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Répondre en citant le message  MessagePosté: 06 Fév 2019 16:17 
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Pour les petits bourgeois de gauche, la réalité est fasciste, il convient donc de la nier jusqu'à l'absurde s'il le faut : le niveau monte, l'immigration est une chance pour la France, ill n'y a pas d'insécurité mais un sentiment d'insécurité....


Dernière édition par rix le 05 Sep 2019 14:36, édité 1 fois.

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rix a écrit:
bigdudu a écrit:
C'est mon opinion. Le rendre responsable des attentats est pour moi abject. Evidemment, puisque c'est ton avis tu ne peux être d'accord.


Quand tu es responsable d'un secteur : la sécurité des Français, et qu'il y a des attentats, comment pourrais tu ne pas être responsable ? évidemment ce n'est pas lui qui a commis ces attentats, là n'est pas la question. Mais j'arrête sur ce sujet, trop sensible pour en parler calmement.


Non, Je ne rajoute rien, ça se suffit à soi-même.
Ajoutons que les ministres des transports sont responsables de chaque accident de voiture ou d'avion, naturellement.

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Tel est mon bon plaisir.


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On sent bien le discours de tes amis, qui paradoxalement ne comprennent pas qu'un organisme etranger ne peut prêter de l'argent pour une campagne de scrutin français.Enfin tant que ça peut faire passer Le Pen pour une victime des méchants.


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C'est effectivement du pain béni pour leurs exercices de victimisation, ils n'ont pas besoin de ça.

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Pour les petits bourgeois de gauche, la réalité est fasciste, il convient donc de la nier jusqu'à l'absurde s'il le faut : le niveau monte, l'immigration est une chance pour la France, ill n'y a pas d'insécurité mais un sentiment d'insécurité....


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basile a écrit:
On sent bien le discours de tes amis, qui paradoxalement ne comprennent pas qu'un organisme etranger ne peut prêter de l'argent pour une campagne de scrutin français.Enfin tant que ça peut faire passer Le Pen pour une victime des méchants.


Un organisme "étranger"... ah ah ah! Dans le monde de la finance ça fait sourire. Comment peut on prétendre parler de nation à ce niveau là? S'il y a bien un domaine où il n'y a pas de frontière c'est bien celui-là.


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Il n'y a bien que l'extreme droite pour pleurer pour qu'une banque étrangère finance une campagne française sur le slogan la France aux français...Mais l'internalisation de l'extreme droite est un complot gaucho centriste au service des Islamiques Judéos-maçonniques.


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Bah oui un particulier peut financer un parti...tout comme ricoune peut venir soutenir un rond point.ça s'appelle la démocratie.


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ronnie bird a écrit:
Citation:
Vous me direz, Levavasseur aussi est une traitresse, mais vu ses faibles facultés intellectuelles et son âge trop avancé pour faire une carrière dans le porno, en plus elle a pas sauté le patron d'EDF (sic) la pauvre, elle a droit aux circonstances atténuantes.


:18cher: La grande classe quoi.


:shock: :shock: :shock: :shock:

Marie, au secours !

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"Un point, c'est un point." Manko


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François de Malherbe a écrit:
Plusieurs articles du Monde Diplomatique de ce mois-ci entrent évidemment en résonance avec le sujet.

Dont celui-ci, après les échanges avec Molko :

[...]
Ainsi, au moment même où les industriels démantèlent le système de la consigne, s’exonérant des coûts de retraitement, et prennent des décisions structurellement antiécologiques, ils en appellent à la responsabilisation écologique des consommateurs. Un cas typique de double morale, où l’on proclame une norme valant pour tous sauf pour soi. Responsabiliser les autres pour mieux se déresponsabiliser soi-même.

