collective ni conflit.

Il y a quelque chose de paradoxal dans cette histoire. Le système de la consigne reposait sur la mobilisation d’un intérêt sonnant et trébuchant : le consommateur rapportait la bouteille vide pour récupérer, en bon agent économique, ses 50 cents. Un dispositif de gouvernement par l’intérêt, pleinement conforme aux présupposés anthropologiques de l’économie classique. Or l’industrie a tenu à remplacer ce système par un autre, fondé au contraire sur la motivation désintéressée. Par pur souci de l’intérêt général, chacun est désormais censé trier ses déchets, et cela en l’absence de tout mobile égoïste apparent. Entre Homo oeconomicus et Homo politicus apparaît ainsi une troisième figure : Homo ethicus, sujet « responsable » chargé à son échelle de contrebattre, par sa microvertu, des macrovices systémiques.

Sauf que cette nouvelle gouvernance éthique ne chasse pas l’autre, de type économique, qui s’impose à ces mêmes agents. Elle ne la supprime pas : elle se surimprime. Les mêmes individus, interpellés comme sujets éthiques, le sont toujours aussi, et intensément encore, en tant qu’agents économiques. Chacun doit gérer la tension que produisent ces injonctions contradictoires : être économiquement efficient mais écologiquement responsable.

La responsabilisation est aussi le nom de ce report de la contradiction dans la vie psychique des individus ; le nom d’une nouvelle figure de la conscience malheureuse, associée à une forme de gouvernement par le dilemme.

Grégoire Chamayou

Auteur de La Société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire, La Fabrique, Paris, 2018, dont cet article est inspiré.
(1) Pour tout ce passage, cf. Joe Greene Conley II, « Environmentalism contained : A history of corporate responses to the new environmentalism » (PDF), thèse, Princeton, 2006.

(2) Andrew Boardman Jaeger, « Forging hegemony : How recycling became a popular but inadequate response to accumulating waste », Social Problems, vol. 65, no 3, Oxford, août 2018.

(3) Cité dans Andrew Boardman Jaeger, ibid.

(4) « Clean-up groups fronting for bottlers, critics say », The San Bernardino County Sun, 29 août 1976.

(5) Bartow J. Elmore, « The American beverage industry and the development of curbside recycling programs, 1950-2000 », Business History Review, vol. 86, no 3, Cambridge, automne 2012.

(6) Don Hazen, « The hidden life of garbage : An interview with Heather Rogers », AlterNet, 30 octobre 2005, http://www.alternet.org

(7) Bartow J. Elmore, « The American beverage industry and the development of curbside recycling programs, 1950-2000 », op. cit.

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L'histoire n'est pas la science du passé, mais la science des hommes dans le temps.


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Lutte de classes en France par Serge Halimi & Pierre Rimbert

[...]
Le 26 novembre 1900 à Lille, le dirigeant socialiste français Jules Guesde disséquait déjà ce petit manège auquel la « classe capitaliste » devait sa longévité au pouvoir : « On s’est divisé en bourgeoisie progressiste et en bourgeoisie républicaine, en bourgeoisie cléricale et en bourgeoisie libre-penseuse, de façon à ce qu’une fraction vaincue pût toujours être remplacée au pouvoir par une autre fraction de la même classe également ennemie. C’est le navire à cloisons étanches qui peut faire eau d’un côté et qui n’en demeure pas moins insubmersible. » Il arrive cependant que la mer s’agite et que la stabilité du vaisseau soit menacée. Dans un tel cas, les querelles doivent s’effacer devant l’urgence d’un front commun.

Face aux « gilets jaunes », la bourgeoisie a effectué un mouvement de ce type. Ses porte-parole habituels, qui, par temps calme, veillent à entretenir l’apparence d’un pluralisme d’opinions, ont associé d’une même voix les contestataires à une meute de possédés racistes, antisémites, homophobes, factieux, complotistes. Mais surtout ignares. « “Gilets jaunes” : la bêtise va-t-elle gagner ? », interroge Sébastien Le Fol dans Le Point (10 janvier). « Les vrais “gilets jaunes”, confirme l’éditorialiste Bruno Jeudy, se battent sans réfléchir, sans penser » (BFM TV, 8 décembre). « Les bas instincts s’imposent au mépris de la civilité la plus élémentaire », s’alarme à son tour le roturier Vincent Trémolet de Villers (Le Figaro, 4 décembre).

Car ce « mouvement de beaufs poujadistes et factieux » (Jean Quatremer), conduit par une « minorité haineuse » (Denis Olivennes), est volontiers assimilé à un « déferlement de rage et de haine » (éditorial du Monde) où des « hordes de minus, de pillards » « rongés par leurs ressentiments comme par des puces » (Franz-Olivier Giesbert) donnent libre cours à leurs « pulsions malsaines » (Hervé Gattegno). « Combien de morts ces nouveaux beaufs auront-ils sur la conscience ? », s’alarme Jacques Julliard.

[...]

Jamais le sursaut du bloc bourgeois qui forme le socle électoral de M. Emmanuel Macron (6) ne s’est dévoilé aussi crûment que le jour où Le Monde a publié le portrait, empathique, d’une famille de « gilets jaunes », « Arnaud et Jessica, la vie à l’euro près » (16 décembre). Un millier de commentaires enragés ont aussitôt déferlé sur le site du journal. « Couple pas très futé… La vraie misère ne serait-elle pas, dans certains cas, plus culturelle que financière ? », estimait un lecteur. « Le problème pathologique des pauvres : leur capacité à vivre au-dessus de leurs moyens », renchérissait un second. « N’imaginez pas en faire des chercheurs, des ingénieurs ou des créateurs. Ces quatre enfants seront comme leurs parents : une charge pour la société », tranchait un troisième. « Mais qu’attendent-ils du président de la République ?, s’insurgeait un autre. Qu’il se rende chaque jour à Sens pour veiller à ce que Jessica prenne bien sa pilule ?! » La journaliste auteure du portrait chancela devant ce « déluge d’attaques » aux « accents paternalistes » (7). « Paternalistes » ? Il ne s’agissait pas, pourtant, d’une dispute de famille : les lecteurs d’un quotidien réputé pour sa modération sonnaient plutôt le tocsin d’une guerre de classes.

[...]

Un tel aboutissement serait favorisé par l’isolement politique des « gilets jaunes », que le pouvoir et les médias s’emploient à rendre infréquentables en exagérant la portée de propos ou d’actes répréhensibles mais isolés. L’éventuelle réussite de cette entreprise de disqualification validerait la stratégie suivie depuis 2017 par M. Macron, qui consiste à résumer la vie politique à un affrontement entre libéraux et populistes (12). Une fois ce clivage imposé, le président de la République pourrait amalgamer dans un même opprobre ses opposants de droite et de gauche, puis associer toute contestation intérieure à l’action d’une « Internationale populiste » où, en compagnie du Hongrois Viktor Orbán et de l’Italien Matteo Salvini, se côtoieraient selon lui des conservateurs polonais et des socialistes britanniques, des Insoumis français et des nationalistes allemands.

