graham a écrit:
Est ce que vous trouvez anormal qu'un pays, que ce soit l'Algérie, la Chine, le Togo ou la France puisse décider de qui peut s'installer à l'intérieur de ses frontières?
Si vous pensez que la France n'appartient pas plus aux Français qu'aux autres nationalités alors bien sûr votre position est cohérente, mais ce n'est pas la mienne.
Si vous pensez qu'un etat souverain et donc décider de qui s'installe à l'intérieur de ses frontières, qu'il peut fixer par la loi des critères pour cela (qu'on soit ou pas d'accord avec ces critères), alors il est normal que la loi soit appliquée et que les personnes présentes illégalement sur le territoire nationale soit arrêtées et reconduites dans leur pays d'origine. Si j'entrais illégalement aux Etats-Unis ou au Japon je ne crierai pas au fascisme si on m'arrêtait pour cette infraction à la loi de ces Etats.
Disant cela, je ne suis pas contre le fait que la France acceuille des étrangers, pas du tout, notamment les réfugiés politques, mais c'est à l'Etat français d'en décider, pas aux passeurs clandestins, pas aux patrons qui exploitent le travail clandestin, pas aux réseaux de proxénétisme qui mettent les filles sur le trottoir, pas aux personnes étrangères elles mêmes, même si je comprends leurs motivations.
Je ne suis pas contre le fait qu'on acceuille des étrangers mais je suis encore plus favorable à ce qu'on établisse une vraie égalité de droits et de fait entre les Français de vieille souche, blancs en général, et ceux d'origine plus récente et à la peau plus foncée et qui pour beaucoup ne sont pas traités avec le respect auquel ils ont droit.
La législation française est assez ambigüe sur la situation des étrangers sans papiers :
En gros, les sans papiers ne sont pas les bienvenus, mais... :
- les enfants sont scolarisés dans les écoles françaises. C'est bien évidemment normal (de toute manière, je doute que la France ait le choix au vu des conventions internationales), mais cela permet aussi de les "repérer"... et donc d'expulser toute la famille. Cela ressemble alors à un "piège", toujours mal vécu, surtout au regard de la place particulière de l'école au sein de la société française.
- le droit du sol fait que les enfants des sans papiers, qui sont nés en France, sont français... et par conséquent la question d'une éventuelle expulsion ne se pose guère pour eux. Elle ne se pose pas plus pour les parents et pour les frères et soeurs, car avec raison on ne veut pas couper les familles. Cette règle est d'ailleurs étendue aux demi-frères et demi-soeurs, ce qui n'est pas sans conséquences pour les ressortissants de pays où la polygamie est valable. Pas besoin d'expliquer la solution toute trouvée pour rester en France ! On voit même des dossiers où les frères et soeurs arrivent de l'étranger APRES la naissance d'un frère ou d'une soeur sur le territoire français, et ne peuvent plus être expulsés ensuite.
Bref, la loi française fait tout pour inciter les sans papiers à trouver des solutions peu satisfaisantes...
- la très grande majorité des sans papiers (on parle de 90 %) ne sont pas entrés illégalement en France : la France les a autorisés à venir mais leur permis de séjour a ensuite expiré. C'est la preuve d'une présence prolongée et licite sur le territoire, rendant plus complexe la question d'une éventuelle expulsion.
Globalement, peu d'hommes politiques sont pour une régularisation totale (Rocard en son temps : "La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde"). Même Royal a "précisé" ses récents propos, indiquant que la régulation ne serait possible qu'en vertu de "critères objectifs" (lesquels ?).
Sinon, et cela n'a rien à voir, la France a longtemps été la nation accueillant le plus de réfugiés politiques. Elle vient d'être doublée par les USA si ma mémoire est bonne.