Ptain, j'en ai pour des heures
Alors, ce peintre médiocre et pompier, qui n'a jamais eu de style propre, qui a fait des à la manière de Utrillo, Chagall, Picasso et j'en passe, avec la constante de toujours parvenir à les copier en moins bien, s'appelle E. Stoebel.
Il se trouve qu'il fût le mec de ma grand-mère après que mon grand père se soit tiré.
Alors d'après la légende familiale, que je crois entièrement vrai, ma grand mère l'entretenait et passait ses nuits à bosser pour lui, notamment en recopiant les manuscrits d'un opérette qu'il aurait écrite intitulée "La reine de l'amour" dans laquelle on trouvait des phrases de type "Et Adèle faisait ses gammes sous le portrait de tante Agathe"
Il avait adapté son oeuvre en roman, enregistré la chanson "c'est la reine de l'amour qui vous joue des tours" (hum, génial) bref. (Il avait grand mal à répéter parce que Martha, une copine de ma grand-mère (qui devait accessoirement être vaguement sa maitresse) chantait du nez d'une part, et d'autre part, la chienne boxer de ma grand-mère aboyait à chaque refrain)
Ma pauvre grand-mère y croyait dur comme fer car il avait immatriculé sa boîte de production le même jour que Barclay.
Ce type a disparu de ma famille lorsqu'un jour, ma grand mère, ne sachant comment se débarrasser de lui (ça a quand même duré plusieurs années avec l'appart jonché de croutes) a demandé à mon père, qui habitait à l'époque au Maroc et était de passage, de le virer (paye ton Oedipe). Ce qu'il fît en lui disant que s'il ne décampait pas tout ses tableaux passeraient par la fenêtre. Et on n'a plus jamais entendu parler de lui.
Toujours est-il que la seule chose que j'ai demandé à récupérer à la mort de ma grand mère est un tableau abominable qui était dans la chambre où je dormais, et qui me magnétisait tellement je n'en comprenais absolument pas le sens. Du coup, mes oncles m'en ont refilé un en prime, vu que tout le monde se les arrachait comme vous l'imaginez.
Voilà, le portrait de ce type, qui passe souvent en vente (de son vivant il écumait Drouot pour monter sa propre côte), et curieusement on trouve plein de trucs sur lui...Quand je lis ça, je me tord :
Citation:
Edgar Stoëbel (1909-2001), homme caméléon, peintre et musicien, éditeur et philosophe, fréquente le Montparnasse des artistes et la Coupole dès 1950. Il se lie avec des personnalités du spectacle dont il réalise le portrait et côtoie des artistes comme Chagall, Prinner, Michonze, Goetz, Zadkine. Noctambule, il interprète ses chansons au Pub Olympia, se réservant la journée pour peindre et dessiner. Le travail a pour lui une valeur transcendantale. Dans sa quête d'humaniste, son inventivité constante renouvelle son inspiration. Son expérimentation tant formelle que technique participe de son aventure pour formuler l'univers. Animé d'un souille vital peu commun, il remet chaque jour sur le métier, dessins, aquarelles, gouaches, impressions, estampages, gravures, huiles. Mû par une pensée métaphysique et spirituelle du bonheur, Edgar Stoëbel invente son propre langage qu'il baptise dès 1960 du nom de Figura synthèse : " Elle est l'image qu'on se fait d'un objet et non l'objet dans sa forme telle qu'elle nous apparaît. " Caractérisée par des formes cernées vigoureusement à partir d'arabesques onduleuses et une grande vivacité de couleurs, la Figura synthèse est mise en oeuvre pour une riche thématique qui comprend, la figure féminine, les animaux, le paysage, des compositions abstraites et le thème de la judaïca. La Figura synthèse est pour Edgar Stoëbel " une ouverture à une imagination du rêve qui nous berce à chaque heure du temps. En rêve fugitif ". Lydia Harambourg est historienne, écrivain, commissaire d'expositions, critique d'art, spécialisée dans l'art du Ve siècle (peinture et sculpture). Elle est l'auteur de nombreux ouvrages, dont le Dictionnaire des Peintres paysagistes français du IVe siècle et le Dictionnaire des Peintres de l'Ecole de Paris, 1945-1965, de monographies - Debré. Mathieu, Bernard Buffet, Kawun, Latapie, Lagage, Brasiller, Longobardi, Despierre, Brayer (Prix Marmottan -Icadémie des Beaux- Arts), Lesieur, Chu Teh Chun - et de préfaces pour des artistes contemporains. Elle a contribué aux encyclopédies " L'aventure de l'Art au XIXe et XXe siècle ". Directrice de la collection Mise en lumière aux Editions Cercle d'Art, elle assure également depuis 1998 la chronique hebdomadaire sur les expositions De musées en galeries, dans La Gazette de l'Hôtel Drouot. Lydia Harambourg est Correspondant de l'Institut (Académie des Beaux-Arts).
Utrillo:

un mix de Picasso et Miro

un genre de Monet

un genre de Chagall

et le clou, celui qui me fascinait enfant et me fascine encore

Je me permets de vous conseiller, pour parfaire votre connaissance de ce peintre majeur
ce livre dont je découvre à l'instant l'existence et que je brûle d’acquérir.