Le président français devra néanmoins résoudre un paradoxe. Appuyé sur une base sociale étroite, il ne pourra mettre en œuvre ses « réformes » de l’assurance-chômage, des retraites et de la fonction publique qu’au prix d’un autoritarisme politique renforcé, répression policière et « grand débat sur l’immigration » à l’appui. Après avoir sermonné les gouvernements « illibéraux » de la planète, M. Macron finirait ainsi par en plagier les recettes…

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Lutte de classes en France
Au mouvement des « gilets jaunes » le chef de l’État français a répondu en lançant un « grand débat national ». Ce genre d’exercice postule que les conflits sociaux s’expliquent par des problèmes de communication entre le pouvoir et ses opposants, plutôt que par des antagonismes fondamentaux. Une hypothèse hasardeuse…

La peur. Pas celle de perdre un scrutin, d’échouer à « réformer » ou de voir fondre ses actifs en Bourse. Plutôt celle de l’insurrection, de la révolte, de la destitution. Depuis un demi-siècle, les élites françaises n’avaient plus éprouvé pareil sentiment. Samedi 1er décembre 2018, il a soudain glacé certaines consciences. « L’urgent, c’est que les gens rentrent chez eux », s’affole la journaliste-vedette de BFM TV Ruth Elkrief. Sur les écrans de sa chaîne défilent les images de « gilets jaunes » bien déterminés à arracher une vie meilleure.

Quelques jours plus tard, la journaliste d’un quotidien proche du patronat, L’Opinion, révèle sur un plateau de télévision à quel point la bourrasque a soufflé fort : « Tous les grands groupes vont distribuer des primes, parce qu’ils ont vraiment eu peur à un moment d’avoir leurs têtes sur des piques. Ah oui, les grandes entreprises, quand il y avait le samedi terrible, là, avec toutes les dégradations, ils avaient appelé le patron du Medef [Mouvement des entreprises de France], Geoffroy Roux de Bézieux, en lui disant : “Tu lâches tout ! Tu lâches tout, parce que sinon…” Ils se sentaient menacés, physiquement. »

Assis à côté de la journaliste, le directeur d’un institut de sondage évoque à son tour « des grands patrons effectivement très inquiets », une atmosphère « qui ressemble à ce que j’ai lu sur 1936 ou 1968. Il y a un moment où on se dit : “Il faut savoir lâcher des grosses sommes, plutôt que de perdre l’essentiel” (1) ». Lors du Front populaire, le dirigeant de la Confédération générale du travail (CGT) Benoît Frachon rappelait en effet qu’au cours des négociations de Matignon, consécutives à une flambée de grèves imprévues avec occupation d’usines, les patrons avaient même « cédé sur tous les points ».

Ce genre de décomposition de la classe possédante est rare, mais il a pour corollaire une leçon qui a traversé l’histoire : ceux qui ont eu peur ne pardonnent ni à ceux qui leur ont fait peur ni à ceux qui ont été témoins de leur peur (2). Le mouvement des « gilets jaunes » — durable, insaisissable, sans leader, parlant une langue inconnue des institutions, tenace malgré la répression, populaire malgré la médiatisation malveillante des déprédations — a donc provoqué une réaction riche de précédents. Dans les instants de cristallisation sociale, de lutte de classes sans fard, chacun doit choisir son camp. Le centre disparaît, le marais s’assèche. Et alors, même les plus libéraux, les plus cultivés, les plus distingués oublient les simagrées du vivre-ensemble.

Saisis d’effroi, ils perdent leur sang-froid, tel Alexis de Tocqueville quand il évoque dans ses Souvenirs les journées de juin 1848. Les ouvriers parisiens réduits à la misère furent alors massacrés par la troupe que la bourgeoisie au pouvoir, persuadée que « le canon seul peut régler les questions [du] siècle (3) », avait dépêchée contre eux.

Décrivant le dirigeant socialiste Auguste Blanqui, Tocqueville en oublie alors ses bonnes manières : « L’air malade, méchant, immonde, une pâleur sale, l’aspect d’un corps moisi (…). Il semblait avoir vécu dans un égout et en sortir. Il me faisait l’effet d’un serpent auquel on pince la queue. »

Une même métamorphose de la civilité en fureur s’opère au moment de la Commune de Paris. Et elle saisit cette fois de nombreux intellectuels et artistes, progressistes parfois — mais de préférence par temps calme. Le poète Leconte de Lisle s’emporte contre « cette ligue de tous les déclassés, de tous les incapables, de tous les envieux, de tous les assassins, de tous les voleurs ». Pour Gustave Flaubert, « le premier remède serait d’en finir avec le suffrage universel, la honte de l’esprit humain ». Rasséréné par le châtiment (vingt mille morts et près de quarante mille arrestations), Émile Zola en tirera les leçons pour le peuple de Paris : « Le bain de sang qu’il vient de prendre était peut-être d’une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres (4). »

Autant dire que le 7 janvier dernier, M. Luc Ferry, agrégé de philosophie et de science politique, mais aussi ancien ministre de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, pouvait avoir en tête les outrances de personnages au moins aussi galonnés que lui lorsque la répression des « gilets jaunes » (lire « Des violences policières aux violences judiciaires »), trop indolente à ses yeux, lui arracha — sur Radio Classique… — cette injonction aux gardiens de la paix : « Qu’ils se servent de leurs armes une bonne fois » contre « ces espèces de nervis, ces espèces de salopards d’extrême droite ou d’extrême gauche ou des quartiers qui viennent taper du policier ». Puis M. Ferry songea à son déjeuner.

D’ordinaire, le champ du pouvoir se déploie en composantes distinctes et parfois concurrentes : hauts fonctionnaires français ou européens, intellectuels, patrons, journalistes, droite conservatrice, gauche modérée. C’est dans ce cadre aimable que s’opère une alternance calibrée, avec ses rituels démocratiques (élections puis hibernation). Le 26 novembre 1900 à Lille, le dirigeant socialiste français Jules Guesde disséquait déjà ce petit manège auquel la « classe capitaliste » devait sa longévité au pouvoir : « On s’est divisé en bourgeoisie progressiste et en bourgeoisie républicaine, en bourgeoisie cléricale et en bourgeoisie libre-penseuse, de façon à ce qu’une fraction vaincue pût toujours être remplacée au pouvoir par une autre fraction de la même classe également ennemie. C’est le navire à cloisons étanches qui peut faire eau d’un côté et qui n’en demeure pas moins insubmersible. » Il arrive cependant que la mer s’agite et que la stabilité du vaisseau soit menacée. Dans un tel cas, les querelles doivent s’effacer devant l’urgence d’un front commun.

Face aux « gilets jaunes », la bourgeoisie a effectué un mouvement de ce type. Ses porte-parole habituels, qui, par temps calme, veillent à entretenir l’apparence d’un pluralisme d’opinions, ont associé d’une même voix les contestataires à une meute de possédés racistes, antisémites, homophobes, factieux, complotistes. Mais surtout ignares. « “Gilets jaunes” : la bêtise va-t-elle gagner ? », interroge Sébastien Le Fol dans Le Point (10 janvier). « Les vrais “gilets jaunes”, confirme l’éditorialiste Bruno Jeudy, se battent sans réfléchir, sans penser » (BFM TV, 8 décembre). « Les bas instincts s’imposent au mépris de la civilité la plus élémentaire », s’alarme à son tour le roturier Vincent Trémolet de Villers (Le Figaro, 4 décembre).

