SM Caen : nos tops et nos flops d’une saison contrastéeBilan. Malgré un printemps assez affligeant, le SM Caen a rempli sa mission en validant un 4e maintien de rang en L1. Entre satisfactions et déceptions, nos tops et flops de la saison.
Au SM Caen, la saison s’est de nouveau jouée à la dernière journée. Grâce à un match nul face au PSG, comme l’an passé au même moment, le Stade Malherbe a arraché son maintien et une cinquième saison de rang en Ligue 1. C’est la fin d’une ère et ils sont plusieurs à pouvoir partir la tête haute, de Jean-François Fortin à Patrice Garande en passant par plusieurs cadres arrivés en 2014 (Rémy Vercoutre, Julien Féret, Damien Da Silva). Retour sur une saison riche en émotions et en contrastes, avec nos tops et nos flops.
Les tops :
Un maintien, encore unCeux qui connaissaient le Malherbe spécialiste de l’ascenseur, ou le Malherbe de 1997-2004 enterré en L2, doivent forcément apprécier le Malherbe stabilisé en L1.
Les Caennais, qui viennent de pousser le vice jusqu’à miser deux fois de suite leur maintien à la 38e journée contre Paris (merci Paris), vivront une 5e saison consécutive parmi l’élite. Du jamais vu depuis la période 1988 - 1994. Pour la ville, la région, une 18e saison de L1 dans l’histoire du club devra être savourée à sa juste mesure.
La charnière centrale Da Silva - Djiku :
Rayonnant sur la première partie de saison, le duo a symbolisé la force défensive initiale de Malherbe, et largement contribué à hisser le club jusqu’à la 6e place fin novembre. La « DSD » a baissé de pied après, sous l’effet du passage à la défense à cinq, de la blessure de Djiku et d’une dynamique collective disparue. Mais dans les moments chauds, ils ont souvent répondu présents.
Da Silva va partir, Djiku devrait rester, à moins d’une belle offre, pas à exclure… « J’ai encore trois ans de contrat, logiquement je serai encore là » , a dit l’ex-Bastiais samedi. Reconstruire une charnière de cette valeur sera de toute façon une tâche difficile pour les nouveaux dirigeants.
Le retour de Frédéric Guilbert :
Un club a toujours besoin d’une identité, offerte par certains joueurs. En revenant in extremis à Caen l’été dernier, pour y signer quatre ans, Frédéric Guilbert s’est mué en leader naturel au fil de la saison. Le garçon est sympa, le joueur exemplaire d’abnégation. Souvent le cocktail idéal pour remporter l’adhésion populaire, qui est plus est quand on est un gars du coin.
La saison prochaine, place à Guilbert capitaine, sauf choix différent du nouveau coach ou surprise lors du mercato. Ça paraît improbable. « J’espère que les nouveaux dirigeants feront les choses bien et qu’on les fera ensemble , a dit le Valognais. Je serai là, j’ai un contrat. Après, s’ils ne veulent pas de moi, je partirai… » On est sûrs de l’inverse.
La plus belle page de l’histoire du club en Coupe de France :
Depuis 2005 et la finale malheureuse face à Strasbourg (1-2), Malherbe était raillé pour sa capacité à (trop) vite disparaître des coupes nationales. L’espoir de retourner un jour au Stade de France avait fui l’esprit des supporters, au fil de douze saisons sans réel frisson.
Au moment où les temps étaient durs, le SM Caen a écrit sa plus belle page en Coupe de France. Le tout avec des héros peu communs (Samba, Diomandé), un exploit face à Lyon (1-0), 81 minutes de résistance face au PSG (1-3) en demi-finale. Et un sacré vent de fraîcheur à d’Ornano.
L’émergence de Deminguet :
Il ne faisait même pas partie des jeunes intégrés au groupe pro l’été dernier, mais a finalement été la révélation caennaise du début d’année 2018. Du Vélodrome en novembre à sa première convocation en équipe de France U20 la semaine passée, tout est allé très vite pour Jessy Deminguet. Le Lexovien de 20 ans a de la qualité et une volonté qui plaît.
