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Merci beaucoup Bajku !

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Karibou a écrit:
ebdolejournal un hebdomadaire à venir fondé par les équipes de la revue XXI

https://ebdo-lejournal.com/

Il y a des chances que je sois client en effet.

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http://mobile.lemonde.fr/idees/article/ ... tml?xtref=

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Michelle Perrot : « L’absence de solidarité des femmes signataires de cette tribune me sidère »

Dans un entretien, l’historienne réagit à la tribune critique vis-à-vis de #metoo publiée dans « Le Monde » le 9 janvier.

Par Nicolas Truong
Temps de lecture : 7 min
Michelle Perrot, le 3 octobre 2009 dans les locaux du « Monde ». MIGUEL MEDINA / AFP

Historienne de renommée internationale, spécialiste de l’histoire des femmes, professeure émérite à l’université Paris-VII – Denis-Diderot à laquelle la revue Critique consacre un numéro entier, en septembre 2017 (n° 843-844 : « Michelle Perrot : l’histoire ouverte », éditions de Minuit), auteure de Mon histoire des femmes (Seuil, 2006), de Histoire de chambres (Seuil, 2009 - Prix Femina essai) et directrice, avec Georges Duby, de Histoire des femmes en Occident, Plon, 1990-1991 (5 volumes), Michelle Perrot fait une analyse critique de la tribune des cent femmes pour « libérer une autre parole », publiée dans Le Monde du mercredi 10 janvier et notamment cosignée par Catherine Deneuve.

Les cent femmes réunies en collectif pour « libérer une autre parole » ont-elles eu raison de vouloir contrer le « puritanisme » apparu selon elles avec l’affaire Weinstein ?

J’aurais aimé que ces cent femmes créatrices mettent leur connaissance du milieu artistique et médiatique et leur prestige « au service » des révoltées de #metoo, même si elles n’ont jamais eu personnellement affaire à des « porcs » ! On peut se sentir solidaire d’une injustice sans l’avoir éprouvée.

Leur distance de femmes non concernées, libres et triomphantes au-dessus de la mêlée des corps, réfugiées dans leur for intérieur inexpugnable, me déçoit plus qu’elle ne me choque. Leur absence de solidarité et leur inconscience des violences réelles subies par les femmes me sidèrent. Mais après tout, elles disent ce qu’elles pensent, d’autres partagent leur point de vue. Le débat existe. Il faut l’assumer.

Sur quels points les rejoignez-vous ?

Ces femmes attirent l’attention sur la frontière parfois ténue qui sépare drague, séduction, harcèlement, cette zone confuse, trouble, où les sexes se côtoient, sans savoir encore s’il s’agit de jeu, de désir ou de captation. L’imaginaire, la poésie, le roman s’y abreuvent. On peut comprendre. Mais s’agit-il bien de cela ?

Elles refusent que le sexe fort soit totalement assimilé à la race porcine, ce qui ne serait ni juste ni plaisant pour leurs partenaires, elles (ou eux)-mêmes dévalués par cette proximité. Mais en est-il question ? Assurément non.

Dénoncer les abus de quelques-uns ne représente pas la « vague purificatrice » de je ne sais quelle Inquisition

Elles redoutent que cette protestation féminine ne fasse reculer les frontières des libertés de tous ordres : sexuelle, artistique, créatrice. Qu’un moralisme de retour ne recouvre les plages découvertes et parfois rudement conquises par la pensée libertaire, comme jadis on recouvrait les nudités des fresques de Michel-Ange. Que le corps et le sexe redeviennent un monde interdit. Qu’au nom de la protection des femmes, un insidieux ordre moral ne favorise la censure contraire à l’invention créatrice et à la libre circulation des désirs. Dès longtemps, les analyses de Foucault ont démêlé les fils noirs de l’histoire de la sexualité et les pièges des interdits. Et là, oui, on peut frémir.

