Justice : la justice se penche à nouveau sur les soupçons de matches truqués de Nîmes
Le dossier des rencontres arrangées de Nîmes va être réexaminé à partir d'aujourd'hui par la justice, en l'absence des deux principaux acteurs qui ont renoncé à leur recours.
Ce matin, à 9 heures, le procès en appel de l'affaire des matches truqués de Nîmes débute à Paris. En 2013-2014, deux hommes venant de rentrer dans le capital du club gardois, Jean-Marc Conrad et Serge Kasparian, avaient manoeuvré pour tenter d'influer sur le score de sept matches de leur équipe en L 2, contre le CA Bastia, Dijon, Brest, Laval, Istres, Caen et Créteil. Ils avaient entraîné dans leur scénario sept autres personnes, tous soupçonnés d'avoir voulu arranger des rencontres professionnelles : Franck Toutoundjian, un ami de Kasparian, Michel Moulin, ex-conseiller du PSG, Mohamed Regragui, Michel Milojevic et Nasser Ouadah, trois anciens joueurs, Kaddour Mokkedel, l'ancien chef de la sécurité du Stade Malherbe de Caen, et Jean-François Fortin, l'ancien président du club normand, soupçonné notamment d'avoir accepté six bouteilles de Costières et un magnum.
Mis sur écoute par la police, tout ce petit monde avait été jugé au mois de juin 2018. Seul Nasser Ouadah avait été relaxé. Conrad et Kasparian avaient été condamnés entre autres à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis, Franck Toutoundjian à deux ans dont un avec sursis, Jean-François Fortin à un an avec sursis, Kaddour Mokkedel à huit mois avec sursis, Michel Moulin à dix mois avec sursis, tout comme Mohamed Regragui. Michel Milojevic écopait, lui, de cinq mois avec sursis.
Affaire des matches truqués de Nîmes : Jean-Marc Conrad renonce à son appel
Ce matin, ils ne seront pas tous là, devant la cour d'appel de Paris. Fortin sera rejugé, avec l'espoir d'être relaxé. Il a très mal vécu sa condamnation. Tout comme Toutoundjian, Moulin et Regragui qui espèrent convaincre les magistrats. Selon nos informations, Mokkedel et Milojevic n'avaient pas fait appel de leur jugement. Kasparian et Conrad, les cerveaux de l'histoire, s'étaient, eux, empressés de le faire. Mais au début de l'été dernier, L'Équipe avait révélé que Kasparian, mis en examen par ailleurs dans l'affaire du cercle de jeux Cadet, avait décidé de renoncer à son appel. Début septembre, Jean-Marc Conrad l'a imité. Ils devront désormais se rendre dans le bureau d'un juge d'application des peines.
L'ancien patron de l'Autorité de régulation des jeux en ligne cité comme témoin
Sans leur présence, le procès pourrait perdre de sa saveur et de son intérêt. Les envolées lyriques et le jeu d'acteur de Kasparian avaient animé le premier procès, présidé par Benjamin Blanchet, le magistrat qui a mené ensuite le procès de Patrick Balkany. Connaisseur éclairé du football et de son milieu, au même titre que les deux procureurs du Parquet national financier, Jean-Yves Lourgouilloux et Aurélien Letocart, il s'était montré intransigeant et avait repoussé les justifications nébuleuses des prévenus, pointant l'immoralité sportive de certains comportements.
Soupçons de matches truqués (Caen-Nîmes) : les larmes de Jean-François Fortin
Mais pour Gérard Tcholakian, l'avocat de Toutoundjian, « ce procès en appel ne sera pas dénué d'intérêt ». Il a fait citer comme témoin Jean-François Vilote, le directeur général de la Fédération française de tennis. En mars 2011 alors qu'il dirigeait l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel), ce dernier avait commis un rapport sur la nécessité de « préserver l'intégrité et la sincérité des compétitions sportives face au développement des paris sportifs en ligne. » Ce texte de 70 pages avait servi de fondement à l'article 445-1-1 du Code pénal sur lequel s'était appuyé Serge Tournaire, le juge d'instruction, pour mener ses investigations. Cet article prévoit de punir de « de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 500 000 € [...] le fait, par quiconque, de proposer à tout moment, directement ou indirectement, à un acteur d'une manifestation sportive donnant lieu à des paris, des offres, des promesses, des présents, des dons ou des avantages quelconques (...) pour que cet acteur (...) modifie le déroulement normal et équitable de cette manifestation (...) ou parce que cet acteur, par un acte ou une abstention, a modifié le déroulement normal et équitable de cette manifestation ». Le recours à cet article pour poursuivre les condamnés pose question selon Tcholakian : « Dans cette histoire de pieds nickelés. Il n'est jamais question de paris sportifs... »
_________________ tu ferrais bien de t'y mettre à la rando, sinon tu vas finir au Cap d'Agde comme bouée tractée !
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