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Répondre en citant le message  MessagePosté: 08 Juin 2022 08:14 
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rix a écrit:
Pourquoi la Nupes ne représente pas le « bloc populaire » dont elle se revendique
par Jérôme Sainte-Marie

Pour le politologue* qui a théorisé l’existence d’un nouveau clivage politique opposant un « bloc populaire » à un « bloc élitaire », la Nupes ne répond pas aux aspirations des catégories populaires en troquant l’assimilation pour la créolisation, elle renonce au contraire à l’ambition de porter leur voix, argumente-t-il.

La Nupes constitue un intéressant acronyme, puisque pour qualifier la « nouvelle union » se cumulent un terme renvoyant à une position sociale, « populaire », et deux adjectifs évocateurs de valeurs, « écologique » et « sociale ». Insistant sur la première dimension, certaines personnalités de La France insoumise, comme Clémence Guetté ou Alexis Corbière, se revendiquent parfois d’un « bloc populaire », malgré un soutien de facto lors de l’entre-deux-tours à Emmanuel Macron face à la candidate choisie par 67 % des ouvriers et 57 % des employés s’étant rendus aux urnes. Une telle ambition paraît d’autant moins fondée qu’à la division concrète du vote populaire s’ajoute un projet idéologique assumant sa fragmentation, via le thème de la créolisation. Dès lors, la réalité de la Nupes s’apparente à un cartel électoral visant d’abord l’affirmation politique d’un univers socioculturel : celui des petits-bourgeois.

La notion de bloc renvoie à deux notions bien différentes. Il peut s’agir d’une formule politicienne, notamment dans un cadre parlementaire, comme il y eut un « bloc des gauches » anticlérical à l’orée du XXe siècle ou un « bloc national », de droite, juste après la Première Guerre mondiale. Derrière le substantif minéral se cache une réalité labile, celle d’accords partisans autour d’une opportunité électorale. C’est là le sens le plus commun, et l’adjectif populaire ne serait alors qu’une manière inoffensive de réveiller la mémoire souvent mythifiée du Front populaire. Tout autre chose serait le bloc populaire dans le sens que donnait le théoricien italien Antonio Gramsci à la notion de bloc historique, rencontre d’une volonté politique organisée, d’une idéologie unificatrice et d’une base constituée de plusieurs classes sociales dominée par une fraction d’entre elles. Au début des années 1970, une telle formule a pu voir le jour sous la direction des classes moyennes salariées du secteur public et sous le nom d’« union de la gauche ». Que la Nupes puisse représenter un bloc populaire se heurte d’emblée à une difficulté majeure, celle de l’orientation du vote des ouvriers et des employés. Si un quart d’entre eux ont choisi Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle, 36 % se sont portés vers Marine Le Pen. Au tour décisif, ils ont le plus souvent désobéi aux injonctions de La France insoumise et ont voté pour la candidate soutenue par le Rassemblement national.

Il serait possible de ne voir dans la consigne d’entre-deux-tours donnée par Mélenchon que la traduction d’une concurrence naturelle pour prendre la direction politique des classes populaires s’il ne prônait désormais – la chose est assez récente – une idéologie que l’on peut résumer sous les termes de wokisme ou d’intersectionnalité. La position sociale y est placée sur le même plan que le genre, l’appartenance religieuse ou l’apparence ethnique et ne constitue plus qu’une identité parmi d’autres. Contrairement à ce qui s’écrit parfois, il s’agit d’une parfaite négation du marxisme, dont sont issus nombre des cadres les plus anciens de La France insoumise. En se réjouissant de la nomination au ministère de l’Éducation nationale de Pap Ndiaye, éminent représentant de cette pensée d’importation américaine, Mélenchon, Corbière ou Coquerel ont envoyé un message d’une grande portée idéologique. Désormais, La France insoumise assume la division des catégories populaires selon des lignes de fracture ethnique ou religieuse et même la revendique. Il s’agit là, si l’on s’inscrit dans la vision du monde des Insoumis eux-mêmes, d’un formidable cadeau aux catégories dominantes. En troquant l’assimilation pour la créolisation comme visée sociale, Mélenchon et ses fidèles renoncent à toute ambition de constituer un bloc populaire. Certes, la Nupes capte les attentes concrètes de la fonction publique, de travailleurs précarisés de la société de services et, on l’a vu, de nombreux ouvriers et employés. Pour autant, elle n’échappe pas à une certaine réalité sociologique dans sa fraction dirigeante.