Car ce « mouvement de beaufs poujadistes et factieux » (Jean Quatremer), conduit par une « minorité haineuse » (Denis Olivennes), est volontiers assimilé à un « déferlement de rage et de haine » (éditorial du Monde) où des « hordes de minus, de pillards » « rongés par leurs ressentiments comme par des puces » (Franz-Olivier Giesbert) donnent libre cours à leurs « pulsions malsaines » (Hervé Gattegno). « Combien de morts ces nouveaux beaufs auront-ils sur la conscience ? », s’alarme Jacques Julliard.

Inquiet lui aussi des « détestations nues et aveugles à leur propre volonté », Bernard-Henri Lévy condescend cependant à signer dans… Le Parisien une pétition, agrémentée des noms de Cyril Hanouna, Jérôme Clément et Thierry Lhermitte, pour inviter les « gilets jaunes » à « transformer la colère en débat ». Sans succès… Mais, Dieu soit loué, soupire Pascal Bruckner, « la police, avec sang-froid, a sauvé la République » contre les « barbares » et la « racaille cagoulée » (5).

D’Europe Écologie - Les Verts (EELV) aux débris du Parti socialiste, de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) aux deux animateurs de la matinale de France Inter (un « partenariat de l’intelligence », au dire de la directrice de la station), tout un univers social s’est retrouvé pour pilonner les personnalités politiques bienveillantes envers le mouvement. Leur tort ? Attenter à la démocratie en ne se montrant pas solidaires de la minorité apeurée. Comment contrer de tels gêneurs ? User d’une vieille ficelle : rechercher tout ce qui pourrait associer un porte-parole des « gilets jaunes » à un point de vue que l’extrême droite aurait un jour défendu ou repris. Mais, à ce compte-là, devrait-on aussi encourager les violences contre des journalistes au motif que Mme Marine Le Pen, dans ses vœux à la presse, voit en elles « la négation même de la démocratie et du respect de l’autre sans lequel il n’est pas d’échange constructif, pas de vie démocratique, pas de vie sociale » (17 janvier) ?

Jamais le sursaut du bloc bourgeois qui forme le socle électoral de M. Emmanuel Macron (6) ne s’est dévoilé aussi crûment que le jour où Le Monde a publié le portrait, empathique, d’une famille de « gilets jaunes », « Arnaud et Jessica, la vie à l’euro près » (16 décembre). Un millier de commentaires enragés ont aussitôt déferlé sur le site du journal. « Couple pas très futé… La vraie misère ne serait-elle pas, dans certains cas, plus culturelle que financière ? », estimait un lecteur. « Le problème pathologique des pauvres : leur capacité à vivre au-dessus de leurs moyens », renchérissait un second. « N’imaginez pas en faire des chercheurs, des ingénieurs ou des créateurs. Ces quatre enfants seront comme leurs parents : une charge pour la société », tranchait un troisième. « Mais qu’attendent-ils du président de la République ?, s’insurgeait un autre. Qu’il se rende chaque jour à Sens pour veiller à ce que Jessica prenne bien sa pilule ?! » La journaliste auteure du portrait chancela devant ce « déluge d’attaques » aux « accents paternalistes » (7). « Paternalistes » ? Il ne s’agissait pas, pourtant, d’une dispute de famille : les lecteurs d’un quotidien réputé pour sa modération sonnaient plutôt le tocsin d’une guerre de classes.

Clarification sociologique
Le mouvement des « gilets jaunes » marque en effet le fiasco d’un projet né à la fin des années 1980 et porté depuis par les évangélistes du social-libéralisme : celui d’une « République du centre » qui en aurait fini avec les convulsions idéologiques en expulsant les classes populaires du débat public comme des institutions politiques (8). Encore majoritaires, mais trop remuantes, elles devaient céder la place — toute la place — à la bourgeoisie cultivée.

Le « tournant de la rigueur » en France (1983), la contre-révolution libérale impulsée en Nouvelle-Zélande par le Parti travailliste (1984) puis, à la fin des années 1990, la « troisième voie » de MM. Anthony Blair, William Clinton et Gerhard Schröder, ont paru réaliser ce dessein. À mesure que la social-démocratie se lovait dans l’appareil d’État, prenait ses aises dans les médias et squattait les conseils d’administration des grandes entreprises, elle reléguait aux marges du jeu politique son socle populaire d’autrefois. Aux États-Unis, on s’étonne à peine que, devant une assemblée de pourvoyeurs de fonds électoraux, Mme Hillary Clinton range dans le « panier des gens pitoyables » les soutiens populaires de son adversaire.

Mais la situation française est à peine meilleure. Dans un livre de stratégie politique, M. Dominique Strauss-Kahn, un socialiste qui a formé nombre de proches du président français actuel, expliquait il y a déjà dix-sept ans que la gauche devait dorénavant reposer sur « les membres du groupe intermédiaire, constitué en immense partie de salariés, avisés, informés et éduqués, qui forment l’armature de notre société. Ils en assurent la stabilité, en raison (…) de leur attachement à l’“économie de marché” ». Quant aux autres — moins « avisés » —, leur sort était scellé : « Du groupe le plus défavorisé, on ne peut malheureusement pas toujours attendre une participation sereine à une démocratie parlementaire. Non pas qu’il se désintéresse de l’histoire, mais ses irruptions s’y manifestent parfois dans la violence » (9).

On ne se préoccuperait donc plus de ces populations qu’une fois tous les cinq ans, en général pour leur reprocher les scores de l’extrême droite. Après quoi, elles retourneraient au néant et à l’invisibilité — la sécurité routière n’exigeant pas encore de tous les automobilistes la possession d’un gilet jaune.

La stratégie a fonctionné. Les classes populaires se trouvent exclues de la représentation politique. Déjà faible, la part des députés ouvriers ou employés a été divisée par trois depuis cinquante ans. Exclues également du cœur des métropoles : avec 4 % de nouveaux propriétaires ouvriers ou employés chaque année, le Paris de 2019 ressemble au Versailles de 1789. Exclues, enfin, des écrans de télévision : 60 % des personnes qui apparaissent dans les émissions d’information appartiennent aux 9 % d’actifs les plus diplômés (10). Et, aux yeux du chef de l’État, ces classes populaires n’existent pas, l’Europe n’étant pour lui qu’un « vieux continent de petits-bourgeois se sentant à l’abri dans le confort matériel (11) ». Seulement voilà : ce monde social oblitéré, décrété rétif à l’effort scolaire, à la formation, et donc responsable de son sort, a resurgi sous l’Arc de triomphe et sur les Champs-Élysées (voir « Une carte qui dérange »). Confondu et consterné, le conseiller d’État et constitutionnaliste Jean-Éric Schoettl n’eut plus qu’à diagnostiquer sur le site Internet du Figaro (11 janvier 2019) une « rechute dans une forme primitive de lutte des classes ».

