Inscription: 31 Aoû 2005 22:06 Messages: 58087 Localisation: La Forêt-Fouesnant, Mecque des navigateurs.
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sigur a écrit: bigdudu a écrit: - Cliquez ici pour faire apparaître le contenu caché
« Avec son slip sur la tête... » DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE À NYON (SUISSE) CHRISTINE THOMAS
Le champion d'Europe 1984 se souvient des facéties d'un co équipier de Toulouse pour détendre l'atmosphère avant un match important à Saint-Étienne.
« Quel est joueur le plus méchant que vous avez affronté ? Charles Orlanducci à Bastia, Bernard Boissier à Nîmes ou Gernot Rohr à Bordeaux… Sur le terrain, ces joueurs se transformaient. C'était assez surprenant. Un jour, je jouais à Nîmes avec Bordeaux (le 17 août 1979, 2-0).Gigi(Alain Giresse) va mourir de rire en lisant ça… Juste avant le match, dans le couloir, il tend la main à Boissier qui, en dehors des matches, était un mec adorable… et là, Boissier lui file une claque ! Ça, à l'époque, ça voulait dire : "Ici, t'es chez nous !" Il n'y avait pas encore de caméras dans le tunnel.
Le moment le plus fort de votre carrière ? C'est un instant qui a duré vingt-cinq secondes, juste après mon but sur coup franc contre le Portugal (en demi-finales de l'Euro, 3-2 a.p., le 23 juin 1984). Quandje vois mon ballon filer pleine lucarne, je cours, je saute. Gigi, Luis (Fernandez) et Bernard(Lacombe) viennent m'entourer. C'était(ému)… quasiment un moment de jouissance. Le contexte, la motivation, tout ça démultiplie les hormones. C'est vraiment très fort. En me serrant, Bernard, toujours très famille, me dit juste"pense à ton père"… (larmes aux yeux)…Le plus fou, c'est que personne ne pensait que j'allais tirer ce coup franc. Michel(Platini), qui avait subi la faute, avait un peu mal au genou. Mais pour tirer, y a Gigi, Battiston, Le Roux… ils sont tous prêts. Moi, je vais toucher le ballon et je dis à Michel : "Je le sens." Il a peut-être vu sur ma tronche que je ne doutais pas. Et il me dit:"Vas-y!"Je frappe et boum ! Je vois le ballon partir dans les filets. Quand, plus tard, je marque mon deuxième but et que j'égalise (à la 114 e , 2-2), je ne sais plus où je suis ! Ce 23 juin 1984, c'était mon jour. Et aussi celui de mon anniversaire ! Pour moi, il y a eu clairement un avant et un après. L'Euro 84 a changé ma carrière. Le lendemain de la finale, quand je suis arrivé à Orly-Ouest, tous les gens m'ont reconnu alors qu'avant on me reconnaissait peu. Et à l'aéroport de Toulouse, trois mille personnes m'attendaient ! C'était soudain et un peu compliqué. Surtout quand tu vois sur les panneaux d'affichage Giraudy, « Abonnez-vous au TFC ! » avec ta tronche dessus en trois mètres par quatre… alors que t'as même pas donné ton accord !
Votre plus gros fou rire ? En fin de saison 1983-1984, on jouait à Saint-Étienne avec le TFC (qui était en course pour l'Europe). Même si ce n'était plus le grand Sainté, ça restait une belle affiche. Juste avant le match, on est dans le vestiaire. Le coach (Daniel Jeandupeux) n'est pas là et y a une bonne ambiance. Soudain, Gérard Soler sort des toilettes en claquettes avec son slip sur la tête. Ça a provoqué un fou rire collectif incroyable… un truc de fou ! Ça nous a complètement décontractés et on a gagné (1-0).
