Moriarty a écrit:
Ouais, on aurait dû laisser Saddam, Mouammar et Bachar tranquilles.
Daesh aurait été vite matée avec ces braves gens.
Disons qu'historiquement, ce sont les Etats-Unis qui ont combattu les régimes nationalistes et laïcs à partir des années 1960 en fournissant le plus souvent une aide aux oppositions islamistes des Frères musulmans. Il aurait sûrement été sain de ne pas nourrir ces gens-là, dès le début ! Mais bon, quand ce sont les USA qui donnent le ton en nommant les régimes indésirables (Cuba, l'Irak, la Syrie...Bref, l'Axe du Mal), on se range toujours derechef derrière eux. C'est sûr que le Chili de Pinochet ou la théocratie saoudienne, en termes de "braves gens", c'est absolument parfait !
Le problème syrien relève de luttes d'influence très complexes, avec d'abord en toile de fond l'affrontement viscéral pour l'hégémonie au Proche-Orient entre les pétromonarchies du Golfe et l'Iran et une imbrication d'intérêts divergents à plusieurs échelles. La Russie a des intérêts stratégiques (base militaire de Tartous, qui est une constante historique de la diplomatie russe depuis les tsars : à savoir, l'accès aux "mers chaudes", ce qui a conduit Russes et Turcs, ou Ottomans, à s'affronter à de multiples reprises). Quant au Qatar, l'Arabie Saoudite et la Turquie, parangons de vertu donc, ils soutiennent les oppositions au régime mais en les instrumentalisant au service de leurs ambitions régionales. Si les Russes ont bombardé bien d'autres cibles que Daech, les Turcs également l'ont fait : en bombardant un pays voisin, donc, notamment les zones kurdes tenues par l'Unité de protection du peuple kurde. Kurdes qui d'ailleurs, ont profité du retrait de l'armée pour prendre le contrôle de territoires au nord du pays. Donc, on le voit, si, officiellement, tous les Etats veulent combattre Daech, chacun a un objectif prioritaire différent.
Alors, on fait quoi ?
- On décide de soutenir à fond l'opposition, ce qui ouvrira automatiquement la porte à la prise de pouvoir des djihadistes sunnites.
- On laisse la situation dégénérer, entraînant un éclatement de la Syrie dans les faits, une déstabilisation des pays voisins et on prend le risque de se taper une guerre généralisée sur le coin de la tête.
- On réunit une nouvelle conférence avec les USA et la Russie afin de débuter la transition politique sur le schéma proposé par la Russie, sur fond de fédéralisation du pays.