Un retour dans le passé proche permet d’esquisser celle-ci. Le 19 mars 2010, interrogé par un journaliste sur l’hypothétique réouverture des maisons closes, Jean-Luc Mélenchon balayait la question en invoquant avec le plus grand mépris « le refoulé politique de la petite-bourgeoisie ». On n’imagine plus une telle déclaration, dès lors que La France insoumise s’est ralliée à la pensée intersectionnelle et à son culte des enjeux sociétaux, aussi ténus soient-ils. Une telle saillie serait d’autant plus improbable que la petite-bourgeoisie constitue le terreau de la Nupes, celui dont elle tire ses cadres et sa vision du monde. Ces catégories sociales intermédiaires vaguement déclassées ont un fief, le 11e arrondissement de Paris, au bord du canal Saint-Martin, où, le 10 avril dernier, Jean-Luc Mélenchon a obtenu 36 % des suffrages exprimés, Emmanuel Macron 33 % et Marine Le Pen 4 %. L’expression de petite-bourgeoisie renvoie moins à une position précise qu’à un rapport social et, partant, à une mentalité. Pour simplifier, disons que l’on y chérit le rassemblement bavard et impuissant que fut Nuit debout et que l’on s’y défie du mouvement des « gilets jaunes » première manière, lorsqu’il mobilisait le petit peuple industrieux de la France périphérique. Souvent détentrice de titres scolaires, dont elle pressent la fragilité, cette petite bourgeoisie urbaine se distingue aussi bien de la classe managériale que de l’univers des propriétaires profitant de la manne immobilière. À tout point de vue, elle se trouve dans une situation ambivalente, aspirant à une aisance bourgeoise sans le plus souvent y parvenir, d’où frustration et ressentiment. Dès lors, l’intérêt de ses représentants pour la condition populaire a pour principal objet d’intenter un procès permanent à une société qui ne reconnaîtrait pas suffisamment leurs mérites supposés. Il ne s’agit guère d’une identification à l’univers des ouvriers, des employés et des petits indépendants, dont le petit bourgeois contemporain fustige les valeurs, les pratiques culturelles et le vote.

Lors du second tour de l’élection présidentielle, si les classes populaires ont massivement choisi Marine Le Pen, la petite-bourgeoisie, qui avait préféré Yannick Jadot ou Anne Hidalgo au premier tour, s’est largement reportée sur Emmanuel Macron, ainsi que 42 % des électeurs de Mélenchon. La figure du migrant est alors bienvenue pour se maintenir dans une attitude critique à l’égard de l’ordre social sans risquer cependant de le contester véritablement. Et puisque la petite-bourgeoisie vit dans l’ambiguïté de sa situation sociale, elle sublime ses contradictions dans l’abstraction morale. Pour cela, elle a un mot bien commode dans sa plasticité historique : la gauche.

* Politologue, sondeur et essayiste, Jérôme Sainte-Marie a publié en 2021 « Bloc populaire. Une subversion électorale inachevée », aux Éditions du Cerf.

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Pour les petits bourgeois de gauche, la réalité est fasciste, il convient donc de la nier jusqu'à l'absurde s'il le faut : le niveau monte, l'immigration est une chance pour la France, ill n'y a pas d'insécurité mais un sentiment d'insécurité....


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 08 Juin 2022 08:37 
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Du coup, on comprend mieux, même si c'est loin d'être un scoop, cela fait 20 ans que je le dis, pourquoi ce forum est socialement un terrain propice pour la propagande mélenchoniste. Comme toujours la petite bourgeoisie matérialiste et égoïste vote dans le sens de ses intérêts. Du moins c'est ce qu'elle croit car si Mélenchon accédait au pouvoir et appliquait son programme, ça fait beaucoup de "si", il finirait de ruiner ce pays.

