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Parce que le corps et la tête ne suivent plus, ou moins qu’avant, Nicolas Seube va mettre un terme à sa carrière professionnelle en mai prochain, à presque 38 ans (le 11 août). Après 16 saisons au Stade Malherbe Caen, son club de cœur où il est devenu une icône. La suite ? Une reconversion quasiment actée du côté de Venoix.
Sur la saison malherbiste :
Votre président disait récemment qu’il n’avait jamais été autant surpris par une équipe du SM Caen…
« C’est dommageable, on n’arrive pas à être réguliers. On est capables de sortir de très gros matches. Mais ce qui est très étonnant, c’est qu’au sein même d’une rencontre, on est à la fois très bons et très mauvais. Par rapport à ce que l’on a fait, on mériterait un peu mieux à mes yeux. Par moments, on n’a pas eu la réussite escomptée. »
Ce Caen version 2016-2017, si désarmant pour de bonnes comme pour de mauvaises raisons, vous surprend-t-il vous-même ?
« Moi, ça ne me surprend pas beaucoup. Dès la préparation d’avant-saison, on sentait que ce serait compliqué. Il y a eu des départs imprévus, des arrivées tardives de joueurs. Cela a influé sur nos performances. C’est d’autant plus vrai que l’on n’est pas habitué à ça à Caen. Dans d’autres clubs, il y a souvent des grands joueurs qui partent pour des sommes astronomiques, du jour au lendemain. Ici, ce genre d’imprévu n’existe pas habituellement. On ne va pas se le cacher, les doutes se sont vite installés cette saison. »
La meilleure illustration de ce départ délicat, c’est l’intégration d’Ivan Santini, arrivé sur le tard, à un système de jeu qui bénéficiait d’un tout autre avant-centre (Andy Delort) auparavant…
« Oui, même si Ivan (Santini) a marqué dès le départ. C’était plus en termes d’animation de jeu, autour de lui, que les choses étaient compliquées. On était tellement habitué à jouer assez bas et à évoluer en contre avec l’activité d’Andy (Delort). Il a fallu se réadapter, alimenter beaucoup nos attaquants en centres. »
Sur la philosophie du club :
Votre entraîneur Patrice Garande a été pris à partie par quelques supporters après la défaite face à Lille (0-1). Mais l’institution a toujours fait corps. Quel est votre regard sur le sujet ?
« Cela reflète bien le club. C’est sa manière de fonctionner. Cela a toujours été vrai. Caen préfère la stabilité à tout le reste. Des fois, ça fonctionne. Cette saison, on peut considérer que ça continue de fonctionner, car on a aujourd’hui quatre points d’avance sur le 18e. Lorient, qui est un club historiquement assez stable, a pour une fois décidé de changer d’entraîneur en cours de saison, pour aucun résultat concret… Mais il n’y a pas vraiment de vérité dans ce domaine. »
La grogne des supporters, vous l’avez comprise ?
« Qu’ils soient inquiets, c’est normal. Maintenant, le football est tellement surmédiatisé que les choses prennent trop d’ampleur dans tous les stades. C’est comme si c’était les supporters qui devaient décider de l’équipe à aligner, des choix à faire. Mais ce ne sont pas eux qui mettent l’argent. Qu’ils soient déçus, en comparant avec le spectacle des deux saisons précédentes, je le conçois très bien. Mais tout le reste, ça va trop loin. Le club essaye de se stabiliser en Ligue 1. S’il reste une saison de plus, ce sera une première depuis les années 1990. »
Caen est aussi l’un des rares clubs du bas de tableau à ne pas avoir recruté lors du mercato d’hiver. L’avez-vous perçu comme une marque de confiance ?
« Ils nous ont fait comprendre que ce groupe était capable de le faire. On avait déjà un effectif conséquent. Et quand des joueurs viennent au mercato d’hiver, ce n’est pas pour faire banquette. Ils avaient ciblé des joueurs, ils ne sont pas tombés d’accord avec. Le problème, c’est que les joueurs qui apportent à coup sûr une plus-value ne rejoignent pas Caen lors du mercato. »
Sur la course au maintien :
Voir Caen enchaîner une quatrième saison de suite en Ligue 1, ce serait une performance en soi ?
« Carrément, surtout quand on regarde la dernière décennie du Stade Malherbe. J’espère qu’un jour, ce club pourra avoir d’autres ambitions en Ligue 1. Mais pour le moment, il reste dans sa phase de construction et de stabilisation. »
Avec 16 ans de recul, qu’est-ce qui vous fait dire que Caen va rester en Ligue 1 au terme de cette saison ?
« Parce qu’on a 32 points à neuf journées de la fin et que ça reste honorable. Je nous pense aussi capable de battre n’importe qui, ce que l’on a montré cette saison. Après, il y a ces contre-performances face aux concurrents directs. Mais sous pression, on répond assez bien jusque-là. Ça me fait dire qu’on va y arriver, d’autant que sur le plan offensif, on a un gars qui plante. »
Sur la fin de sa carrière, en mai prochain :
Après 16 ans passés au SM Caen, laisser le club en Ligue 1 au moment de raccrocher les crampons est un défi personnel ?
« Je l’ai tellement connu en Ligue 2, je vais tout faire pour le laisser en Ligue 1. Je l’ai annoncé à mes dirigeants récemment. Cette décision est liée à mes performances cette saison. Je me trouve beaucoup moins performant. Dans la tête, ça suit beaucoup moins aussi. Je veux être en accord avec moi-même. J’ai toujours signé un contrat dans l’idée d’apporter quelque chose au club sur le terrain. Quand Patrice (Garande) avait pris l’équipe, il m’avait prévenu que mon temps de jeu serait réduit. Mais je me sentais encore capable de m’imposer. Aujourd’hui, je vois bien qu’il y a des joueurs meilleurs que moi. »
Vous avez signé quelques belles prestations cette saison. C’est l’enchaînement des matches qui n’est plus possible ?
