Graham II a écrit:
je ne vois pas le rapport entre bigoterie et regret de voir la société s'atomiser, notamment par l'affaiblissement de l'institution mariage.
Surtout je regrette que tu ne fasse pas la différence entre "nationalisme" et "patriotisme". En quoi le fait d'aimer son pays, voire de le défendre en cas de péril, est il condamnable ou incompatible avec les valeurs de gauche? Crois tu que les personnes qui n'aiment ni le lieu où ils ont grandi, ni ceux qui y habitent seront pour autant plus tolérant ou plus curieux du pays des autres? Il me semble qu'une personne ayant de l'amour pour sa patrie, petite ou grande, c'est à dire Etat ou région, aura un comportement plus civique, plus soucieux de l'intérêt général et plus bienveillant à l'égard de ses compatriotes avec qui il partage une histoire et des valeurs communes, mais aussi à l'égard des "étrangers".
Penses tu vraiment, par exemple, que le fait de ne pas aimer ses propres enfants offre une meilleure garantie d'aimer ceux des autres? Il me semble que c'est le contraire.
Pas d'accord sur cette opposition nationalisme / patriotisme.
Il ne s'agit ni d'opposer, ni de rapprocher car il y a des nuances, c'est ça le mot important. Un juste milieu, je me refuse de passer d'un extrême à l'autre. Quand je dis que je rejette cette notion de patriotisme que je trouve au fond vide de sens, ce n'est pas pour aller à l'exact opposé, c'est le sens de tout ce que je dis.
Ce n'est pas parce que je me refuse à m'identifier comme patriote que je m'identifie comme anti-patriote. Je ne veux être ni l'un, ni l'autre. Ce n'est pas pour autant que je ne défendrais pas ce qui est mon pays et celui de ma famille depuis 4 siècles et demi s'il le fallait.
Ce n'est pas pour autant que Moi, si peu que je sois, je n'ai pas, aussi, "une certaine idée de la France", bien au contraire.
Et jamais je n'oppose le patriotisme aux valeurs de gauche parce que je ne vois pas en quoi, Moi, je dirais "voici les valeurs de gauche". Je laisse ça à d'autres. Donc pas incompatible avec les valeurs de gauche puisque je ne vais pas sur ce terrain-là ; mes valeurs sont les miennes et pas celles que me dicterait un parti politique quelconque - et de toute façon, j'aime pô les partis politiques.
Je me méfie de la notion de patriotisme, pas pour ce qu'elle englobe, mais pour ce qu'elle exclut. En voyage à l'étranger, je ne vais pas me sentir plus proche d'un français rencontré par hasard que d'un autre type sous le prétexte qu'on a le même passeport. Mes affections vont aux individus, pas à leur arbre généalogique, à leurs actes plutôt qu'à leurs origines. Je refuse que mes antipathies soient "par principe". Je n'aime les frontières que parce qu'elles me donnent envie de les dépasser.
Disons que je ne vois pas quelle serait la différence fondamentale entre un français, un allemand, un espagnol ou un anglais. Et puis le "sentiment d'appartenance", je m'en tape ; je ne me sens rien de commun avec des tas de français nés dans le même canton que Moi. Je me sens des tas de points communs avec des gens que je connais et qui ne sont pas d'ici. D'où sont les gens, je m'en fous. Quelle est leur couleur de peau, je m'en tape. Je ne suis comme comme
l'autre imbécile qui croit qu'un "noir" est forcement d'accord avec Obama parce qu'il est noir (comme si Deroin était sarkozyste parce qu'il est petit et que Domenech était fan d'Emmanuelli parce qu'ils ont de gros sourcils).
Mais refuser le concept de patriotisme ne veut pas pour autant faire l'apologie du contraire ; juste que si je me revendique français, je me serais revendiqué espagnol si j'étais né en Espagne.
Je n'aime pas le patriotisme parce que ça donne ce que j'ai entendu un soir à la TV ; un présentateur qui parlait d'une marée noire dans l'Atlantique mais qui disait que "heureusement", ça n'attendrait pas les côtes françaises. Je ne conçois pas qu'une catastrophe soit moins grave parce qu'elle ne concerne pas la France. Idem dans les catastrophes aériennes quand on distingue les français des autres. ça concerne évidemment des gens, mais j'ai pas plus d'empathie pour des français que je ne connais pas que des brésiliens que je ne connais pas non plus. Pour Moi, c'est la même chose.
Et l'affaiblissement de la notion de mariage, je ne vois pas du tout en quoi c'est un problème ou un signe de déclin. Mais je conçois que dans une vision religieuse, c'est un problème et un déclin, mais là, ça cesse de me concerner, comme ça cesse de concerner la France, État heureusement laïc.
Et puis le mariage va dans le même panier que la notion de "famille". Y'a ceux qui sont pour et ceux qui sont moins pour. Mais pourquoi vouloir à tout prix en faire une valeur, un modèle à imposer à tous au nom d'un modèle de société ? Pourquoi ne pas plutôt respecter les envies de chacun, bref, pourquoi ne pas respecter les individus ?