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Répondre en citant le message  MessagePosté: 16 Juin 2022 21:40 
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L'autre indigénocouillon va prétendre que Madame Badinter est d'extrême droite. C'est la gauche que j'aime, que je respecte et avec laquelle il est possible de dialoguer car elle vie dans le réel, pas dans son déni.

Élisabeth Badinter « Cet attelage contre nature à gauche éclatera tôt ou tard »

Alors que Jean-Luc Mélenchon et sa Nupes ont talonné la majorité présidentielle au premier tour des législatives, la philosophe regrette que la gauche ait renoncé à l’idéal social-démocrate au profit d’une tendance radicale. Entretien.

PROPOS RECUEILLIS PAR CLÉMENT PÉTREAULT

La gauche française a-t-elle définitivement largué les amarres de la social-démocratie? Au lendemain d’un premier tour des législatives qui a vu progresser une union de la gauche – de circonstance – autour de Jean-Luc Mélenchon, la philosophe et féministe Élisabeth Badinter, dont la parole est rare, s’interroge sur les raisons de ce divorce inattendu. Pour cette intellectuelle attachée à la tradition politique républicaine, il faut chercher du côté des échecs de l’école pour comprendre le ressentiment et la tentation radicale de cette nouvelle gauche.

Le Point : La gauche n’a jamais semblé aussi divisée sur les questions de laïcité et plus largement sur le modèle de société à défendre. Comment expliquez-vous cette confusion grandissante ?

Élisabeth Badinter : En 1989, pour inciter les enseignants à résister au voile à l’école, nous avons publié avec Régis Debray, Alain Finkielkraut, Élisabeth de Fontenay et Catherine Kintzler «Profs, ne capitulons pas!» dans Le Nouvel Observateur. Nous avons été mis au pilori par le Parti socialiste. J’ai reçu des appels de gens que je connaissais bien, qui s’indignaient de cette démarche et m’expliquaient que je faisais le jeu de Jean-Marie Le Pen… Ceux qui étaient au pouvoir ne nous ont pas soutenus, le Conseil d’État a tranché sans trancher, beaucoup pensaient qu’il suffirait de parler à ces jeunes filles pour les faire revenir dans l’état commun, qu’il ne fallait surtout pas les sanctionner. C’est à ce moment-là qu’on a baissé les bras. On ne s’en est jamais relevé. La gauche n’a pas été claire sur ces sujets. Elle s’est depuis davantage divisée. Il est resté de cette affaire l’idée – plus forte aujourd’hui qu’hier – que l’on ne peut interdire le port du voile, car ce serait une atteinte à la liberté religieuse. Seul Jacques Chirac en 2004, en faisant adopter la loi sur les signes religieux à l’école, a mis un frein à cette dérive. Pendant toute une période, les voiles se sont soumis. Mais ça n’a pas duré. La grande habileté de l’islam politique, c’est de savoir jouer avec le temps, de s’arrêter un moment puis de reprendre l’offensive.

À vous entendre, la gauche laïque et républicaine a perdu la bataille. Elle est devenue minoritaire ?
On peut effectivement avoir ce sentiment aujourd’hui. Disons plutôt qu’elle a abandonné ce thème, en dépit d’une parenthèse de retour au combat républicain avec Manuel Valls, qui tenait fermement ses positions. Cela n’aura pas suffi à endiguer le désintérêt progressif des socialistes et le désengagement des nouvelles générations sur ces sujets. Désormais, la laïcité est de plus en plus comprise comme une contrainte et perçue comme la marque d’un prétendu «racisme systémique» de la France. Pour de nombreux jeunes gens, l’interdiction est inacceptable. Tant qu’un phénomène ne les gêne pas personnellement, ils ne voient pas l’intérêt d’interdire ou d’encadrer. «Je fais ce que je veux dès lors que je considère que c’est possible.» Il me semble que nous avons légué à nos enfants et petits-enfants une méconnaissance du concept de liberté, emportés par un individualisme qui n’a plus de limites.

Comment expliquez-vous ce changement ?

