Au Stade Malherbe, il y a de l’orage dans l’airLigue 1. Caen - Montpellier : 1-3. Il n’y a pas le feu à la maison caennaise et cette tranquillité agace Patrice Garande. Dimanche, le coach normand est monté dans les tours comme rarement.Quand les têtes se relâchent, que le calme s’installe, la tempête n’est jamais bien loin. Dimanche soir, Patrice Garande avait un message à faire passer. Il fut d’abord délivré « dans les règles de l’art ». Sans que le vent ne souffle trop fort sur la forme, mais déjà très limpide dans le fond. « Aujourd’hui, on n’a pas l’attitude de gens qui veulent se sauver. Nous, on sait toujours faire dans l’urgence. Mais dès qu’on fait des choses positives et que l’on est tout près de notre objectif, on retombe toujours dans cette espèce de confort… La compétition, ce n’est pas ça. C’est tout remettre en cause à chaque match, en étant conscient de qui on est. »
L’excès de tranquillité, vieille rengaine qui ressurgit chaque saison ou presque dans les couloirs de d’Ornano. Et irrite fortement. L’affaire a pris de l’ampleur au moment où l’état physique des joueurs a été évoqué. Le débit de l’entraîneur normand s’est accéléré, son sang-froid a disparu pendant plus de deux minutes, sans interruption. Le tout sur un sujet visiblement sensible, renvoyant à la fois à certains joueurs aptes qui ne donnent pas assez et certains absents qui s’écoutent trop (lire notre édition d’hier). Mais aussi plus généralement à un groupe en sommeil, ne mesurant pas sa chance à ses yeux. « Quand on a goût à rien, on est fatigués » , a notamment lancé un Patrice Garande très agacé.
Patrice Garande : « Va-t-on pouvoir changer ? L’inquiétude, elle est là »Le ton de cette sortie-là est suffisamment rare pour interpeller, dans un contexte de forte incertitude quant à l’avenir de l’entraîneur normand. Elle devrait secouer un peu le cocotier et appelle une révolte immédiate, au-delà des recadrages dans l’intimité du vestiaire. Malherbe pourrait pourtant déjà avoir les pieds dans le sable. De loin, il est un 14e de Ligue 1 en position favorable pour le maintien, qui garde 6 points d’avance sur le barragiste à 7 journées de la fin. De plus près, le doute le gagne sérieusement.
Le questionnement autour de sa capacité à repartir de l’avant est d’ailleurs ouvert. « Va-t-on être capables de changer ? L’inquiétude, elle est là » , a affirmé Patrice Garande, en mal de remèdes tactiques. Quid des joueurs, également chahutés par leur propre public après ce premier revers à la maison depuis la venue de Marseille (0-2) le 19 janvier ? « Ça commence à être inquiétant. Il nous faut retrouver un esprit de groupe et de combat , clame Frédéric Guilbert. Que les gens ne soient pas contents, je le comprends. Après, il y a des choses que j’ai du mal à comprendre, comme faire une « ola ». J’espère que les supporters ne vont pas nous lâcher. On va avoir besoin d’eux. »
Le stade a simplement vu ce qui crevait les yeux : un collectif sans mordant, pas vraiment prêt à jouer sa peau. Patrice Garande ne dit pas autre chose. « Dans la façon dont vous courez, l’attitude que vous avez, vous envoyez des signaux à l’adversaire. C’est ça qui me gêne. Si on avait gagné ce soir (dimanche) , c’était fait. Ça doit nous mettre la rage. »
Le problème, c’est que les copies blanches se multiplient sur la période récente (Dijon, Angers, Montpellier). « Si c’est parce qu’il y a une demi-finale de Coupe, il faut changer de métier , peste Garande. Les joueurs ont fait des choses extraordinaires pour atteindre rapidement 35 points. Ils ont trois rencontres pour assurer l’essentiel, avant le match de l’année pour le Stade Malherbe… Si ça, ce n’est pas que du bonheur, il faut arrêter… »
Ce bonheur-là tend toujours les bras à Caen. Il se représentera à Amiens et face à Toulouse, voire un peu après. Reste à savoir si Malherbe est vraiment capable de s’éviter des frayeurs jusqu’au bout.