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Répondre en citant le message  MessagePosté: 11 Juil 2018 22:28 
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sigur a écrit:
Si Santini avait planté quelques buts de plus cette année, il serait finaliste de la Coupe du Monde... :shock:


surtout que les croates depuis le second match à 22, culé de Kalinic

edit : et de willemot


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 11 Juil 2018 23:23 
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Angus a écrit:
France Croatie sa sonne quand même moins glamour que France Angleterre en finale...

Il n'y a certes pas la rivalité historique entre les deux pays, mais niveau effectif et football produit il n'y a pas photo, c'est beaucoup plus glamour avec la Croatie.


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 11 Juil 2018 23:46 
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Le tableau final :

Image


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 11 Juil 2018 23:48 
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France-Croatie, c'est 3 finales en handball dont 2 en Mondial. 3 victoires françaises.


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 12 Juil 2018 06:30 
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udinese a écrit:
Bon, maintenant, les deux jours qu'il me reste à bosser avant les vacances et LA FINALE vont être longs, très longs...

+1
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Répondre en citant le message  MessagePosté: 12 Juil 2018 20:18 
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L'Argentin Pitana pour arbitrer la finale.

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Répondre en citant le message  MessagePosté: 12 Juil 2018 21:10 
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je serai le 15 en Croatie, dois je camoufler les plaques de ma voiture?


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 12 Juil 2018 21:37 
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J'ai vu un Croate à Séville cet après-midi.

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Répondre en citant le message  MessagePosté: 12 Juil 2018 22:36 
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kitchman a écrit:
J'ai vu un Croate à Séville cet après-midi.


T'as parlé avec lui ? Il est confiant de son côté ?

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Merci Mo!


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 13 Juil 2018 09:25 
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Localisation: Paris
Tous sont nés en 1998, l'année du sacre des Bleus. Tous rêvent d'embrasser la carrière des champions du monde.

Tous sont pensionnaires de l'Institut national du football de Clairefontaine.

Promo 98 (1/6) : les yeux dans les petits Bleus 13.10.2011

Le Monde a écrit:

Au hasard d'une route forestière, l'entrée du domaine de Montjoye est encombrée par un flot de véhicules. Filtrés par les agents de sécurité, les journalistes empruntent le long sentier qui mène à l'Institut national du football (INF) de Clairefontaine. Les médias ont l'habitude de sillonner ce havre de paix bordé de rhododendrons. Niché dans ce hameau des Yvelines, le vaste complexe abrite périodiquement les rassemblements de l'équipe de France. Mais cette fois les caméras ne sont pas là pour traquer les séances d'entraînement des Bleus.

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Ce mercredi 4 mai, la Fédération française de football (FFF) a invité la presse à suivre une journée de détection organisée pour sa cellule de préformation. Car, depuis une semaine, la FFF tente de désamorcer une bombe : l'affaire dite des quotas qui jette l'opprobre sur sa politique en matière de sélection des jeunes.

Au bord d'une pelouse synthétique, les journalistes se sont massés pour scruter les tests d'entrée programmés chaque printemps par l'INF. Depuis deux décennies, ce temple de la formation à la française a hissé vers le monde professionnel un bataillon de joueurs talentueux. A l'instar de Thierry Henry, Nicolas Anelka, William Gallas ou Hatem Ben Arfa, nombre de Bleus ont passé une partie de leur adolescence dans cette école de football qui combine élitisme et méritocratie.

ANTICHAMBRE DES CENTRES DE FORMATION

Une quarantaine d'enfants, tous franciliens, ont investi un terrain constellé de plots. Tous ont été inscrits par leur club pour passer devant un implacable jury. L'enjeu est de taille pour ces joueurs âgés de 12 ou 13 ans et leurs parents : intégrer durant deux ans le cursus sportif et scolaire de l'INF. Antichambre des centres de formation des clubs professionnels, l'établissement pratique une sélection drastique. Jusqu'en juin, l'échantillon des postulants va s'amincir. Sur 2 000 prétendants, seuls 22 adolescents seront retenus par Gérard Prêcheur, le directeur de l'institut. Une fois incorporés au pôle, les heureux élus s'y entraîneront chaque après-midi, tout en menant une scolarité normale, en 4e et en 3e, au collège Catherine-de-Vivonne de Rambouillet, à quelques kilomètres de là. Le week-end, ils réintégreront leur famille et leur club.

Au gré des ateliers, les prétendants doivent convaincre leurs juges. Par ordre alphabétique, les joueurs se ruent vers des capteurs qui mesurent leur vitesse. L'appréhension ronge les parents. "Clairefontaine est le top en matière de formation sportive et d'accompagnement scolaire", estime un père. "Ici, je sais qu'au moins il aura le brevet des collèges", confesse un autre. Dans le contexte de l'affaire des quotas, la future promotion qui se dessine à Clairefontaine relève du symbole. Ceux qui seront choisis sont nés en 1998, l'année de la victoire des Bleus au Mondial. "Je suis fier de cette équipe black, blanc, beur qui a remporté la Coupe du monde, assure Gérard Prêcheur. En vous invitant à cette journée de détection, je veux montrer que les critères de sélection sont les mêmes pour tous. Quel que soit son profil, un candidat à l'INF doit être un bon footballeur. A Clairefontaine, nous n'avons rien à cacher."

PROMO 98

Plusieurs mois et quelques discussions plus tard, le maître des lieux et la FFF ont accepté d'ouvrir les portes de Clairefontaine au Monde pour suivre la vie de la promo 98. C'est ainsi que nous nous retrouvons, fin septembre, dans le hall du bâtiment qui regroupe les bureaux des responsables de l'INF au rez-de-chaussée et les chambres des apprentis footballeurs sur deux étages - promo 98 au premier, promo 97 au second. Aux murs s'exposent les maillots d'Abou Diaby (Arsenal), Blaise Matuidi (Paris-Saint-Germain) et d'autres glorieux anciens pensionnaires. Les nouveaux descendent de leur chambre au compte-gouttes en short, maillot et crampons, prêts pour l'entraînement.

C'est quelques dizaines de mètres plus loin que les futurs maestros répètent leurs gammes, sur de splendides terrains entourés d'arbres et de silence, dans un cadre qui ressemble à ce que doit être le paradis des footballeurs. Ces enfants de 13 ans bénéficient de meilleures conditions d'entraînement qu'un paquet de professionnels. "Je préfère être ici qu'au Barça (le meilleur club du monde) ", assure le petit Sacha Martinez, licencié à Créteil. "Parfois, on voit des biches, enchaîne le grand Allan Momège, gardien de but en herbe qui joue à Joinville les week-ends. On bénéficie d'un service médical, on mange bien au restaurant, les entraîneurs sont super. J'ai la chance d'avoir Franck Raviot comme entraîneur spécifique, le même qu'Hugo Lloris (le gardien de l'équipe de France). Ici, on touche le jackpot." Kilian Bevis, inscrit au centre de formation de football de Paris, a conscience d'être un privilégié, mais il l'admet : "Parfois, on oublie la chance qu'on a." "On s'habitue vite au luxe", explique Gérard Prêcheur.

