Au delà du fait que Je souscrit complètement au message de Jisait, le problème vient peut-être de deux éléments combinés ; premièrement, fidèle à "sa culture", la gauche se déchire en "gauches" et pour chacune de ces chapelles, il n'y a pas pire ennemi que la chapelle d'à côté. On préfère taper sur son camp plutôt que sur la droite et l'extrême-droite parce qu'on est parfaitement matrixés pour la présidentielle et l'obsession d'être devant les autres. Devant la droite, c'est pas grave, mais devant l'autre gauche, c'est prioritaire parce que si t'es devant, tu te sens en droit d'exiger que tout le monde se rallie derrière toi et si par malheur t'es derrière, tu vas faire semblant d'être collectif, mais en réalité, tu vas essayer de savonner la planche.
Le deuxième problème, c'est que ça fait bien longtemps que la gauche n'a plus d'idées, mais des postures que ses dirigeants cherchent à faire passer pour des idées. Or, Je Me dis que c'est très joli de vouloir avoir des idées, mais que manifestement, la droite, de Macron à Retailleau n'en a jamais vraiment eu et que ça ne l'empêche pas de diriger le pays sans discontinuer depuis 2002.
Avant d'avoir des idées, ce serait bien de se recentrer sur les principes. Tu définis tes principes, et à partir de là, tu te donnes des objectifs, sur du court, du moyen et du long terme : où tu veux emmener le pays ? quelle France tu vois pour 2050 ? Et pas des trucs mielleux pondus par des communicants, mais bien un projet politique, un projet de société qui englobe tout : le social, l'économie, la justice, l'ordre public, tout. C'est donner un point de fuite, un but commun. Et tes idées, elles découlent de ça, car les idées, ce sont les propositions pour atteindre cet objectif. Sauf que ces propositions, à un moment, elles doivent s'inscrire dans le réel : prendre en compte la complexité du monde, les intérêts divergents et s'inscrire dans des politiques publiques claires, lisibles et surtout réalistes.
Parce que piloter des politiques publiques, c'est pas déclamer des propos d'estrades devant des militants conquis ; c'est se frotter à la réalité, c'est sortir du dogme pour avoir les yeux rivés sur l'objectif, pas sur la doxa telle qu'elle a été pensé par des mecs qui réfléchissent mais n'ont jamais rien appliqué de leur vie. Les idées, elles doivent tenir compte de tout ça et elles viennent toutes seules une fois que t'as défini tes principes. Mais encore faut-il être clair dessus.
Moi, Je Me dis que des gens de gauche, ils pourraient très bien s'accommoder des principes issus des deux grands moments fondateurs de notre république, la Révolution et le CNR. La liberté, l'égalité, la solidarité (on disait "fraternité" à l'époque), mais aussi la recherche de l'intérêt général, l'état providence pour tous auquel contribue chacun, le développement durable réel, l'égalité réelle, le refus strict des discriminations, la sacralisation de l'état de droit, donc de la démocratie - ce que les débilos de droite semblent ne pas avoir compris - la défense des principes et non des personnes, l'éducation populaire pour favoriser l'émancipation de chacun, la tolérance et l'accueil et la fermeté sur les principes démocratiques et républicains, la responsabilité collective (on n'est pas qu'une somme d'individus), se dire que le citoyen ne doit pas réfléchir à son intérêt personnel dans son rôle citoyen mais bien à cet intérêt général (voter en fonction de ses intérêts personnels, c'est ne pas avoir compris le sens du vote), interdire à Maxime d'Ornano les innovations tactiques, lutter contre les injustices indépendamment de qui en est l'auteur ou la victime, favoriser la reflexion chez le citoyen plutôt que le réflexe et que sais-je encore, des propositions il y en a mille deux cent et largement de quoi chercher à s'accorder sur une vision commune.
Mais non, les LFIstes choisissent de s'attaquer en priorité au PS, le PS choisit en priorité de s'attaquer moins frontalement mais quand même aux LFIstes, les uns accusant les autres d'être les idiots utiles du macronisme et les autres s'autoproclamant les seuls à être responsables dans cette affaire. Et là-dedans, au milieu de ces gens qui s'imaginent pouvoir accéder aux plus hautes fonctions de l'Etat, y'en a pas un qui se rend compte que si on a Macron et l'extrême droite qui jouent un pas de deux, c'est justement grâce à la gauche. A cette gauche. Ou ces gauches, c'est comme on veut.
Et au milieu, t'as un océan de gens qui ne demandent qu'à voter à gauche et qui restent atterrés par ce qu'on leur propose. Et qui finissent par voter "utile" et non par conviction.
_________________ Tel est mon bon plaisir.
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