Brouillage idéologique
Si le projet d’escamoter du champ politique la majorité de la population tourne à la bérézina, un autre chapitre du programme des classes dirigeantes, celui qui visait à brouiller les repères entre droite et gauche, connaît en revanche une fortune inespérée. L’idée initiale, devenue dominante après la chute du mur de Berlin, en 1989, consistait à repousser aux marges discréditées des extrêmes toute position mettant en cause le « cercle de la raison » libérale — une expression de l’essayiste Alain Minc. La légitimité politique ne reposerait plus alors sur une manière de voir le monde, capitaliste ou socialiste, nationaliste ou internationaliste, conservatrice ou émancipatrice, autoritaire ou démocratique, mais sur la dichotomie entre raisonnables et radicaux, ouverts et fermés, progressistes et populistes. Le refus de distinguer droite et gauche, un refus que les professionnels de la représentation reprochent aux « gilets jaunes », reproduit en somme au sein des classes populaires la politique de brouillage poursuivie depuis des décennies par le bloc bourgeois.

Cet hiver, les revendications de justice fiscale, d’amélioration du niveau de vie et de refus de l’autoritarisme du pouvoir occupent bien le devant de la scène, mais la lutte contre l’exploitation salariale et la mise en accusation de la propriété privée des moyens de production en sont largement absentes. Or ni le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune, ni le retour aux 90 kilomètres à l’heure sur les routes secondaires, ni le contrôle plus strict des notes de frais des élus, ni même le référendum d’initiative citoyenne (lire « Qui a peur de l’initiative citoyenne ? ») ne remetttent en cause la subordination des salariés dans l’entreprise, la répartition fondamentale des revenus ou le caractère factice de la souveraineté populaire au sein de l’Union européenne et dans la mondialisation.

Bien évidemment, les mouvements apprennent en marchant ; ils se fixent de nouveaux objectifs à mesure qu’ils perçoivent des obstacles imprévus et des occasions inespérées : au moment des états généraux, en 1789, les républicains n’étaient en France qu’une poignée. Marquer sa solidarité avec les « gilets jaunes », c’est donc agir pour que l’approfondissement de leur action continue à se faire dans le sens de la justice et de l’émancipation. En sachant toutefois que d’autres œuvrent à une évolution inverse et escomptent que la colère sociale profitera à l’extrême droite dès les élections européennes de mai prochain.

Un tel aboutissement serait favorisé par l’isolement politique des « gilets jaunes », que le pouvoir et les médias s’emploient à rendre infréquentables en exagérant la portée de propos ou d’actes répréhensibles mais isolés. L’éventuelle réussite de cette entreprise de disqualification validerait la stratégie suivie depuis 2017 par M. Macron, qui consiste à résumer la vie politique à un affrontement entre libéraux et populistes (12). Une fois ce clivage imposé, le président de la République pourrait amalgamer dans un même opprobre ses opposants de droite et de gauche, puis associer toute contestation intérieure à l’action d’une « Internationale populiste » où, en compagnie du Hongrois Viktor Orbán et de l’Italien Matteo Salvini, se côtoieraient selon lui des conservateurs polonais et des socialistes britanniques, des Insoumis français et des nationalistes allemands.

Le président français devra néanmoins résoudre un paradoxe. Appuyé sur une base sociale étroite, il ne pourra mettre en œuvre ses « réformes » de l’assurance-chômage, des retraites et de la fonction publique qu’au prix d’un autoritarisme politique renforcé, répression policière et « grand débat sur l’immigration » à l’appui. Après avoir sermonné les gouvernements « illibéraux » de la planète, M. Macron finirait ainsi par en plagier les recettes…

Serge Halimi & Pierre Rimbert

(1) « L’info du vrai », Canal Plus, 13 décembre 2018.

(2) Cf. Louis Bodin et Jean Touchard, Front populaire, 1936, Armand Colin, Paris, 1961.

(3) Auguste Romieu, Le Spectre rouge de 1852, Ledoyen, Paris, 1851, cité dans Christophe Ippolito, « La fabrique du discours politique sur 1848 dans L’Éducation sentimentale », Op. Cit., no 17, Pau, 2017.

(4) Paul Lidsky, Les Écrivains contre la Commune, La Découverte, Paris, 1999 (1re éd. :1970).

(5) Respectivement : Twitter, 29 décembre 2018 ; Marianne, Paris, 9 janvier 2019 et 4 décembre 2018 ; Le Point, Paris, 13 décembre 2018 et 10 janvier 2019 ; Le Journal du dimanche, Paris, 9 décembre 2018 ; Le Figaro, Paris, 7 janvier 2019 ; Le Point, 13 décembre 2018 ; Le Parisien, 7 décembre 2018 ; Le Figaro, 10 décembre 2018.

(6) Lire Bruno Amable, « Majorité sociale, minorité politique », Le Monde diplomatique, mars 2017, et, du même auteur, avec Stefano Palombarini, L’Illusion du bloc bourgeois. Alliances sociales et avenir du modèle français, Raisons d’agir, Paris, 2017.

(7) Faustine Vincent, « Pourquoi le quotidien d’un couple de “gilets jaunes” dérange une partie de nos lecteurs », Le Monde, 20 décembre 2018.

(8) Lire Laurent Bonelli, « Les architectes du social-libéralisme », Le Monde diplomatique, septembre 1998.

(9) Dominique Strauss-Kahn, La Flamme et la Cendre, Grasset, Paris, 2002. Lire Serge Halimi, « Flamme bourgeoise, cendre prolétarienne », Le Monde diplomatique, m5728502.

(10) « Baromètre de la diversité de la société française. Vague 2017 » (PDF), Conseil supérieur de l’audiovisuel, Paris, décembre 2017.

(11) « Emmanuel Macron - Alexandre Duval-Stalla - Michel Crépu, l’histoire redevient tragique (une rencontre) », La Nouvelle Revue française, no 630, Paris, mai 2018.

(12) Lire « Libéraux contre populistes, un clivage trompeur », Le Monde diplomatique, septembre 2018.

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Répondre en citant le message  MessagePosté: 05 Fév 2019 21:17 
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Et puis le recyclage ça produit du transport, du stockage, des usines de recyclages, le tout consommant de l'énergie... ça fait des tunes quoi!


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 05 Fév 2019 21:19 
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Qui a peur de l’initiative citoyenne ? Par Guillaume Gourgues & Julien O’Miel, maîtres de conférence en sciences politiques.

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Qui a peur de l’initiative citoyenne ?
En réclamant la mise en place d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC), les « gilets jaunes » ont soulevé un débat centré sur le référendum. Ce n’est pourtant là qu’une voie d’expression de l’initiative citoyenne, favorisée dans plusieurs pays. Les conditions du partage de l’information et du débat public, sous le contrôle de gouvernants soucieux de protéger l’ordre établi, restent déterminantes.

Depuis le début du XXe siècle, la volonté d’encourager l’initiative citoyenne a inspiré divers dispositifs. Ceux-ci permettent aux électeurs d’imposer aux institutions la tenue d’un débat, la remise en cause d’une loi, la prise en compte d’une question ou l’organisation d’un vote. Les citoyens peuvent ainsi contribuer, en théorie, à définir l’ordre et la nature des politiques à mener. Il est difficile de tirer des enseignements généraux d’expériences aussi disparates que les référendums d’initiative populaire dans le Colorado ou la loi sur la participation en Toscane. Cependant, deux dimensions récurrentes apparaissent : l’initiative citoyenne est très encadrée ; et elle court le risque de voir ses règles redéfinies quand elle empiète sur des thèmes que les élites politiques ne souhaitent pas mettre en débat.