Quels sont ceux qui vous semblent inadmissibles et intenables ?

Ces arguments sont éculés, ressassés. Ils font des femmes les éternelles « emmerdeuses » qui empêchent de danser en rond. Des victimes trop faibles pour affronter les combats de la vie. Des ennemies des hommes envoyés « à l’abattoir ». Or, la protestation des femmes ne saurait être assimilée à une plainte qui les enfermerait dans le « statut d’éternelles victimes ». Au contraire, cette protestation, à la fois individuelle et collective, fait d’elles des actrices qui refusent et résistent à une pression, à une domination dont elles ne veulent plus. Le malentendu est total. Dire non, c’est justement s’affirmer comme individu libre.
sur le même sujet
« Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle »

Tous les hommes ne sont évidemment pas des prédateurs. Dénoncer les abus de quelques-uns, des Weinstein et assimilés, ne représente tout de même pas la « vague purificatrice » de je ne sais quelle Inquisition. Mais au-delà de quelques comparses, la force de cette parole enfin libérée est de dénoncer un système de domination considéré comme tellement normal qu’il est indécent d’en parler. Un système qui pervertit les rapports de sexes qu’on pourrait rêver autres dans de libres jeux de l’amour et du hasard.

#metoo est un appel pour que les hommes changent aussi ; ils sont très nombreux à le comprendre et à le faire

« Les accidents qui peuvent toucher le corps d’une femme n’atteignent pas nécessairement sa dignité (…). Car nous ne sommes pas réductibles à notre corps. Notre liberté intérieure est inviolable », écrivent les auteures. Et cela est insupportable. Harcelez-nous, pelotez-nous, violez-nous : nous sommes au-delà de ces attentats qui ne sauraient nous atteindre. On croit rêver. « Notre corps, nous-mêmes », disaient les militantes du Mouvement de libération des femmes des années 1970. Ce que disent les femmes d’aujourd’hui, qui continuent leur combat.

Pour beaucoup de signataires, c’est le développement du « révisionnisme culturel » ou cette tendance à vouloir masquer ou retirer des œuvres jugées sexistes qui ont déclenché l’adhésion à ce texte. Comprenez-vous cette inquiétude ?

Sur le « révisionnisme culturel », il faut d’abord s’entendre. S’il s’agit de relire les œuvres du passé avec nos yeux d’aujourd’hui, nous le faisons tous les jours. On ne peut plus lire Céline, même le magistral Voyage au bout de la nuit, comme si de rien n’était.

De manière analogue (non identique bien sûr), la critique induite par la réflexion sur le genre nous conduit à relire autrement la littérature, comme Catherine Clément l’avait fait naguère pour les opéras, ou les textes philosophiques, comme l’ont fait Françoise Héritier, Françoise Collin, bien d’autres. Une telle lecture critique est non seulement légitime, mais nécessaire. Elle nous permet de comprendre dans quel système nous vivons, de quelles représentations nous dépendons.

Est-il légitime de vouloir changer la fin de « Carmen » ? Doit-on retirer un tableau de Balthus ? Fallait-il interdire la rétrospective Roman Polanski ?

Quant à censurer, cacher, voire modifier ces œuvres, littéraires ou picturales, ce serait insensé, comme supprimer la cigarette de Sartre sur sa photo. Elles existent à jamais. Balthus est intangible, même si nous le percevons autrement. Les films de Polanski aussi. Fallait-il l’inviter à ouvrir un festival ? C’est autre chose. Changer la fin de Carmen ? C’est un défi réjouissant. Une Carmen tuant le toréador, quelle histoire ! Mais c’est de l’ordre de la création, presque de l’interprétation.

Cette polémique est-elle le reflet d’une guerre des féminismes, avec d’un côté un féminisme d’inspiration anglo-saxonne venue des campus américain qui gagne la France et, de l’autre, un féminisme « à la française » ?

