Landry a écrit:
Mais ça contribue à une forme de sanctification, de divinisation, de fixation d'un message dans la pierre (ou le bronze, qui lorsqu'il est coulé, s'il libère, signifie bien la fin d'un cycle). Les messages doivent être évolutifs, graver contribue à appauvrir. Voire à tuer.
Absolument pas, car la statue dépasse de loin le personnage. C'est une mine pour comprendre le passé et les mentalités d'une époque, ce qui invite à réfléchir sur ce personnage plutôt qu'il entre dans les oubliettes de l'Histoire. On sait que toi, tu le connais Brassens, mais dans deux siècles...On s'en fichera que toi tu le connaissais. Après, tu peux aussi considérer que tes congénères sont à ce point dénués d'esprit critique, qu'il est inutile de confronter leur regard à des monuments dont ils seraient incapables de déceler les codes.
Les statues sont certes des objets non consensuels, qui reflètent les valeurs dominantes d'une époque, mais je trouve dommage de réclamer leur arasement, même si je suis plutôt nihiliste de nature. Je suis désolé de me référer souvent à l'Occupation, mais c'est une période que je connais bien, et qui a été, justement en France, celle du plus grand nombre de déboulonnages. On peut considérer ça comme une bénédiction, j'ai plutôt tendance à penser que cela constitue une perte et un appauvrissement mémoriel.
Evidemment, la déstalinisation à l'Est du rideau de fer est particulièrement emblématique de cet enjeu au coeur de l'espace urbain et dans les fondements des marqueurs identitaires des peuples.
A l'heure on nous vivons dans l'ère du zapping perpétuel, je ne trouve pas la statue si désuète et inutile que ça.