À grand renfort de campagnes publicitaires, les industriels ont réussi à construire la question des déchets comme une « affaire de responsabilité individuelle, déconnectée du processus de production (6) », sans lien avec la réduction de la création de déchets à la source. Pour les individus que nous sommes, il est sans doute flatteur d’imaginer que tout repose sur nos frêles épaules. Mais, tandis que nous trions nos emballages dans nos cuisines, de façon moins immédiatement visible d’autres acteurs, à commencer par les municipalités, ont dû investir et s’endetter pour financer les infrastructures exigées par la production exponentielle d’ordures ménagères. En fin de compte, ce sont les citoyens qui ont « financé (à la fois par leur bonne volonté et par leurs impôts) le système de recyclage des emballages produits par l’industrie de la boisson, permettant aux entreprises d’étendre leurs activités sans avoir à assumer de coûts supplémentaires (7) ».

[...]
Il y a quelque chose de paradoxal dans cette histoire. Le système de la consigne reposait sur la mobilisation d’un intérêt sonnant et trébuchant : le consommateur rapportait la bouteille vide pour récupérer, en bon agent économique, ses 50 cents. Un dispositif de gouvernement par l’intérêt, pleinement conforme aux présupposés anthropologiques de l’économie classique. Or l’industrie a tenu à remplacer ce système par un autre, fondé au contraire sur la motivation désintéressée. Par pur souci de l’intérêt général, chacun est désormais censé trier ses déchets, et cela en l’absence de tout mobile égoïste apparent. Entre Homo oeconomicus et Homo politicus apparaît ainsi une troisième figure : Homo ethicus, sujet « responsable » chargé à son échelle de contrebattre, par sa microvertu, des macrovices systémiques.

Sauf que cette nouvelle gouvernance éthique ne chasse pas l’autre, de type économique, qui s’impose à ces mêmes agents. Elle ne la supprime pas : elle se surimprime. Les mêmes individus, interpellés comme sujets éthiques, le sont toujours aussi, et intensément encore, en tant qu’agents économiques. Chacun doit gérer la tension que produisent ces injonctions contradictoires : être économiquement efficient mais écologiquement responsable.

La responsabilisation est aussi le nom de ce report de la contradiction dans la vie psychique des individus ; le nom d’une nouvelle figure de la conscience malheureuse, associée à une forme de gouvernement par le dilemme.

Pour l'intégralité : Comment les industriels ont abandonné le système de la consigne. Eh bien, recyclez maintenant !Par Grégoire Chamayou.

Cliquez ici pour faire apparaître le contenu caché
Poubelle jaune, poubelle verte, poubelle bleue… À grand renfort de sermons, on nous chante les louanges d’une « citoyenneté moderne » associée à un geste : le tri des déchets, considéré comme la garantie de sauver une planète dégradée de toutes parts. C’est peut-être se méprendre sur la logique qui sous-tend cette injonction à l’« écoresponsabilité » des consommateurs.

Par la fenêtre d’une voiture, une main lance un pochon qui va s’éventrer sur le bas-côté de la route. Les détritus se répandent aux pieds d’un personnage majestueux portant des mocassins. Un Indien coiffé d’une plume. Gros plan. Il vous regarde, face caméra. Il pleure. Zoom sur la larme qui roule sur sa joue creusée. Voix off : « La pollution, ça commence par les gens. Ce sont eux qui peuvent y mettre fin. » Incrustation à l’écran : « Keep America Beautiful » (« Faites en sorte que l’Amérique reste belle »).

L’Indien est la nature. Vous êtes la civilisation. Il est votre mauvaise conscience. Le subalterne ne peut pas parler, mais ses yeux ouverts le font pour sa bouche fermée. Cette Amérique virginale, antérieure à la colonisation, celle qui a été souillée, dévastée, génocidée, vous continuez à la blesser, et elle vous en fait le reproche muet. Puis vient le slogan. La cause de la pollution, c’est vous. Le remède, par conséquent, c’est encore vous. Tout est entre vos mains. Votre culpabilité, vous pouvez vous en soulager. Il vous suffit de changer de conduite.

Qui se cache derrière le signataire de cet édifiant message publicitaire diffusé en 1971 ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Keep America Beautiful, fondé en 1953, n’est pas une organisation non gouvernementale œuvrant pour la défense de l’environnement, mais un consortium placé sous la houlette d’industriels de la boisson et de l’emballage, parmi lesquels Coca-Cola et l’American Can Company (Compagnie américaine des boîtes de conserve).

