Steve Mandanda et ses frères de Caen
Espoirs : France - Israël (samedi à Caen).
Deux frères du gardien des Bleuets font partie du centre de formation malherbiste.
L'anecdote interpelle. C'est Sébastien Bannier, le responsable du centre de formation malherbiste, qui la raconte : « Steve Mandanda avait 15 ans, il jouait à l'ALM Evreux, un club avec qui nous sommes partenaires, et on souhaitait qu'il nous rejoigne. Il s'est fait hospitaliser pour une appendicite, et Pierre Foissac, le directeur du centre de formation du Havre qui le voulait également, est allé directement à l'hôpital pour le faire signer. Moi, je n'ai pas osé, Foissac a été plus prompt, voilà. »
Voilà comment Steve Mandanda, qui devrait garder le but de l'équipe de France Espoir contre Israël samedi soir au stade Michel-d'Ornano, a rejoint en 2000 le voisin haut-normand. Et voilà pourquoi le Stade Malherbe de Caen ne compte pas trois, mais deux frères Mandanda, deux gardiens prénommés Parfait et Riffi, dans les rangs de sa formation. Bannier : « Vis-à-vis de la famille, nous avons toujours été très respectueux, c'est pourquoi le père nous a confié les deux petits frères. Et nous ne nous en plaignons pas. »
Trois frères, trois gardiens, issus d'une famille d'origine zaïroise vivant à Paris et n'ayant aucune accointance particulière avec le football. Steve, 21 ans, seul joueur de L2 convoqué chez les Bleuets avec le Caennais Yoan Gouffran. Un félin sur sa ligne, une maturité exceptionnelle pour son âge. Parfait, tout juste 17 ans, arrivé à Caen en 2004, repéré cette saison chez les 18 ans Nationaux du SMC ou lors des séances d'entraînements du groupe CFA2. Riffi, bientôt 14 ans, arrivé cet été, joueur de Vincennes le week-end, élève et footballeur en herbe à Malherbe durant la semaine. « Comme Riffi, Parfait a un gros potentiel, mais il a du retard par rapport à son grand frère. À son âge, Steve était titulaire en CFA2, détaille Bannier. Si Riffi, assez longiligne, possède le même profil athlétique que Steve, Parfait est moins grand, a moins de détente. Il doit progresser dans la lecture des trajectoires, et surtout devenir beaucoup plus mature pour espérer percer chez les pros. »
De l'autre côté du Pont de Normandie, le « sage » Steve Mandanda observe ses deux frangins, et tente de soulager leurs coups de blues : « Je me dois d'être un exemple pour eux, dit-il. Je n'ai pas trop le temps d'aller les voir jouer, mais je les ai au téléphone deux ou trois fois par semaine, et quand ça ne va pas, je le sens tout de suite. J'essaye alors de leur donner des conseils, de leur dire qu'il faut d'abord être fort dans la tête. » Parfait est admiratif de l'ascension-éclair de son grand frère, mais reconnaît manquer encore de « concentration » pour épouser un destin similaire. « Au pied ou dans les sorties, je suis très loin du niveau de Steve », ajoute t-il.
Samedi soir, Parfait sera dans les tribunes de d'Ornano pour observer Steve et continuer son apprentissage. Accompagné des parents, Riffi sera à ses côtés, Over également : à 6 ans et demi, le petit dernier de la famille Mandanda a déjà enfilé les gants. Il veut devenir gardien de but, évidemment.
Guillaume LAINÉ. Ouest-France du jeudi 5 octobre 2006
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