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Vainqueur de Saragosse 3 buts à 2, mardi 15 septembre, lors du match aller du premier tour de la Coupe de l'UEFA, le Stade Malherbe de Caen n'a pas raté son entrée dans la cour européenne. A peine sorti d'une grave crise financière, le club, rigoureusement géré par une nouvelle équipe, reste modeste sur son avenir. Il se préoccupe plus du championnat de France que d'une aventure internationale.
Dans la victoire, Daniel Jeandupeux a gardé la tête froide. Les propos de l'entraîneur du Stade Malherbe de Caen (SMC) offraient un étrange contraste après un match fou et magnifique remporté (3 buts à 2) par une équipe qui disputait la Coupe d'Europe pour la première fois de son histoire, vieille de soixante-dix ans. Rencontre joyeuse et pleine, fidèle à la réputation de cette équipe normande, offensive et généreuse, servie par onze Caennais en lévitation, Stéphane Paille et Xavier Gravelaine en tête, auteurs des trois buts.
Le match retour sera difficile en Espagne, mais les Caennais ne doivent pas se laisser griser par l'aventure européenne. Défait lors de ses quatre déplacements et avec deux victoires à domicile, le SMC est quatorzième en championnat de France. Or, seul le maintien en première division devrait conforter une situation financière encore fragile.
Caen " revient de loin ". Il y a huit ans encore, l'équipe évoluait en troisième division et s'est hissée au sein de l'élite en 1988. Empêtré dans une grave crise il y a un an (le Monde du 26 novembre) avec un déficit de près de 30 millions de francs pour un budget de 54 millions de francs, le club a failli mettre la clef sous la porte. Aujourd'hui, les choses sont à peu près rentrées dans l'ordre.
L'ancien président du SMC, Jean-Jacques Fiolet, a été remplacé en décembre par Guy Chambily, directeur d'une société de transports, réputé fin gestionnaire, plébiscité par tous les partenaires inquiets pour leur investissement : les collectivités territoriales ont offert 13,5 millions de francs et une quarantaine de sociétés réunies dans le Club leaders entreprises ont promis 14,5 millions de francs.
Près d'un quart de ces 28 millions de francs n'a pas encore été versé. Enfin, les " ventes " de Franck Dumas à l'AS Monaco pour 6 millions de francs, de Michel Rio au Havre pour 1 million de francs et le départ de l'onéreux Danois Olsen ont permis de respirer et d'engager cinq jeunes.
Interdite de chéquier
Le club n'est plus en liberté conditionnelle, les contrôles mensuels de la direction nationale de contrôle de gestion ont cessé en juin. Le budget a été révisé à la baisse pour ne pas dépasser 46 millions de francs. La Société à objet sportif (SOS), créée en décembre achève de rembourser les dettes de l'association, encore interdite de chéquier. Les exorbitantes primes européennes promises aux joueurs par l'équipe précédente vont manger 5 millions des 7,5 millions de francs de la recette européenne, provenant notamment des droits télévisés.
Il faudra aussi remplir le futur stade de 22 000 places qui remplacera, en juin 1993, le minuscule " chaudron " de 9 000 places planté sur les hauteurs de la ville et investi, en ce mardi " historique ", par 5 000 supporters seulement. " Avant Saragosse, dans deux semaines, l'équipe doit disputer deux rencontres de championnat et glaner le plus de points. Une dixième place finale ferait mon bonheur ", dit Daniel Jeandupeux. A Caen, l'Europe reste un rêve, quand l'avenir tricolore est une réalité quotidienne
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Invaincu depuis son retour en Ligue 1, le club normand a tenu en échec le Paris-Saint-Germain, au Parc des Princes, samedi 14 août
C'EST LA SURPRISE de cette deuxième journée de Ligue 1. Le Stade Malherbe de Caen, promu cette saison parmi l'élite, a tenu en échec le Paris-Saint-Germain au Parc des Princes (2-2), samedi 14 août.
