François de Malherbe a écrit:
Il y a sûrement des vérités dans ce que tu écris, Molko, mais les Servigne et Chapelle déjà très cités, s'appuient aussi sur des travaux qui montrent l'empathie et l'altruisme des êtres humains en situation de crises majeures (attentats, ouragans, séismes...) Je vais essayer de creuser cette question.
D'ailleurs, si nous sommes ici, c'est grâce au sens aigu de coopération de nos très lointains ancêtres.
Pour ce qui est des CSP, sans passer nécessairement par Marx, il est quand même aventureux de nier l'existence de réflexes de "classes" (la noblesse d'hier, la bourgeoisie capitaliste depuis la fin du XVIIIe siècle). Laissons donc la parole à un représentant patenté de la classe dominante :
« Il y a une guerre des classes, c’est un fait. Mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et qui est en train de la gagner. » (Warren Buffet, CNN, 25 mai 2005 et New York Times, 26 novembre 2006)
Je suis d'accord sur l'empathie et l'altruisme dans les crises majeures, mais ce à quoi Je ne crois pas, c'est que cette empathie se fasse selon une sélectivité sociale. En temps de crise - on pourrait prendre l'occupation à Caen ou les attentats - il y a une solidarité qui se développe et qui n'existerait pas sans cette crise, c'est un fait et c'est un peu dommage. Mais ce que Je conteste, c'est que cette solidarité soit sélective: on aide l'autre parce qu'on est dans le même bateau, pas parce qu'on est dans la même CSP.
Et attention, Je ne nie pas les "réflexes de classe", Je les déplore même parce que Je les trouve absurde et dangereux et cherche à M'en défaire autant que Je le puis. Ce que Je conteste c'est l'attribution de phénomènes de solidarités selon un filtre social quand il relève selon Moi d'une autre logique (quand le bateau coule, il y a des gens qui vont en aider autant qu'ils le peuvent sans se préoccuper de la classe sociale de la personne) qui tient davantage à la nature humaine à la fois terriblement égoïste et incroyablement altruiste.
Et ce que Je conteste par dessus tout, c'est l'idée que la solidarité serait un trait du pauvre quand l'égoïsme serait un attribut du riche.
Le point de départ c'était que le riche lutte forcément pour son intérêt personnel ou de classe et pas le pauvre.
Et Je trouve particulièrement triste une vision de la société de classe.
Un de mes plus anciens potes, de l'époque de la Pop F il y a plus de 20 ans - et qui traine parfois sur ce forum, désolé mec, j'utilise ton cas, tu peux te plaindre par SMS* - était il y a encore quelques semaines mon N+3, lui cadre A+ et moi tout en bas de la catégorie C. Je devais faire quoi ? Avoir une défiance contre lui parce que c'est un chef et Moi pas ?
Justement, Moi je ne supporte plus d'entendre "lui, on l'aime pas parce que c'est un chef" tout comme l'inverse. J'ai été très content de bosser dans deux administrations différentes dans lesquelles les gens se regroupaient par affinité et non par groupe social ou grade ou Je ne sais quoi, sans se poser la question de savoir si y'en avait un qui gagnait 4 fois ce que gagnait l'autre, ce qui était sans doute le cas.
Bref, ce reflexe de classe, Je le trouve dangereux parce que Je trouve aussi con de porter un à priori positif ou négatif sur quelqu'un uniquement en fonction de sa classe sociale réelle ou supposée, comme sur sa religion ou sa couleur de peau. Je mets clairement ces trucs-là au même niveau.
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un apéro à la rentrée ? [size=50]oui, j'utilise ce forum à des fins privées[/size]