« Ce n’est même pas ça. Oui, le corps ne suit plus et j’ai mal partout. Mais c’est surtout que dans la tête, ça suit beaucoup moins aussi. Cela fait tellement longtemps que je joue, c’est sûr que tout ça va me manquer. Mais je n’ai plus envie comme avant. Et j’ai l’envie de voir autre chose. »
Vous avez toujours été un leader assez discret au sein du groupe…
« De par mon statut, je n’ai pas forcément besoin de parler. En étant là depuis si longtemps, j’ai acquis une certaine légitimité. Etre là à l’entraînement tous les jours, à 37 ans, suffit à prouver certaines choses aux autres. Julien (Féret) n’est pas non plus un capitaine qui palabre beaucoup, mais il s’impose par son style de jeu. »
Prendre du plaisir autrement, comme un leader ayant moins de temps de jeu, c’est…
(Il coupe) « Ce n’est pas mon tempérament. Je suis à même de comprendre que je suis appelé à moins jouer. Mais quand je suis dans un groupe, j’aime bien participer. Le plaisir, je le prends uniquement dans la victoire. Je suis seulement content quand on gagne. Sur les deux saisons précédentes, on a enchaîné pas mal de victoires et le plaisir était là. Une victoire comme Saint-Etienne (0-1 à Geoffroy-Guichard), on se dit : quand il était là, Caen a gagné. Cela fait du bien. »
Sur sa reconversion au Stade Malherbe :
Votre projet de reconversion au SM Caen est-il aujourd’hui acté ?
« On est en discussions. Je laisserai le club annoncer les choses en temps et en heure. »
Entraîner des jeunes, les encadrer, pourrait vous correspondre ?
« Ça peut être ça, comme ça peut être autre chose. Au départ, cela devrait sans doute être un rôle plus vaste. Je ne sais pas de quoi je suis capable (rires). Mais je n’ai pas encore de diplôme d’entraîneur, je ne peux pas me permettre de me projeter tout de suite sur une telle fonction. »
Sur sa longévité dans le football et sur sa fidélité au SM Caen :
Caen restera forcément à part dans votre carrière ?
« Toulouse est ma ville de coeur, mais Caen restera de très loin mon club de coeur. »
Vous êtes à Malherbe depuis 2001. Dans un monde du foot où la fidélité n’est pas la vertu première, avez-vous eu le sentiment d’être un ovni ?
« C’est rare, mais je n’ai pas l’impression d’être un ovni. Ce sont aussi les faits de la vie qui m’ont conduit à ce parcours. Quand vous n’avez pas l’opportunité d’aller dans un plus grand club, ça change la donne. Si un grand club avait frappé à la porte, je serais sans doute parti. Après, il fallait être à même de pouvoir continuer à Caen. »
La prolongation de contrat de Yann Karamoh, votre jeune partenaire très prometteur qui effectue sa première saison chez les pros, s’éternise quelque peu. Avez-vous un conseil à lui donner ?
« Non, je n’ai pas de conseil car il n’y a pas de vérité. Il y a des jeunes qui partent très tôt de leur club formateur et réussissent, et d’autres qui attendent davantage et pour qui ça marche aussi. Ce qui est important, c’est qu’il soit structuré, qu’il sache quelle direction il a envie de donner à sa carrière. S’il part, il faut que ce soit pour une bonne raison. Pour jouer, pas pour regarder les autres et gagner de l’argent. De toute façon, dans ce métier, il gagnera suffisamment d’argent. »
Sur ses ex-coéquipiers Thomas Lemar et Ngolo Kanté
Quand vous observez la trajectoire de Ngolo Kanté (Chelsea) et Thomas Lemar (AS Monaco), désormais tous deux en équipe de France A, vous dites-vous qu’avoir évolué avec eux au milieu de terrain, ça a de la gueule ?
« Ils avaient déjà de la gueule avant. Thomas (Lemar) a été moins utilisé à Caen parce qu’il n’était pas encore mûr. Le fait de partir lui a fait beaucoup de bien. Ngolo, c’était autre chose. Dès son premier entraînement, on savait qu’il ne serait pas avec nous bien longtemps. »
Malherbe a-t-il assez profité du talent de Thomas Lemar ?
« Il a quand même eu du temps de jeu ici. Il était moins performant qu’aujourd’hui, même si toutes ses rentrées avaient été convaincantes en 2015. On sentait quelqu’un qui sentait le foot et qui était régulier. Pour un gamin qui a eu sept titularisations en Ligue 1 (six en réalité avec le SM Caen), le vendre cinq millions d’euros, c’était quand même quelque chose. Malherbe n’a peut-être pas assez profité de Thomas Lemar, comme Malherbe n’a pas assez profité de plein d’autres joueurs. C’est presque logique pour un club comme le nôtre. Quand vous avez un tel talent, vous ne pouvez pas le garder longtemps à Caen. De le voir à ce niveau ne me surprend pas. Ce qui l’est davantage, c’est son ascension, qui est fulgurante. »
Nicolas Seube au SM Caen, c’est :
- 229 matches en Ligue 1
- 245 matches en Ligue 2
- 43 matches en coupes nationales
- 11 buts
-Une finale de la Coupe de la Ligue en 2005, perdue face à Strasbourg
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Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin.
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