Molko a écrit:
Je ne suis pas du tout d'accord.
ça n'est pas le degré de confort qui fait l'altruisme / égoïsme mais l'humanité de l'individu. La compétion entre "petits" pour obtenir un avantage n'est moins féroce qu'entre "grands". Il n'y a pas plus ou pas moins de solidarité entre pauvres qu'entre riches. Pour prendre un exemple, des comportements d'égoïsme et d'arrivisme effrénés quitte à marcher sur ton alter ego, J'en ai vu autant chez les petits employés que chez les cadres; on ne peut pas réduire des comportements humains à des comportements nécessairement induits par une classe sociale.
Ca tombe bien, puisque j'ai écrit ça :" Bien sur nous sommes tous membres de plusieurs groupes... Et nos interactions sont tellement complexes que tout cela ne reste que des grandes lignes descriptives."
Ensuite, tu peux ne pas être d'accord mais moi je me base pas sur mon ressenti, mais sur des faits scientifiquement prouvés. Et ces faits scientifiques disent que tu peux d'autant moins te passer de coopérer quand tu es dans la galère. La compétition existe partout et pour tous mais c'est un comportement qui coûte énormément de ressources (physiques, mentales etc etc) avec une issue toujours incertaine, ce qui fait que la plupart des être vivants choisissent l'évitement (absence de concurrence) ou l'entraide lorsqu'ils font partie d'un groupe: 1) bien défini (nous c'est pas eux), 2)égalitaire, et 3)ou l'on se fait confiance. Soit l'inverse du travail à la sauce Adam Smith (la concurrence de tous contre tous), que tu prends en exemple.
Molko a écrit:
Il y a eu plein d'études de sciences comportementales qui montrent également que plus l'environnement est inhospitalier et plus tu es prêt à tout pour survivre individuellement toi et ta cellule proche sans aucune notion de solidarité pour ton semblable. L'étude des mouvements de populations entre la chute de Rome et disons le siècle de Charlemagne à l'échelle européenne le montre très bien, tout autant que les migrations protohistoriques.
Sur les sciences comportementales et les coopérations / compétitions, tu trouveras beaucoup d'études des années 70 qui sont ressorties dans le courant des années 2000 sur ces sujets.
Oui, mais ces études partaient du principe que la concurrence est le coeur du système "humain", et l'égoïsme permettait de transmettre ses gènes et que la "cellule proche" était donc circonscrite à la famille. Elles ont donc logiquement permis de développer ce thème, dont on nous rabache les oreilles depuis 40 ans.
Si ces études sont ressorties depuis 15 ans c'est justement pour revoir leur "valeur" scientifique et surtout modifier complètement leurs conclusions en fonction des connaissances actuelles et notamment de la fin de l'utopie génétique (cette théorie disait : tout est inscrit dans nos gènes: l'alccolisme, l'homosexualité, la criminalité etc etc).
La maxime de EO Wilson (star de la sociobiologie) est éclairante de la position actuelle des scientifiques: "l’égoïsme l’emporte sur l’altruisme dans un groupe. Les groupes d’altruistes l’emportent sur les groupes d’égoïstes. Tout le reste n’est que commentaire."
Ceci explique mieux, à mon avis, la résilience de ces petits groupes de population entre la chute de Rome et Charlemagne...
Molko a écrit:
Je trouve un peu court de réduire des comportements à des induits de supposée richesse quand l'égoïsme, la compétition autant que l'atruisme et l'intérêt général sont avant tout des traits humains.
Pas davantage de propension à la solidarité "de classe" chez les uns que chez les autres. La solidarité c'est une forme d'empathie active. On est solidaire avec un individu, pas avec une CSP.
On est solidaire avec un individu oui, mais seulement s'il fait partie du même groupe... et pas solidaire avec un individu d'un autre groupe!
Ainsi si on suit ce raisonnement:
Si demain, je croise un banquier supporter de Caen dans les travées de D'Ornano, et que celui-ci se fait attaquer par un vilain havrais, je serais solidaire de l'individu supporter de Caen. Car il est de mon groupe.
Si après-demain, je vois un mec (du havre) qui se fait expulser de son logement par un banquier (supporter de Caen), je serais solidaire de l'expulsé, car à ce moment là mon groupe ne sera pas plus celui du stade Malherbe mais plutôt celui de ma classe sociale.
Bon mes exemples ne sont ptet pas super, mais cette histoire de groupe est hyper importante...