SOUS LES YEUX DE LILIAN THURAM

Pour l'instant, sur le terrain, les gamins ont surtout l'air d'en baver. Sous les ordres de Jean-Claude Lafargue, ancien pro au Matra Racing dans les années 1980, ils exécutent inlassablement une série d'exercices censés parfaire leur maîtrise technique déjà impressionnante. Tout en se montrant bienveillant et paternaliste, l'entraîneur n'hésite pas à hausser le ton - "Amadi ! Regarde les autres, il faut que tu gagnes en aisance, on dirait un robot !" - ni à infliger pompes et tours de terrain aux élèves turbulents. La vingtaine de gamins en sueur offre un large éventail de profils, de gabarits et de couleurs de peau. Dénominateur commun : ils sont tous très bons. Un mois après la rentrée, Gérard Prêcheur se dit "rassuré sur la sélection effectuée lors des concours. On a le sentiment de ne pas s'être trompés".

"Techniquement, ça a l'air d'être une très bonne promo", approuve Lilian Thuram, qui assiste à l'entraînement en compagnie de quelques parents. L'ancien champion du monde est venu pour son fils Marcus, inscrit en deuxième année, mais il en profite pour jeter un oeil à la classe d'en dessous, qu'il juge plus prometteuse que la précédente. L'entraînement fini, chacun remballe ses affaires et tous s'agglutinent autour de Lilian Thuram. Ils n'étaient pas (ou à peine) nés lorsque l'ancien défenseur éliminait les Croates à lui tout seul en demi-finales du Mondial 1998 grâce à un doublé mémorable. Tous rêvent d'un destin semblable. Ce ne sera pas le cas, avertit Gérard Prêcheur : "La majorité de nos jeunes ne seront pas footballeurs professionnels." Chaque promo compte un ou deux cracks. Trois ou quatre les années exceptionnelles. Les petits en sont-ils conscients ? "Oui, on sait, répond Kilian. Mais comme on est à Clairefontaine, on se dit tous qu'on va devenir professionnels." Voilà qui promet quelques désillusions d'ici à quatre ou cinq ans.

"TU TE RENDS COMPTE DE LA CHANCE QU'ON A ?"

Mais l'heure est encore à l'insouciance. A cet âge-là, hormis les gardiens de but, personne n'a de poste définitif - William Gallas était attaquant à l'INF avant de finir défenseur de l'équipe de France. Surtout, il est encore impossible de dire lesquels parviendront au bout du parcours, explique un recruteur du Stade Rennais venu assister, début octobre, à un match d'évaluation qui oppose les garçons de la promo 98 aux filles du Centre national de formation et d'entraînement, également pensionnaires de Clairefontaine. Les clubs professionnels viennent fréquemment observer les jeunes pousses et faire leur marché. Rennes a misé sur le petit Armand Lauriente, qui quittera l'AAS Sarcelles pour rejoindre le centre de formation breton à l'issue de ses deux années à l'INF, et qui se démène actuellement sur l'aile droite. Les filles sont plus âgées, plus grandes, plus puissantes. Les garçons se font bouger. Armand mange plusieurs fois la pelouse. Mais lui et ses coéquipiers sont plus vifs et plus habiles. Victorieux (6-2), ils filent assister au match des deuxième année face à Torcy depuis le bord du terrain d'à côté, s'envoient des vannes et des bouts de pelouse dans la tête, et interrompent leurs facéties lorsqu'ils aperçoivent au loin Eric Abidal, le défenseur de l'équipe de France.

Sur un terrain voisin, les Bleus, les vrais, préparent leur match contre l'Albanie, deux jours plus tard. Pourquoi les petits n'assistent-ils pas à l'entraînement de leurs idoles ? "On n'a pas le droit, et il y a des vigiles", répond Marvin Plantier qui a déjà tapé dans l'oeil du FC Sochaux. Mais quelques minutes plus tard, après une autorisation exceptionnelle, lui et ses camarades se serrent derrière la balustrade et étirent leur sourire d'une oreille à l'autre pendant les dix dernières minutes de l'entraînement de leurs aînés. "Tu te rends compte de la chance qu'on a ?, s'émerveille un des gamins. On n'aurait jamais pu imaginer voir un jour l'équipe de France en vrai !" Futur gardien, Allan regrette de ne pas avoir pu s'en approcher un peu plus : "J'aurais bien aimé faire une photo avec Lloris et Mandanda."

Sur le chemin qui les ramène vers leur baraque, les enfants parlent de foot, de foot et encore de foot. Et aussi de chaussures de foot, parfois. Cette passion déborde évidemment sur les murs de leurs chambres, où s'affichent Zidane, Henry, Messi ou Ronaldo. Dans dix ans, ces posters auront peut-être été recouverts par ceux de Bevis, Lauriente, Martinez et les autres de la promo 98.

Les 22

Fakri Amadi Ali (Paris Centre de formation), Kilian Bevis (Paris Centre de formation), Hugo Boquet (Antony sports), Alexis Claude Maurice (Torcy US), Khamis Digol Ndozangue (Brétigny CS), Boubacar Fofana (Torcy US), Sergio Goncalves (Evreux EFC27), Samy Hammour (Sarcelles AAS), Jaouad Jouini (RC Paris 92), Yann Kitala (Paris FC), Armand Lauriente (Sarcelles AAS), Sacha Martinez (Créteil US), Clément May (Montrouge FC 92), Kylian Mbappe (AS Bondy), Allan Momège (Joinville RC), Arnaud Nordin (Créteil US), Guillaume Peria (Juvisy Académie), Marvin Plantier (Juvisy Académie), Rosier Loreintz (Sarcelles AAS), Yanice Tahri (Sannois Saint- Gratien), Jason Tre (Sarcelles AAS), Yoann Vardin (Le Plessis Robinson FC).


Promo 98 (2/6) : une classe à part 02.12.2011

Le Monde a écrit:

"A chaque fois, je vous dis d'apporter vos Bescherelle, et évidemment, comme à chaque fois, personne ne l'a." Jean-Jacques Crenn n'est pas en colère mais soupire légèrement : il sait qu'il va encore faire office de Bescherelle humain pendant une heure. Une fois par semaine, après le dîner, ce professeur d'un lycée de Rambouillet se déplace à Clairefontaine pour soigner la grammaire et l'orthographe de certains pensionnaires de l'Institut national du football (INF) un peu moins à l'aise avec un livre de français en main qu'avec un ballon au pied. Car on n'apprend pas seulement à jouer au football à l'INF, et Gérard Prêcheur, son directeur, tient autant aux résultats scolaires de ses protégés qu'à leurs performances sur le terrain. Mens sana in corpore footballistico sano.

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Dans une atmosphère décontractée mais studieuse, et sous le regard de leurs illustres prédécesseurs (Thierry Henry, Nicolas Anelka, William Gallas), dont les photos ornent les murs, sept apprentis footballeurs sur les vingt-deux que compte la promo 98 se débattent avec l'accord du COD placé avant le verbe, les subtilités de la voix passive ou la différence entre propositions exclamative et injonctive. Et tentent de répondre aux énigmes que leur soumet Jean-Jacques Crenn. "Qu'est-ce que le futur antérieur ? - C'est l'auxiliaire plus, euh... le truc." ""Seras", c'est quel verbe ? - Aller." "Pourquoi est-ce que dans la phrase "La neige a piégée les automobilistes" tu as mis un e à "piégée" ? - Parce que "neige", c'est féminin." La grammaire française recèle manifestement encore quelques mystères pour les apprentis footballeurs. Les gamins bombardent leur professeur de questions, s'interrogent sur les notions d'abstrait et de concret, ou encore sur le concept de caricature. Réponse avec le dessin de Plantu à la "une" du Monde du jour, où ils identifient François Hollande, mais pas Eva Joly. "C'est la femme à Brad Pitt ?" La vie politique française aussi recèle manifestement encore quelques mystères.