Avec seulement deux joueurs ayant déjà évolué au plus haut niveau, Caen a bien négocié son rendez-vous face au PSG et ses stars. Au point de donner des regrets à l'entraîneur normand Patrick Remy, qui se serait bien vu ramener une victoire : « C'est un bon point, mais je suis tout de même un peu déçu car nous avons eu les occasions pour «tuer» le match. Ramener un point, c'est le minimum. »
Après sept ans d'attente en Ligue 2, le Stade Malherbe de Caen s'est vite réadapté à l'élite du football français. Samedi 7 août, Caen avait commencé en douceur, en concédant le match nul à domicile (1-1) face à Istres, autre promu. Si son adversaire provençal avait choisi de s'armer pour les rudes joutes de la Ligue 1 en recrutant des joueurs expérimentés, comme l'attaquant Florian Maurice ou le défenseur serbe Nisa Saveljic, le club normand a préféré conserver en grande partie l'effectif qui lui avait permis de finir à une belle deuxième place la saison dernière en Ligue 2, derrière l'AS Saint-Etienne.
« On a gardé les mêmes joueurs, parce qu'ils le méritent. Avec ce groupe, Caen aura sa chance en Ligue 1 », estime Patrick Remy. Mais dans ce groupe qui a par- faitement négocié sa montée en Ligue 1, aucun joueur n'avait évolué une saison complète au plus haut niveau. Seul Jimmy Hébert, au club en 1996-1997, saison de la descente en deuxième division, avait déjà disputé 17 rencontres au plus haut niveau.
ÉVITER CERTAINES ERREURS
Après la retraite sportive de Franck Dumas, l'expérimenté défenseur passé par l'Olympique de Marseille et l'AS Monaco et devenu, à 36 ans, directeur sportif du Stade Malherbe, le manque d'expérience risquait réellement de devenir un handicap. Frédéric Danjou, solide défenseur formé à Auxerre, est donc venu apporter l'expérience de ses 188 matches en Ligue 1 au club normand. Trois joueurs en provenance de Belgique ont également été recrutés. L'expérience de Danjou, 29 ans, est essentielle pour éviter certaines erreurs.
Face au PSG, après l'égalisation normande sur un penalty de Sarr, il a parfaitement encadré ses jeunes équipiers afin d'éviter qu'ils ne sombrent dans les provocations adverses. Et ce fut même le défenseur parisien Mario Yepes, expulsé dans les arrêts de jeu suite à une brutalité sur Danjou, qui finit par s'énerver face à la sérénité du capitaine caennais.
Frédéric Danjou a déjà traîné ses crampons du côté de l'Espagne, à Oviedo, pendant deux saisons, avant de revenir en France, à Troyes puis à Ajaccio, où il a largement contribué au maintien du club corse en Ligue 1 : « J'avais passé une très belle année là-bas, mais le projet sportif de Caen, sur la durée, et les infrastructures m'ont séduit. Et puis évoluer devant 13 000 abonnés, c'est super ! Ce club sent la L1, il doit tout faire pour y rester. »
RESTER PRUDENT
Le rôle de Frédéric Danjou est important auprès des jeunes joueurs. « Il nous conseille beaucoup, il nous parle de notre placement, confirme le défenseur Cédric Hengbart, 24 ans, auteur du premier but caennais à Paris. En fait, il a pris un peu la suite de Franck Dumas dans le jeu. » Cette nouvelle responsabilité ne pose pas de problèmes à l'intéressé : « C'est dans ma philosophie, explique-t-il. J'ai l'habitude de prendre ce type de poste, c'est dans mon tempérament. »
Sur le petit terrain d'entraînement de Venoix, à deux pas du stade Michel-d'Ornano et de ses 20 000 places, Frédéric Danjou donne de la voix, replaçant souvent ses partenaires : « Je leur fais comprendre certains détails sur la L1, les moments où il faut être plus attentif. Ils sont réceptifs, ils ont envie de progresser. »
Pour l'instant, les nouvelles recrues se sont bien adaptées. Mais Patrick Remy, habitué aux saisons difficiles après avoir entraîné notamment Sedan, veut rester prudent : « Au début, ça va toujours bien. Les problèmes arrivent le plus souvent après deux ou trois défaites. »
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Le Stade Malherbe de Caen occupe la deuxième place du championnat de France de première division après son match nul contre Sochaux (1-1), samedi 23 novembre, en Normandie. En marge de ses bonnes performances sportives, le club normand connaît de sérieuses difficultés financières qui ont obligé la municipalité, le conseil général et le conseil régional à accorder des subventions exceptionelles. Le président actuel, dont la gestion est mise en cause, sera remplacé au mois de décembre.
