Inscription: 31 Aoû 2005 22:06 Messages: 55076 Localisation: La Forêt-Fouesnant, Mecque des navigateurs.
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Sur les fameux OFNI. https://www.ouest-france.fr/vendee-glob ... te-7105200- Cliquez ici pour faire apparaître le contenu caché
Jacques Caraes, directeur de course du Vendée Globe, a accordé à Ouest-France, une longue interview sur plusieurs thèmes. Dans ce premier volet, il s’attarde sur les collisions multiples des bateaux avec des baleines.
Jacques Caraes, après un peu plus de 50 jours de course, que retenez-vous déjà de ce Vendée Globe ?
Pour l’instant on est sur un Vendée Globe plutôt positif dans le fait qu’on est encore à 80 % des bateaux sur la flotte puisqu’on a 6 abandons sur 33 bateaux au départ. C’est un pourcentage plutôt meilleur que ce que j’aurais même pu imaginer au départ. Pourtant, c’est vrai que les conditions n’ont pas été exceptionnellement déjà dans l’hémisphère nord avec les trois systèmes dépressionnaires à gérer. Et là j’ai été agréablement surpris que tout le monde passe, car ce n’était pas forcement évident, notamment avec l’arrivée de cette dépression subtropicale nommée Theta. C’était déjà une première mise en place qu’était plutôt très positive et ça veut dire que les bateaux sont quand même de mieux en mieux préparés
Vous avez le sentiment que marins et bateaux sont bien préparés ? Cela peut d’ailleurs être étonnant vu le contexte de l’année…
On aurait pu imaginer avoir beaucoup plus de déboires, en effet, sachant que les concurrents manquaient un peu de navigation. En revanche, j’ai l’impression que peut-être ce manque de navigation a été comblé par une préparation plus poussée sur les bateaux en chantier. Et, je suis agréablement surpris parce que je n’aurais pas imaginé, on arrive bientôt sur le cap Horn entre le 2 et le 3 janvier, avoir encore 80 % de la flotte sur l’eau. La surprise, c’est peut-être que ce sont les bateaux les plus innovants qui sont à terre malheureusement pour diverses raisons
Et ils n’ont pas tous été contraints à l’abandon pour les mêmes raisons..
Non, du coup c’est plutôt très positif. Les chocs on s’attendait à en avoir quelques-uns et, évidemment, avec les nouveaux bateaux, ils font plus mal car ils vont plus vite. Alors après, la question c’est des chocs avec quoi ? Des containers ? Des cétacés ? C’est toujours le débat qui fait polémique. Et il faut bien avouer que dans de nombreux cas ce sont des chocs avec des cétacés. On est de passage chez eux et malheureusement on en touche quelques-uns.
Des rorquals communs
Qu’est-ce que l’on en sait en fait de ces chocs avec des baleines ?
Par exemple, la baleine qu’on a vue de près à côté de Apicil (Damien Seguin), ça fait partie des baleines assez rares à voir c’est la race finwhale (rorqual commun). Ce sont des baleines pratiquement aussi grosses que les très grosses baleines bleues ça fait partie des baleines de 20 à 30 mètres. Cette baleine, elle était en route parallèle… Ce sont aussi des zones de migration puisqu’elles remontent sur la côte ouest australienne, en partant de Cape Town, pour ensuite se reproduire.
C’est vrai que cette rencontre impromptue avec une baleine aurait pu faire des dégâts si elle avait percuté Apicil…
Un scientifique qui a vu les images, m’a dit que le bateau devait être à une bonne cadence de vitesse par rapport à elle. Elle l’avait bien identifié, et c’est plutôt la découverte du bateau qui l’a fait se rapprocher. Elles sont complètement inoffensives, et ce sont des baleines qui ne cherchent pas à attaquer, elles sont plutôt passives. Le problème des baleines quand elles sont en somnolence, que ce soit les petits ou les parents, ils dorment la queue en bas à la verticale et se situent entre 4 et 5 mètres de profondeur, la tête en l’air et la queue en bas en espèce de suspension dans l’eau sans bouger. Et forcément, vu la vitesse de nos bateaux aujourd’hui quand elles ont dans cet état de somnolence, elles sont loin de pouvoir esquiver le bateau qui arrive.
Y a t-il eu plus de collisions que les autres années ?
Il y a eu Didac Costa qui en a touché une, et l’a vue, après il y a eu Samantha probablement, car c’est un peu la région où il y en a beaucoup. Et sans doute Sébastien Simon sur Arkea, même s’il n’a pas identifié l’ofni. Mais dans cette zone-là, où il y a peu de lignes commerciales il y a moins de conteneurs donc c’est plutôt des mammifères
« Les Oreilles d’or »
C’est quand même une problématique sur laquelle il faudra se pencher davantage dans le futur
C’est certain. Il y a déjà des initiatives comme les sonars… Mais, il se dit aussi qu’il faut se méfier des émetteurs de sons, parce qu’on peut émettre dans l’eau des sons dont on imagine qu’ils vont les faire fuir, mais, il faut se mettre dans l’esprit d’un animal comme ça, qui ne connaît pas beaucoup de passages… Le son peut lui dire aussi de remonter à la surface pour voir ce que c’est. Cela peut, semble t-il jouer dans les deux sens. Il faudra peut-être demander ça aux sous-mariniers, ceux qu’on appelle les « Oreilles d’or », ils pourraient nous appuyer dans cette recherche-là, car, eux aussi doivent aussi entendre les baleines. En tout cas, c’est un dossier que l’on ne peut pas laisser de côté
Vous avez déjà eu à gérer ce type de problématiques par le passé ?
Oui, si vous vous souvenez de la course New York Les Sables d’Olonne. De nombreux bateaux avaient tapé alors qu’on avait mis une zone d’exclusivité au large de New York et dans le nord est de New York mais cela n’avait pas été suffisant. Les mola-mola, les locaux savaient qu’ils en existaient, mais pas moi. On pense aux poissons-lunes mais je ne savais pas qu’il y avait des poissons qui pouvaient peser plus de 700 kg ! C’est important de se mettre en relation avec des centres d’observation et de recherche pour, au moins, connaître les migrations. Cela ne va pas garantir de tout éviter, mais si on en est conscient c’est déjà un plus.
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