titi trèsloin a écrit:
Je vois pas en quoi ces bons sentiments mèneraient à la vitrification de la recherche historique.
Par essence, l'histoire est révisionniste (mot à ne pas confondre avec négationnisme, hein !). D'autant plus dans l'état d'émiettement actuel de la discipline. Votre discours tend à s'auto-censurer sur certains sujets précis, au nom de considérations morales qui découlent de bons sentiments, louables par ailleurs, mais qui entrent en confrontation frontale avec les principes de toute historicité digne de ce nom. La prégnance de pesanteurs de cet ordre est déjà un obstacle, que le législateur entend en outre complètement verrouiller. Ce n'est pas au Parlement ni à toi de faire l'histoire uniquement sur une posture éthique.
La seule chose que je dis, c'est que la cristallisation sur la Shoah procède de mêmes raisonnements que vous seriez enclins à dénoncer avec véhémence (on s'en rend compte quand K se prend de jolies volées de bois de vert dans les dents, qu'il mérite d'ailleurs). Je reconnais le caractère indépassable du crime que constitue l'extermination des Juifs d'Europe dans les années 40 et je suis horrifié, comme tout citoyen qui a connaissance du passé, par l'antisémitisme qui perdure et se manifeste çà et là (plutôt çà que là d'ailleurs, mais posons-nous aussi certaines questions au passage). La morale interdit toute réflexion, elle n'incline qu'à la repentance perpétuelle. Or, vos certitudes de lire les leçons du passé en termes de bien et de mal vous donnent le sentiment tout puissant de l'omniscience. Et c'est à ce titre que vous n'êtes plus des citoyens critiques, mais des êtres humains mus par vos pulsions instinctives, ce qui vous autorise à hiérarchiser les horreurs entre elles.
OK Karibou, c'est celui qui dit qui y est.