Aux États-Unis, il existait de longue date un système de consigne pour la vente de boissons : le client déboursait quelques cents supplémentaires, qu’on lui rendait quand il rapportait la bouteille vide. Ce système de réutilisation du contenant — à bien distinguer du recyclage des matériaux (on ne refondait pas le verre, on remplissait à nouveau la bouteille) — était efficace, durable, et minimisait les déchets (1).

Les choses commencèrent à changer dans les années 1930. Au sortir de la Prohibition, quand les affaires reprirent, les industriels de la bière inventèrent la canette en métal. Le passage à des contenants jetables ouvrait d’alléchantes perspectives : supprimer les coûts de collecte et de reconditionnement, éliminer les intermédiaires (dont les embouteilleurs locaux), concentrer la production tout en étendant la diffusion sur de grandes distances.

Généraliser le jetable impliquait bien sûr d’accroître la production de déchets, mais les industriels s’en lavaient les mains. Au début des années 1950, les fabricants de soda, Pepsi en tête, Coca-Cola à sa suite, emboîtèrent le pas aux brasseurs.

Le basculement fut spectaculaire. Alors que, en 1947, 100 % des sodas et 85 % des bières étaient vendus dans des bouteilles réutilisables, en 1971 cette part n’était plus respectivement que de 50 % et 25 % (2). Dès lors, canettes vides et bouteilles jetables se mirent à joncher les caniveaux, les terre-pleins, les voies sur berge et les aires de pique-nique. On s’en émut. On fit signer des pétitions. On exigea que les autorités prennent des mesures. En 1953, l’Assemblée générale de l’État du Vermont adopta une première loi rendant obligatoire le système de la consigne. Pour les entreprises, c’était une alerte sérieuse. On redoutait que cette législation crée « un précédent qui pourrait un jour affecter toute l’industrie (3) ». Keep America Beautiful fut fondé la même année pour enrayer le mouvement.

À l’été 1936, alors qu’elle lançait sur le marché ses toutes nouvelles bières en canettes, la Continental Can Company s’était payé une grande campagne publicitaire dans la presse. Elle y vantait les mérites de son invention, si pratique, qui s’ouvrait en un tour de main, conservait le goût et la fraîcheur, et qui, surtout, permettait de « boire directement, sans avoir de bouteilles vides à rapporter ». Le principal argument de vente pour les bières en canettes jetables était, sans surprise, leur jetabilité. Plus de consigne, plus de cadavres de bouteilles à trimballer. Une photographie montrait deux hommes en bras de chemise dans une barque, dont les postures respectives figuraient deux moments d’une même séquence visiblement appelée à se répéter inlassablement au cours de leur longue après-midi de pêche : l’un buvait, le coude en l’air, et l’autre, le bras levé, s’apprêtait à balancer sa canette vide dans les eaux du lac. Buvez, éliminez.

Un travail de rééducation morale
Trois décennies plus tard, une publicité de ce genre était devenue impensable. Sur le fond, rien n’avait changé : l’avantage des jetables, c’est qu’on peut les jeter. Mais on ne pouvait plus le dire aussi ouvertement. Le temps était venu de corriger le premier message par un second.

Dans le film publicitaire de 1971, celui de l’Indien qui pleure, on retrouvait le même geste, le bras levé pour jeter, mais cette fois suivi d’une autre image, celle de la larme indigène, qui lui conférait rétrospectivement un autre sens. L’ancien contenu manifeste, à présent refoulé, disait : « Achète-moi, c’est commode, une fois pompette tu pourras me jeter dans l’eau du lac. » Devenu latent, il était remplacé officiellement par celui-ci : « Je suis jetable, mais attention : si tu me jettes là où il ne faut pas (et tu l’as déjà fait), tu vas te sentir coupable. Ce que nous t’avions incité à faire, nous t’enjoignons à présent non seulement de t’en abstenir, mais aussi d’en porter la culpabilité. » Le problème ayant ainsi été reformulé pour être attribué à des écarts de conduite, la solution coulait de source : elle allait venir d’un travail de rééducation morale. Il suffirait que tous adoptent individuellement de bonnes manières environnementales pour en finir avec la pollution.

