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Dans l'Equipe du jour, une page de portrait sur Montanier (qui dit en substance qu'il n'a probablement pas le crédit que sa carrière mérite), et une autre sur Danjou qui cite sa blessure avant la finale de 2005 comme le plus gros regret de sa carrière. Danjou - Cliquez ici pour faire apparaître le contenu caché
Votre plus grand regret? Avec Caen, en 2005. On part le jeudi à Clairefontaine pour préparer la finale de la Coupe de la Ligue. En arrivant, on fait un entraînement et ce jour-là, en général, je ne faisais pas grand-chose. Sur la fin, certains commencent à faire des volées. Et là, je vais avec eux et, sur un tir, je me claque. Je me dis tout de suite :“Je ne suis qu’ un gros connard .” Je ne faisais jamais ça! J’ ai chialé dans ma chambre. Je rate la finale à cause de ça (1-2 contre Strasbourg).
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L’ombre porteuse Vainqueur de la Coupe de France, l’entraîneur du TFC ne semble pas reconnu à la hauteur de son parcours. Sa volonté de rester dans l’ombre et ses passages délicats à Rennes et à Lens l’expliquent en partie.
Philippe Montanier, attentif sur le banc, le 18 mars lors de la défaite de Toulouse à domicile face à Lille (0-2) pour le compte de la 28e journée.
On aurait aimé demander au vainqueur de la Coupe de France ce que ce triomphe inattendu et spectaculaire avait déclenché au plus profond de lui. Et s’il l’avait accueilli comme l’indispensable mise au point sur ses talents, parfois discutés, après ses expériences sur les bancs de touche du Stade Rennais (2013-janvier 2016) et du RC Lens (2018-février 2020), deux clubs dont il a été viré dans des circonstances singulières. La question restera sans réponse, du moins la sienne. Philippe Montanier (58ans) n’est pas fâché avec L’Équipe ni avec la chose médiatique. C’est juste qu’il n’aime pas parler de lui, nous a-t-il répondu, et pas davantage qu’on parle de lui.
« Si vous pouviez ne pas faire ce papier ça ne me dérangerait pas », a-t-il avancé, avant de citer Robert Nouzaret parmi les personnes qui le connaissent le mieux. Nouzaret est l’homme qui l’avait lancé dans le but de Caen, en 1989, il est aussi celui qui l’avait pris comme son entraîneur adjoint, onze ans plus tard, à Toulouse, en lançant sa carrière de coach. « Tout le monde rêve de travailler avec un mec comme Philippe, explique l’ancien entraîneur de Montpellier, Lyon ou Saint-Étienne. L’homme est exceptionnel : pro, compétent, talentueux, sérieux et droit, il ne cherchera jamais à te mettre une peau de banane. C’est un “amoureux” Philippe, il aime trop les autres. Mais il a appris à faire attention avec l’affect, il est devenu vigilant. » Avant de se faire virer, en décembre, Michaël Debève était l’adjoint de Montanier à Toulouse, comme il l’avait été à Lens et au Standard de Liège (2020). Cinq ans qu’ils ne se quittent plus. « Les gens qui l’ont connu vous diront que Philippe incarne la fidélité, l’humilité et le respect, assure Debève. Il ne se met jamais en avant, sauf pour protéger les joueurs et prendre les coups à leur place devant les médias, il assume tout et valorise toujours le collectif et le staff. C’est pour ça qu’il est apprécié partout. Et puis, il n’a jamais d’histoires avec personne, arbitres, joueurs, entraîneurs adverses. »
L’ancien gardien de but de Caen, Nantes ou Toulouse (318 matches en pro entre 1989 et 2000) pourrait pourtant la ramener sur son parcours d’entraîneur. À ses débuts, il a fait grimper Boulogne-sur-Mer de trois échelons en cinq ans, du CFA à la Ligue 1, de 2004 à 2009. Tranquillement maintenu Valenciennes en L1, de 2009 à 2011, puis qualifié la Real Sociedad en barrages de la Ligue des champions, avec le jeune Antoine Griezmann, en 2013. Et avant de faire remonter Toulouse en Ligue1, l’an passé, au bout d’une saison exceptionnelle (79 points, 82 buts) et de lui faire gagner la Coupe de France, il avait emmené Lens au dernier tour des barrages L1/L2, au printemps 2019, finalement battu par Dijon (1-1, 1-3).