On peut d’ailleurs rappeler une évidence : comme de nombreuses réformes « participatives » de la démocratie représentative, l’introduction du principe d’une initiative citoyenne est presque toujours décidée par des représentants élus. Logiquement soucieux de ne pas se voir déposséder trop aisément de leur capacité à cadrer les débats et les décisions publics, ils imposent des obstacles procéduraux parfois vertigineux à l’activation du droit d’initiative, à tel point qu’il peut devenir un droit « hochet », c’est-à-dire « un de ces droits que nous sommes très fiers de posséder mais que nous n’exerçons pas parce que nous savons qu’il est frappé d’impuissance » (1).

Ainsi, en France, l’ordonnance du 3 août 2016 introduit une initiative citoyenne en matière de démocratie environnementale. Lorsque les responsables d’un projet d’aménagement n’ont pas respecté l’obligation d’une concertation préalable selon les modalités prévues par la loi, « un droit d’initiative est ouvert au public pour demander au représentant de l’État concerné l’organisation d’une concertation préalable respectant ces modalités ». Mais il faut pour cela la signature d’au moins 20 % de la population des communes touchées (ou 10 % si plusieurs départements ou régions sont concernés), dans un délai de deux mois suivant la déclaration d’intention du projet. En outre, ce droit ne vaut que pour certains projets affectant l’environnement, et le préfet peut ne pas donner suite à une initiative tout à fait recevable.

Dérobade des autorités
À l’échelle de l’Union européenne, le traité de Lisbonne permet depuis 2007 aux citoyens de soumettre une proposition législative aux institutions européennes. Mais les conditions d’activation de l’initiative citoyenne européenne (ICE) évoquent un chemin de croix : constitution d’un comité de sept citoyens issus de sept États membres, acceptation par la Commission européenne, délai d’un an pour obtenir au moins un million de signatures dans au moins un quart des États membres... Selon les politistes Philippe Aldrin et Nicolas Hubé, une telle démarche « suppose la maîtrise d’un savoir-faire technique, l’appui d’une structure organisationnelle, mais aussi la détention de ressources relationnelles et institutionnelles considérables, qui semblent les limiter aux seuls lobbys et organisations professionnalisées de la société civile européenne (2) ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur la cinquantaine d’initiatives déposées, seules quatre ont abouti. La commission a été obligée de répondre à ces demandes concernant le droit à l’eau, la protection des embryons humains, l’arrêt des expérimentations animales et l’interdiction du glyphosate. Mais rien ne l’obligeait à légiférer en conséquence, ce qu’elle s’est bien gardée de faire...

Lorsque les citoyens — notamment parmi les plus mobilisés, organisés et politisés — parviennent à activer leur droit, les autorités n’hésitent pas à changer les règles du jeu pour éviter certains débats. La saisine pétitionnaire expérimentée en France par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) entre 2009 et 2013 constitue l’un des cas les plus saisissants de cette improvisation. Extrêmement lourd à activer (500 000 signatures sont nécessaires), ce mécanisme devait permettre aux citoyens de saisir le CESE sur un sujet de leur choix. Mais, quand les militants de la Manif pour tous utilisent ce droit en 2013 pour contrer la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, c’est la panique à bord. L’instance, qui ne s’attendait pas à cette offensive réactionnaire, rejette la pétition, pourtant parfaitement dans les règles, en se déclarant incompétente sur un texte de loi en cours d’examen. Déjugé dans un premier temps par le tribunal administratif de Paris, le CESE se voit finalement conforté par le Conseil d’État en 2017 (3). Si on peut légitimement saluer les garde-fous qui protègent les droits des minorités face à ce type d’initiative, la gestion maladroite et improvisée de cette bataille juridique fait néanmoins apparaître les « murs de verre » à l’intérieur desquels l’initiative citoyenne est pensée par les autorités.

Le mur le plus flagrant apparaît sans conteste lorsqu’il s’agit de défendre les politiques économiques et budgétaires. Au niveau européen, quand des citoyens ont demandé, en juin 2014, l’enregistrement de leur ICE pour imposer un débat public sur le grand marché transatlantique — un projet de traité de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis —, la Commission a tout simplement refusé, en assumant une posture illégale, d’ailleurs condamnée par une décision du 10 mai 2017 de la Cour de justice de l’Union européenne (4), sans que cela influe en rien sur la procédure.

À une autre échelle, la nouvelle équipe municipale de Grenoble (écologistes, Insoumis et citoyens) a mis en place une votation dont l’originalité était de réduire les barrières procédurales : seules deux mille signatures étaient nécessaires pour demander la tenue d’un vote sur un thème choisi par les citoyens. Mais, en 2017, des collectifs militants opposés à la fermeture de certaines bibliothèques, décidée dans un contexte de réduction des dotations de l’État (5), ont vu leur votation refusée. L’équipe municipale de M. Éric Piolle a estimé que des « efforts substantiels » avaient déjà été fournis en réponse à la contestation. En mai dernier, et après une première votation sur les tarifs du stationnement, le juge administratif saisi par le préfet de l’Isère a même annulé l’ensemble du dispositif, en considérant qu’il ne relevait pas des compétences d’un conseil municipal. L’expérience, pourtant stimulante et prometteuse, se heurte au bricolage de la ville et à la rigidité de l’État, chacun se renvoyant désormais la responsabilité de sa liquidation.

L’initiative citoyenne n’est pourtant pas condamnée à l’évitement ou au carcan libéral. Au début du XXe siècle, dans plusieurs États américains (Arizona, Colorado, Oregon), des référendums lancés par les habitants ont permis l’obtention de droits nouveaux et de progrès sociaux : droit de vote des femmes, abolition du travail des enfants, journée de travail de huit heures. Plus récemment, des votes directs ont conduit à la légalisation du cannabis. Il arrive également que l’initiative citoyenne permette de déverrouiller le monopole des élus dans la construction des débats publics. Ainsi, en Italie, en 2007, le conseil régional de Toscane promulgue une loi sur la participation, fruit de la réflexion de plus de deux mille personnes. Ce texte prévoit un système de soutien aux dispositifs locaux de participation, notamment par l’intermédiaire d’une autorité dotée d’un budget de 1 million d’euros et gouvernée par un « expert en démocratie participative » choisi au consensus par le conseil régional. La loi instaure aussi un mécanisme pétitionnaire qui permet à des groupes de personnes de requérir une aide financière et logistique afin de mettre en débat un projet de leur choix, à condition de recueillir un certain nombre de signatures — deux mille à Florence, un seuil particulièrement bas dans une ville de 380 000 habitants.