C'est un stade à la mode d'antan, tribunes basses et places debout. Les soirs de match, il fleure le football de carte postale, gazon humide et merguez grillées. Le stade de Venoix, dans les faubourgs de Caen, est de ces bastions minuscules et désuets dont raffole le football français, toujours prompt à célébrer la bravoure des lilliputiens face à l'arrogance des géants.
Le club de Caen présente le curriculum vitae parfait du " petit " trouble-fête. Après son match nul contre Sochaux (1-1), samedi 23 novembre, il occupe la deuxième place du championnat, à égalité de points avec l'AS Monaco et le Paris SG, les autres " dauphins " de l'Olympique de Marseille. Même si Sochaux faillit bien l'emporter (le Caennais Stéphane Paille n'égalisa qu'à la 83 minute de jeu), le Stade Malherbe de Caen, qui restait sur cinq victoires consécutives, traverse une période d'euphorie comme il n'en a pas connu depuis son arrivée en première division, en 1988.
Tout irait pour le mieux dans le plus petit stade de l'élite (11 000 places) si _ comble du paradoxe _ le club ne traversait pas, au même moment, la plus grave crise financière de son histoire. Alors que son budget s'élève cette saison à 47 millions de francs, le déficit devrait atteindre 23 millions en fin d'année et 32 en fin de saison, des chiffres que réfute le président du club, M. Jean-Jacques Fiolet, un chef d'entreprise âgé de trente-huit ans. Il évoque un " trou " de 17 millions de francs à l'issue du dernier exercice. Quelles qu'elles soient, ces difficultés n'ont été rendues publiques qu'après bien des atermoiements, au début de l'été, alors que la municipalité exigeait du club qu'il l'informe sur l'état de ses finances. " Responsable mais pas coupable "
En fait, ce déficit serait surtout dû à des dépenses excessives en 1990, lorsque les joueurs bordelais Jesper Olsen et Piet Den Boer ont été enrôlés. M. Fiolet en assume la responsabilité : " Nous les avions engagés pour 7 millions de francs avec la promesse qu'un an plus tard les Girondins prendraient notre avant-centre, Fabrice Divert, pour 17 millions. Nous avions tablé sur cette entrée d'argent. En raison de la crise au sein club bordelais, cette promesse n'a pu être tenue et cela a été catastrophique pour nous. En fait, je suis responsable, mais pas coupable. Mon ambition et mon enthousiasme m'ont simplement amené à prendre des risques... Comment faire autrement dans le football ? Nous ne sommes pas un club riche : nous avons la dix-huitième masse salariale de France et nous sommes seizièmes sur vingt pour ce qui est des subventions. "
Il reste que la situation était assez préoccupante pour que la municipalité intervienne. " Malherbe ", comme on l'appelle en Normandie, pouvait mourir et connaître ainsi le destin, classique dans le football, du petit club trop pressé de grandir. Or, abandonner ce club très populaire (9 000 spectateurs de moyenne), profondément enraciné dans la vie locale depuis sa création en 1913, n'était pas envisageable. Surtout à quelques mois des élections régionales. Il pouvait d'autant moins disparaître qu'un stade de 25 000 places verra le jour en 1993, près de Venoix. Compte tenu du coût de l'opération (145 millions de francs), mieux vaudrait qu'il accueille une équipe de haut niveau plutôt qu'une formation amateur. " Nous ne pouvions pas laisser tomber Malherbe ", certifie le maire, M. Jean-Marie Girault (UDF-PR), avant d'analyser la crise : " M. Fiolet vivait sur un nuage. Nous ne connaissions pas l'ampleur des problèmes. Nous lui faisions d'autant plus confiance qu'il tenait souvent, devant les journalistes ou les dirigeants du football français, un discours moralisateur, citant son club comme un modèle de sagesse et de rigueur. "
M. Girault s'est personnellement occupé de ce dossier, qui a au moins autant agité la classe politique locale que celui de la fermeture, d'ici à 1994, de l'usine de la Société métallurgique de Normandie, une filiale d'Usinor-Sacilor (le Monde du 21 novembre).
