Molko a écrit:
Complètement d'accord avec ce que dit Duval.
A une réserve près, sur un point de détail, mais qu'on voit partout et sur lequel Je ne suis pas du tout d'accord: le referendum de 2005. Partout on lit que le peuple a voté "non" en 2005 mais que ce vote n'a pas été respecté par Sarkozy. On me cite souvent ce cas en exemple pour dire que voter ne sert à rien puisqu'on ne suit pas le résultat; sauf que c'est pas tout à fait ça.
Le "non" l'a emporté ce jour là et la France a donc dit non via Chirac, le vote a été respecté, donnant un coup d'arrêt européen au TCE de Giscard, renforcé par le vote des Pays-Bas très influencé par le vote français.
En 2007, un autre président, Sarkozy, a relancé le processus destiné à sortir du Traité de Nice; lors du referendum, c'est le texte qui était problématique, pas forcément le constat original. Sarko, sans le courage politique qu'on lui a beaucoup prêté, a fait adopter le Traité de Lisbonne via un réforme de l'article 88 de la Constitution par la voie parlementaire donc sans referendum. Il n'y a rien là d'illégal.
Après, ça reste autant démocratique (respect de toutes les institutions) qu'antidémocratique car il s'est agi de ne pas consulter le peuple sur une double réforme quasi constitutionnelle, nationale et européenne.
Après, sur le fond, ça change rien à l'enculage, mais c'est plus précis: le non français a tué le TCE.
Sur le Brexit, effectivement, Cameron, sans doute grisé par sa victoire dangereuse sur le referendum écossais, a tenté le brexit en pensant le gagner, dans la foulée d'élections législatives qui l'avaient également vu triompher et Je crois même se débarrasser de l'inutile Nick Clegg. Ce referendum avait un objectif de politique intérieure qui était de définitivement l'asseoir comme le boss. Mais après tout, Mitterrand avec Maastricht poursuivait un but qui était d'essayer de fracturer l'opposition à quelques mois des législatives et Chirac en 2005 cherche à reprendre la main après sa gifle aux régionales de 2004 et alors qu'il est en guerre ouverte contre Sarko. Bref, les referendum a portée internationale sont souvent mû par des motivations de petite politique intérieure.
Y'a quand même un truc sur Theresa May. Elle a voté contre le brexit et elle s'est retrouvée à devoir le mettre en œuvre. Prise en étau entre les prometteurs du brexit qui ont tout fait pour la laisser prendre les coups pour eux sans jamais avoir els couilles d'assumer le merdier et les revanchards antibrexit qui la voient comme une traitre à la cause. Sa mission, respecter le vote populaire qu'elle n'approuve pourtant pas tout en trouvant le texte qui va respecter cette volonté, plaire à sa majorité de coalition, satisfaire les brexiteurs et suffire à l'UE: aujourd'hui, on peut dire qu'un tel texte ne peut pas exister puisque satisfaire les uns sera déplaire aux autres. Et pourtant, May continue, s'acharne.
Je ne sais pas si elle croit à ce qu'elle fait, mais elle poursuit sa tâche parce qu'elle est convaincue que c'est respecter le vote populaire qu'elle n'approuve pourtant pas. Je sais qu'on aime bien cracher sur "les élites", "les politiques" et qu'en plus c'est une bonne femme, mais en voilà une qui vit un enfer politique pour essayer de son mieux de faire respecter un vote du peuple qu'elle n'approuve même pas. Etant de droite, elle aura toujours tort, mais quand même.
Tout à fait d'accord avec toi sur May.