Pas de vulgaire règlement de compte sur un sujet si sérieux s'il vous plait.
Histoire de recentrer (humhum) le débat ; ci-dessus l'add-on indispensable à l'émission culte "savoir +/santé" consacré ce jour-là aux trous du cul :
Un Français sur deux a au moins une fois dans sa vie un problème à l'anus ! Mais comme le sujet est tabou, seule une personne sur trois consulte pour ses hémorroïdes. Et si un million de Français sont concernés par l'incontinence anale, ils attendent en moyenne dix ans avant de consulter ! Savoir plus santé a donc décidé de traiter ouvertement de ces problèmes qui gâchent la vie : hémorroïdes, incontinence, mais aussi constipation, abcès, cancer du rectum. De nombreux témoignages émouvants, mais jamais indécents, décrivent bien cette peur d'en parler à ses proches ou à son médecin de famille : longue solitude et aggravation de la maladie avant d'aller enfin consulter un spécialiste, c'est-à-dire un proctologue... pour leur apporter le soulagement tant attendu !
Quelle est la différence entre rectum, anus, sphincter et périnée ? À partir de quelle fréquence de selles peut-on parler de constipation, et en quoi cela joue-t-il sur la maladie hémorroïdaire ? Quels sont les premiers signes d'alerte d'une maladie ? La sodomie peut-elle provoquer des hémorroïdes ou favoriser l'incontinence ? Le sport excessif et la musculation des abdominaux peuvent-ils entraîner des problèmes ? Doit-on apprendre aux enfants à aller à la selle ? Comment choisir son papier toilettes ? Après un accouchement, quelle rééducation peut-on faire pour rééduquer les muscles de l'anus ?
Pour répondre à toutes ces questions, Sophie Aurenche et Laurent Broomhead reçoivent le Dr Agnès Sénejoux, proctologue à l'hôpital Léopold Bellan à Paris et Guy Valancogne, spécialiste de la rééducation du périnée à Lyon.
Témoins :
Frédérique, 36 ans, mère de 4 enfants à Bordeaux, a bénéficié de la chirurgie de Longo pour soigner sa maladie hémorroïdaire. Avant, elle se soignait comme elle pouvait, avec des pommades. Mais après sa dernière grossesse, les choses ont empiré. De douleurs terribles et des pertes de sang telles, qu'elle n'osait plus aller à la plage de peur d'avoir le maillot taché.
Luce : Son cancer du rectum a été détecté en 1988 à la suite de saignements dans les selles. Opérée, avec une ablation complète du rectum, sans chimiothérapie, ni radiothérapie, elle vit stomisée, c'est-à-dire avec un anus artificiel, pour un parfait confort de vie. Elle n'est pas obligée de changer sa poche plusieurs fois par jour grâce à un système de "lavement" qu'elle pratique tous les deux jours.
Les reportages
- Hémorroïdes : comment les soigner ?
Nous avons tous des hémorroïdes, qui jouent un rôle pour ressentir la différence entre gaz et matières solides. Mais ils peuvent provoquer des crises très douloureuses. Comment soigner ces pathologies ? Réponse à la Maison de santé protestante de Bagatelle à Bordeaux.
- Stopper l'incontinence anale
Les causes de l'incontinence anale sont multiples. Accouchement, mais aussi tumeurs, séquelle de chirurgie, diabète et problèmes neurologiques. Fort heureusement, il existe des solutions pour réparer le sphincter endommagé. Démonstration à l'hôpital de Rouen.
- Proctologue, c'est un métier !
Pour bien comprendre cette spécialité peu connue, nous avons passé deux jours dans un cabinet de proctologie de Nantes... ou comment dédramatiser une consultation tant redoutée.
- Auscultation : quelle position ?
Ce qui rebute les patients qui hésitent à consulter, c'est la position d'auscultation à quatre pattes, souvent considérée comme humiliante… mais il existe une autre solution moins traumatisante.
- Grossesse et accouchement : une plaie pour l'anus
Une femme sur dix a une crise hémorroïdaire pendant sa grossesse, et l'accouchement peut provoquer une rupture sphinctérienne ou une déchirure anale qui peuvent entraîner une incontinence anale, si l'on ne s'en préoccupe pas. Explications et solutions à la maternité de Pontoise.
- Le cancer du rectum de Raymond
Avec 10 000 nouveaux cas par an en France, le cancer du rectum est de plus en plus fréquent, sans doute à cause d'une alimentation trop riche en graisse et trop pauvre en fibres. S'il est diagnostiqué tôt grâce à la coloscopie, plus des deux tiers des cas guérissent, grâce à la chirurgie, combinée avec de la chimiothérapie. Raymond, 75 ans, vient d'être opéré à l'hôpital Beaujon à Clichy.
Anus, rectum : quelques chiffres...
- Cancer du rectum : 10 000 nouveaux cas par an en France.
- Constipation : moins de deux selles par semaine.