CONCERNÉS PAR LE CONTENU DE LEUR CARNET DE NOTES

Il est 21 heures, le cours de soutien s'achève. Après un réveil aux aurores, six heures de cours, deux heures d'entraînement dans le froid, la douche, le dîner, et une heure de devoirs et soutien scolaire, les enfants ont enfin quartier libre. Alors au deuxième (et dernier) étage du bâtiment, on rigole devant le dernier DVD de Jamel Debbouze. Au premier s'organisent des parties de huit américain. Mais au rez-de-chaussée une dizaine d'élèves sont plongés dans un silence religieux et dans leurs cahiers, impeccablement tenus, en prévision d'un contrôle de SVT le lendemain. Bien comprendre la tectonique des plaques semble sur le coup aussi important pour eux que maîtriser la conduite de balle. "Il y a parfois un peu de relâchement sur le plan scolaire en deuxième année chez les élèves qui ont déjà signé avec un club pro", explique Gérard Prêcheur. Pour l'heure, les jeunes pousses semblent totalement concernées par le contenu de leur cahier de textes et de leur carnet de notes.

Le niveau scolaire n'est pas un critère d'entrée à l'INF, mais il peut en fermer la porte. Pour cette raison, Gérard Prêcheur a "raté de très bons joueurs" et vécu "de très grosses frustrations" : un enfant aura beau être le meilleur footballeur français de sa génération, il n'intégrera jamais l'INF s'il a redoublé son CP, car le collège partenaire de l'institut refuse d'accueillir des redoublants. Ceux-ci rendraient encore plus complexe une organisation qui l'est déjà.

Les 22 élèves de première année, âgés de 13 ans, sont répartis dans deux classes du collège Catherine-de-Vivonne, à Rambouillet, où ils disposent d'horaires aménagés - sortie de cours à 15 heures - qui leur permettent de s'entraîner tous les après-midi à Clairefontaine. Dix sont en 4e 1, dix en 4e 2. Les deux qui restent ont pris un peu d'avance et ont pour camarades de classe les pensionnaires de la promotion 97 en 3e : Guillaume Péria et Samy Hammour. La mère de Sammy est d'ailleurs ravie de ne pas avoir "besoin de lui rabâcher l'importance de l'école. Il est conscient qu'il ne sera pas forcément pro et qu'il faut assurer ses arrières". C'est visiblement aussi le cas d'Armand Lauriente, qui, après une heure de soutien et une heure d'étude, va encore réviser la SVT sous sa couette.

RÉVEIL À 6H30

22 heures, chacun file dans sa chambre après avoir remis son BlackBerry à Andréa Matha. "On facilite la vie aux professeurs, sourit ce surveillant âgé de 26 ans, l'un des trois qui passent la nuit dans le bâtiment. On leur rendra demain à 15 h 30, à leur retour de l'école. Ils n'en ont pas besoin avant, de toute façon."

Fin d'une journée ordinaire à l'INF. Les soirs de match des Bleus, les petits ont la permission de 23 heures. Pas les veilles de contrôles. Les trois surveillants vont se coucher à leur tour. "Mais je ne dors que d'un oeil, explique Aziz Mokadem. Si je vois passer dans le couloir une ombre qui ne revient pas vers sa chambre, je me lève." "En même temps, s'amuse Andréa Matha, vu l'environnement, je ne vois pas trop où ils pourraient aller. Il n'y a rien d'autre que la forêt autour." Et en cette fin novembre, elle baigne dans une atmosphère laiteuse et glaciale qui n'incite pas à l'escapade nocturne.

Le lendemain matin, le réveil à 6 h 30 semble douloureux pour certains, qui débarquent au réfectoire la gueule enfarinée, prêts à se rendormir dans leur bol de Miel Pops ou leur verre de jus d'oranges pressées. Les première et deuxième année sont là, en compagnie des apprenties footballeuses de Clairefontaine et des entraîneurs d'équipes professionnelles venus ici pour passer leur diplôme. "Parfois, les petits prennent leurs céréales à côté de Simone (Monaco), Carteron (Dijon) ou Galtier (Saint-Etienne)", raconte le surveillant, Alexandre Mathieu. Ce matin, c'est l'ancien joueur de l'Olympique de Marseille, Manuel Dos Santos, qui mange ses tartines à la table voisine. Après avoir englouti son bol de Nesquik, chacun file se doucher et troque son uniforme Nike bleu - obligatoire à l'intérieur de Clairefontaine mais interdit en dehors - contre sa tenue officielle de collégien : jean, baskets, doudoune, sac à dos.

"NORMALEMENT, ON MET L'AMBIANCE"

Tout le monde salue les surveillants et grimpe dans le bus, selon un protocole bien réglé : les 2e année en tête, qui vont se caler dans les sièges du fond. En temps normal, les enfants ne sont pas accompagnés pendant le trajet. Ce matin, David San José, le responsable de la vie scolaire, est du voyage. "C'est pour ça que c'est calme, rigole Loreintz Rosier. Normalement on met l'ambiance, ça chante, ça tape des mains." En l'occurrence, ça révise surtout en catastrophe ses verbes irréguliers d'anglais. A l'approche du collège, ça joue aux cartes et ça jase sur les petites copines. Loreintz se fait gentiment charrier par ses potes au sujet d'une certaine Lena : "Vous voyez Loreintz ? Vous lui rajoutez des cheveux longs, et voilà, vous avez Lena. Ils sont tout le temps ensemble. Elle lui a même porté son plateau l'autre jour à la cantine."

Après le football, il semble que l'on touche ici au deuxième centre d'intérêt de ces jeunes adolescents. "On sait que certains ont des copines au collège, s'amuse Gérard Prêcheur. Ils ne se cachent pas, ils s'embrassent dans la cour. Et le vendredi soir, le car met toujours un quart d'heure de plus à partir parce qu'il faut se dire au revoir pour le week-end. Mais c'est bon signe, il faut qu'ils voient du monde. Et comme ils sont un peu beaux gosses, footballeurs, à dire qu'ils ont signé dans tel ou tel club, forcément..." Cela n'a pas toujours été sans susciter quelques jalousies dans la cour de récréation. Il y a encore quelques années sévissait la BAF ("brigade anti-footeux"), dont l'activité principale consistait à bastonner "les INF", qui avaient tendance à mettre le grappin sur toutes les jolies filles de Catherine-de-Vivonne...

Au bout d'un quart d'heure, le bus arrive devant le collège. "Quand on descend du car, tout le monde nous regarde", explique Kilian Bevis. Yanice Tahri, lui, note qu'en présence de la photographe "certains ont essayé de venir gratter l'amitié pour être sur la photo, alors qu'ils ne viennent jamais nous parler d'habitude". "On a quelques copains au collège, ceux qui sont dans notre classe", assure quand même Yoann Vardin. "Les INF vivent en vase clos, alors ils font un peu corps, mais ça se passe bien, constate Jean-Claude Beuf, le proviseur de l'établissement. Je ne vais pas vous dire qu'il n'y a jamais de problèmes. Il y a parfois des incompréhensions, qui peuvent être accompagnées de racisme. Mais globalement, ils sont bien intégrés. Ils ne demandent qu'à se mélanger avec les autres." De fait, la troupe de l'INF se fond dans la masse. "En général, en fin de 3e, on les repère quand même, ils sont souvent plus grands que les autres." En attendant, deux signes les distinguent : "Ils prennent plus de "rab" que les autres à la cantine" et "ils ont tout le temps des sucettes et des bonbons. Ils ont besoin de sucre pour combler leurs dépenses énergétiques".

