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Avounou, Durel à la réalité- Cliquez ici pour faire apparaître le contenu caché
Ligue 1. SM Caen - Rennes, samedi (20 h). De Brazzaville, où il est né, à Caen, où il est en passe de se révéler, en passant par Marseille, l’international congolais n’a jamais cessé de respirer football. Il a su forcer son destin.
Avec Durel Avounou, on avait envie de parler de l’Afrique, de son enfance, heureuse ou malheureuse. De sa mère, Gisèle, qui « a tant fait » pour lui. De tout ou presque, sauf de foot. On lui a demandé quel gamin il était et on a vite compris que le foot, c’était sa vie. « Gamin, j’étais… têtu. Je ne détestais pas les études, mais ma priorité était ailleurs. C’était le foot. Tout le temps. Chaque soir, je rentrais à la maison une heure en retard et je me faisais sévèrement punir. Mais l’appel du ballon était trop fort. Le lendemain, je savais ce qui allait m’arriver si je rentrais tard, mais je jouais… »
Les larmes de Gisèle À 12 ans, il intègre le Centre d’études et sport « La Djiri » (CESD), situé à quelques kilomètres de Brazzaville. Là-bas, il étudie, un peu. Joue, beaucoup. « Quand je lui demandais s’il avait bien travaillé, Durel me répondait toujours oui, se marre Vincent Rautureau, ancien entraîneur de La Roche-sur-Yon, qui fut son formateur au CESD. Sauf qu’à la lecture des bulletins, il n’avait que des mauvaises notes. Comme après un mauvais match, il suffisait de le recadrer pour qu’il mette un coup de collier. Le foot a toujours été sa priorité, mais Durel a eu son Bac. Il était à l’écoute, intelligent. »
Avril 2015, plusieurs membres du CESD sont invités à participer à des tournois en France. Durel Avounou fait partie de ceux-là. Problème, ce jour-là, le chef de l’Etat congolais se rend à l’étranger. Les routes sont coupées, Durel arrive en retard à l’aéroport. « J’avais été très clair sur le respect des horaires et je ne souhaitais pas déroger à cette règle , raconte Vincent Rautureau. Ne pas l’emmener, c’était lui faire prendre conscience des exigences du monde professionnel. Mais au bout d’une demi-heure, je vois arriver une mère en pleurs, qui me supplie d’emmener son fils. Je savais que la famille Avounou ne roulait pas sur l’or. Et on ne peut pas rester insensible aux larmes d’une mère… »
Sauvé par l’amour et les bons mots de sa mère, Durel Avounou part en France avec un objectif, un impératif : saisir sa chance. Un an plus tôt, il avait déjà brillé sur le sol français, au point de passer un mois et demi au centre de formation de l’OM. « Un mois et demi et aucune explication au moment où tout s’arrête » , regrette le fan du Borussia Dortmund.
Cette fois, il s’illustre au tournoi U19 de Saint-Joseph (Loire), puis à Rezé. Suffisamment pour taper dans l’œil des recruteurs du SM Caen. Pour lui, la suite ne s’écriera plus au pays, mais en Normandie. « Qu’est-ce que j’aurais fait si Malherbe ne m’avait pas contacté ? Je n’en sais rien. J’avais envisagé d’entrer dans l’armée. Mais le service militaire au Congo, ce n’est pas rigolo. »
De Taddeo l’a rassuré Après deux saisons passées au sein de l’équipe réserve, Durel Avounou a signé son premier contrat pro (3 ans) en juin dernier. « Durel a des capacités, il le sait, mais il a tendance à ne pas travailler tout le temps » , avait pourtant lancé Grégory Proment, en janvier 2017. Le Congolais écoute la remarque. « J’ai entendu beaucoup de personnes me dire que j’étais fort mais trop nonchalant. Je ne m’en rendais pas compte mais à force qu’on me le dise, j’ai fini par le croire , se marre-t-il. Je n’aime pas renvoyer cette image, j’essaye de changer. »
Ses deux premières apparitions en Ligue 1, lors des deux premières journées, l’ont fait grandir. Comme cette traversée du désert, entre le 26 août (Metz) et le 28 novembre (Strasbourg), où il n’est pas entré une seule fois en jeu. « Francis De Taddeo (directeur du centre de formation) est venu me voir , dévoile l’international congolais. Il m’a dit : « Durel, si tu ne joues pas, c’est qu’il y a une raison. Ne te pose pas 10 000 questions, n’en veux pas à ton entraîneur. Bosse, donne tout et tu seras récompensé ». Son discours m’a fait du bien. »
Le temps et les blessures conjointes d’Adama Mbengue et de Vincent Bessat ont fait le reste. À Guingamp samedi, le Congolais a renoué avec la Ligue 1. À un poste - latéral gauche - dont il découvre les spécificités. Qu’importe le flacon… « Depuis mon arrivée à Caen, j’ai joué un peu partout , sourit l’intéressé. Pour moi, ce n’est pas trop gênant d’évoluer à gauche, dans une défense à 5. Je prends du plaisir parce que j’ai le sentiment de jouer devant. Dans une défense à 4, ce serait plus compliqué parce que je manque de repères. » Durel Avounou enchaînera face à Rennes, samedi. Depuis un matin d’avril 2015, il a appris à être « à l’heure ». Exact au rendez-vous.
_________________ Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin.
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