Le moment où vous vous êtes senti le plus seul ? Le jour de l'annonce de la sélection pour la Coupe du monde 1986. Cet après-midi-là, avec le TFC, on part à Nancy pour jouer la dernière journée de Championnat (25 avril, 1-0). Au fond du bus, je joue au tarot avec Gérard Soler, Yannick Stopyra, Jean-Jacques Marx et Jean-Pierre Laverny. À 17 heures, la sélection est annoncée à la radio. Bergeroo est dans l'équipe. On applaudit. Puis Stopyra. On applaudit. Puis la liste des défenseurs se déroule et je n'y suis pas. Là, t'es au fond du car avec tes potes en train de jouer aux cartes et, soudain, les mecs prennent un coup sur la gueule en voyant que tu n'y es pas et n'osent plus te regarder. Et toi, par fierté ou par pudeur, tu ne veux pas montrer ton immense déception. Donc tu continues à jouer. Mais tu te sens à la fois con et seul. En arrivant à Nancy, chaque gars me mettait une petite tape sur l'épaule sans rien dire. À l'hôtel, il y avait eu vingt appels pour moi… Je n'ai rappelé personne. Une fois à la retraite, j'ai croisé par hasard la personne (Henri Michel, le sélectionneur) dans une brasserie. On en a parlé pour la première fois. Ça m'a fait du bien, mais ne pas avoir participé à cette Coupe du monde reste mon grand regret.
L'anecdote que vous n'avez jamais osé raconter ? Michel Platini reste le plus grand joueur avec qui j'ai joué, surtout en équipe de France... Ce qu'il a fait lors de l'Euro 84, c'est énorme ! (Il a marqué neuf buts en cinq matches, record pour une phase finale de la compétition.) Il était à son apogée. Lorsqu'il marque le troisième but contre le Portugal, il est carbo. Fatigué, il prend le ballon et Paolo Bergamo, l'arbitre qu'il connaissait de la Juve, vient vers lui. Il dit à Michel:"Tu me donneras ton maillot après le match ?" Michel lui répond : "Je suis carbo… si tu siffles de suite la fin du match , je te le donne !" Michel se replace, les Portugais font juste une passe et triiiiiitt, coup de sifflet final. Michel a donné son maillot à l'arbitre et basta ! Ça le fait encore rire aujourd'hui ! » '
EN BREF 60 ANS 9 sélections, 2 buts. ◼︎ Joueur Bordeaux (1975-1980), Lille (1980-1982), Lyon (1982-1983), Toulouse (1983-1986), Marseille (1986-1988), Caen (1988-1989). ◼︎ Palmarès Champion d'Europe avec la France (1984).
Sa vie d'EX Jean-François Domergue, soixante ans, promène sa fine silhouette sur une berge du lac Léman. Domicilié en Suisse, il vit à Prangins, commune voisine de Nyon, où siège l'UEFA, son employeur depuis quatre ans. « Michel (Platini, son ami et ancien coéquipier, alors président de l'instance européenne) m'a proposé en 2014 d'être directeur du développement du football », explique l'ancien défenseur, champion d'Europe en 1984. Retraité des terrains en 1989, il devient dirigeant du Stade Malherbe de Caen, son dernier club, avant d'intégrer en juin 1992 l'organigramme du PSG version Canal +. Dans la capitale, il occupe notamment les postes de responsable de la sécurité puis de directeur administratif. En 2000, il retrouve le terrain et devient l'entraîneur du Havre (2000-2004) puis de Montpellier. En avril 2007, il est remplacé par Rolland Courbis, mais devient manager adjoint puis directeur du centre de formation du MHSC (jusqu'en 2013). À l'UEFA, il est à la tête d'une équipe de sept personnes. « Notre mission est d'apporter aux petites et moyennes associations nationales (55, dans toute l'Europe) des outils performants (infrastructures, programmes sportifs et éducatifs, etc.) pour former les meilleurs jeunes joueurs nationaux (des moins de 13 ans aux moins de 16). Nous travaillons notamment sur un projet de création de quatre académies. » C. T.
Merci. Je l'ai lu ce matin dans mon journal "papier". J'ai appris qu'il était né 18 jours après moi.
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