Les féminismes sont divers, et il y a depuis longtemps une différence entre les deux rives de l’Atlantique. Les Américaines ont toujours été plus hardies que les Françaises : MLF, Women’Studies, Gender Studies prennent leurs racines aux USA. Le féminisme français est tempéré – voire englué – dans une tradition de « courtoisie » et de « galanterie », qui demande à être déconstruite tant elle dissimule l’inégalité sous les fleurs.

Georges Duby avait naguère analysé le stratagème que représentait la courtoisie dans la conquête de la Dame. La galanterie est une merveilleuse invention du siècle des Lumières, qui fait des femmes les maîtresses des salons de la société en leur refusant l’égalité au nom d’une différence enracinée par la médecine dans leur corps. Le corps, centre de tout, hier et aujourd’hui, et que les femmes ont raison de vouloir défendre et s’approprier.

Le mouvement #metoo relève-t-il de la « délation » ou bien est-ce une étape décisive dans la longue marche vers l’émancipation des femmes ?

#metoo est un événement par son étendue, sociale, géographique, générationnelle. Un événement de la parole où se dit une souffrance longtemps tue, refoulée, une humiliation dissimulée. Il s’inscrit dans un combat commencé il y a longtemps, mais plus spécialement depuis les années 1970 : lutte pour l’IVG, contre le viol (procès d’Aix-Marseille en 1978 avec Gisèle Halimi), contre les violences faites aux femmes dans le travail, puis dans la sphère conjugale, dont les statistiques sont accablantes.

Par le droit à l’IVG, les femmes ont conquis leur habeas corpus, l’accès à une libre sexualité qui a avivé leur conscience d’elles-mêmes. Parallèlement, elles ont conquis leur indépendance par le travail (salarié ou pas). Les hommes ne sont plus pour elles des seigneurs et maîtres, mais des partenaires. L’attitude des harceleurs à la Weinstein est totalement dépassée, sans adéquation avec ce que les femmes sont devenues. C’est pourquoi elles redressent la tête et les envoient promener. #metoo est un appel pour que les hommes changent aussi ; ils sont nombreux, très nombreux, à le comprendre et à le faire. L’affaire Weinstein est à la fois un symbole éclatant et le début d’un processus qui ne fait que commencer.

Le gouvernement a-t-il raison de vouloir légiférer sur le harcèlement ?

Faut-il des lois ? Les féministes y ont eu souvent recours, car c’était pour elles le seul moyen de faire reconnaître leurs droits : lois sur l’IVG, le viol, pour la parité… ont marqué des étapes importantes et généralement positives, y compris symboliques : la reconnaissance des femmes comme individus libres.

La difficulté présente réside dans la définition du délit et son appréhension. Cela demande consultation juridique et psychologique, interrogation sur les effets pervers, réflexion en somme. Mais tout ne passe pas par la loi et il faut parfois s’en méfier. En l’occurrence, elle est moins importante que les changements de mentalité, y compris parmi les femmes. Visiblement, il reste beaucoup à faire à cet égard.

Par Nicolas Truong

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Merci Hastings-chou.
100% en phase avec Michelle sur son analyse. Les femmes son parfois les pires à l'amélioration des droits des femmes...

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J'aimerais avoir l'intégralité de cet article svp :)
https://www.mediapart.fr/journal/france ... nglet=full

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Isaac a écrit:
J'aimerais avoir l'intégralité de cet article svp :)
https://www.mediapart.fr/journal/france ... nglet=full

Sorry, mais j'ai plus.

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Un article de l'Obs que j'aimerais lire, si quelqu'un est abonné ....

https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20 ... soral.html

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Isaac a écrit:
J'aimerais avoir l'intégralité de cet article svp :)
https://www.mediapart.fr/journal/france ... nglet=full

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Entre Kanak et Caldoches, les Kabyles du Pacifique
12 août 2018 Par julien sartre

Cet été, Mediapart part à la rencontre des Calédoniens, au-delà de l’opposition éculée Kanak-Caldoches. Quatrième et dernier volet chez ceux qu’on appelle les Arabes de Bourail et de Nessadiou, des descendants de déportés algériens.