Mais les mouvements écologistes, eux, incriminaient les industriels qui avaient fait le choix du jetable en sabordant, par pur souci de rentabilité, un système bien rodé de réutilisation des contenants. Au début des années 1970, les initiatives se multiplièrent pour contraindre les fabricants à revenir à la consigne. Une loi sur les bouteilles fut adoptée en ce sens dans l’Oregon en 1971, puis dans le Vermont l’année suivante. Les industriels enrageaient, au point parfois d’en oublier leurs éléments de langage. « Il nous faut lutter par tous les moyens contre les référendums sur les bouteilles organisés cette année dans le Maine, le Massachusetts, le Michigan et le Colorado, où des communistes, ou des gens qui ont des idées communistes, essaient de faire prendre à ces États le même chemin que l’Oregon », s’emportait William F. May, qui avait la double casquette de directeur de l’American Can Company et de président de Keep America Beautiful (4).

Face à la menace régulatrice, le Glass Container Manufacturers Institute (GCMI, institut des fabricants d’emballages en verre) lança en 1970 une grande campagne de relations publiques dotée d’un budget de plusieurs millions de dollars. Deux jours avant la première Journée de la Terre, il proposa à Los Angeles un programme-pilote de recyclage. Les habitants, mobilisés par l’intermédiaire d’associations, d’écoles ou d’églises partenaires, furent invités à rapporter bocaux et bouteilles vides, contre 1 penny par livre de verre récoltée, dans des centres de collecte ouverts à cet effet. Moins d’un mois plus tard, on collectait 250 000 bouteilles par semaine dans l’agglomération. Fort de ce succès, le GCMI mit sur pied l’année suivante un programme de recyclage à l’échelle nationale lors d’une Semaine contre le jet de déchets.

La pratique du recyclage fut ainsi promue par l’industrie comme une solution de rechange aux projets de consigne obligatoire et d’interdiction des contenants jetables. Au terme de cette contre-offensive victorieuse menée par les lobbys industriels, le recyclage devint « la solution exclusive, plutôt que le complément à des programmes contraignants de réduction à la source (5) ». Alors que se mettaient en place les premières pratiques de tri encouragées par l’industrie, le volume des ordures ménagères explosait.

Ainsi, au moment même où les industriels démantèlent le système de la consigne, s’exonérant des coûts de retraitement, et prennent des décisions structurellement antiécologiques, ils en appellent à la responsabilisation écologique des consommateurs. Un cas typique de double morale, où l’on proclame une norme valant pour tous sauf pour soi. Responsabiliser les autres pour mieux se déresponsabiliser soi-même.

À grand renfort de campagnes publicitaires, les industriels ont réussi à construire la question des déchets comme une « affaire de responsabilité individuelle, déconnectée du processus de production (6) », sans lien avec la réduction de la création de déchets à la source. Pour les individus que nous sommes, il est sans doute flatteur d’imaginer que tout repose sur nos frêles épaules. Mais, tandis que nous trions nos emballages dans nos cuisines, de façon moins immédiatement visible d’autres acteurs, à commencer par les municipalités, ont dû investir et s’endetter pour financer les infrastructures exigées par la production exponentielle d’ordures ménagères. En fin de compte, ce sont les citoyens qui ont « financé (à la fois par leur bonne volonté et par leurs impôts) le système de recyclage des emballages produits par l’industrie de la boisson, permettant aux entreprises d’étendre leurs activités sans avoir à assumer de coûts supplémentaires (7) ».