Mosquée toscane et minarets suisses
Ce dispositif original combinant initiative citoyenne et indépendance de l’institution décisionnaire a donné lieu à un débat qui détonne dans la galaxie des expériences participatives européennes. En 2011, des musulmans florentins se mobilisent pour mettre en discussion la localisation d’une future mosquée, un sujet polémique en Italie (6). Ils recueillent rapidement les signatures nécessaires, et l’autorité décide d’allouer une subvention à l’organisation de ce débat. L’imam de Florence affirme dans la presse que les musulmans ne demandent « rien d’autre qu’un lieu de culte digne de ce nom » et « veulent absolument que la décision finale soit partagée tant par la communauté musulmane que par la commune de Florence » (7). Contre toute attente, et tout particulièrement celle des élus, les échanges se déroulent dans une atmosphère sereine. Si, faute de financement, la mosquée est encore à l’état de projet, le débat a permis de fixer des critères de localisation consensuels. Surtout, grâce à l’initiative citoyenne, des personnes appartenant à des groupes sociaux dominés — en l’occurrence, des musulmans qui, pour la plupart, n’ont pas la nationalité italienne — ont eu accès la discussion collective et à la reconnaissance publique.

Pour parvenir à ce résultat, les informations doivent être de qualité, le débat ouvert et structuré, et non instrumentalisé comme ce fut le cas en Suisse avec l’initiative populaire « Contre la construction de minarets », déposée en 2008 par plus de 113 000 électeurs et approuvée un an plus tard. À l’opposé de ce qui s’est produit dans le cas toscan, cette initiative a été opportunément saisie par l’Union démocratique du centre (UDC, parti conservateur et nationaliste) pour stigmatiser les musulmans, dans le cadre d’un affrontement partisan et juridique n’impliquant que des formes minimales et indirectes de « mise en débat » (8).

Le système suisse de démocratie directe ne doit néanmoins pas être réduit à cet exemple. À l’échelle du canton ou de l’État, le rôle du gouvernement consiste essentiellement à mettre en œuvre les décisions des citoyens, qui conservent le dernier mot et qui peuvent reprendre l’initiative sur tout texte qu’ils jugent trop important pour rester du ressort des seuls députés. Plus de 210 référendums ont été organisés au niveau confédéral depuis la fin du XIXe siècle. Pourtant, même lorsque la pratique des votations est largement ancrée dans la vie politique, elle ne semble pas suffire à endiguer la défiance et la dépolitisation des citoyens (9).

Ces diverses expériences d’initiatives citoyennes éclairent la crise provoquée par le mouvement des « gilets jaunes » : le gouvernement accepte de débattre, mais dans la précipitation et l’improvisation, sur les thèmes qu’il a choisis et dont est d’emblée exclue la possibilité de restaurer l’impôt sur la fortune, ou d’abroger ou de modifier le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). « Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises (...) afin d’encourager l’investissement et de faire que le travail paie davantage », écrit M. Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français. Le débat public est pratiqué comme une sorte de concession sous contrôle, censée se substituer au rapport de forces direct engagé par les « gilets jaunes ».

La peur évidente des gouvernants, qui présentent souvent l’initiative citoyenne comme une boîte de Pandore, témoigne d’une volonté farouche de maintenir les institutions à l’identique. Dans le contexte français d’affirmation du caractère technocratique et autoritaire des décisions politiques, faisant peu de place ne serait-ce qu’aux institutions parlementaires et tenant à distance du débat public les questions économiques, l’initiative populaire pourrait n’être qu’un gadget. Elle pourrait se borner à recueillir des avis citoyens sans conséquence décisionnelle et rapidement liquidés en cas de « subversion ». Afin d’apparaître comme un levier d’autogouvernement populaire, elle ne peut être dissociée d’une refonte globale des institutions et de la vie politique.

Guillaume Gourgues & Julien O’Miel

Maîtres de conférences en science politique, respectivement à l’université Lumière-Lyon-II et à l’université de Lille.
(1) Marie de Cazals, « La saisine du Conseil économique, social et environnemental par voie de pétition citoyenne : gage d’une Ve République “plus démocratique” ? », Revue française de droit constitutionnel, vol. 82, no 2, Paris, avril 2010.

(2) Philippe Aldrin et Nicolas Hubé, « L’Union européenne, une démocratie de stakeholders . Des laboratoires du participationnisme à l’expérimentation démocratique », Gouvernement et action publique, vol. 5, no 2, Paris, avril-juin 2016.

(3) Conseil d’État, requête no 402259, Paris, décision du 15 décembre 2017.

(4) Affaire T-754/14, Cour de justice de l’Union européenne, Luxembourg, décision du 10 mai 2017.

(5) Guillaume Gourgues et Matthieu Houser (sous la dir. de), Austérité et rigueur dans les finances locales. Une approche comparative et pluridisciplinaire, L’Harmattan, Paris, 2017.

(6) Julien O’Miel et Julien Talpin, « Espace et conflits dans la participation. Luttes symboliques et matérialité d’une controverse autour de la localisation d’une mosquée à Florence », Lien social et Politiques, no 73, Montréal, printemps 2015.

(7) « Moschea sí o no ? Il percorso partecipativo », La Nazione, édition de Florence, 22 septembre 2011.

(8) Hervé Rayner et Bernard Voutat, « La judiciarisation à l’épreuve de la démocratie directe. L’interdiction de construire des minarets en Suisse », Revue française de science politique, vol. 64, no 4, Paris, 2014.

(9) Anna Kern, « The effect of direct democratic participation on citizens’ political attitudes in Switzerland : The difference between availability and use » (PDF), Politics and Governance, vol. 5, no 2, Lisbonne, 2017.

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La caste au pouvoir Par Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot.

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La caste au pouvoir
Sociologues, spécialistes de la bourgeoisie et de l’oligarchie françaises, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot publient une chronique sociale de la France de M. Emmanuel Macron. Leur synthèse jette une lumière crue sur le mépris de classe d’un président mal élu et sur l’accaparement du pouvoir par une caste — deux détonateurs du soulèvement français.

Entre le résultat de M. Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle, le 23 avril 2017, et le score de La République en marche (LRM) au premier tour des élections législatives, le 11 juin suivant, il y eut une érosion de plus de deux millions de voix.

Le raz de marée initialement promis fut d’autant moins au rendez-vous que l’abstention, elle, a battu des records au second tour des législatives : plus de vingt millions d’électeurs, soit plus de la moitié des inscrits, ont préféré ce jour-là aller à la pêche. LRM a ainsi réussi la prouesse d’obtenir, avec à peine 7 826 432 voix, 308 sièges à l’Assemblée — soit une majorité absolue permettant à M. Macron de faire entériner son programme néolibéral.

En juillet 2017, M. François Ruffin, nouvel élu de La France insoumise, a fait circuler un graphique montrant la composition socioprofessionnelle de la nouvelle Assemblée nationale. Celle-ci penche très nettement du côté des cadres et des professions intellectuelles supérieures, qui représentent 76 % des députés alors que cette catégorie socioprofessionnelle ne concerne, en 2017, que 18 % de la population active, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Sans surprise, à l’autre bout de l’échelle sociale, c’est l’inverse. Les 20,8 % d’ouvriers de la société française ne se retrouvent que 0,2 % dans l’Hémicycle. Même constat pour les employés, avec respectivement 27,2 % dans la population active et 4,58 % des députés, et pour les professions intermédiaires : 25,7 % des actifs et 6,3 % à l’Assemblée (1).