Il aura le droit à son nom sur le maillot la saison prochaine. À Caen, sans le moindre doute ? « Je pense que pour moi, c’est le but , a-t-il répondu samedi soir, avant de nuancer. Mon contrat n’est pas encore signé. C’est mon agent qui gère ça pour moi. » Pour la nouvelle direction, il ne faudra pas se manquer sur le dossier du seul jeune issu du centre à s’être réellement distingué.
Les flops :
La sortie ratée du président Fortin
« Sincèrement, on a tout fait pour que ça ne se passe pas tout à fait comme ça » , avait dit le nouveau président Gilles Sergent jeudi soir. Après 18 ans de présidence et une crise en haut lieu, Jean-François Fortin a dit au revoir à tout un stade samedi soir, sans avoir pu choisir sa sortie. Au-delà des responsabilités, forcément partagées, ce constat-là est très dommageable. « Ce n’était pas évident (ces dernières semaines) , surtout que c’est un président que nous, joueurs, on apprécie beaucoup » , a dit Damien Da Silva.
Le défenseur central a la parole libre de celui qui s’en va. Frédéric Guilbert restera caennais, lui, mais a tenu un discours encore plus offensif. « C’est un grand Monsieur du football. Son nom restera gravé ici. Je suis vraiment déçu de la sortie qu’il a eue. Il ne méritait pas ça. Dans le football, il n’y a pas de pitié… »
La pire attaque de l’histoire du club :
27 buts en 38 matches : Malherbe a fait moins bien que Cavani cette saison, et que toute autre équipe dans l’histoire du Stade Malherbe, Ligue 1 et Ligue 2 confondues. Triste record pour une formation où deux hommes (Santini, Rodelin) auront inscrit 60 % des buts, cinq ailiers (Kouakou, Bazile, Repas, Stavitski, Nkololo) en auront marqué un seul.
En cause : un recrutement offensif raté, illustré par le flop Repas, et un profil d’équipe pas vraiment conforme aux forces que doit avoir un candidat au maintien. Dans ce domaine en particulier, il y aura forcément de nouveaux hommes à l’intersaison. Malherbe peut difficilement se permettre une autre saison aussi triste sur le plan offensif.
Les blessures en cascade :
Difficile de vivre une année sereine quand votre effectif, déjà pas pléthorique, est amputé chaque semaine de plusieurs éléments. Malherbe a (encore) traversé cette saison en accumulant les pépins. Il termine sur le podium des équipes les plus touchées par les blessures… Les absences longue durée de Djiku, Mbengue et Aït Bennasser lui auront notamment fait mal.
Une série affreuse pour finir :
Caen vient de réussir un petit exploit, inédit dans son histoire : se maintenir après n’avoir gagné aucun de ses onze derniers matches, et grappillé 3 points (nuls à Troyes, contre Toulouse et Paris) sur les 33 derniers en jeu. « On s’est mis dans la merde tous seuls, mais on a assumé sur ce dernier match » , retient Djiku.
Après le succès contre Strasbourg début mars, Caen avait 35 points et était quasiment maintenu. Mais l’équipe s’est totalement désagrégée par la suite, trop tranquille d’abord puis à bout de souffle, faible mentalement, incapable de se faire violence pour aller chercher l’unique victoire qui manquait. Un constat qui interpelle et doit être analysé en profondeur par la nouvelle direction, pour l’avenir. D’autant que le printemps 2017 avait déjà été très difficile…
Des cadres au bout du chemin :
On pense notamment à Vercoutre, Féret ou Bessat. Le premier a d’abord été bon, avant de s’éteindre au cœur de la série noire et de rater sa sortie, chiffonné probablement aussi qu’on ne l’ait pas sollicité pour envisager l’avenir au-delà de son contrat. Samedi soir, avant de raccrocher les gants, Vercoutre a toutefois reçu un hommage mérité du club et du public pour son apport depuis 2014.
Da Silva ou Féret auraient mérité la même chose, d’ailleurs. Indéboulonnable aux yeux de Garande, le capitaine de 35 ans n’a jamais rechigné cette saison, beaucoup récupéré de ballons, mais ses jambes ne lui ont plus permis de faire des différences. Bessat a vécu une dernière année de contrat gâchée par les blessures, alors qu’il partait avec le statut de n°1 en latéral gauche. C’est la fin d’une époque.