Je n’enseigne plus depuis un moment, mais je crains que nombre de professeurs n’aient pas fait leur travail, peut-être parce qu’eux-mêmes ne savaient pas trop comment s’y prendre. Ils ont cessé d’expliquer ce qu’était la laïcité et quels étaient ses avantages. Cela me chagrine de le dire mais les nouvelles générations de professeurs ne bénéficient ni des formations que nous recevions ni de l’idéologie sociale-démocrate qui régnait dans le monde enseignant. L’extrême gauche existait, c’est certain, mais elle était très minoritaire et le gros des enseignants était acquis à la gauche socialiste… ça n’est plus le cas. On recrute aujourd’hui des enseignants de façon stupéfiante par petites annonces, avec des exigences de disponibilité plus que de compétences, je le regrette.

D’où vient, selon vous, que la gauche d’aujourd’hui soit en rupture avec l’idéal de la social-démocratie ?
Il y a différents facteurs. Il me semble que la droite républicaine comme la gauche de gouvernement ont maltraité les enseignants. Il est inadmissible qu’après tant d’années d’études et des concours si difficiles on vous paie si peu. C’est un manque de respect. Je crois par ailleurs que le projet de Jean-Pierre Chevènement de mener 80% d’une classe d’âge au bac a suscité des effets délétères que l’on ne pouvait pas vraiment anticiper. Beaucoup de jeunes vont à l’université avec des bacs qui ne valent plus rien. Après deux, trois ou quatre années d’études, nombre d’entre eux n’ont aucune perspective d’emploi correctement payé. Se retrouver dans une situation de précarité a suscité un grand ressentiment. Et ce que l’on constate à l’égard des enseignants est également vrai pour un grand nombre de fonctionnaires – la classe moyenne – qui formaient les bataillons de la social-démocratie.

Donc c’est au ressentiment et à la frustration qu’il faut attribuer l’extinction de la croyance en la social-démocratie ?
Entre autres, oui. On a fait entrer à l’université des jeunes qui n’avaient pas le niveau et qui ont dégradé l’institution. On leur a donné l’espoir d’une amélioration de leur situation personnelle et on leur a promis une émancipation qui n’est pas venue. S’ajoute à cela une forme de «mépris de fer» pour tous ceux qui n’appartiennent pas au camp des sachants et des intellectuels. On a méprisé bien à tort les pouvoirs de la main et aujourd’hui plus personne ne veut exercer de métier manuel. Enfin, je constate qu’il y a un mot qu’on ne prononce plus depuis quelques décennies, c’est le mot «effort». À force de ne pas demander d’efforts aux enfants tout en essayant d’abaisser le niveau exigé, nous dégringolons dans les classements internationaux. Il n’y a pas de surprise : déjà, lorsque j’étais présidente de jury du baccalauréat, l’inspecteur général venait régulièrement nous demander d’augmenter toutes les copies de trois ou quatre points…

Que pensez-vous du terme « islamo-gauchiste » ?
Je pense que c’est très clair, en dépit de ce que peuvent avancer certains chercheurs qui prétendent que ce serait une invention ou un fantasme. Les Français ont très bien compris de quoi il en retourne: tout le monde voit bien qu’il existe à l’extrême gauche une alliance solide entre les minorités qui se disent victimes de la «majorité blanche». Grâce à la magie de l’intersectionnalité, une femme violée par quelqu’un de «racisé» devrait donc se taire. Il y a aussi dans l’islamo-gauchisme une confusion savamment entretenue entre islamisme et islam. L’extrême gauche comme l’extrême droite ne font pas la distinction entre la religion musulmane et l’islamisme politique.

Vous dites Zemmour et Mélenchon, même combat ?
Sur ce point-là tout au moins. Entretenir la confusion entre l’islam religieux et l’islamisme radical et politique est une pratique dangereuse, précisément recherchée par les islamistes. Des centaines de milliers de Français musulmans vivent une vie républicaine paisible. Ce sont des gens qui aimeraient pratiquer leur religion sans qu’on les assimile aux extrémistes, mais ils sont comme happés… Ils redoutent l’islamisme, s’en tiennent à distance sur le plan personnel, mais n’osent pas s’en dédouaner publiquement, de peur d’être assimilés à des traîtres…