En 2017, M. Macron s’est d’emblée entouré d’un premier « gouvernement de riches », avec quinze ministres ou secrétaires d’État millionnaires sur trente-deux (2).

Des biens et des liens
Madame Muriel Pénicaud, ministre du travail, a déclaré le patrimoine le plus élevé, avec plus de 7,5 millions d’euros. Elle est propriétaire d’une maison dans les Hauts-de-Seine, estimée à 1,3 million d’euros, et d’une résidence secondaire de 340 000 euros dans la Somme. Mais, comme il est d’usage dans les grandes fortunes, la plus grosse partie de son patrimoine, 5,9 millions d’euros, est constituée de valeurs mobilières : actions, obligations, contrats d’assurance-vie... Gageons que celle qui, après Mme Myriam El Khomri, a détricoté le droit du travail en défaveur des salariés a apprécié la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune sur ce type de patrimoine — une des toutes premières mesures de M. Macron, dont le coût, rappelons-le, est estimé à 4,6 milliards d’euros par an pour les finances publiques.

Ministre de la transition écologique et solidaire, M. Nicolas Hulot occupait la deuxième place de ce palmarès, avec un patrimoine de 7,2 millions d’euros, composé d’une maison de trois cents mètres carrés en Corse, évaluée à 1 million d’euros, et de plusieurs biens immobiliers en Savoie et dans les Côtes-d’Armor, pour une valeur de 1,9 million d’euros. Les valeurs mobilières représentent 1,2 million, et la société Éole, qui encaisse ses droits d’auteur et ceux des produits dérivés Ushuaïa, a été estimée à 3,1 millions d’euros. Sa déclaration mentionne également six voitures, un bateau, une moto et un scooter électrique.

Ministre de la culture dans le premier gouvernement de M. Édouard Philippe et propriétaire des éditions Actes Sud, Mme Françoise Nyssen mentionnait plus de 600 000 euros de biens immobiliers et 4 millions d’euros pour sa société arlésienne. Mme Agnès Buzyn, ministre de la santé, est à la tête d’un patrimoine d’un peu plus de 3 millions d’euros. Mme Florence Parly, ministre des armées, revendique un patrimoine de plus de 2 millions d’euros, avec un appartement parisien de deux cents mètres carrés et une résidence secondaire dans le Loiret.

Si ces cinq ministres multimillionnaires formaient clairement la tête du peloton de ce premier gouvernement, leurs collègues étaient très loin d’être dans la misère. Quelques exemples : Mme Nathalie Loiseau, ministre chargée des affaires européennes, affichait un patrimoine de près de 1,9 million d’euros. M. Philippe est lui-même millionnaire, avec un patrimoine estimé à 1,7 million d’euros composé d’un appartement à Paris (1,25 million d’euros) et d’un autre en Seine-Maritime, évalué à 400 000 euros. Les valeurs mobilières de son patrimoine stagnent autour de 56 000 euros. M. Bruno Le Maire, ministre de l’économie, a déclaré des parts d’une société civile évaluées à 1,5 million d’euros et quelque 168 000 euros de placements financiers. Venaient ensuite M. Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement (1,34 million d’euros), Mme Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées (1,33 million d’euros), M. Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État chargé du numérique (1,26 million d’euros), Mme Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’intérieur (1,27 million d’euros), Mme Élisabeth Borne, ministre chargée des transports (1,22 million d’euros), M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires (1,14 million d’euros), et enfin M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères (1 million d’euros).

L’appartenance de classe ne se définit pas par la seule richesse économique. Outre les biens, il y a les liens. Les femmes et les hommes qui disposent aujourd’hui du pouvoir politique, bien loin de l’ancienne figure des « serviteurs de l’État », entretiennent des relations étroites avec une myriade d’intérêts privés dont ils sont trop souvent les obligés.

Avant de devenir premier ministre, M. Philippe a été, de 2007 à 2010, directeur des affaires publiques — autrement dit, responsable du lobbying — du géant du nucléaire Areva. M. Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a exercé des fonctions de lobbyiste chez Unibail-Rodamco. La secrétaire d’État à la transition écologique, Mme Brune Poirson, est une ancienne haute responsable de Veolia. Mme Pénicaud, ministre du travail, exerçait auparavant les fonctions de directrice des ressources humaines chez Danone. Quant à son directeur de cabinet chargé du social, M. Antoine Foucher, il officiait auparavant comme directeur général adjoint du Mouvement des entreprises de France (Medef).

De proches conseillers de M. Macron sont également issus du monde de l’entreprise et du secteur privé. M. Cédric O, conseiller aux participations publiques, exerçait auparavant au service du groupe aéronautique Safran ; Mme Claudia Ferrazzi, la conseillère culture, a commencé sa carrière chez Capgemini et au Boston Consulting Group. La conseillère agriculture, Mme Audrey Bourolleau, a exercé au service d’un important organisme d’influence du monde viticole, Vin et Société. Sur 298 collaborateurs ministériels, 43 ont travaillé à un moment de leur carrière dans le lobbying (3).

Entre fonction publique et management privé, les interconnexions de ce personnel technocratique sont tellement denses que les conflits d’intérêts sont la règle plutôt que l’exception. Lorsqu’ils deviennent trop flagrants, de petits scandales éclatent dans la presse, mais l’arbre cache la forêt. Lors de son entrée au gouvernement, Mme Buzyn a ainsi dû renoncer à la tutelle de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) parce que celui-ci était dirigé par son mari, M. Yves Lévy. De même, après le 10 juillet 2018, Mme Nyssen, copropriétaire de la maison d’édition Actes Sud, créée par son père et qu’elle a longtemps dirigée, fut sommée de ne plus s’occuper du secteur du livre, et ce à la demande de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.

Surdiplômé — de l’École nationale d’administration (ENA), de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) et de Sciences Po —, fils d’un ancien haut fonctionnaire européen, M. Alexis Kohler occupe la fonction de secrétaire général de l’Élysée. Il a fait l’objet d’une plainte, le 1er juin 2018, auprès du parquet national financier pour prise illégale d’intérêts et trafic d’influence de la part de l’association de lutte contre la corruption Anticor, animée par l’avocat William Bourdon.

En mai 2018, Mediapart a révélé les liens qui unissent par sa mère M. Kohler à la famille italienne Aponte, propriétaire de la Mediterranean Shipping Company (MSC), numéro deux mondial du transport de marchandises par navires porte-conteneurs. Cette entreprise est l’un des clients les plus importants des chantiers navals de Saint-Nazaire et du port du Havre. Or M. Kohler, qui avait la responsabilité des transports en 2010 à l’Agence des participations de l’État (APE), siégeait à ce titre au conseil de surveillance du port du Havre (en même temps que M. Philippe, alors maire de la ville). Sans faire état de ses liens familiaux avec l’armateur, il a pu influer sur des décisions qui en impactaient les intérêts.

Devenu par la suite directeur adjoint du cabinet du ministre de l’économie et des finances — sous M. Pierre Moscovici, de 2012 à 2014, puis sous M. Macron, d’août 2014 à août 2016 —, M. Kohler a occupé un poste-clé à Bercy alors même que l’avenir des chantiers navals de Saint-Nazaire et du port du Havre y était régulièrement discuté. Cela ne l’empêcha pas de rejoindre en septembre 2016 le siège social de MSC à Genève, en tant que directeur financier de ce groupe italien de droit suisse, dont le chiffre d’affaires dépasse 20 milliards d’euros. Dans le même temps, il s’impliquait activement dans la campagne de M. Macron.

