Cadomus. Caen en chantier, une longue histoire
Les passionnés d’Histoire de l’association Cadomus rebondissent sur l’actualité pour proposer une balade en photos thématique autour des périodes de grands travaux à Caen, entre 1850 et la Reconstruction. Un flash-back encore saisissant, truffé d’anecdotes et de documents inédits.
Depuis les travaux du tram, Caen donne l’impression d’être une ville gruyère. Cadomus a saisi l’occasion pour concentrer sa nouvelle balade en images sur cette thématique. Une projection qui montre, au-delà des dommages de guerre et de la Reconstruction, à quel point des périodes de longs travaux ont régulièrement secoué la cité au fil du temps.
La balade ouvre sur le demi-siècle 1850-1900. Plusieurs images font l’objet d’un comparatif « avant / après ». « Le but, c’est aussi de pousser les gens à se rendre sur place » , invite Michaël Biabaud, auteur de cette nouvelle promenade. Un cliché de l’abbaye aux Dames montre son « relooking » entre 1854 et 1862 : « Le nouveau tympan de la porte principale, un escalier derrière, quelques flèches… » La présence de restes de tombeaux sur le parvis ajoute à l’intrigue. Des reliquats du cimetière Saint-Gilles ?
« Document exceptionnel » : un calotype de l’ex hôtel de ville avant son extension. « C’est la première fois qu’on voit le chevet du séminaire des Eudistes. » Une vue après travaux prolonge le sentiment de vertige. Cliché original : une vue de la rue Pemagnie nouvelle version, datant de 1884. Auparavant, l’issue de cet axe formait un coude vers les fossés Saint-Julien. Trace de ce tracé est encore vérifiable aujourd’hui, via la façade en épi située derrière le bar le Stadium.

C’est une époque où la rue Caponière s’appelle encore la rue des Capucins. Au 41 de l’actuelle rue Saint-Pierre, la pharmacie du Centre est dite Mullois. Ce bel immeuble au style très XIXe siècle remplace un immeuble du XVIIe. Une jolie colonne l’accompagne.
Les travaux du tram ancien constituent un clin d’œil imparable à l’actualité. Son lancement intervient en 1901. À la fin du XIXe siècle, Caen était tout aussi en chantier qu’à présent, comme en témoigne une photo, rue Saint-Jean. Surprise : démolie en 1907, la prison se situait à l’arrière de l’ancien palais de justice, rue Bertauld.

Bascule dans le XXe siècle. En bas de l’avenue du Canada, la maison Dillée compte à peine un étage. Les vues du quartier Saint-Jean sont déroutantes. Le jour et la nuit en comparaison d’aujourd’hui. L’hospice Saint-Louis s’étale sur plusieurs rues. Il est démoli en 1921-22. La colonne de la place Foch est dressée en 1927.

Le percement de la rue d’Hastings en 1937 et quelques villas du Nice caennais l’attestent, les années folles riment avec art déco. Le chantier de la poste Gambetta est impressionnant. Le président Lebrun viendra saluer son ouverture en 1932. Les Odons sont recouverts. Jadis insalubre, Caen plonge dans le confort moderne.

La nouvelle gare est inaugurée le 17 novembre 1934. Le haut des arcades de l’ancienne est conservé. Le passage Bellivet épouse la mode parisienne. Rue Saint-Pierre, à la place de l’actuel Bouchara, le cinéma Le Normandie remplace le Café du Grand Balcon en 40. Onze ans de travaux sont nécessaires à la construction de l’église Saint-Jean-Eudes (1933 à 44).
Arrive la fameuse période de la la Reconstruction. Les chantiers vont crescendo . Michaël Biabaud prend soin de laisser de côté les sentiers battus (rue Saint-Jean, avenue du 6-Juin, université…) pour se concentrer sur « des anecdotes » . « À la différence des faubourgs, aucun immeuble n’a été reconstruit en centre-ville. » Au 125, rue d’Auge, un joli immeuble en briques et balcons en fer forgé témoigne de ce virage. Le magasin Devred et ses deux superbes colonnes art déco n’a pas gagné au change. La Maison des étudiants (actuel centre d’animation la Prairie) conserve une partie de l’ancien rez-de-chaussée. L’Orangerie du jardin des plantes perd son joli toit, mais conserve un aspect « Beaux-Arts ». Tel un phénix, symbole de son campus, Caen renaît de ses cendres à cadence grand C.
Vendredi 29 juin et jeudi 5 juillet (19 h) au Royal hôtel, 1, place de la République à Caen. Gratuit, sur réservation au 02 31 86 55 33.