Dans les années 1970, les industriels, reprenant la rhétorique des mouvements militants, lançaient des appels à « s’engager » et à « continuer le combat » par de petits gestes responsables. À la campagne publicitaire de l’Indien qui pleure était ainsi associée une brochure répertoriant les « 71 choses que vous pouvez faire pour mettre fin à la pollution ». Ils s’efforçaient de promouvoir des formes d’engagement domestiquées, susceptibles de satisfaire le désir d’agir qui se faisait jour tout en le réorientant dans une direction non antagonique, compatible avec leurs intérêts plutôt qu’en conflit avec eux.

La force psychologique de ces tactiques, c’est qu’elles vous disent quelque chose de très agréable à entendre ; quelque chose de vrai, aussi, pour autant qu’on le conçoive adéquatement : tout est entre vos mains, vous avez le pouvoir de « faire la différence ». Elles tâchent de canaliser de puissantes aspirations à changer les choses ici et maintenant, y compris au ras des pratiques de la vie quotidienne, mais en les piégeant dans des formes d’action inoffensives. La promotion industrielle du recyclage fut une tactique de ce genre : circonvenir les oppositions potentielles en maintenant les gens dans un état d’affairement apolitique.

Discréditer l’action politique
À l’action politique, réputée vaine, cet étrange « néolibéralisme éthique » oppose le cumul de microactes solitaires. Ce que dément pourtant immédiatement sa propre pratique : pour mettre en échec les projets de régulation environnementale, les industriels ont activement fait de la politique. Loin d’agir en agrégat, ils se sont au contraire réunis en conglomérat, en collectif capable d’agir de façon concertée.

Dans les années 1960, pour les mouvements écologistes naissants comme pour les mouvements féministes, « le personnel était politique » : il fallait débusquer les rapports de domination jusque dans les replis du quotidien. Œuvrer à changer ses pratiques individuelles et lutter pour changer le système, faire son compost et militer ne s’excluaient pas. Le discours de la responsabilisation promu par l’industrie a dissocié et opposé les deux dimensions : il a fait d’une microréforme des comportements individuels la solution de rechange à l’action politique. Il a propagé une fausse antinomie entre micro et macrochangement. À l’exigence d’une transformation du système, désormais présentée comme stratosphérique, stérile, se substitue la prétendue autosuffisance d’une réforme des pratiques individuelles, censées pouvoir changer les choses petit à petit, sans action collective ni conflit.

Il y a quelque chose de paradoxal dans cette histoire. Le système de la consigne reposait sur la mobilisation d’un intérêt sonnant et trébuchant : le consommateur rapportait la bouteille vide pour récupérer, en bon agent économique, ses 50 cents. Un dispositif de gouvernement par l’intérêt, pleinement conforme aux présupposés anthropologiques de l’économie classique. Or l’industrie a tenu à remplacer ce système par un autre, fondé au contraire sur la motivation désintéressée. Par pur souci de l’intérêt général, chacun est désormais censé trier ses déchets, et cela en l’absence de tout mobile égoïste apparent. Entre Homo oeconomicus et Homo politicus apparaît ainsi une troisième figure : Homo ethicus, sujet « responsable » chargé à son échelle de contrebattre, par sa microvertu, des macrovices systémiques.

Sauf que cette nouvelle gouvernance éthique ne chasse pas l’autre, de type économique, qui s’impose à ces mêmes agents. Elle ne la supprime pas : elle se surimprime. Les mêmes individus, interpellés comme sujets éthiques, le sont toujours aussi, et intensément encore, en tant qu’agents économiques. Chacun doit gérer la tension que produisent ces injonctions contradictoires : être économiquement efficient mais écologiquement responsable.

La responsabilisation est aussi le nom de ce report de la contradiction dans la vie psychique des individus ; le nom d’une nouvelle figure de la conscience malheureuse, associée à une forme de gouvernement par le dilemme.

Grégoire Chamayou

Auteur de La Société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire, La Fabrique, Paris, 2018, dont cet article est inspiré.
(1) Pour tout ce passage, cf. Joe Greene Conley II, « Environmentalism contained : A history of corporate responses to the new environmentalism » (PDF), thèse, Princeton, 2006.