L’écheveau est complexe et illustre bien l’étroite intrication des liens multidirectionnels que tisse le pouvoir oligarchique. Les multiples casquettes du personnage font qu’il est à la fois ancien haut fonctionnaire de Bercy, ancien directeur financier d’un groupe familial qui a des intérêts dans les chantiers navals et l’un des plus proches collaborateurs du président de la République. Dans ces conditions, le parquet national financier va-t-il donner une suite judiciaire à la plainte déposée par Anticor ? On ne peut, en tout cas pour l’instant, que regretter l’exclusion des hauts fonctionnaires de la loi de moralisation de la vie politique votée en 2017.

Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot

Sociologues, anciens directeurs de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ce texte est extrait de leur livre Le Président des ultrariches. Chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron, La Découverte, coll. « zones », Paris, parution fin janvier 2019.
(1) Institut Diderot, Paris, 2017.

(2) Cédric Pietralunga et Anne Michel, « De nombreux millionnaires parmi les membres du gouvernement », Le Monde, 16 décembre 2017 ; Jean-Louis Dell’Oro, « Voiture, immobilier, actions… Le patrimoine du gouvernement Philippe ministre par ministre », Challenges, Paris, 26 décembre 2017.

(3) Linh-Lan Dao, « Les stratégies des lobbys », France Info, 18 juin 2018.

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l exile a écrit:
Simply the Best a écrit:

Et toi ne fait pas le benêt non plus, tu sais bien que pour beaucoup de monde "apolitique" ça veut dire en dehors des partis.
T'es bien placé pour le savoir, toi qui parle de libéralisme alors que c'est en fait du corporatisme.


Quand on revêt un GJ ... quand on revendique avoir les mêmes attentes et demandes , on crée de fait un parti politique...
Encore une fois vous vous cachez derrière votre petit doigt


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rix a écrit:
kainrijames a écrit:
rix a écrit:

Malheureusement, les gens comme toi ont beau jeu de tenir ce discours. Les tentatives réussies de la CGT (et d'autres) de récupérer notre mouvement discréditent un mouvement au départ non partisan, voire apolitique et qui pour cette raison avait la confiance et le soutien d'une large majorité de citoyens. Pire, je crains que le mouvement n'y survive pas, du moins à court terme. Mais ça ne sera pas le première fois que les syndicats viennent à la rescousse du Pouvoir. Ils sont payés pour ça après tout.


ouais faut voir le bordel qu'a foutu Drouet y a quelques jours quand il a parler d'avoir "l'aide" de certains politiques en leurs faisant signer une charte,bref mauvaise idée a mon sens mais validé a 90% d'aprés le sondage que j'ai vu sur facebook...


Drouet n'a aucune culture politique et n'est pas un intellectuel, ce qui n'est pas une insultant dans ma bouche. Il fait ce qu'il peut, parfois des conneries, mais il est excusable car sincère et légitime. En revanche, cette petite merde de Boulo, n'a aucune excuse de ce genre pour nous avoir livrés à la CGT et au PS (Casini). Je ne sais pas d'où il vient ce porte-parole auto-proclamé, ni depuis quand il est gj, surement pas le 17, mais il a les moyens intellectuels pour réfléchir plus de deux secondes et ne pouvait pas ne pas savoir que la CGT piégeait la mouvement. N'importe quel idiot syndiqué pouvait savoir que la CGT ne pouvait pas être sérieuse en parlant de grève générale illimitée. C'est comme si le Président du Stade Malherbe annonçait que le SMC allait remporter la ligue des champions la saison prochaine. Et d'ailleurs je l'avais alerté cet espèce de gj au gilet immaculé, sans pli et repassé droit. Il doit utiliser un nouveau gilet à chaque passage télé et le jeter à la sortie des studios. Je pense pas qu'il le mette en dehors des plateaux télé le baveux.
Vous me direz, Levavasseur aussi est une traitresse, mais vu ses faibles facultés intellectuelles et son âge trop avancé pour faire une carrière dans le porno, en plus elle a pas sauté le patron d'EDF (sic) la pauvre, elle a droit aux circonstances atténuantes.



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l exile a écrit:
Molko a écrit:
François de Malherbe a écrit:
Molko a écrit:
C'est là que je ne te suis plus. Parce que si on va au bout, on ne fait plus d'enfants non plus, par exemple, on n'utilise plus sa voiture ou l'électricité.

Oui, oui. Il faut tout réduire au maximum de ses possibilités (ne plus acheter de bouteilles en plastique, gel douche, déodorant...faire du covoiturage, chauffer à maximum 19°, ne pas s'abonner à Netflix, aux chaînes payantes...), tout en continuant évidemment à assurer ses besoins de base, sinon, c'est le suicide direct !


C'est marrant, parce que ne pas s'abonner à Netflix, Je pratique, mais J'avais jamais vu ça sous l'angle environnemental, plutôt sur une question (pas forcément très intelligente) axée sur l'hégémonie néfaste de ces nouveaux acteurs sur la création et la liberté d'expression qui s'américanise, ce qui est une forme de suicide "culturel" pour le coup bien plus grave que les conneries habituelles des nationalistes. Mais Je reconnais que ma position est là-dessus purement idéologique, donc très attaquable, comme mon refus d'utiliser Google et ses services (sauf YouTube pour qui Je ne trouve pas d'équivalent).

Pour le zéro déchet (car c'est au fond ce que tu dis), idem, J'ai eu là-dessus une approche plus économique: faire son gel douche, sa lessive et ses cosmétiques soi-même, ça coûte surtout beaucoup moins cher. C'est d'ailleurs peut-être ça que tu aurais pu ouvrir comme topic, pour donner une tonalité plus positive à l'ensemble : les petites recettes pour tendre vers tout ça. C'est simple, ca coûte pas cher et c'est très écologique. On rajoutera également préférer le vrac aux produits suremballés.

Sinon, allez-y, traitez-Moi de bobo.


:lol: et tu parle de crédulité!k

t'en fait des sacrifices pour sauver le monde! tout se confort de perdu! le tiers monde te remercie.
C'est bien la première fois que tu me fait vraiment rire...

bonne soirée à tous et allez malherbre!


:18cher:
C’est pas un sacrifice, c’est là le truc que tu piges pas. Je préfère le faire moi-même car je sais ce que je mets dedans, ça me fait plaisir et ça me coûte moins cher. Et ça n’a absolument rien d’une perte de confort, bien au contraire. Mais bon, ça a l’air d’être trop compliqué à comprendre pour toi, ce qui ne sera guère étonnant.

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Répondre en citant le message  MessagePosté: 05 Fév 2019 23:11 
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En fait, c’est au Néolithique que tu aurais dû naître l exile.

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C’est ce qu’il a fait. Comme toi d’ailleurs.

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Répondre en citant le message  MessagePosté: 06 Fév 2019 00:07 
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Bon bah au Paléolithique alors !!

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