Peut-on encore, d’après vous, lutter contre le racisme sans céder aux exigences communautaristes ?
Là aussi règne une certaine confusion… On ne peut pas nier le fait que le racisme existe sur tous les continents. Que des personnes appartenant à une «race» ou à un genre, qui se sentent stigmatisées et méprisées, décident de se rencontrer entre elles ne me gêne pas. En revanche, que cette pratique soit structurée et accompagnée par des syndicats me laisse perplexe, surtout lorsque cela se traduit par une interdiction faite aux Blancs d’accéder à ces réunions. Ces pratiques ouvrent une voie vers une sorte de séparatisme, voire de totalitarisme. Brandir perpétuellement son identité de victime revient à désigner des bourreaux et des salauds essentialisés. Cela ne peut que très mal finir. Ce «nouvel antiracisme » est sans doute la pire façon qui existe de combattre le racisme.

Nous avons atteint un niveau de droits inégalé dans l’Histoire. Malgré ces succès massifs, les inégalités et les injustices qui restent à combattre sont présentées comme plus insoutenables encore que toutes celles qui ont été terrassées…
C’est là que se vérifie le principe de Tocqueville: ce sont les bourgeois, les plus favorisés intellectuellement et économiquement, qui ont conduit la grande Révolution, ne supportant plus la férule des aristocrates.

Cette quête continue de nouveaux droits ne fait-elle pas planer de nouvelles menaces sur les droits existants ?
Aux États-Unis, le droit à l’avortement est fragilisé. Faut-il considérer qu’il s’agit d’un « signal faible inquiétant » pour nous ? J’ai toujours en tête la phrase de Simone de Beauvoir: «Rien n’est jamais définitivement acquis. Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez rester vigilantes.» Je pense que nous devons rester vigilants, même si je ne crois pas – peut-être suis-je très naïve – à un danger similaire en France. Tout ce qui est acquis est considéré comme normal et éternel, même si ça ne l’est pas. Peut-être sommes-nous dans l’antichambre du paradis social et sexuel, à moins que l’on soit sur la voie d’une régression sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le féminisme radical fonctionne selon les mêmes mécanismes…

Oui. Dans le cas du féminisme, c’est aussi l’homme blanc hétérosexuel qui est la cible. Je suis stupéfaite qu’il n’y ait pas plus de réactions publiques à cette dérive. Croire que tous les hommes sont par nature des salauds potentiels et toutes les femmes de malheureuses victimes qui ne peuvent pas mentir est une régression intellectuelle et morale inouïe. Nous sommes peu de féministes à critiquer ce postulat et nous sommes évidemment considérées comme des traîtres. Par ailleurs, le concept de violence sexuelle est une «escroquerie intellectuelle». On rassemble sous une même bannière le viol et le regard insistant, qui ne sont clairement pas du même ordre. Regard insistant, paroles et gestes déplacés, viol… ce n’est pas la même chose! On assimile au pire – les agressions physiques – des comportements qui relèvent d’une absence d’éducation. Un mufle n’est pas un violeur.

La gauche multiculturaliste a-t-elle définitivement remporté la bataille sur la gauche républicaine ?
On a vu Jean-Luc Mélenchon se réjouir de la défaite électorale de Manuel Valls… À court terme, on peut considérer que c’est la gauche radicale qui l’a emporté sur la gauche républicaine. Mais, à mon avis, pour moins longtemps qu’elle ne le croit. Sur l’alliance de la gauche autour de La France insoumise, mon point de vue est assez sévère. J’ai éprouvé un peu de honte en voyant le Parti socialiste mendier des circonscriptions «quoi qu’il en coûte de reniements». On ne sait pas encore quel sera le poids final de l’extrême gauche à l’Assemblée et si les partis qui, dans cette alliance, sont allés à Canossa ne vont pas finalement prendre leur indépendance sitôt élus. Cet attelage contre nature éclatera tôt ou tard, c’est écrit d’avance. Je suis peut-être dans l’utopie, mais je pense que ce sont les socialistes dissidents et leurs alliés républicains qui reconstruiront le champ politique à gauche. Je me reconnais complètement dans le refus opposé par Carole Delga et d’autres. Ça sera long et dur, mais bon nombre de Français seront heureux de voir se reconstruire un parti sincèrement social-démocrate autour de ces dissidents. Durant la campagne des législatives, on a vu plusieurs candidates de La France insoumise s’afficher à Paris aux côtés de Jeremy Corbyn, leader travailliste anglais écarté de son parti pour sa complaisance avec l’antisémitisme… La gauche est restée quasi silencieuse sur cet encombrant soutien. Faut-il y voir une forme de gêne ? De complaisance ? De désintérêt ? Pour nombre d’électeurs Insoumis, cette dimension est totalement secondaire. Pour certains, l’antisémitisme ne les gêne pas, peut-être même le partagent-ils. Cette affaire ne devrait pas les priver d’une seule voix. Cela me fait bondir, mais j’ai l’impression que, pour beaucoup, ça n’a aucun intérêt…