LA PLACE DE L'ÉCOLE S'EST ACCRUE

Quelques sucreries au petit déjeuner n'auraient d'ailleurs pas été de trop pour certains INF de 4e 2, qui profitent des dernières minutes du cours d'anglais de Mme Bagalini pour achever leur nuit. "Les mois de novembre et mars sont difficiles pour eux, ils sont souvent fatigués à ces périodes", excuse M. Beuf, qui a plutôt tendance à louer le comportement de la promo 98 : "Les gamins sont très actifs, ils sont très demandeurs à l'oral, ils ont un bon esprit. Les cours sont vivants, ça plaît aux professeurs."

Au cours des deux ans à Clairefontaine, leur scolarité s'effectue dans des conditions idéales, car dans des classes réduites à une vingtaine d'enfants. "Certains parents nous écrivent pour que leurs enfants soient en cours avec les INF parce que ce sont des classes peu chargées, révèle le proviseur. Mais certains nous écrivent en réclamant l'inverse, car ils ont des préjugés." Il n'y a vraiment pas de quoi, pourtant, assure-t-il : "Ce sont des élèves normaux, seul un tiers des INF rencontrent des difficultés. Ils travaillent, ils sont sérieux, ils ont les mêmes moyennes que les autres. En juin, 22 sur 23 ont été admis au brevet des collèges dont un avec mention "très bien" et quatre avec mention "assez bien". Sur les 23, 16 sont passés, et bien passés, en seconde générale."

Ça n'a pas toujours été aussi bien, mais "depuis quelques années le partenariat avec l'INF s'est étoffé, la finalité a évolué", se réjouit Jean-Claude Beuf. La place de l'école s'est accrue. Cette semaine, comme à la fin de chaque trimestre, David San José et l'entraîneur Jean-Claude Lafargue ont assisté aux conseils de classe de la 4e 1 et de la 4e 2. Ils ont transmis les conclusions à leur directeur. "Même si les retours sont bons, j'interviens pour recadrer les quelques-uns qui en ont besoin", précise Gérard Prêcheur, qui ne veut pas donner de noms.

On l'aura compris, à l'INF, pas question de former des footballeurs décérébrés qui réfléchissent avec leurs pieds. Et on a pu le constater : la majorité de ces petits de 13 ans peut d'ores et déjà se targuer d'une meilleure élocution et d'un vocabulaire plus riche que certains milieux de terrain de l'équipe de France.


Promo 98 (3/6) : l'épreuve du terrain 26.01.2012

Le Monde a écrit:

Mercredi 11 janvier. La forêt de Clairefontaine est saturée de soleil. Après la trêve de Noël, les élèves de la "promo 98" de l'Institut national de football (INF) de Clairefontaine commencent le second trimestre par une visite... au centre médical. A la chaîne, les gamins défilent dans le cabinet du docteur Pascal Maillé pour tester leur condition physique. "On craint la fatigue de la reprise de janvier, justifie Gérard Prêcheur, le directeur de l'INF. Ils ont subi un premier contrôle de ce type en début de saison. On va comparer les résultats."

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Derrière de larges vitres teintées, chaque pensionnaire s'élance sur un tapis roulant pour une course fractionnée de cinq fois quatre minutes. "L'objectif de ce test cardiaque est de savoir comment ils gèrent l'entraînement et leur charge de travail, détaille Christian Praud, l'infirmier de l'INF, qui équipe les gamins d'électrodes à ventouses. On souhaite aussi dépister les régressions et les signes de fatigue." Amorçant son effort à une vitesse de 8 km/h, Boubacar Fofana a le visage perlé de sueur à mesure que la fréquence de la machine s'accélère. "A partir de 16 km/h, c'est dur de suivre", confesse Sergio Goncalves à la sortie du cabinet. Affûté, Yann Kitala prolonge, lui, le supplice jusqu'à vingt-quatre minutes au chronomètre.

"IL FAUT UNE COUPURE"

Niché à quelques mètres de la pelouse d'entraînement, le centre médical est un lieu stratégique à Clairefontaine. Redoutés par la promo 98, les passages à l'infirmerie sont censés sensibiliser les jeunes aux contraintes du haut niveau. " Ils ne peuvent pas être professionnels s'ils n'arrivent pas à gérer les blessures de façon rigoureuse", estime le docteur Maillé. Et les pépins physiques sont courants à l'INF. "On observe des pathologies de croissance, précise le praticien. Sinon, les contractions musculaires, déchirures, traumatismes, et entorses de la cheville représentent les blessures régulières." Dans le hall de l'institut, les adolescents comparent les résultats affichés sur le tapis roulant. "T'as fait combien ?", demande Yann Kitala à Samy Hammour, encore essoufflé. "Ceux qui ont obtenu les meilleurs résultats sont ceux qui sont en avance sur un plan morphologique", analyse le docteur Maillé. Les différences très nettes entre une ossature de 12 ans et un corps mâture expliquent ces performances inégales.

Avant les vacances de Noël, Jean-Claude Lafargue avait pris soin de réunir ses protégés. D'expérience, l'entraîneur de la promo 98 sait très bien que cette période de relâchement est propice aux blessures pour les pensionnaires de l'INF. Alors, comme tous les ans, l'autoritaire technicien avait pris les devants en les convoquant dans une petite salle. "J'ai envoyé ce planning à vos parents et à vos clubs, tonne l'ancien professionnel. C'est un programme de récupération mentale et physique." Tout en égrenant ses consignes, Jean-Claude Lafargue fait le point sur les blessés du moment. " Ceux qui sont aptes pourront jouer ce week-end avec leur club, indique le référent des "première année". Ensuite, tout le monde respectera sept jours de repos total. La semaine suivante, vous ferez trois footings de 45 minutes. Vous devez faire autre chose que du football et vous aérer le cerveau. Avant le second trimestre, il faut une coupure."

Après avoir lu à haute voix ces recommandations, les gamins ont collé le planning sur leur cahier de suivi. Un carnet de bord à l'usage de l'apprenti footballeur qui recense l'ensemble des exercices à réaliser cette année. A sa lecture, on peut constater que la promo 98 en a bavé durant ce premier trimestre. Entretiens personnalisés, feuilles de match, approche pédagogique de la tactique : les "INF 1" n'ont guère eu le temps de souffler. "Avant d'aller au gymnase pour le dernier entraînement de l'année, sachez que vous faites encore partie de l'INF durant les vacances", anticipe Jean-Claude Lafargue. "Si le Barça vous contacte, vous ne pouvez pas y aller", ironise-t-il.

PARTIE DE FUTSAL

Avant de lâcher ses élèves pour les fêtes, le sourcilleux quinquagénaire a programmé une séance dite "allégée". Volontairement, il a banni les rébarbatifs exercices physiques pour se concentrer sur le jeu. Par grappes éparses, les adolescents fendent la brume et déambulent dans les allées du domaine. Tous rallient l'imposant gymnase dont la température intérieure contraste avec le froid sec qui règne sur les pelouses. Alors que plusieurs parents, venus chercher leur enfant pour les vacances, ont pris place sur le banc des spectateurs, les gamins martèlent le sol de leurs tennis cramponnées. En guise d'échauffement, Jean-Claude Lafargue improvise une partie de basket. "Faites bien circuler la balle", ordonne le technicien. Du haut de son 1,80 m, Allan Momège capte tous les ballons aériens. "Il est trop grand", peste Kilian Bevis en direction du gardien de but. Testant la dextérité des pensionnaires lors d'une séance de lancers francs, Jean-Claude Lafargue scinde le groupe. Durant une heure, la promo 98 va ferrailler au cours d'une partie de futsal. "L'intérêt de cette discipline est que le ballon ne rebondit pas, explique l'entraîneur. Cela les oblige à jouer au sol et dans les pieds."