La région, pourtant touchée par la crise économique, s'est donc démenée pour le club porte-drapeau. En plus de sa subvention annuelle de 6,5 millions de francs, la mairie a accordé une " enveloppe " de 7,5 millions. Le Conseil général a versé 4 millions de francs et le Conseil régional 2 millions . Par ailleurs, les entreprises ont été mises à contribution (13 millions).
Tendance à l'accalmie
Mais c'est surtout du terrain que sont venus les sauveurs. En obtenant de bons résultats, l'équipe caennaise, composée à la fois de joueurs formés au club et d'éléments d'expérience, a condamné les " bailleurs de fonds " à agir.
L'entraîneur suisse Daniel Jeandupeux, techicien intelligent, réputé pour son amour du beau jeu et ses qualités de meneur d'hommes, s'est efforcé de préserver la sérénité des jeunes quand bien même étaient-ils payés avec retard (les salaires du mois d'octobre n'ont pas encore été versés) : " Les difficultés extra-sportives, nous ont amené à réagir, comme par instinct de survie. D'ailleurs, si l'équipe n'avait pas obtenu ces résultats, le sauvetage n'aurait pu être mené de la sorte. L'attitude des joueurs a été déterminante. "
Le club n'est pas pour autant à l'abri d'ultimes soubresauts. Certes, la tendance est à l'accalmie. Mais le président Fiolet fait encore l'objet de bien des critiques. Outre sa gestion parfois très floue, il lui est reproché de s'être laissé griser par ce milieu du football qui lui a valu une soudaine " célébrité ". Plus grave : il pourrait avoir à s'expliquer prochainement devant la justice au sujet d'opérations financières entre le club et sa société, spécialisée dans la construction de maisons individuelles.
Il pourrait également avoir à justifier des prêts accordés à plusieurs joueurs. Des prêts dont il ne nie pas l'existence, mais qu'il assure parfaitement légaux : " Le club a prêté de l'argent comme n'importe quel employeur. Il s'agissait de petites sommes, pas plus de 150 000 francs, qui devaient les aider à faire construire leur maison. Nous n'avons pas eu recours à des prêts fictifs pour verser des salaires déguisés. "
M. Fiolet se qualifie volontiers de " bouc-émissaire ". Mais il admet devoir s'éclipser sans éclat, au moment où le club qu'il a contribué à bâtir connaît son heure de gloire. Il cédera sa place au mois de décembre. Une société à objet sportif (SOS) sera créée. Le futur président devrait être M. Guy Chambily, directeur d'une entreprise de transports et ancien président du club de basket-ball. Un terme devraitdonc être mis à ce que M. Girault qualifie de " crise de croissance ". Il restera alors aux autorités du football français, qui se targuent d'avoir mis en place une institution chargée de vérifier la gestion des clubs (la direction nationale de contrôle de gestion), à se demander comment un déficit si important a pu échapper à leur sagacité.