« Les tribunes du stade vont me manquer »Abonné au Stade Malherbe de Caen depuis 61 ans, Maurice Villeroy a pris sa retraite de supporter. Un regret pour ce passionné qui a vu grandir le club.
Portrait :
« C’est un moment que je n’oublierai sûrement jamais. » Dimanche 6 mai, alors que le Stade Malherbe s’apprête à rencontrer l’AS Monaco au stade Michel d’Ornano, Maurice Villeroy est assis avec sa femme, Cécile, en tribune d’honneur. « Au micro, le speaker s’est mis à parler d’un Maurice, un des plus vieux abonnés du Stade Malherbe , raconte l’ancien agriculteur de 84 ans. Sur le coup, je me disais que c’était drôle, un gars qui s’appelait comme moi. » Il se retourne. Face à lui, Cyrille Watier, un ancien joueur du club, lui tend un maillot floqué « Maurice » accompagné du nombre 61. Le nombre d’années d’abonnement du supporter. Il prend alors le micro, confie quelques anecdotes.

Pour cet abonné au club depuis 1957, ce moment est une fierté. « C’était très émouvant, j’étais vraiment touché » , confie-t-il, la voix tremblante. Il sourit en feuilletant les photos prises de lui en tribune ce jour-là. Et pourtant, cette journée marque aussi sa retraite de supporter. « J’ai des soucis de santé, je ne vois même plus le numéro des joueurs sur le terrain. » Il fait une moue avant de lâcher. « Les tribunes du stade vont me manquer. »
Au stade à bicyclette :
Le Stade Malherbe et Maurice, c’est une histoire d’amour qui remonte à sa jeunesse. À l’époque, il jouait en amateur, dans le club de son village à Soliers. Passionné de foot, il n’a d’autre choix que de se laisser prendre d’affection pour le club caennais. Des années « sous les tôles de Venoix, la tribune populaire de l’époque » , aux années dans la tribune Caen de Michel-d’Ornano, il était au rendez-vous. « J’évitais de louper un match de Caen à domicile. » D’ailleurs, sa femme Cécile, qui lui servait souvent de chauffeur, le confirme. « Les rares qu’il a loupés, il avait des soucis de santé. »
« En quelque sorte, j’ai vu grandir ce club » , lâche-t-il fièrement. Il se souvient des années en amateur, où Jacques Guillard, son professeur de latin et ancien attaquant du club, venait assister au match. Il se rappelle des montées et descentes, de l’inauguration du stade Michel-d’Ornano, de joueurs qui l’ont plus marqué que d’autres. Il cite Auguste Makaya, René Brandao ou plus récemment Nicolas Seube. Des joueurs dont il admire la simplicité et « qu’ils mouillent le maillot » . « On n’a pas que des satisfactions quand on va voir Caen jouer, mais on a de la chance d’avoir un club qui tienne la route. » Un club qui ne génère pas de problème sur le terrain. « Dans mes souvenirs, je ne me souviens pas de grosses bagarres ou de grosses contestations d’arbitrage. L’ambiance est bon enfant à Caen. C’est ça que j’aime. »
Chaque match à domicile était pour Maurice une tradition. Il ne se souvient pas avoir préféré un match à un autre. Ce qui comptait, c’était le rituel. « On se retrouvait avec des copains pour jouer aux cartes puis on allait au stade. » Il se débrouillait toujours pour y aller, qu’il pleuve ou qu’il vente. « J’y allais même parfois à vélo. » Dans les tribunes, il a noué des liens avec d’autres supporters. « Des inconnus sont devenus de grands amis. » Sur son étagère, il montre le livre sur Nicolas Seube offert par un couple de « voisins Malherbistes » .
S’il est rassuré par le maintien du SMC en Ligue 1, son adieu aux sièges des tribunes le désole. « J’essayerai de revenir pour un match, ponctuellement, quand le Real viendra par exemple , plaisante-t-il. En attendant, il va falloir que je regarde les abonnements aux chaînes pour suivre ça de mon canapé. » Un indomptable passionné.