Pour jauger la vision du jeu de ses protégés, l'ex-défenseur du Matra Racing s'est incrusté dans une des équipes. Au gré des accélérations, le parquet glissant crisse. Plus à l'aise sur les larges espaces herbeux, les élèves redoublent de maladresse. "On préfère jouer dehors, se plaint Marvin Plantier. Ici, on a besoin de plus se concentrer." Avec vigueur, le technicien assomme de griefs le joueur coupable d'une approximation : "Sois lucide Yanice. Donne ton ballon ! Arrête de pleurer !" La moindre roulette ou geste superflu vaut à son auteur une remontrance du même acabit. Clément May semble s'extirper de cette imprécision collective. Le gardien de but aux boucles rousses stupéfie ses partenaires par ses tacles glissés et son aisance. "Ça sent les vacances", commente Jean-Claude Lafargue. Un répit qui s'annonce bénéfique pour le clownesque Armand Lauriente. Victime d'une entorse, il provoque l'hilarité en caressant le cuir malgré ses béquilles.

ETRANGE PUNITION

Au retour des vacances, l'hiver est revenu à Clairefontaine. Gérard Prêcheur est mécontent. Au mur de l'institut, le maître des lieux a accroché une étrange punition. Les blessés qui ne se sont pas déclarés doivent lui rendre une dissertation pour le lendemain. Son intitulé : "Pourquoi connaître le degré de bien-être et le degré de fatigue de chaque élève de l'INF est-il important pour les entraîneurs ?"

La promo 98 est nettement moins étourdie que ses aînés de seconde année. La plupart des "INF 1" échappent à la sanction. En cet après-midi glacial de janvier, les deux classes d'âge vont s'entraîner ensemble. Tandis que les techniciens disposent les plots sur le terrain, un car grenat se gare sur le parking de Clairefontaine. Les filles du Centre national de formation et d'entraînement reviennent du lycée. Agées de 15 à 18 ans, elles participent à la séance du jour avec les garçons. "Vous pouvez vous dépêcher ?", gronde Gérard Prêcheur à l'adresse des adolescentes.

Pour cet entraînement mixte, les 60 footballeurs se sont répartis en quatre groupes. Philippe Breteau, le responsable des INF 2, évalue l'application des joueurs dans l'exécution des passes. "Il faut dissocier son regard du sol, conseille-t-il. Un bon technicien ne regarde jamais ses pieds." Cheveux blonds attachés, Clara Noiran soupire. "Je suis K.-O.", se lamente-t-elle. Plus discrètes que leurs congénères, les filles sont invitées à passer les premières lors des ateliers. "On casse les barrières, soutient Philippe Breteau. Grâce à ce décloisonnement, chacun prend confiance." Ce mélange ne déplait pas à la promo 98 : "On apprend à les connaître", juge Yoann Vardin. Quelques jours auparavant, garçons et filles s'étaient retrouvés lors d'une fête organisée au château de l'équipe de France. Le terrain prolonge cette rencontre.

Sur chaque atelier, les techniciens donnent de la voix. "On n'est pas dans la répétition. On est dans la réflexion", hurle Angélique Roujas, la responsable du pôle féminin qui encadre l'exercice de frappes. "Ce soir, tu es fantomatique", glisse l'entraîneur des gardiens, Franck Raviot, à Clément May. La palme du coup de gueule revient à Gérard Prêcheur : "Guillaume Peria, tu me fais dix pompes. J'avais dit trois touches de balle maximum !"


Promo 98 (4/6) : dans les petits papiers des recruteurs 16.03.2012

Le Monde a écrit:

A Clairefontaine, Jacky Corniot est un visiteur régulier. "Ici, je connais les arbres par coeur", s'esclaffe-t-il sous son bonnet en laine. Ce mercredi 15 février, le sexagénaire ne rate pas une miette du match amical entre les "première année" de l'Institut national du football (INF) et l'US Torcy. A l'écart des autres spectateurs, il griffonne quelques notes sur le coin d'un carnet tout en jetant de furtifs coups d'oeil vers la pelouse.

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Depuis quinze ans, ce dirigeant de l'Espérance sportive Troyes-Aube-Champagne (Estac) parcourt la France afin de détecter de jeunes talents. Et les pensionnaires de Clairefontaine figurent parmi ses cibles favorites. "J'ai l'autorisation des responsables de l'INF, précise Jacky Corniot. Je suis bénévole et je prends sur mon temps. Mais c'est toujours un plaisir de venir ici."

Au bord du terrain, le superviseur avisé jauge les élèves de la promotion 1998. Depuis leur entrée à Clairefontaine, les adolescents aiguisent les convoitises des recruteurs. Alors Jacky Corniot affûte ses arguments pour convaincre des parents ultrasollicités. "Nous sommes un petit club situé à proximité de Paris, expose le technicien. Notre centre de formation est lié à un lycée agréé où le taux de réussite au bac atteint les 100 %."

Jacky Corniot n'est pas le seul à observer avec intérêt la technique des jeunes joueurs de l'INF. Comme à chaque rencontre organisée dans la forêt yvelinoise, plusieurs recruteurs sont postés aux quatre coins du terrain. Chargés de prospecter pour les clubs professionnels, ils prennent discrètement des notes. Pour eux, Clairefontaine représente une zone de chasse privilégiée. Temple de la préformation à la française, l'INF constitue un vivier qui se renouvelle au gré des promotions. Jusqu'en juin 2013 et à la fin de leur cursus, les représentants de la promo 98 sont des cibles de choix. D'où un jeu de séduction qui s'intègre à l'atmosphère du domaine.

Le rituel est immuable. Une fois leur voiture garée au parking, les recruteurs se dirigent par petites grappes éparses vers la pelouse. La venue des superviseurs tend alors à électriser l'échauffement des adolescents. Conscients d'être observés, ces derniers tentent de démontrer leur adresse en jonglant avec application. Ensuite, Jacky Corniot et ses confrères interrogent les pensionnaires sur leurs situations respectives. Car un tiers des 22 élèves de la promo 98 ont déjà signé en faveur d'un club professionnel. A l'image du facétieux Armand Lauriente, qui a opté pour le Stade rennais, certains ont paraphé un contrat avant même d'intégrer l'INF. Ces heureux élus sont déjà assurés d'incorporer un centre de formation à leur sortie de Clairefontaine.

Muni d'un trombinoscope de la promo, Ludovic Paradinas pointe ceux qui, à l'inverse, n'ont pas encore trouvé de club. Ce recruteur de l'AS Saint-Etienne est un habitué des lieux. Fines lunettes et casquette vissée sur le crâne, ce quadragénaire renfrogné connaît bien les coutumes de cette étrange caste que constituent les superviseurs. Il n'hésite pas à livrer son regard critique. "Contrairement à d'autres recruteurs, j'ai une carte d'observateur officiel, indique Ludovic Paradinas. L'entrée de l'INF n'est pas filtrée. Il existe un côté "foire aux bestiaux" qui peut gêner. Les gamins savent qu'on est là. Certains ne supportent pas la pression. Certains veulent parfois en faire trop. Mais ce sont parfois les parents qu'il faut calmer. Ils veulent que leur enfant devienne professionnel."

