Inscription: 31 Aoû 2005 21:06 Messages: 14050 Localisation: To
|
Une interview par très rassurante de Lairy, le patron de Laval, dans L'Équipe. Lairy : « On est au bord de l'effondrement » - Cliquez ici pour faire apparaître le contenu caché
Distribution de l'aide CVC, fonctionnement clanique de la Ligue... Le président copropriétaire de Laval dénonce un modèle dépassé et inéquitable.
Candidat malheureux à la présidence du collège de Ligue 2 la semaine dernière, Laurent Lairy s'inquiète de l'état dans lequel se trouve le football professionnel français depuis plusieurs mois. À travers cette prise de parole, le président et copropriétaire du Stade Lavallois (57 ans) lance un message : « Il n'est pas trop tard, mais il ne faut plus traîner pour changer les choses. »
« Pourquoi avez-vous décidé de prendre la parole ?
Je ne suis en guerre contre personne mais, aujourd'hui, la situation du foot professionnel est très préoccupante. Je ne parle pas pour Laval, qui assume la situation via notamment son fort ancrage local. Mais cela fait vingt ans que je suis actionnaire et président depuis 2021, et je m'aperçois depuis le retour du club en L2, en août 2022, que l'argent prédomine de plus en plus au détriment de l'humain.
Ce n'est pas la déception de ne pas avoir été élu président du collège de L2 qui vous pousse à parler ?
Non, pas du tout. Je me suis présenté, comme je l'ai dit à Bernard (Joannin, président d'Amiens et réélu patron du collège de L2), pour apporter d'autres idées, comme lui est déjà élu au CA. Et j'ai senti qu'il y avait une majorité pour que j'y aille, encore une fois dans l'intérêt général et pas contre quelqu'un.
Et ?
L'ordre du jour de ce collège avait été arrêté en amont et Bernard l'a modifié dès le début de la séance sans prévenir personne, en proposant d'attribuer au Red Star et à Martigues 150 000 euros chacun, puisqu'ils n'ont rien perçu de l'aide CVC (1), et 300 000 euros à Annecy, qui n'a pas rempli les critères et n'avait pas la licence club. Bernard en avait la liberté mais c'est l'illustration de ce qui ne va pas dans notre football. Les gens s'arrangent entre eux, entre clans. Et la Ligue, qui n'a pas dit un mot sur ce sujet, est dans une tour d'ivoire et s'isole de plus en plus.
Ce geste est louable, non ? Ou considérez-vous qu'il a essayé d' « acheter » le vote en procédant ainsi ?
Je ne dirais pas acheter, mais j'ai le sentiment qu'il y a eu manoeuvre, oui. Faire cela en début de collège sachant qu'il y a un vote à la fin... Je suis un homme de conviction. En me présentant, ce sont des emmerdes qui m'attendaient, mais on ne peut plus laisser faire des choses comme cela. Il faut une réaction.
À quoi pensez-vous ? Au collège de L2, le jour de l'élection du président de la LFP, quand les clubs avaient majoritairement appelé à voter Cyril Linette mais que vos représentants - Joannin et Pierre-Olivier Murat (Rodez) - n'ont pas suivi pendant le conseil d'administration (2) ?
Bien sûr. Et dans le compte-rendu de ce collège, notre demande ne figure même pas, pourquoi ? À l'AG, pour le vote des indépendants, (Vincent) Labrune a obtenu 66 % et Linette 53 %. Et, au final, avec la surreprésentation des clubs de L1 au CA lors du vote (ils sont huit, dont Laurent Nicollin de Montpellier, en tant que patron de Foot Unis, le syndicat des clubs), cela s'est terminé avec un score de république bananière (Vincent Labrune a obtenu 85 %) . On peut aussi évoquer le conflit d'intérêts avec le président de la LFP, qui est aussi celui de LFP Media. Les sénateurs dans leur rapport disent que cela ne doit pas perdurer.
"En L2, certains clubs ont touché l'aide CVC jusqu'à 4 100 000 EU et d'autres 0 EU, avec des règles d'attribution ubuesques
Quel regard portez-vous sur l'accord avec CVC ?
Sur 1,5 milliard d'euros, 1,2 a été distribué aux clubs : 93 % de la somme pour la L1 et 7 % pour la L2, avec des règles de distribution qui protègent les clubs historiques et désavantagent les autres. Il y a une iniquité dans la distribution et, en plus, on doit rembourser à vie, même ceux qui n'ont rien touché. Par exemple, Laval a perçu 750 000 euros initialement et doit rembourser cette saison 1 MEU (la somme soustraite de sa dotation pour les droits TV). Et après ce sera 575 000 euros chaque saison à vie. C'est la double peine. En L2, certains clubs ont touché l'aide CVC jusqu'à 4,1 MEU et d'autres 0 EU, avec des règles d'attribution ubuesques. Par exemple, lors du dernier collège, un reliquat CVC a été attribué aux clubs : 1,2 MEU chacun pour les 8 clubs historiques, 535 000 EU pour 3 clubs (dont Laval) et les autres 0 EU. On marche sur la tête, sachant que nous payons tous la dette pour le même montant !
Le foot français est-il vraiment si mal en point ?
Notre maison est malade. Le modèle associatif de la LFP est dépassé, je militerai, comme d'autres présidents, pour une coopérative avec une élite qui entraîne les autres. Aujourd'hui, elle les écrase et c'est de pire en pire. On est au bord de l'effondrement. La majorité des clubs le pense, en L1 comme en L2. Financièrement, ils sont aux abois et l'image donnée est déplorable. »
(1) Le fonds d'investissement a apporté 1,5 milliard d'euros en échange de 13 % à vie des recettes commerciales de la Ligue. (2) Pierre-Olivier Murat a voté Vincent Labrune et Bernard Joannin s'est abstenu.
Où on devine que Malherbe doit probablement faire partie des 8 clubs "historiques" de L2 à avoir touché récemment un petit bonus de 1,2 million du CVC...
_________________ - Paris Drakkars - Malherbe
|
|