Pas mal, mais pas suffisant pour avoir la carte grand-entraîneur-grand-public. Parce qu’il n’a pas réussi à Rennes, où il a perdu la finale de la Coupe de France 2014 contre Guingamp (0-2) et pas assez utilisé Ousmane Dembélé, parti un peu trop vite au Borussia Dortmund, du coup. Et parce que l’homme de la remontée en L1 des Sang et Or, en 2020, ce n’est pas lui, mais Franck Haise. Montanier avait dirigé 26 fois l’équipe avant de se faire remplacer par l’actuel coach artésien, à qui deux matches ont suffi pour finir le travail, avec l’arrêt de la saison à cause du Covid.
À Rennes, Montanier avait été recruté en 2013 sous la présidence de François de Saint-Sernin, il s’est fait limoger deux ans et demi plus tard par son successeur, René Ruello. Ruello dit avoir « adoré l’homme », mais n’avoir « pas pu sauver l’entraîneur », limogé en janvier 2016 et remplacé par Rolland Courbis, une semaine après que ce dernier avait débarqué à Rennes comme conseiller du président. Savoureuse coïncidence. « J’avais fait venir Courbis en pensant qu’il allait apporter le côté communicant qu’il manquait à Philippe, raconte Ruello sept ans après. Je vous jure que je n’avais aucune arrière-pensée de lui confier l’équipe. Au bout d’une semaine, Philippe m’a appelé pour me dire qu’il ne pouvait plus fonctionner dans cet attelage. Courbis, c’était une connerie et un mauvais choix, je n’aurais pas dû faire ça.C’est bizarre une carrière d’entraîneur mais j’ai toujours pensé que c’était un bon. »
Élu meilleur entraîneur de L2 en 2009 et en 2022 et de Liga en 2013, Montanier est plein de références, de rêves et de diplômes, une licence de STAPS et une maîtrise de gestion. Il a adoré les Pays-Bas de 1974, l’AC Milan d’Arrigo Sacchi, le Barça de Messi, Iniesta et Xavi, parce qu’il a remis la technique au coeur du jeu, son grand combat. Il aurait rêvé de jouer au RC Lens ou avec les Verts d’Ivan Curkovic, et ses inspirations mènent à Jean-Claude Suadeau, son ancien entraîneur à Nantes (19901991), avec lequel il est resté en contact.
Les principes de jeu de Montanier ? « Avoir la maîtrise et le ballon, donc aller le chercher le plus haut possible en empêchant l’adversaire de relancer, répond Debève. Terminer rapidement les actions devant en gardant de la sécurité derrière. » Ses préférences et sa force ? « Les systèmes de jeu en 3-4-3 ou en 4-3-3, enchaîne son ancien adjoint, mais il en travaille d’autres pendant les trêves internationales. Et puis il aime lancer les jeunes et fait progresser tout type de joueurs. » Son savoir-faire ? « La gestion humaine et c’est bien plus dur que l’organisation de jeu, assure Nouzaret. ll y a tellement de facteurs à appréhender : la partialité, la mauvaise foi, la mauvaise humeur. Cette façon de gérer l’humain tu l’as ou tu l’as pas. »
“Quand il est arrivé à Lens, l’équipe allait mal, deux ans plus tard elle est remontée en L1 grâce à lui. (...) Pourtant, l’histoire n’a pas été racontée comme ça
Comme Nouzaret, le milieu du foot fait confiance à Montanier, au-delà même de son pays puisque Nottingham Forest (2016-janvier 2017) ou le Standard (juin-décembre 2020) ont cru en lui. Mais la reconnaissance semble lui échapper. « Quand il est arrivé à Lens, l’équipe allait mal, deux ans plus tard elle est remontée en L1 grâce à lui, il avait participé au recrutement et l’équipe avait pris 88% des points avec lui, (47 sur 53) même Haise (son successeur) l’avait reconnu, estime Debève. Pourtant, l’histoire n’a pas été racontée comme ça. Philippe a toujours rempli ses objectifs, il mériterait un autre regard.»
En souffre-t-il, au moins ? Ce n’est même pas sûr, à en croire Nouzaret. « Philippe se “maintient” dans toutes les situations, bonnes et mauvaises, ça ne change rien à ses objectifs. Il est costaud, solide. » Et depuis la finale de la Coupe, se sont-ils parlé ? « Je lui ai dit de bien en profiter car ça va vite, mais je ne lui ai rien appris, sourit Nouzaret. Après je pense qu’il a tout pour continuer sur sa lancée. » La Ligue Europa en l’occurrence.
_________________ - Paris Drakkars - Malherbe
Dernière édition par Hastings le 07 Mai 2023 22:12, édité 1 fois.
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