Présents en tribune, les parents abordent les recruteurs à la mi-temps du match. Sous un vernis courtois, ces conversations sont purement stratégiques. Les deux camps négocient. Souvent, les recruteurs redoublent d'efforts pour attirer les enfants dans leurs filets. "En octobre, on a rencontré Guy Roux à l'AJ Auxerre, confie Stéphane Digol, le père de Khamis, qui doit rejoindre le club de l'Yonne. Nous avions eu des contacts durant l'été. Nous avons été invités deux fois à Auxerre. C'est un centre de formation de renom. Il n'est pas loin de Paris. Nous avons été convaincus."

Si la plupart des observateurs officient pour des clubs de l'élite, certains visiteurs travaillent à leur compte. Les recruteurs officiels perçoivent ces agents autoproclamés comme des rivaux gênants, voire déloyaux. "Il existe une concurrence malsaine, estime Jacky Corniot. Les agents peuvent proposer aux parents des sommes intéressantes. Moi, je n'ai rien dans les poches." Les week-ends, cette "guerre des vautours" se délocalise en marge des terrains d'Ile-de-France. "A Clairefontaine, les agents et recruteurs sont disciplinés, sourit Stéphane Digol. Mais, en fin de semaine, ils sont plus bavards lorsqu'ils viennent voir les enfants jouer. La question est toujours la même : "Votre fils regrette-t-il d'avoir signé pour cette équipe ?""

Le culte du secret entoure ces visiteurs. Facilement identifiables à Clairefontaine, les recruteurs ne sont guère enclins à la confidence. Lorsqu'on les repère, la plupart esquivent les questions. Quitte à mentir de manière éhontée. "Je fais partie de la famille d'un joueur", ose même un homme doté d'un trombinoscope de la promo 98.

Si perçant qu'il soit, le regard d'un recruteur ne peut être objectif. En vérité, il est difficile de fonder son jugement sur un footballeur âgé de 13 ans... et en pleine croissance. "Les recruteurs font leur boulot, glisse Erick Mombaerts, le sélectionneur de l'équipe de France Espoirs, qui assiste à tous les matches des "première année". Mais ils doivent prendre en compte les écarts entre les morphologies." "Cela serait prétentieux d'affirmer qu'untel sera forcément bon plus tard, concède un visiteur, venu superviser la rencontre pour le compte de l'AS Nancy-Lorraine. Notre seul repère est l'intelligence de jeu du gamin." Or les recruteurs sont de plus en plus tentés d'enrôler cette classe d'âge. "Il ne faut pas se presser, observe Bernard Blaquart, le directeur du centre de formation du FC Tours. La promo 98 a encore un an et demi devant elle. On approchera les joueurs lorsqu'ils seront en seconde année. De toute façon, on ne connaît pas la qualité d'un footballeur avant ses 17 ans."

Dans cet environnement, la promo 98 mûrit avec cette pression. "A Clairefontaine, les gamins sont déjà dans le circuit professionnel, confie au Monde Laurent Blanc, le sélectionneur des Bleus. On est dans une course folle." Convoités par les clubs, les adolescents doivent filtrer les sollicitations des recruteurs tout en préparant l'avenir. "J'essaie de faire abstraction des superviseurs, confesse le gardien Clément May. Mes parents s'en occupent. On rêve tous d'être professionnels. Mais chaque chose en son temps." La crainte de l'échec conduit ainsi les pensionnaires de l'INF à garder la tête froide. S'ils s'activent pour la réussite de leur enfant, les parents prônent la prudence : "Il vit une aventure extraordinaire qui dure deux ans, juge Olivier May, le père de Clément. Il ne faut pas brûler les étapes. Il aura le temps de penser à une carrière plus tard."

Malgré ces incertitudes, les adolescents entretiennent déjà un rapport étroit avec le monde professionnel. "Les enfants sont conscients des salaires, considère une mère. Ils savent qu'ils auront la belle vie." Mais les mirages du professionnalisme peuvent-ils déstabiliser la promotion ? "A mon âge, je suis tenu à l'écart des questions d'argent, explique Samy Hammour. J'aime le jeu. Et mon objectif est de signer dans un club. Ces sommes me sont étrangères. J'ai les pieds sur terre."

Parfois, le modèle familial ajoute de la pression. A 13 ans, Kylian Mbappe rêve de marcher sur les pas de son grand frère Jirès Kembo, attaquant vedette du Stade rennais et ancien de Clairefontaine. Alors qu'il a signé à Caen, le jeune joueur se réfère volontiers à la réussite de son aîné. "Je sais que le travail et l'écoute paient, analyse Kylian, déjà comme un professionnel. En cas d'échec, je veux juste n'avoir aucun regret."

Qu'ils aient déjà signé dans un club ou pas, les élèves de l'INF vantent leur unité. Un climat d'entraide domine ainsi l'institution. "Au début de la saison, la rivalité était plus vive, affirme Kylian Mbappe. Depuis, on a appris à vivre ensemble. On est coupés de l'extérieur, donc on est solidaires." Un refus de la logique de clan qui guide les responsables de l'INF. "Ici, ils ne sont pas en concurrence, avance Gérard Prêcheur, le directeur de l'institut. En revanche, la rupture va être nette lorsqu'ils vont intégrer un centre de formation. Dans les clubs professionnels, l'adaptation est difficile. Là-bas, on ne leur demandera pas la même chose." Pour la promo 98, le plus dur est à venir. Alors, autant profiter du présent.


Promo 98 (5/6) : retour au bercail 06.09.2012

Le Monde a écrit:

Ils ont une vie en dehors de Clairefontaine, mais pas en dehors du football. Le week-end, l'Institut national du football (INF) fait relâche et, d'Antony à Saint-Maur, de Montreuil à Neuilly-sur-Seine, de Bondy à Choisy-le-Roi en passant par Paris, les vingt-deux apprentis de la promotion 98 se dispersent aux quatre coins de l'Ile-de-France - et même au-delà, puisque Sergio roule jusque dans l'Eure pour retrouver sa famille. Mais s'ils disent au revoir, pour quarante-huit heures, à leurs coéquipiers et aux pelouses verdoyantes de la forêt de Rambouillet, ils ne mettent pas exactement leur week-end à profit pour se changer les idées et laisser un peu le foot de côté. Ce serait même plutôt l'inverse.

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On s'en rend bien compte en entrant dans la chambre de Jason qui, lui, a droit à une heure et demie de voiture tous les vendredis soir depuis les Yvelines pour regagner son immeuble de Sarcelles, dans le Val-d'Oise : un lit, un fauteuil, une commode, et puis du football, partout. Que ce soit sur l'écran de la télé, avec le jeu vidéo Pro Evolution Soccer 2012, qui tourne en permanence, ou sur les murs, tapissés de pages de magazines arrachées et de posters à la gloire des vedettes du ballon rond, quand leur nom n'est pas écrit au feutre à même la cloison. Au milieu des stars du Barça et du PSG, Romaric Tre, le grand frère de Jason, que le football a emmené en CFA2 (5e division), au FC Saint-Louis - Neuweg, près de la Suisse. Aucun trophée ne décore la chambre du garçon. C'est simplement qu'il y en a trop, et que la pièce est trop petite pour tous les accueillir : ils trônent donc sur une commode dans la chambre des parents.

