+1 Xavi
Aujourd'hui, pour nous changer les idées (sans forcément les éclaircir), je vous propose deux bouquins qui valent leur pesant d'arachide.
Sansalina, de Nicolas Jaillet ; roman noir dans le Mexique des 20's écrit par un petit français ; 300p.
(ouais, carrément, même si tout juste)
L'auteur nous conte l'histoire d'une bande de petits durs mexicains, au début du siècle précédent, les Buenhombres, qui a une idée toute personnelle de la Justice et du Bien. Ou l'ascension et la chute, en particulier, d'un petit caïd de Sansalina qui va nettoyer la ville avec des flingues et de grandes idées de Justice, pour finir trahi par tous, dans la plus grande paranoïa. Tout est génial dans ce roman. L'histoire qui boucle parfaitement, le contexte du Mexicain au début du XXème, la structure chronologiquement éclatée dans laquelle on se plaît à se perdre (mais si peu), l'écriture sèche mais belle... Et les personnages, surtout les personnages, leur humanité, leur psychologie fine et qui paraît parfaitement réaliste. C'est ce qui m'a le plus marqué. On les comprend, on aime avec eux, on souffre et on pleure. C'est vraiment très fort. Alors évidemment, ce n'est probablement pas aussi marquant que certains chefs-d’œuvre du Sud profond américain, ou que les meilleurs de Taïbo, c'est surtout moins drôle qu'Arriaga. D'ailleurs, c'est le seul vrai reproche que je peux faire à cette merveille : c'est sérieux. Mais c'est tellement fin et "vrai" que le lire devient un grand plaisir.
Coup de coeur pour ce jeune auteur français !
L'ombre de ce que nous avons été, de Luis Sepulveda ; retour de flammes de vieux rebelles communistes dans la Chili d'aujourd'hui ; 150p.
(oui, encore, parfaitement, amplement mérité)
Sepulveda m'a été fortement conseillé de partout. Mais pourquoi ne l'ai-je pas lu plus tôt ?! De vieux militants cocos sous Pinochet décident de remettre le couvert dans les années 2000, parce que bon, la Démocratie chilien n'est faite, comme partout, que pour sauvegarder le pourvoir aux Puissants. Une histoire totalement jubilatoire qui, si elle se déroule plus ou moins aujourd'hui, trouve sa pertinence, sa raison et ses principes dans le coeur du XXème siècle, pendant lequel l'accession au pouvoir d'Allende, et son assassinat, on fortement remué les tripes (et les vies, en exil) de milliers d'humanistes. Quelle écriture (et quelle traduction) ! Quels personnages ! Et puis c'est franchement drôle. Ce livre est une sucrerie, un antidote à la déprime, il rend plus sensible et plus intelligent. Il faut donc, bien sûr, se jeter dessus. J'ai déjà fait l'acquisition d'un autre bouquin du maître chilien.