Vendredi 10 août 2018, 41e édition de la foire de Bourail, Nouvelle-Calédonie. Les chapeaux de cow-boy et les chemises à carreaux sont de rigueur pour les trois jours de la manifestation annuelle, l’une des plus importantes du pays. Et il ne s’agit pas seulement de folklore : la foire de Bourail est le cœur battant de la culture broussarde, une sorte de Salon de l’agriculture du Pacifique Sud, où se déroulent des activités très attendues comme le concours de bûcheronnage, les dégustations de produits du terroir, l’élection de la Miss, les démonstrations d’énormes véhicules en tout genre et bien sûr l’incontournable rodéo.

À l’entrée de la foire de Bourail, vendredi 10 août 2018, sur la côte ouest, au centre de la Nouvelle-Calédonie. © JS À l’entrée de la foire de Bourail, vendredi 10 août 2018, sur la côte ouest, au centre de la Nouvelle-Calédonie. © JS

À l’écart du champ de foire, Djemila Nasser passe le temps avec trois de ses amies, assise sur une botte de foin. Elles sont un peu chafouines parce qu’elles sont arrivées la veille afin de réserver un bon emplacement pour leurs écuries respectives, mais des concurrents ont installé leurs poulains dans les box sur lesquels elles avaient des vues. « Quand le vieux va voir ça, il va être énervé », peste la jeune femme de 21 ans en mâchonnant une brindille de paille.

S’il est crucial d’avoir un bon emplacement, c’est que l’enjeu est grand. « Je vais participer à la course de stock, à la course de barrel et aussi à la course de pole, détaille Djemila Nasser. La foire de Bourail est un moment important. Tout le monde se retrouve, tout le monde se jauge. » Et il s’agira de gagner au moins une de ces courses de chevaux parce qu’à domicile, ce genre de chose est sérieux pour la communauté et l’image que renvoie l’écurie Nasser.

« Je suis une Arabe de Bourail, métissée kanak, énonce avec force Djemila Nasser, lorsqu’on lui demande à quelle communauté elle appartient. Mais je ne sais pas faire la coutume kanak, ce n’est pas trop mon truc en fait. Je dirais qu’on est plus Caldoches qu’autre chose. » Les Caldoches sont les descendants des bagnards et des colons libres qui ont peuplé la Nouvelle-Calédonie, dans la foulée de la prise de possession de l’archipel par la France, en 1853. Ils revendiquent une culture à part entière, même si celle-ci est très inspirée de celle des Australiens du bush.

Djemila Nasser est fille de propriétaire terrien et compte faire carrière dans le monde équestre. © JS Djemila Nasser est fille de propriétaire terrien et compte faire carrière dans le monde équestre. © JS

Les Arabes de Nouvelle-Calédonie, eux, sont arrivés quatorze ans après les premiers colons blancs, dans des conditions tout aussi atroces : ils ont été déportés d’Algérie, notamment après la révolte des Mokrani, insurrection menée en 1871 dans l’arrière-pays algérien.

Pendant la période coloniale, les mouvements forcés d’une colonie à une autre sont monnaie courante : la reine malgache Ranavalona III est ainsi déportée en Algérie en 1897 tandis qu’Abdelkrim, leader rebelle du Rif sera plus tard exilé à La Réunion, de même que le prince Vinh Sanh, un réfractaire vietnamien.

