Le débat est vraiment au niveau de la formation "fédérale" (INF Clairefontaine, sélections de jeunes) et donc de double nationalité et de choix physico-technique. Le "buzz" de Médiapart (ou ce qui en ressort) est de pousser des cris d'orfraie en prétextant une consigne secrète de ne prendre que 30% de noirs ou d'arabes dans la formation ce qui est vraiment un grossier raccourci quand on lit les propos de ce qui n'est qu'un débat, une discussion de travail et non une décision. Voir ceci :
Erick Mombaerts: On ne veut pas les enlever! Les clubs pros, ils peuvent les prendre. Ils se répartissent! Là on parle des structures fédérales.
Nous on travaille pour le football français, on ne travaille pas pour les sélections étrangères.
Francis Smerecki: Et en même temps que tu travailles pour le football français, tu travailles pour l'équipe de France et aussi pour les clubs. Le football français, c'est pas que l'équipe de France ! Mais aujourd'hui, ceux-là, si on les enlève... je sais pas si on a une division.
Laurent Blanc: Tu retournes l'argument !
Erick Mombaerts: Mais on veut pas les enlever. Ils vont dans les sections sportives élites (en milieu scolaire, NDLR).
Francis Smerecki: Je ne retourne pas l'argument. Je dis: première chose, c'est discriminatoire. Et si on enlève la totalité des gens qui peuvent choisir, pour une autre sélection (étrangère, NDLR) éventuellement, je ne sais pas si on a une division. Parce que quelque part, même s'ils vont jouer dans un autre pays, il y a des clubs de Ligue 2 qui vivent avec ces joueurs-là.
Cette partie de la conversation s'achève quand un des participants, gêné, rappelle qu'il y a «300 joueurs français» formés dans l'Hexagone qui jouent dans des clubs étrangers. Puis Laurent Blanc revient, insistant, sur les critères de selection des jeunes.
Laurent Blanc: Là, on parle d'enfants de 12 ans, 13 ans ou 14 ans.
Francis Smerecki: Tu peux pas dire à des gens de troisième génération, qui sont nés sur notre sol... Un gamin qui va jouer, je sais pas, pour la Libye ou pour la Guinée, s'il a le choix, si tu le prends (en équipe de France, NDLR), il va aller avec toi, Laurent. Il ne va pas aller là-bas.
Erick Mombaerts: S'il te plaît. Moi je vais prendre le problème à l'envers. Quand on parle des structures, c'est aussi la place qu'ils prennent. Moi ce qui m'intéresse c'est que le jeune qui va jouer pour l'équipe de France puisse être en équipe de France de jeunes.
Francis Smerecki: Ecoute, moi, ce qui me gêne sur le fond, c'est (qu'il y a) celui qui a la possibilité d'être français-français et d'aller avec Laurent, et celui, parce qu'il n'a pas assez d'aptitudes et de talent pour aller avec Laurent et qui va aller dans un autre pays, et c'est celui-là que vous voudriez éliminer. C'est impossible.
François Blaquart: C'est pas forcément l'éliminer.
Francis Smerecki: Le limiter ? Ça veut dire que vous allez garder lesquels? Les blancs ? Les moins bons ?
Erick Mombaerts: Ça ne te choque pas que l'INF (Institut de Clairefontaine) ait sorti quatre internationaux français et 26 internationaux étrangers? Est-ce qu'on peut pas basculer un petit peu. Basculer.
Francis Smerecki: Attends, vous allez pas prendre “Dédé” pour plus con qu'il l'est. Les bons jeunes blancs, s'il avait eu un jeune talentueux blancs, il aurait pris, non ?
Un participant rétorque qu'il n'est «pas sûr que les blancs aient leur chance».
Près d'une heure plus tard, le sélectionneur des Bleus reprend la parole pour relancer le débat sur ces thèmes.
Laurent Blanc: On veut pas éliminer les étrangers, pas du tout, mais faire en sorte que les pôles Espoirs ou les pôles de la DTN testent sur des critères mieux définis pour pouvoir attirer d'autres personnes, parce que si on a toujours les mêmes critères, y aura toujours les mêmes personnes.
Et plus ça va, plus ça va être encore davantage. Parce que je suis sur les terrains tous les samedis, je vois quelques centres de formation: on a l'impression qu'on forme vraiment le même prototype de joueurs: grands, costauds, puissants. Grands, costauds, puissants. Grands, costauds, puissants. Grands, costauds, puissants. Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants? Les blacks. Et c'est comme ça. C'est un fait actuel. Dieu sait que dans les centres de formation, dans les écoles de football, ben y en a beaucoup.
Je crois qu'il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d'autres critères, modifiés avec notre propre culture.
Je vais vous citer les Espagnols: ils n'ont pas ces problèmes-là. Ils ont des critères de jeu qui sont très précis, à 12-13 ans.
Erick Mombaerts: C'est ça le projet.
Laurent Blanc: Avec notre culture, notre histoire, etc. Les Espagnols, ils m'ont dit: «Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas.»
Erick Mombaerts: Mais Laurent, le phénomène que tu évoques, c'est tellement ancré chez nous que les petits gabarits blancs qui sont dans les pôles Espoirs, les clubs pro me les laissent sur les bras. Ils ne les prennent pas, n'importe comment, même si c'est des bons joueurs!
Laurent Blanc: Les clubs ils auront toujours leurs critères de sélection. Ça tu pourras pas... Même si en formant des éducateurs, tu vas pouvoir peut-être à la longue changer un petit peu les choses, ou influencer un peu. Mais c'est surtout dans les pôles qu'il faut avoir ces critères-là.
Un participant sort de ses gonds et rappelle qu'un bon joueur est efficace quelle que soit sa couleur de peau, rouge ou blanche, sa taille, grande ou petite.
Laurent Blanc: Oui, mais en ce moment tu n'as pas le choix puisque tu as toujours le même stéréotype de joueurs, tu exagères. Je vois les centres de formation, je les vois de Bordeaux, des cités, et tu as toujours le même stéréotype de joueurs, je suis désolé! Tu vas aller au centre de formation de Bordeaux, tu vas prendre les joueurs, mais des petits bons joueurs, tu n'en auras pas. Donc il faut inciter.
Erick Mombaerts: Est-ce qu'on peut essayer de proposer avant la fin de l'année un projet, quelque chose de différent, bon pas fondamentalement différent, mais qui va être force de projet. Dire: voilà on va s'attaquer à ça. Bon, on a compris aussi qu'on a besoin d'ouverture, de proposer quelque chose et qu'on peut s'attaquer à quelques croyances bien établies, notamment le jeu, hein, le jeu, au détriment peut-être de l'individu. Mais le jeu, forcément, ça va être d'intégrer d'autres types de joueurs. Parce que le jeu, c'est l'intelligence, donc c'est d'autres types de joueurs. Donc tout est lié, tout est lié !
Chaque phrase détournée de son contexte (la dernière par exemple) peut évidemment entraîner une tonne de commentaires mais globalement, je ne vois rien de scandaleux.
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