Désolé c'est moche, je ne sais pas comment il fait Moriarty.
40 ans de stade à Nantes. Son architecte, Berdje Agopyan, livre les secrets de la Beaujoire Le 21 juin 1982, c’est le cabinet de Berdje Agopyan, architecte et urbaniste, qui a été retenu pour la construction du stade de la Beaujoire. Le 8 mai 1984, le stade était inauguré.
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05:21 Le stade de la Beaujoire en 1983, peu avant sa livraison finale. PHOTO VILLE DE NANTES Presse Océan Philippe CORBOU Publié le 01/05/2024 à 19h12 Le 8 mai 2024, le stade de la Beaujoire-Louis-Fonteneau va fêter ses 40 ans. Pour Berdje Agopyan, son architecte, aujourd’hui âgé de 87 ans, cela reste un très bon souvenir, même s’il a fait face à des contraintes assez peu habituelles et qu’il n’a eu qu’un peu plus de seize mois pour le réaliser. Une véritable gageure, sachant qu’il avait eu quatre ans et demi pour la construction du Parc des Princes auquel il avait participé.
« Seize mois de travaux, une performance extraordinaire pour un tel équipement » Tout avait commencé à la fin des années 1970. Le président du club, Louis Fonteneau, avait en tête l’idée d’un nouveau stade, car la candidature de la France pour organiser le championnat d’Europe 1984 était envisagée. Mais il ne savait pas où le placer, la Beaujoire et l’île Beaulieu étant les deux seuls sites envisagés. Le président de la Fédération française de football, Fernand Sastre, avait avoué à Michel Cordier, l’adjoint aux sports de l’époque, qu’il n’était pas envisageable pour Nantes d’avoir l’Euro à Saupin. C’est finalement le site de la Beaujoire qui sera retenu pour sa proximité des grands axes routiers et parce que le futur tramway y aurait son terminus.
Le début de la construction du stade. Le début de la construction du stade. | PHOTO BERDJE AGOPYAN ARCHITECTE DPLG En novembre 1980, le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, confirme que l’État soutiendra financièrement la construction ou l’agrandissement de six stades en France pouvant accueillir 50 000 spectateurs au moins… dont Nantes.
Après l’officialisation de la candidature, le conseil municipal de Nantes donne son feu vert à la construction du stade le 2 novembre 1981. Le 21 décembre 1981, ce même conseil municipal approuve le lancement des appels d’offres. Huit dossiers sont déposés dont celui du cabinet d’architecture parisien Agopyan. Mais Berdje Agopyan n’a pas obligatoirement les faveurs du pronostic, car il n’est pas Nantais, justement. Et le coût est largement supérieur à la feuille de route prévue. J’avais quand même été l’un des architectes du Parc des Princes, sourit cet homme passionné et passionnant. C’est sans doute pour cela que l’on m’a retenu .
Berdje Agopyan a toujours la même passion quand il parle de la Beaujoire. Berdje Agopyan a toujours la même passion quand il parle de la Beaujoire. | PHOTO ARCHIVES PRESSE OCÉAN-OLIVIER LANRIVAIN Je me souviens n’avoir eu qu’un mois pour faire le projet et présenter une maquette. Cette maquette, je l’ai tout le temps eue dans la tête en 3D et je n’ai plus jamais eu besoin d’ouvrir des plans. J’ai dessiné l’ébauche au Castel Marie-Louise à La Baule, au retour d’un voyage à Poitiers.
Le 19 juin 1982, le cabinet Agopyan était choisi. Mais il n’a pas pu commencer à travailler sur le futur stade, car la Ville avait demandé des modifications par rapport au projet initial. Ce n’est que le 20 septembre que j’ai obtenu l’ordre de service .
Les grues sont cantonnées à l’extérieur du stade. Les grues sont cantonnées à l’extérieur du stade. | PHOTO BERDJE AGOPYAN ARCHITECTE DPLG Comme le stade de la Beaujoire devait être utilisé pour l’Euro 1984 de football et que son inauguration s’est déroulée le 8 mai 1984, avec un match Nantes – Roumanie, il ne fallait vraiment pas tarder. Or, la Ville nous a mis des contraintes supplémentaires en plantant, avant les travaux, la future pelouse. Ce n’était donc pas évident à travailler pour nous, car on devait tout faire de l’extérieur. Le mode opératoire était vraiment différent, car on ne pouvait pas avoir de grue à l’intérieur sur la pelouse et il y avait quand même 14 000 m² de toiture à installer et le bâtiment fait 37 m de haut. Je n’avais donc pas le droit à la moindre erreur. Ma priorité était de concevoir un équipement fonctionnel et qualitatif au niveau de l’esthétisme, avec cette grande toiture en forme de vague.
La future tribune Jules-Verne commence à apparaître. La future tribune Jules-Verne commence à apparaître. | PHOTO BERDJE AGOPYAN ARCHITECTE DPLG Et pourtant, seize mois après, le futur stade de 52 924 places assis-debout était réalisé. Un record, une performance extraordinaire pour un tel équipement. Normalement, il faut trois ans pour un stade de cette ampleur. J’ai ainsi travaillé de 1968 à 1972 sur le Parc des Princes.
Tout le chantier a été mené à une allure record. Tout le chantier a été mené à une allure record. | PHOTO BERDJE AGOPYAN ARCHITECTE DPLG Par rapport à l’implantation du stade autour des petits pavillons qui existaient, Berdje Agopyan a voulu laisser une bande importante pour que les voisins ne soient pas importunés. Je voulais aussi que les spectateurs voient bien de partout, que l’on paye son billet très cher ou pas. À la Beaujoire, on voit ainsi mieux qu’au Stade de France ou au Parc des Princes , insiste-t-il.
L’architecte revient aussi sur la sonorité : L’acoustique est très importante et la volumétrie du stade fait qu’on a une sonorité et une résonance que l’on ne trouve nulle part ailleurs .
Fin 1983, on commence à voir la forme définitive. Fin 1983, on commence à voir la forme définitive. | PHOTO BERDJE AGOPYAN ARCHITECTE DPLG Mais la bonne visibilité et la bonne acoustique ne font pas tout. Il fallait aussi une bonne fonctionnalité à l’intérieur. Le stade peut être évacué en cinq minutes et j’ai fait des entrées différenciées entre le public et les joueurs. Au final, c’est un stade très aéré et aérien, surtout pas un bloc. Les courbes intérieures et extérieures sont deux sinusoïdes différentes, ce qui favorise encore l’acoustique. J’aime bien faire les choses bien, sinon cela ne m’intéresse pas.
Le stade est parfaitement intégré dans le site par un jeu de talus situés dans les tribunes populaires. Le stade est parfaitement intégré dans le site par un jeu de talus situés dans les tribunes populaires. | PHOTO BERDJE AGOPYAN ARCHITECTE D.P.L.G Quand le projet Yellowpark est arrivé aux oreilles de Berdje Agopyan, son sang n’a fait qu’un tour. Car, quarante ans après, il est encore fier de son stade. J’ai attaqué la Ville à plusieurs reprises pour des modifications du stade. Mais j’ai aussi fait des projets pour équiper le stade d’une toiture, ou même faire des loges tout autour.
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