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Evian-Thonon - Sainté (26/04/14) http://www.ledauphine.com/haute-savoie/ ... des-sportsSamedi soir, dès la rencontre entre l’ETG et l’ASSE achevée, les forums de supporters Stéphanois ont fait état de violences policières envers un groupe d’Ultras, venus encourager leur équipe. Certains commentaires faisant état de “matraquage en règle”, d’utilisation de gaz lacrymogène et décrivant “un véritable guet-apens” aux abords du Parc des Sports. Injoignable pendant et après le match, la direction de l’organisation et de la sécurité de la rencontre n’a pas répondu à nos sollicitations hier. Un silence étonnant de la part du club, d’autant que la version officielle des faits, diffère sensiblement de celle des supporters de Saint-Étienne.  Arrivé devant le stade avec mes frères de tribunes, Magic Fans et Green Angels confondus, nous pensions, comme habituellement, entrer dans le parcage visiteur. Un leader annonce au mégaphone qu'il y a 300 places libres, mais que nous sommes 450 dehors, à vouloir rentrer.
Ce même leader, par solidarité, décide d’imposer la règle du "soit tout le monde, soit personne", ce que je respecte, et ce qui aurait normalement du aboutir à une entrée sans soucis.
Problème : l'entrée nous est refusée. Me voilà campé à attendre que la situation trouve une bonne issue. Certains supporters commencent à s'énerver, grimpent sur le portail d'entrée, mais ils sont vite calmés et ramenés à la raison par les leaders des deux groupes, qui gèrent la situation pacifiquement.
Puis Benjamin Corgnet marque (peut-être trop tôt), une joie éclate en dehors du stade et je fête ça comme si j'étais à l'intérieur de l'enceinte. Le calme ordonné par les têtes pensantes des groupes revient. On est donc loin de la version de la préfète, qui affirme qu'une "trentaine de personne voulait pénétrer dans l'enceinte sans vouloir payer". Comment payer une une entrée qui nous est refusée ?
C'est alors que le chaos survient. Les CRS présents devant le stade, malgré une situation qui est revenue à son calme, lèvent leurs matraques et avancent en frappant et gazant tout ce qu'il y a devant eux. Mouvement de panique, tout le monde bat retraite et recule de plus de 50 mètres avant que ces mêmes forces de l'ordre ne se calment.
Les supporters crachent leurs poumons, les yeux démangent, le gaz lacrymogène a eu son effet désiré.
L'air était absolument irrespirable
Puis une autre vague va arriver, avec l'aide cette fois-ci de bombes lacrymogènes. CRS d'un côté matraques en main, gendarmes de l'autre bouclier levé. Guet-apens, nous sommes pris en sandwich. L'air est absolument irrespirable, saturé de gaz lacrymo, mais aucune issue ne s'offre à nous.
Je vois des jeunes filles boiter et un père avec sa petite fille dans ses bras en pleure. Je me demande dans quel pays vit-on. Le calme revient tant bien que mal lorsque les gendarmes nous laissent reculer.
On apprendra par la suite que sous prétexte d’un "match à haut risque", la préfecture de Haute-Savoie aurait décidé de réduire le nombre de places disponibles dans le parcage, afin de mettre en place une zone de "No Man’s Land" entre ce même parcage et la "Tribune Nord" qui se trouve à la gauche.
Cette décision est totalement incongrue, puisque cette "Tribune Nord" était remplie de supporters stéphanois qui avaient réservé leur place via la billetterie officielle de l’ETG. De plus, il n’existe aucune animosité entre les supporters des deux clubs, ce qui rend cette décision encore plus incompréhensible.
Mégaphone en main, un leader annonce qu'un miracle s'est produit. Il y a finalement et comme par hasard assez de place pour tout le monde. Nous avons donc la possibilité de rentrer sans palpation, mais sans nos valeurs.
Un déplacement chaotique, des supporters impuissants
Après avoir reçu ce comité d'accueil, nous décidons de partir. Nous ne pouvons pas accepter les agissements des casqués. Deux de mes amis étant restés plus proches du stade, ils ont été forcés à rentrer dans l'enceinte.
Je repars avec un grand nombre de supporters, écharpe au cou, mais gros sur le cœur de ne pas avoir pu défendre nos couleurs et notre ville comme il se doit et comme on en a l'habitude.
Sous la pluie depuis maintenant 30 minutes, et d'abord sans encadrement policier, nous retraversons la ville jusqu'au moment où nous tombons sur un groupement de CRS qui nous prend en charge et nous escorte jusqu'aux voitures. Aucun incident provoqué de notre part n'est à déclarer.
Désormais seul avec deux autres amis et trempé jusqu'aux os, je passe devant une quinzaine de CRS, je les applaudis cyniquement en les félicitant d'avoir fait correctement leur travail (peut-être n'aurais-je pas du, à vous de juger). Je reste poli, aucune insulte ne sort de ma bouche.
Le capitaine du groupe me répond avec pouvoir et derrière sa carapace "oui on est les meilleurs". Je ne peux qu'approuver. Je tourne le dos et un CRS trouve le malin plaisir à me lancer un "Retourne chez toi et va te faire enculer". Cette phrase poétique clôturera ce déplacement chaotique. Bref, je m'en vais, impuissant.
Si je prends la peine de vous raconter tout ça, c’est parce qu’à mes yeux tout ceci commence à faire beaucoup. Lorsqu'un fumigène est allumé, lorsqu'une pelouse est envahie, des lourdes sanctions tombent contre les méchants Ultras qui sont tous des sauvages démunis de raison...
Les clubs payent des amendes démesurées, des huit-clos tombent punissant des tribunes entières, des interdictions de déplacement et de stade s’en suivent, etc. Je ne vous ferai pas la liste.
Lorsque les forces de l'ordre, elles, abusent de leur pouvoir comme samedi soir, comme à Reims l'an passé, comme régulièrement à Paris, ou encore lorsque la sécurité d’un stade ou la Ligue de football professionnel (LFP) ne sont pas capables de mettre en place une organisation digne de ce nom, là aucune sanction n'est prise. Et tout parait normal.
Des autorités incompétentes
Comment, en 2014, est-il possible que de telles injustices aient lieu dans des enceintes sportives ? Vous demandez aux ultras de bien se tenir, mais quelle crédibilité avez-vous lorsque les représentants de l’État eux-mêmes ne montrent pas le modèle et agissent en nous traitant comme des animaux ?
Enfin, je me permets d’évoquer un dernier point. Aucun média n'en parle. Aucun ! Comment tout ceci peut passer sous silence ? Ces gens doivent payer comme n'importe qui, ce sont aussi des citoyens, comme nous. Soumis aux mêmes règles ? Pas sûr. Ce ne sont pas n'importe quels citoyens et si leurs valeurs sont absentes qu’ils changent de travail.
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