- Crise hémorroïdaire : une femme enceinte sur dix.
- Un million de personnes souffrent d'incontinence anale, dont huit femmes pour un homme.
- Rupture sphinctérienne : 37 % des jeunes accouchées.
- Consultation : les gens souffrant d'incontinence anale attendent 10 ans avant d'aller consulter / 18 mois pour les pathologies hémorroïdaires.
En savoir plus...
- Pour éviter le développement d'allergie, mieux vaut utiliser un papier toilette doux, inodore et neutre (sans colorant).
- Tout le monde a des hémorroïdes. Car l'hémorroïde, interne et externe, est une structure normale de l'anus. En cas de souffrance, il faut parler de pathologie hémorroïdaire.
- En cas de constipation, prenez le temps de vous relaxer. Evitez les trop fortes poussées (agissant sur les veines et les organes) pouvant entraîner à terme différentes pathologies comme l'incontinence anale ou une descente d'organes.
- Pour aller à la selle, la position naturelle de l'homme est "accroupie". Pour la reconstituer sur les toilettes, surélever vos pieds de 15 cm environ.
Anus, rectum... sujet tabou ?
L'interview de Sophie Aurenche et Laurent Broomhead
Un Français sur deux a, au moins une fois dans sa vie, un problème à l'anus. Un constat surprenant, un mal trop souvent passé sous silence. Pour briser ce tabou, Savoir plus santé a choisi de consacrer une émission aux problèmes liés à l'anus et au rectum. Un thème traité avec sérieux et élégance par Sophie Aurenche et Laurent Broomhead. Interview.
Comment est née l'idée de cette émission ?
Quand on voit le succès remporté par l'émission "Bien faire pipi", on se dit qu'il est utile d'aborder ce genre de sujets un peu tabous. Pourquoi, alors, ne pas consacrer une émission entière à l'anus et au rectum ? Très vite, un bon nombre de sujets ont émergé : les hémorroïdes, le problème de l'incontinence anale, de la consultation, la douleur, etc.
Avez-vous rencontré des difficultés dans la préparation de l'émission ?
Nous redoutions deux principaux problèmes. Le premier concernait l'image. Comment illustrer le propos tout en faisant une émission présentable ? Lors de l'enquête, nous nous sommes vite rendu compte qu'il n'était pas nécessaire de tout montrer, qu'une simple évocation suffisait parfois. Des images d'animation illustrent certaines explications. Mais, nous avons pu aussi montrer de vraies images, comme la position alternative du patient – de côté – utilisée chez le proctologue. La deuxième crainte était de ne pas parvenir à trouver des témoins. Là encore, nous avons eu une énorme surprise : sur certains reportages, les journalistes en avaient même plus qu'il n'en fallait.
Comment l'expliquez-vous ?
Lorsqu'ils ont un problème à l'anus, les gens hésitent très longtemps avant d'aller consulter leur généraliste, ou un proctologue, dont certains ignorent encore parfois l'existence. Les personnes souffrant d'incontinence anale attendent en moyenne 10 ans avant d'aller consulter ! Imaginez leur souffrance. Mais, à l'inverse, une fois la consultation passée, tous se sentent rapidement soulagés, libérés du problème. Si bien que ces personnes font souvent preuve de "prosélytisme" en témoignant aux autres de leur expérience.
Comment êtes-vous parvenus à trouver le juste ton en plateau ?
L'essentiel réside dans le respect des sujets, dans le regard journalistique porté sur le thème. Quand l'enquête est forte, fouillée, que vous connaissez bien le dossier, le fond "porte" forcément l'émission. Dès les répétitions, nous avons même senti une attention générale sur le plateau. Et si le sujet peut paraître délicat à aborder, il n'a plus rien de gênant quand on l'évoque normalement, naturellement.
Peut-on dire que l'une des vocations de Savoir plus santé est de briser les tabous ?
L'ensemble de l'équipe considère que tous les sujets peuvent être abordés. Savoir plus santé est une émission aujourd'hui installée dont l'image, sérieuse et rigoureuse, permet désormais de traiter de sujets tabous avec crédibilité.
Quelles répercussions l'émission aura-t-elle sur le public ?
L'émission décrispera un peu les téléspectateurs et, espérons le, "banalisera" peut-être le problème de la consultation. Et puis, vous savez, le tabou, il est parfois dans nos propres têtes ! La preuve : une fois entré dans le vif du sujet, il n'y a plus eu de problèmes. De la préparation de l'émission à l'enregistrement, tout s'est déroulé facilement. Les invités ont été à la hauteur de ce qu'on attendait : sobres, efficaces, clairs. Et les journalistes qui ont travaillé sur l'émission y ont mis une telle énergie, déployé un tel entrain que toutes les portes se sont ouvertes. Nous sommes vraiment contents de cette émission. Espérons que le public le sera aussi.
Propos recueillis par Céline Boidin
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