(2) Andrew Boardman Jaeger, « Forging hegemony : How recycling became a popular but inadequate response to accumulating waste », Social Problems, vol. 65, no 3, Oxford, août 2018.

(3) Cité dans Andrew Boardman Jaeger, ibid.

(4) « Clean-up groups fronting for bottlers, critics say », The San Bernardino County Sun, 29 août 1976.

(5) Bartow J. Elmore, « The American beverage industry and the development of curbside recycling programs, 1950-2000 », Business History Review, vol. 86, no 3, Cambridge, automne 2012.

(6) Don Hazen, « The hidden life of garbage : An interview with Heather Rogers », AlterNet, 30 octobre 2005, http://www.alternet.org

(7) Bartow J. Elmore, « The American beverage industry and the development of curbside recycling programs, 1950-2000 », op. cit.


Très intéressant, merci bien!


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Je me pose une question.
Est-ce qu'il ne serait pas pertinent de profondément modifier le financement des campagnes. Là, vous parlez beaucoup des scrutins nationaux, mais c'est pareil pour les locaux, il y a, dans le coin, des personnes qui ont engagés des prêts personnels pour financer leurs campagnes municipales et c'est complètement anormal.
D'abord il est incompréhensible qu'une personne doive engager son patrimoine personnel dans une affaire comme celle-ci (ce qui est le cas aujourd'hui). Ensuite, il revient effectivement aux banques de "choisir" et le choix, contrairement à ce que nos amis complotistes laissent croire, ne se fait pas sur des critères politiques, mais financiers. Ce qui de facto privilégie ceux qui ont la surface financière qui va bien. Au passage, Je n'arrive pas à comprendre comment ceux qui braillent du souverainisme à longueur de journée, y compris ici, tout en ne voyant aucune objection à être financé par "une puissance étrangère" pour un scrutin français. Un lieu de culte qui ne serait pas catho ne peut pas être financé par des étrangers, mais une campagne, si: bravo la cohérence, les rigolos.

Ensuite, la règle est assez simple: le candidat désigne un mandataire qui est chargé d'exécuter les dépenses et de tenir la compta. En sachant que c'est loin d'être aussi simple que ça en a l'air. Cette compta elle est ensuite examinée par le CC ou la commission ad hoc pour la présidentielle. Il est important de noter que l'examen se fait sur pièce et sans capacité d'investigation. Donc ils doivent prononcer la conformité des comptes sur la base de ce qu'on leur donne: c'est ainsi que Bygmalion peut arriver; Donc première mesure, l'organe de contrôle doit pouvoir enquêter, ça parait logique.

Les comptes de campagne, c'est compliqué. D'abord parce que les dépenses peuvent être remontées jusqu'à 1 an, et donc, lorsque le mandataire est désigné (bien après), il doit déjà faire une compta rétrospective pour vérifier ce qui pourrait être a postériori imputé à la campagne, sachant que ça relève de l'intérprétation. Encore plus compliqué quand le candidat est sortant: ce qui a fait sauter les comptes "officiel" de Sarko en 2012, c'est que son mandataire avait estimé qu'un discours en fin d'année (Toulon ?), avant sa déclaration de candidature, était lié non pas à sa campagne, mais à sa fonction de Chef de l'Etat: dès lors, l'ensemble des coûts associés (déplacement, location, personnel, logistique) ont été ajoutés à ses comptesn, ce qui leur a fait dépasser le plafond (c'était avant l'autre dépassement). C'est là que ça devient compliqué: on peut aussi plaider la bonne foi du mandataire. Sur cette exemple, c'est plus compliqué car le mandataire avait été alerté avant la finalisation des comptes que ce déplacement pourrait poser problème, le choix avait été fait d'ignorer l'avertissement.

Mais dans d'autres cas, c'est plus difficile de savoir ce qui relève d'une dépense privée, d'une dépense de campagne ou d'une dépense de fonction. Le candidat qui paye son parcmètre pour aller à la radio, le parcmètre, c'est une dépense de campagne ou pas ? S'il va voir sa mère-grand qui habite près du studio sans repasser à sa voiture, donc sur une visite privée, faut-il proratiser le parcmètre ? ça a l'air trivial comme ça, mais les mandataires, ils se posent la question chaque jour avec le risque qu'implique une interprétation de bonne foi qui serait par la suite déjugée.