On est quand même passé d’une gauche qui combattait l’antisémitisme avec sincérité à une gauche radicale qui entend « rendre son indépendance » au combat contre l’antisémitisme, en faire un combat dissocié de l’antiracisme. N’est-ce pas un renoncement fondamental ?

Je crois que l’extrême gauche a réussi à faire croire que les Palestiniens seraient les nouveaux juifs tandis que les Israéliens seraient les nouveaux nazis… Pour qui connaît mal l’Histoire, ça passe, surtout dans la gauche radicale. Au nom du soutien inconditionnel aux victimes, on défend les islamistes les plus radicaux, que l’on se plaît à ne voir qu’en victimes. Pendant les trente années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, on faisait attention à ce que l’on disait quand on parlait des juifs. C’est fini tout ça. Pour les jeunes générations qui n’ont pas connu cette période-là, les peuples les plus opprimés sont les musulmans, d’autant plus quand ils vivent dans des pays qui ne sont pas musulmans… Le peuple juif est toujours un peu à part. Vous avez remarqué qu’ils n’ont jamais été inclus dans la perspective de l’intersectionnalité?

On a assisté à l’éviction des figures dites « laïques républicaines » du gouvernement et de la majorité d’Emmanuel Macron. Quel sens donner à cette disparition ?
Bien malin est celui qui sait ce que pense Emmanuel Macron sur ces sujets. Difficile de ne pas interpréter cette disparition comme un retournement radical par rapport à son premier quinquennat. Cela signifie-t-il qu’il est parti rejoindre le camp des partisans de la laïcité ouverte – qui en vérité est un abandon de la laïcité ? Cherche-t-il à séduire les nouvelles générations, qui votent plutôt à l’extrême gauche ? Franchement, je l’ignore et je me garde bien d’en tirer des conclusions définitives. Mais ça m’inquiète. Je pense que le seul homme politique contemporain qui incarne la république laïque, c’est Manuel Valls.

Justement, comment expliquez-vous que Manuel Valls soit à ce point détesté par toute une partie de la gauche ?

Il a peut-être commis des erreurs, notamment son départ vers l’Espagne, mais c’est le seul qui ait eu des positions courageuses ces dernières décennies. On s’en rappellera un jour, j’en suis certaine. La politique se joue sur le long terme. Souvenez-vous qu’après l’attentat de l’Observatoire personne n’aurait misé un sou sur François Mitterrand. Il a mis de longues années pour s’en remettre. On se souviendra un jour que Manuel Valls est l’homme d’État qui incarne la république laïque. Il n’y en a pas d’autres aujourd’hui. C’est normal, au départ des grandes causes, on se bat toujours dans le désert.

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Répondre en citant le message  MessagePosté: 16 Juin 2022 22:20 
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"Selon certains observateurs, comme le journaliste canadien spécialiste des États-Unis Stephen Marche, le pays
court à la guerre civile. Les inégalités économiques, la faible représentativité du système, la confiance en berne dans les institutions démocratiques et l’affaiblissement de la solidarité constituent un baril de poudre qui attend l’étincelle.
Barbara Walter, une ancienne de la CIA, a appliqué aux États-Unis les critères qu’utilise l’agence pour analyser les pays étrangers. Sur l’échelle
de Polity, qui classe les pays de –10(autocratique) à +10(démocratique), elle place les États-Unis à +5. C’est une «anocratie» – un entredeux– où la guerre civile est le plus probable. Elle évoque le déclin de l’efficacité de l’État et des valeurs démocratiques, les factions politiques fondées sur l’identité et la race, le gouffre entre urbains et ruraux, les profiteurs du conflit (médias et candidats) et la conviction, de chaque côté, que l’autre menace son style de vie.
"

De plus en plus d'analystes politiques prédisent que la guerre civile est inéluctable aux Etats-Unis.