Les exilés algériens déplacés dans le Pacifique jusqu’en 1897 n’ont d’ailleurs généralement rien d’arabe. Ce sont en majorité des Kabyles, de ce peuple berbère qui s’est rebellé face à l’avancée colonisatrice de la France dans sa région d’Afrique du Nord. « On les a appelés Arabes parce que lorsqu’ils ont débarqué à Nouméa, ils avaient le grand habit blanc de leur région », explique Abdel Kader Boufeneche, président de l’association des musulmans de Nouvelle-Calédonie, lui-même descendant d’Algérien déporté et héraut de cette communauté. « J’ai fait un travail historique important, j’ai beaucoup été avec nos vieux qui parlaient arabe entre eux et j’ai aussi pu aller en Algérie sur les traces de mes ancêtres, explique le vieil homme. Au total, on sait que 2 117 hommes ont été déportés depuis l’Algérie, en passant par les infrastructures du bagne en France. On ne sait pas exactement combien sont arrivés ici parce que le trajet était si long et si pénible que certains mouraient en route, dans les bateaux. »

Aujourd’hui, plus aucun membre de la communauté ne parle arabe, mais les traditions ne se sont pas perdues pour autant. Là où des concessions leur ont été attribuées par le pouvoir colonial – à Bourail et dans ses alentours essentiellement, à cause de la proximité du pénitencier pour hommes du Bagne, dans le centre de la Grande-Terre – une mosquée surgit dans le paysage de cette île tropicale à la végétation préservée.

Un snack portant fièrement une enseigne Le Djebel, le panneau routier Col des Arabes ou encore des fresques représentant des hommes en burnous sur la façade de la mairie rappellent à ceux qui traversent l’archipel une présence nord-africaine en Nouvelle-Calédonie.

Trois générations après la déportation de ses ancêtres, Abdel Kader Boufeneche se sent français désormais, notamment parce qu’il ne veut pas renier ses deux grands-mères, « une Bretonne et une de Haute-Savoie ».

Pourtant, s’il voit une dernière raison d’en vouloir à la France, c’est précisément « de ne pas avoir permis que les femmes et les enfants puissent accompagner les hommes. Parce que c’est cela qui est terrible, avoir perdu sa langue et quasiment toute sa culture : tout ça est maternel ! »

Pourquoi la France n’a-t-elle déporté que des hommes alors que les autorités savaient pertinemment qu’il s’agirait d’un voyage sans retour ? La réponse est cruelle, mais elle fait partie de l’histoire des Kabyles du Pacifique. Pour Jean-Pierre Haïfa, figure de la politique en Nouvelle-Calédonie, ancien maire de Bourail, surnommé dans tout le pays, le Calife, ce point est même constitutif de l’identité de cette communauté. « À la fin de leur peine, des concessions ont été attribuées aux Algériens dans les environs du pénitencier pour hommes afin qu’ils démontrent qu’ils pouvaient construire une case, mettre de la terre en exploitation et nourrir leur famille, raconte-t-il. Ils devaient faire la démonstration de leurs capacités avant d’avoir le droit de prendre femme. Et où allaient-ils prendre femme ? Dans le pénitencier des femmes, qui était lui aussi à Bourail ou alors dans la tribu kanak voisine. Puisqu’il n’y avait pas de femme de chez eux, les Algériens étaient obligés de se métisser et aujourd’hui je pense qu’un tiers de la population de Nouvelle-Calédonie a un peu de sang d’Afrique du Nord. »

Des vestiges du pénitencier des hommes sont visibles à l'entrée de Bourail. L'établissement est l'une des causes de l'établissement des Kabyles du Pacifique dans cette région. © JS Des vestiges du pénitencier des hommes sont visibles à l'entrée de Bourail. L'établissement est l'une des causes de l'établissement des Kabyles du Pacifique dans cette région. © JS

Ce métissage originel avec des populations caldoches et kanak a placé les descendants des déportés dans une situation étrange. « En Algérie, les Kabyles avaient un mode de vie tribal, la propriété privée n’avait pas le même sens que pour les Français, c’est pour cela que je suis aujourd’hui mariée avec une Kanak et je me sens plutôt Kanak que Caldoche », explique ainsi Angelo Miloud, père de famille originaire de Nessadiou, un village voisin de Bourail. L’homme est actuellement négociant en légumes à Voh, à l’extrême nord de l’île, mais il revient chaque vendredi faire sa prière avec ses coreligionnaires musulmans, à la mosquée.