Autre cas à la con. Le candidat passe récupérer lui-même à l'imprimerie les tracts et les règles avec son chéquier: bim ! il est en faute, c'est du financement illégal. Seul le mandataire peut régler une dépense (ce qui repose la question du parcmètre) et aucune dépense non-réglée par le mandataire ne peut être intégrée. Autre question compliquée, les "frais de représentation". le coiffeur, le costume, c'est de la dépense de campagne ou pas ? si c'es le cas, est-ce qu'on peut utiliser le costume au mariage de la cousine aussi ? Sachant que pour le coiffeur, c'est tout de suite vu.

Après l'élection, le mandataire transmets l'ensemble des comptes qui sont, à ce moment, la principale cause d'annulation de l'élection, en particulier pour les locales. A chaque municipales, législtaives, cantonales etc, des comptes sont invalidés, annulant l'élection, des fois pour des erreurs d'interprétation ou de méconnaissance mais qui doivent être remarquées car elles peuvent aussi relever de la fraude. Et, la règle est connue pour les présidentielles, si les comptes sont validés sur pièce (donc sans enquête sur leur sincérité) et que les plafonds sont respectés après réimputations éventuelles de certaines dépenses (c'est très fréquent et sur des montants "raisonnables", ça n'a pas aucune incidence tant que les plafonds ne sont pas atteints), et que le candidat a fait au moins 5%, il est remboursés de frais de campagne.

Si au final, c'est l'Etat qui paye via le remboursement, ne pourrait-on pas plutôt imaginer que plutôt que nommer un mandataire qui paye puis attendre le remboursement, ce soit plutôt l'Etat qui paye directement ? Le travail du mandataire serait effectué par un agent du CC (ce qui n'existe quaisment pas aujourd'hui, au passage) ou des préfectures pour les élections locales qui, en plus de payer, pourrait en même temps faire le travail de vérification de la bonne imputation à la campagne. Ainsi, il perçoit également les recettes qui sont également vérifiées au fur et à mesure. Ainsi, dépenses et recettes sont contrôlées en temps réel, il devient beaucoup plus difficile d'avoir des flux financiers occultes et Bygmalion devient impossible. De plus, le financement de la campagne ne repose plus sur la capacité du candidat à convaincre une banque ou sur sa fortune personnelle. Dans ces conditions, il faudrait même imaginer que els candidats disposent tous du même budget, quitte à abaisser les plafonds.

Avantages :
Egalité des candidats devant les budgets
Disparition des banques et puissances étrangères
Vérification en temps réel des dépenses et des recettes
Connaissance par les instances de contrôle et de Tracfin en temps réel des flux

Inconvénient :
Il parait difficile de mettre en place ce système sans réfléchir aux modalités de "sélection" des candidats. Soit dit en passant, le système actuel pour la présidentielle est complètement dépassé.


Enfin tout ça pour dire que le financement de campagne, c'est un peu plus compliqué que ce qu'on entend à longueur de journée.

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Tel est mon bon plaisir.


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 07 Fév 2019 14:46 
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ajacques a écrit:
NickP a écrit:
T'as raison Ajacques.

Si y en a bien un qui n'est pas spontané et qui n'est pas sincère, c'est bien Ruffin.

C'est odieux de se faire sa pub sur le malheur des vraies gens, comme nous répètent tous les ministres de notre gentil gouvernement.


J'ai pas dis que les autres étaient mieux, mais au moins ils avancent à visage découvert ...

Tu pourras directement aller apostropher François Ruffin le dimanche 24 février à Hérouville pour l'avant-premier de son film documentaire (réalisé par Gilles Perret) "J'veux du soleil" (16h00).

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« La victoire a beaucoup de parrains tandis que la défaite est orpheline » (Talleyrand).


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