Des patrons normands mènent le jeu au Stade MalherbeJean-François Fortin ne devrait plus être président du club caennais dès ce jeudi soir, désavoué par une grande partie du groupe d’actionnaires majoritaires. Qui sont ces 13 patrons normands à la tête du SMC ?
Depuis le début des années 2000, le Stade Malherbe de Caen est entré dans l’ère du privé en devenant une Société anonyme sportive professionnelle (Sasp). Une structure classique pour les clubs pros mais avec une gouvernance assez originale à Caen. Pas un actionnaire majoritaire, comme un Jean-Michel Aulas à Lyon, mais treize actionnaires qui détiennent, à parts égales, 80 % de la Sasp.
Ce groupe d’actionnaires est composé de patrons normands plutôt adeptes du « pour vivre heureux vivons cachés » et défendant l’esprit « familial » du Stade Malherbe.
Jean-François Fortin a incarné, depuis 2002 et son accession à la présidence du club, l’esprit de cet actionnariat. Manchois d’adoption, installé à Valognes, il est le patron des Maîtres laitiers du Cotentin dont il a fait un des poids lourds de l’agroalimentaire normand. Il a attrapé le virus Malherbe à partir de 1993 dans le sillage de Guy Chambily, le président de l’époque.
Les anti-Fortin :
Parmi les actionnaires historiques, deux familles du Bessin ont fait leur fortune dans l’agroalimentaire. Au début des années 1960, Guy Dupont et son beau-frère Jacques Esnée créent une petite entreprise de distribution de produits laitiers à Port-en-Bessin (Calvados) dans la ferme du premier. Le début d’une aventure industrielle poursuivie avec la création de Janjac, installée aux portes de Bayeux. En 1988, 500 salariés et 1,5 million de yaourts par jour. Après les yaourts, Jacques Esnée se lance dans les surgelés avec l’entreprise Frial, devenue leader dans la production de plats préparés.
Nouvelle diversification du groupe, l’hôtellerie. La famille est l’un des plus importants franchisés du groupe Accor. Elle gère ou est actionnaire d’une centaine d’hôtels en France, Belgique, Suisse et Espagne.
Dans le classement des fortunes de France du magazine Challenges en 2017, la famille Esnée est au 154e rang. Aujourd’hui, Thierry Dupont et Pierre Esnée, les fils des créateurs, siègent au Stade Malherbe. Dans la fronde contre Jean-François Fortin, Pierre Esnée est devenu lundi président du groupe des 13 actionnaires.
Deux autres actionnaires du club sont des proches des familles Dupont et Esnée. Michel Besneville est associé à plusieurs de leurs affaires, comme l’hôtel Mercure à Caen, et Jean-Marie Piranda, président du Medef du Calvados, a dirigé et développé pendant plus de vingt-cinq ans l’entreprise Frial.
Pour compléter le camp des anti-Fortin, des actionnaires historiques, comme le Crédit agricole et des patrons caennais. Laurent Batteur est le PDG du groupe du même nom spécialisé dans les produits pharmaceutiques et cosmétiques. Une entreprise basée à Hérouville-Saint-Clair.
Gilles Sergent, président du Medef Normandie, dirige l’entreprise Récréa, experte dans la gestion de piscines. François Maurey est le patron d’Euroloc, société de location de véhicules de tourisme et utilitaires basée à Giberville (Calvados). Dans ce même camp, un actionnaire plus récent, le Saint-Lois Jacky Rihouet. Il est le PDG d’Intersport France et Belgique.
Les pro-Fortin :
Seulement trois actionnaires ont décidé de soutenir Jean-François Fortin. Le Trouvillais Pierre-Antoine Capton est le dernier venu dans le groupe des 13. Avec le président sortant, il ambitionnait de prendre le contrôle du club. L’origine de la crise actuelle. Pierre-Antoine Capton est le premier producteur de télévision indépendant. Il est notamment associé avec le banquier d’affaires Matthieu Pigasse et le PDG de Free, Xavier Niel.
Jean-Paul Saison, ancien dirigeant de GDE, l’un des leaders du recyclage en France, basé à Rocquancourt, entre Caen et Falaise, et André Réol, ancien proche de Guy Chambily et actionnaire des Madeleines Jeannette à Caen, complètent les maigres rangs du camp Fortin. Leur défaite devrait être entérinée ce jeudi soir.