Pour lui, comme pour de nombreux Arabes de Bourail, la question du référendum tourne au cas de conscience puisque le 4 novembre il devra choisir en tant que peuple colonisé devenu colon par la volonté impérieuse du colonisateur. « L’ambiance est bonne ici, tient-il d’abord à expliquer. Nous pratiquons notre religion et nous faisons des fêtes pour la fin du ramadan, pour la sadaqa [une ancienne tradition musulmane algérienne qui a perduré en Nouvelle-Calédonie – ndlr ] et chaque fois nous invitons des gens de toutes les religions et de toutes les communautés. Les grands-pères sont arrivés avec nos coutumes et nos traditions et nous tentons de les faire vivre et de continuer à les partager. Nous sommes intégrés, nous sommes calédoniens, mais dans notre cœur on est toujours des descendants de déportés. »

Si l’indépendance survient, la terre et la question de sa propriété seront des sujets d’importance pour cette communauté, comme pour le reste des Calédoniens. C’est ce qui préoccupe Abdel Kader, à quelques mois de l’échéance référendaire. « Le terrain pour la mosquée nous a été donné par une tribu, explique-t-il. Une coutume a été faite, tout a été fait dans les règles et les Kanak de la tribu d’ici nous ont même dit que cette terre serait la seule de Nouvelle-Calédonie à ne jamais pouvoir être revendiquée. Mais qu’en penseront les autres ? Ceux qui ne nous connaissent pas ? Cela pourrait ne pas très bien se passer. C’est pourquoi, personnellement, je pense que la Nouvelle-Calédonie n’est pas encore prête à se passer de la France », conclut le président de l’Association des musulmans de Nouvelle-Calédonie.

Abdelkader Boufeneche est parti à la recherche de ses racines algériennes jusqu'en Afrique du nord, en 2005. Il est également à l'origine de la fondation d'une mosquée non loin de Bourail. © JS Abdelkader Boufeneche est parti à la recherche de ses racines algériennes jusqu'en Afrique du nord, en 2005. Il est également à l'origine de la fondation d'une mosquée non loin de Bourail. © JS

Son fils, Nadir Boufeneche, s’est présenté en juin à la municipale partielle de Bourail afin de faire valoir la position de la communauté, mais surtout de promouvoir un renouvellement générationnel de la classe politique. Le quadragénaire originaire de Nessadiou a été battu, mais il compte bien se représenter en 2020. « Ce qui compte pour moi ce ne sont pas les anciens clivages loyaliste-indépendantiste, affirme-t-il. J’en ai surtout assez que ce soit les vieux qui décident depuis trente ans. Il faut que des jeunes prennent en main leur destin et puissent décider pour eux-mêmes, sans que ceux qui sont là depuis trente ans leur disent quoi faire ! »

Ce n’est probablement pas la jeune Djemila qui le contredira. Ce week-end, à la foire de Bourail, elle portera fièrement sa chemise Écurie Nasser, brodée dans le plus pur style broussard. Ce qui comptera, ce sera d’arriver la première à la course de stock, cette compétition de vitesse brutale où les chevaux, montés par leurs propriétaires, doivent contourner d’énormes fûts.

Les Arabes de Bourail vouent un véritable culte aux équidés, comme la plupart des Calédoniens de brousse, toutes communautés confondues. Mais pour eux, cela a une résonance particulière parce que l'amour du cheval est un héritage des tribus algériennes de Kabylie.

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Coucou ! Une bonne âme svp.?

https://www.mediapart.fr/journal/cultur ... ampaign=CM

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