"ON NE S'IMMISCE PAS DANS L'ÉDUCATION"

Quelques rituels, essentiellement liés au foot, rythment le week-end de Jason et de la plupart des pensionnaires de l'INF : la lessive du vendredi soir, le coucher tôt, la PlayStation, le match en club du samedi après-midi, la PlayStation, les devoirs, la PlayStation, "Téléfoot" le dimanche matin, la PlayStation, le foot entre potes ou en famille sur le terrain (ou la dalle, ou le jardin) d'à côté. Et aussi la PlayStation. "On donne parfois des conseils sur le plan sportif, notamment en termes de récupération, mais on ne s'immisce pas dans l'éducation ou dans la vie familiale, expose Gérard Prêcheur, le directeur de l'INF. On espère juste qu'il y a une cohérence entre les valeurs des parents et celles qu'on prône à Clairefontaine. Mais ce qui se passe le week-end ne nous regarde pas."

Certains ajoutent à leur programme de samedi et dimanche un film, une partie de Monopoly, une visite à Eurodisney ou des matchs retransmis à la télé. Beaucoup en profitent pour faire une petite entorse au régime gastronomique de Clairefontaine, du hamburger-frites chez Arnaud ou poulet frit - bananes plantain chez Jason, en passant par la quiche au thon chez Sergio. Tous, aux alentours de 19 heures le dimanche, montent en voiture avant de rompre de nouveau avec leur famille, qu'ils ne reverront pas avant le vendredi suivant.

"L'ÉLOIGNEMENT N'EST PAS UN PROBLÈME"

"Je ne pense pas qu'on puisse parler de rupture, tempère Gérard Prêcheur. Ils ne sont pas si loin de leur famille, et ils la voient tous les week-ends. Pour les enfants, l'éloignement n'est pas un problème. Au contraire, certains nous disent qu'ils sont contents de ne plus avoir papa-maman sur le dos." En effet, aucun d'entre eux ne se plaint de passer cinq jours uniquement avec ses copains. Tout au plus concèdent-ils, pour certains, un léger vague à l'âme lors des premières nuits à l'INF, au retour des vacances scolaires, ou en cas de blessure. "Je suis très proche de mes parents, mais ça ne m'affecte pas tant que ça d'être éloigné d'eux, assure Sacha. Au moment de partir de Clairefontaine le vendredi soir, j'ai envie de rester pour jouer encore au foot là-bas." Et le dimanche soir, "Armand est pressé de retourner là-bas, explique son père, Albert Lauriente. C'est lui qui fait son sac et qui nous met la pression pour qu'on ne soit pas en retard !"

"Si rupture il y a, poursuit Gérard Prêcheur, c'est du côté des parents, et notamment des mamans. Ce sont plus elles qui ont besoin de parler à leur petit tous les jours que l'inverse." Les parents qui songeraient à envoyer leur fiston à l'INF en espérant qu'il leur assurera une retraite dorée doivent savoir le sacrifice que cela représente. Dès ses 13 ans, ils vivront cinq jours sur sept sans lui, sans rigolade et sans câlins (sans engueulades non plus, certes). "Je n'arrive toujours pas à m'habituer, explique Véronique Nordin, la mère d'Arnaud. Je l'ai élevé seule jusqu'à ses 11 ans. Pendant onze ans, là où il allait, j'allais. La première fois qu'il est parti en colonie de vacances, j'ai pleuré pendant cinq jours... Je le ramène à Clairefontaine le dimanche soir, et je peux vous dire que le lundi, au travail, je ne suis pas très bien. Le sourire commence à revenir le mercredi."

ECLAT DE RIRE

Pour les parents, ce sont surtout les premiers temps qui ont été durs à vivre. Jocelyn Rosier, le père de Loreintz, concède avoir "versé (sa) petite larme. Les premiers dimanches, sa mère savait que pendant l'heure qui suivait son départ il ne fallait pas me parler." Chez les Hammour, toute la famille semble avoir souffert du départ de Samy. "On avait une relation fusionnelle, explique Célia, sa soeur de 15 ans. On est dans la même classe d'âge, on a les mêmes délires, on rentrait de l'école ensemble. Et du jour au lendemain, plus rien." "Le premier dîner sans lui, il y avait un gros vide, se rappelle Mouloud, le père. On avait tous une boule dans la gorge." Sa mère en viendrait-elle à espérer que son fils ne devienne pas professionnel, pour pouvoir le garder plus longtemps près d'elle ? Pas de réponse, mais un éclat de rire et un regard attendri vers Samy disent le conflit entre son envie de voir son fils accomplir son rêve et celle de le voir tout court. Elle sait que s'il intègre le centre de formation d'un club, ce qui est prévu au bout des deux ans à l'INF, il ne passera même plus le week-end à la maison.

Thierry Martinez, le père de Sacha, a déjà prévu le coup : "J'ai conscience que l'éloignement peut être préjudiciable. Alors quel que soit l'endroit où il sera en France, je louerai un appartement sur place." Lui fait partie des parents divorcés de la promo 98 - "sur ce point, on est un bon échantillon de la société française, on est dans la moyenne nationale", explique Gérard Prêcheur. Venir à Clairefontaine lui permet de voir son fils plus souvent. "Je le vois au minimum trois fois par semaine. Tous les mercredis et tous les vendredis, plus tous les week-ends à son match. Qu'il neige, qu'il pleuve, qu'il vente, je suis là. C'est important que l'environnement familial soit présent, sans pour autant l'étouffer."

Les parents que l'interminable trajet jusqu'à Clairefontaine refroidit se contentent du téléphone. "Les enfants sont autorisés à se servir de leur portable jusqu'à l'heure du coucher, explique Gérard Prêcheur. Mais on veut les rendre autonomes, alors on ne va pas les inciter à appeler tous les jours." C'est pourtant le cas d'une large majorité d'entre eux qui, généralement, ne font que biper leurs parents afin de se faire rappeler et de ne pas "brûler" leur forfait. Visiblement, ça ne les empêche pas de grandir. "On a de meilleurs rapports avec lui depuis qu'on se voit moins souvent, explique le père d'Armand. Avant, il était bordélique, maintenant, il est hyper-organisé. Clairefontaine l'a structuré, il est plus mature." Armand est pourtant bien né en 1998, mais son père constate : "Ce n'est plus un enfant de 13 ans."


Promo 98 (6/6) : Ils ont déjà grandi 06.07.2012

Le Monde a écrit:

Plus une paire de chaussettes dans le placard, plus une serviette dans la salle de bains, plus un poster sur les murs. Les couvertures, les draps et les taies d'oreiller jonchent le couloir à l'entrée des chambres. L'un après l'autre, les enfants de la promo 98 de l'Institut national du football (INF) s'en extraient, lestés de sacs plus gros qu'eux, qu'ils descendent entreposer dans une salle au rez-de-chaussée du bâtiment. Drôle d'ambiance à Clairefontaine. Un petit air de fin de vacances, alors qu'elles débutent précisément ce samedi 23 juin pour les "première année" de l'INF, sauf pour Samy Hammour et Guillaume Péria, qui passent leur brevet quelques jours plus tard puisqu'ils ont un an d'avance.

