Comment la vidéo aide le SM Caen à se préparerLe nouveau staff du SM Caen travaille énormément avec l’appui de la vidéo, un support dont il est particulièrement friand. Rencontre avec son analyste Pierre-Alain Montecer, un jeune Nordiste recruté début août par le coach Fabien Mercadal.
Toute la semaine, du matin au soir et parfois du soir au matin, Pierre-Alain Montecer est collé à son écran d’ordinateur. Ce Nordiste de 29 ans est le membre « caché » du staff de Fabien Mercadal.L’analyste vidéo du SMC décortique les matches de Malherbe et de ses adversaires, comme il l’a fait durant six ans pour le compte d’Alain Casanova puis Eric Sikora au RC Lens. « J’avais croisé Fabien en L2, il m’a appelé début août pour me proposer le poste, et j’ai foncé tout de suite, sourit-il. La L1, c’est une opportunité énorme, je continue mon apprentissage ! »
Dans « l’open space » qui sert de bureau au nouveau staff, spécialement aménagé à l’intérieur du stade d’Ornano, Montecer échange en permanence avec Mercadal, son adjoint Michel Audrain, l’entraîneur des gardiens Hervé Sekli, les deux préparateurs physiques Christophe Manouvrier et Jean-Marc Branger.
Dévoreurs d’images :
Tous sont férus de travail sur vidéo, et les débats avec l’appui des images sont nourris. « On parle souvent de la vidéo comme d’un instrument pour disséquer l’adversaire, mais cela nous permet aussi d’améliorer notre projet de jeu, résume Fabien Mercadal. Illustrer par la vidéo le placement d’un joueur, par exemple, permet de gagner un temps fou sur le terrain, surtout avec les nouvelles générations qui ont grandi sur les écrans. On sollicite énormément Pierre-Alain, on regarde aussi beaucoup de matches partout, et quand quelque chose nous plaît, on le fait couper, on en discute… »
Malherbe joue à Saint-Etienne ce samedi, et Mercadal réclamera encore à ses joueurs beaucoup d’intensité dans le jeu.
La vidéo lui sert pour valoriser cette exigence, et la prestation fournie contre Lyon servira d’exemple utile à rappeler. Peut-être le coach utilisera-t-il aussi quelques images des matches de l’OL et Liverpool, modèles en la matière cette semaine en Ligue des champions…
Des séances vidéo quasi quotidiennes :
Pas question non plus d’oublier le moindre détail concernant le jeu de l’adversaire. Depuis une grosse semaine, Pierre-Alain Montecer travaille sur les Verts, pour décortiquer points forts et points faibles.
Il a visionné leurs matches contre Amiens (0-0) et Guingamp (2-1) à Geoffroy-Guichard. Il en a tiré un montage d’une dizaine de minutes, qui a été présenté aux joueurs ce jeudi. « On utilise des formats courts, sur des thèmes bien précis, pour éviter aussi de les lasser. »
Il faut dire qu’entre le débrief du match de Lyon mardi, la présentation de l’adversaire ce jeudi, une séquence dédiée aux coups de pied arrêtés prévue ce vendredi matin, avant mise en pratique à l’entraînement, ou le briefing de samedi matin à leur hôtel stéphanois, les acteurs ne manquent pas d’images. « Certains joueurs ont aussi des demandes individuelles, comme Oniangué, Ninga ou Djiku qui aiment bien avoir un retour vidéo de leurs matches et une clé USB avec leurs adversaires du week-end. » Suspendu, le défenseur n’en aura pas besoin cette fois…
Tout ce travail invisible, très en vogue, doit servir à « minimiser l’incertitude » dans un sport où il est impossible de tout maîtriser. Voire à rassurer les joueurs « en tentant par l’image de leur montrer qu’il existe des solutions ».
Pour le staff, la satisfaction est forcément grande, quand un domaine précis travaillé en amont, sur la vidéo puis à l’entraînement, permet de marquer en compétition.
Le 2e but contre Lyon ne doit rien au hasard :
Cela a été le cas samedi dernier contre Lyon (2-2), sur le coup franc de Fajr tiré rentrant au premier poteau pour la tête d’Oniangué, qui arrivait lancé. « On avait vu une faille de ce côté-là et travaillé deux zones bien précises, avec Oniangué chargé de rentrer dans l’une de ces zones, sourit Pierre-Alain Montecer. Après, il y a la qualité du frappeur qui rentre aussi en ligne de compte. »
À la mi-temps du match face à l’OL, Mercadal avait demandé d’insister. À l’appui, de nouvelles images que son analyste vidéo, descendu des tribunes, lui avait apportées. « Pendant chaque match, je procède à un « codage » avec un logiciel spécifique qui me permet de séquencer le match sur les pertes de balle, les transitions, les déplacements des joueurs, le marquage sur coups de pied arrêtés, etc., détaille Montecer. Cela fait gagner du temps sur le débriefing d’après-match, et permet aussi d’appuyer le discours du coach à la mi-temps, à travers une ou deux séquences flagrantes. »
Aujourd’hui plus que jamais, le foot se joue aussi sur les écrans.