Comme en France. Quand on ne peut plus dialoguer, mettre des mots sur les désaccords, qu'on ne se comprend plus, que toute constestation de l'ordre établi est diabolisé, fascisé, qu'on ne peut pas faire évoluer le Système par la voie démocratique ... que reste-t-il à part la violence ? (1)
On le voit sur ce forum, aucun dialogue n'est possible. J'ai tendu la main pendant des années pour ne récolter que quolibets et crachats. Je ne cherche plus le dialogue avec certains, c'est peine perdue. J'ai été courtois, espérant un minimum de respect en retour. En vain. Dont acte. Je rentre dans le tas puisque c'est le seul langage que comprennent ces malotrus.

(1) Je viens de lire la fin de l'article dont j'ai collé le début ci-dessus. Ca raisonne drôlement avec ce que j'écrivais :
«Je n’aurais jamais cru dire ça, mais, dans ce pays, plus personne ne s’écoute, plus personne n’accepte de compromis, je ne vois pas comment on
va dépasser ça. Je pense qu’il va y avoir plus de violence. Et j’ai peur.
»

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Répondre en citant le message  MessagePosté: 16 Juin 2022 23:10 
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J'ai la même dans le topic vélo.

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Quand c'est la bordelaise, c'est celle qui te borde et qui baise !


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 17 Juin 2022 07:45 
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Normalement, tu as tout de même des messages intercalés. J'ai failli faire la même copie d'écran qu'Hastings quand j'ai vu cette page s'afficher.


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 17 Juin 2022 08:40 
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Localisation: Back in da place!
Ce qui est bien sur tapatalk, c'est qu'ils groupent les messages ignorés. Moi j'ai juste une ligne qui dit 5 messages ignorés

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Sans Pellegrino
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Répondre en citant le message  MessagePosté: 17 Juin 2022 09:49 
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Localisation: La Forêt-Fouesnant, Mecque des navigateurs.
Ah oui, avec le dernier de la page d'avant, ça fait bien 5 messages de suite ! Je résiste à la tentation de regarder ce qui a motivé cette série.


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 17 Juin 2022 10:03 
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bigdudu a écrit:
Ah oui, avec le dernier de la page d'avant, ça fait bien 5 messages de suite ! Je résiste à la tentation de regarder ce qui a motivé cette série.


:attention: Ne fait pas ça! Pour ta santé! :attention:

Et puis ça doit toujours être les mêmes trolls : repère d'islamo-gauchistes, Mélenchon mange des bébés au petit déj, les-valeurs-de-la-France-sont-perdues-Pauvre-France!, ouin ouin, si on vote à gauche c'est qu'on favorise la droite, Je suis Cassandre ET Charlie, ça fait 40 ans qu'il avait vu le truc venir... Le tout sur un ton passif/agressif mais toujours insultant et raciste)


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 18 Juin 2022 07:16 
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Messages: 15293
:lol:

_________________
Tel est mon bon plaisir.


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 20 Juin 2022 06:56 
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Abidbol a écrit:
Ça a fonctionné une fois, mais peut être pas deux.

L’abstention de plus en plus forte aux législatives et la manque de notoriété / crédibilité des candidats LREM va (d’après moi) occasionner quelques surprises.


3 décembre 2021.

#j’vous l’avais bien dit.
*visionnaire*
Donnez moi le 06 de François Henri de Virieux

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Répondre en citant le message  MessagePosté: 20 Juin 2022 07:57 
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On dirait un post de STB. :D
Où tu peux lire le mot "surprise" dans les deux sens.


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Répondre en citant le message  MessagePosté: 20 Juin 2022 08:05 
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Je lui ai tout appris.

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Répondre en citant le message  MessagePosté: 20 Juin 2022 10:49 
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Sois pas fier.

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Tel est mon bon plaisir.


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