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D'ici aux retrouvailles prévues fin août, la promo 98 se sera éparpillée aux quatre coins du monde, de la Crète (pour Khamis Digol) à la Normandie (Hugo Boquet), et de la Lorraine (Marvin Plantier) à Dubaï (Kylian Mbappe). Avachi dans un fauteuil du hall au premier étage, Jaouad Jouini regarde dans le vide et soupire : "J'arrive pas à croire qu'on est en vacances. On a passé toute l'année ici, on n'a jamais été séparés plus de deux semaines, et là, on ne va pas se revoir avant deux mois. Je ne sais même pas si je reconnaîtrai tout le monde à la rentrée..." Peut-être pas, en effet, vu la vitesse à laquelle ces gamins de 13-14 ans se métamorphosent.

L'année scolaire s'achève, et le directeur de l'INF Gérard Prêcheur dresse le bilan du parcours de ses protégés, en évoquant la triple dimension de son projet à laquelle il tient tant. Dimension football ? "On savait qu'on avait pris beaucoup de pitchouns, des garçons jeunes sur le plan de la maturité physique. Et on a beaucoup de profils qui se ressemblent, avec une grande majorité de milieux de terrain. Ces deux paramètres ont fait qu'on a un peu manqué d'équilibre, donc les progrès ont été plus longs à se concrétiser en match. Malgré tout, il y a quand même beaucoup de satisfaction." Dimension scolaire ? "C'est pas mal, on a un équilibre entre un gros tiers de très bons élèves, un tiers dans la moyenne, et quelques garçons en difficulté qu'on va s'efforcer de mieux assister en deuxième année."

Dimension humaine ? "Ce sont des bons gamins, sympathiques, agréables dans la vie de tous les jours, souriants, qui ont une bonne éducation et sont assez à l'écoute. Cette promo n'a quasiment pas posé de problèmes."

Moins, en tout cas, que sa devancière : au milieu de la petite sauterie qui réunit les enfants, leurs familles et le staff de l'INF pour célébrer les vacances, les "deuxième année", qui font leurs adieux, se lancent dans la lecture d'une lettre surprenante, où ils adressent leurs remerciements à tout l'encadrement et présentent leurs excuses pour avoir parfois "déshonoré" l'INF par leur comportement. Six membres de la promo 97 ont été définitivement exclus en cours d'année.

La promo 98, elle, va perdre un de ses piliers : Fakri Amadi Ali ne reviendra pas à Clairefontaine à la rentrée. "Quand il nous l'a annoncé début juin, on avait tous les larmes aux yeux", se souvient Samy Hammour. C'est que ce grand gaillard amusait souvent la galerie, en plus d'être un excellent footballeur. Mais il a lâché prise sur le plan scolaire et n'a pas respecté son "contrat" de début d'année, qui lui imposait de se tenir à carreau. Une succession de petits écarts - le dernier : un morceau de pain jeté à la figure d'un camarade à la cantine - ont eu raison de la patience de Gérard Prêcheur, qui a dû s'en séparer à contrecoeur.

Quand il regarde en arrière, le patron de l'INF regrette d'avoir trop souvent dû troquer l'habit de l'éducateur sportif de haut niveau pour celui de l'éducateur tout court : "C'est dommage que je ne puisse pas plus faire profiter de mon expertise de technicien aux jeunes, vu ce que mange tout le côté éducatif." Il pointe aussi un certain manque de gratitude, surtout chez les "deuxième année". "Parfois, on trouve qu'ils ne sont pas vraiment conscients de l'opportunité qu'ils ont d'être ici, ils banalisent tout. Au bout de quelques mois, s'entraîner à Clairefontaine est presque devenu quelque chose de normal pour eux. Mais c'est le reflet de la société, ils sont consommateurs, ils vivent dans l'immédiateté. A leur âge, je n'avais pas les mêmes valeurs : "Tu sèmes aujourd'hui pour récolter demain, tout se mérite, rien n'est dû, etc.""

Jean-Claude Lafargue, l'entraîneur de la promo 98, reconnaît qu'en un an dans les Yvelines ces enfants "ne sont pas encore devenus des adultes, notamment quand ils sont entre eux". Cela dit, "par rapport au moment de leur arrivée, ils sont plus autonomes, savent davantage se prendre en charge. Parfois, on ne s'en rend pas compte parce qu'on vit constamment avec eux, mais il y a un monde d'écart. Dans le jeu aussi, il y a une maturité qu'il n'y avait pas avant". De fait, les petits sont conscients des progrès accomplis. "Au niveau de la maîtrise du ballon, de la projection vers l'avant, de la frappe ou de la prise d'information", précise par exemple Samy Hammour, persuadé que "quand on est à l'INF, si on s'investit à fond, on est obligé de progresser vu les infrastructures et les entraîneurs qu'on a".

Malgré cela, Gérard Prêcheur ne peut masquer une légère inquiétude : "Les clubs professionnels auront-ils la même patience que nous ? Des garçons de ce profil-là, il va leur falloir plus de temps pour arriver à maturité. Et, souvent, les recruteurs évaluent sur ce qu'ils voient, pas sur ce que peut devenir le joueur. Parce que les clubs n'ont pas la même démarche que nous. Dans les centres de formation, les jeunes sont en contrat. Un club pro investit sur des joueurs qu'il forme, et dont il attend une rentabilité."

Voilà qui devrait pousser les apprentis footballeurs à profiter de ce cocon si confortable que représente Clairefontaine. "J'ai passé une année géniale, je me suis fait plein de nouveaux copains, savoure d'ailleurs Clément May. Tout le monde s'est bien entendu, on a vraiment beaucoup rigolé." L'un des ultimes éclats de rire a eu lieu lors du dernier jour à l'INF précédant les congés estivaux. Alors que Jean-Claude Lafargue suggérait que Yacine Tahri, qui ne cessait de faire le fou, soit rebaptisé Yacine "Taré", la promo 98 s'est lancée dans l'énumération des surnoms - souvent inspirés par les caractéristiques physiques des uns et des autres - dont chacun a hérité en cours d'année.

Guillaume Péria s'appelle désormais "Front" (ou "Crevard", pour sa propension à ne jamais partager la nourriture) ; Alexis Claude Maurice a été renommé "Kit Kat", car le duvet de sa moustache et ses sourcils évoquent deux barres chocolatées ; Samy Hammour a été rebaptisé "Champions League", alias la coupe aux grandes oreilles ; Kylian Mbappe a eu droit à "Chicots d'or", du fait de la légère coloration desdits chicots ; Kilian Bevis a, lui, hérité du sobriquet de "Game Cube" grâce à la forme de son crâne vaguement cubique. Boubacar Fofana est devenu "l'Iroquois", Loreintz Rosier, "Poney", et Marvin Plantier, "BlackBerry". Cette joyeuse bande sera de retour à l'INF le 19 août pour lancer la deuxième année de la promo 98. Le Monde sera là aussi pour vous la faire vivre.

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Dernière édition par Karibou le 13 Juil 2018 10:14, édité 2 fois.

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Je vais être à Caen pour la finale. J'espère que des forumiades sont organisées ce week-end.

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Karibou a écrit:
Tous sont nés en 1998, l'année du sacre des Bleus. Tous rêvent d'embrasser la carrière des champions du monde.


Je pensais que Kobo faisait partie de cette promo. Par contre il y a le gardien Clément May, qui est passé par chez nous mais n'a pas percé.

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Abidbol a écrit:
Je vais être à Caen pour la finale. J'espère que des forumiades sont organisées ce week-end.


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Je pense qu'on peut faire confiance à Ajacques pour nous organiser ça pour demain.

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