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Répondre en citant le message  MessagePosté: 03 Sep 2017 22:15 
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Sarah Marquis a écrit:
Après quoi marche-t-elle ? Vingt-trois ans que Sarah Marquis parcourt le monde à pied, en solitaire. En 2014, cette Suisse de 45 ans était nommée « aventurier de l’année » par le magazine National Geographic. Un titre mérité, au vu des défis toujours plus intenses que se lance la jeune femme. Après une expédition dans la cordillère des Andes en 2006, Sarah Marquis a marché pendant trois ans, de la Sibérie à L’Australie. Mille jours, 1 000 nuits, 20 000 km et un livre, Sauvage par nature (Pocket, 2015). En 2016, cette marcheuse de l’extrême partait à l’assaut de la côte ouest australienne, sauvage et peu explorée. Trois mois en tête-à-tête avec la nature, en mode survie, s’inspirant des techniques ancestrales des Aborigènes pour se nourrir.
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Dans « Instincts », vous racontez votre dernière aventure, seule à pied pendant trois mois dans l’Ouest australien. En 2013, votre épopée de trois ans débutée en Sibérie s’achevait aussi en Australie. Quel lien entretenez-vous avec l’île-continent ?

C’est ma terre d’adoption ! J’ai découvert ce pays il y a vingt ans. En 2002-2003, j’y ai parcouru 14 000 km en dix-sept mois. La grandeur du bush, les sons, les odeurs d’eucalyptus, les perroquets… Ici, tout me parle. Quand je touche cette terre, je me sens à la maison. Beaucoup plus qu’entre les sapins suisses ! C’est aussi en Australie que j’ai rencontré un chien, D’Joe, auquel je me suis terriblement attachée, qui m’a suivi ensuite dans toutes mes expéditions.

Pourquoi avoir choisi un mode de marchesi extrême ?

Par curiosité. La marche se vit pour moi en mode aventure. Je suis persuadée que l’homme a des capacités mille fois supérieures à celles qu’il utilise. En termes de force physique comme mentale. Ce n’est pas quelque chose qu’on enseigne, on nous inculque même l’inverse. Pour moi, l’esprit et le corps n’ont pas de limites. Il n’y a aucune barrière, je l’expérimente chaque jour en marchant. On développe une autre conscience, et on franchit des niveaux, un peu comme dans un jeu vidéo.

Le corps n’a pas de limites, mais il souffre, en marchant…

La souffrance, c’est d’abord une peur. La peur d’avoir mal. Puis on se rend compte que lorsque la douleur arrive, le corps, comme l’esprit, savent la gérer. Notre société nous fait vivre dans une bulle, veut nous préserver de tout, « assurer » notre corps pour qu’il ne lui arrive rien. Le courage n’est pas une valeur reconnue, c’est dommage. En marchant, on apprend à accepter la douleur, on se découvre courageux.

La douleur fait-elle partie du voyage en permanence ?

Chaque début d’expédition est une réelle souffrance. Pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, tout n’est que douleur et sueur. Puis un jour, je me réveille, et je ne sens plus mon corps. Ce phénomène arrive à chacune de mes marches. C’est comme si je ne m’appartenais plus, que je faisais partie d’un « tout ». Comme si mon corps devenait aussi léger que le sable, le vent… Tous les marcheurs vivent cette expérience. Evidemment, dès que l’on est conscient de cet état, l’effet prend fin. Comme si le corps se mettait en mode instinctif.

Dans cet état quasi animal, quel lien développez-vous avec votre environnement ?

Communiquer avec la nature, c’est surtout ce qui me permet de rester en vie ! Je pars du principe que rien n’y est hostile, ni les animaux ni les éléments, et qu’il y a forcément un moyen d’entrer en lien avec elle. Le problème, c’est qu’ici, dans nos vies urbaines, notre disque dur est surchargé d’informations. Pour me reconnecter à la nature, je dois passer par des séances de « nettoyage ». Il me faut du temps, à chaque fois, pour retrouver le lien. Un état auquel j’arrive uniquement grâce à la marche.

Vous dites percevoir et recevoir l’énergie de la nature…

C’est certes difficilement mesurable scientifiquement, quasi mystique, je vous l’accorde, mais l’homme a la capacité de se recharger en énergie auprès de la nature, comme on branche son smartphone à une prise électrique. Au Japon, on organise bien des marches au cœur des forêts de bambous pour se régénérer.
« Notre système sensoriel, olfactif, tactile, est conçu pour être optimal de 3 à 6 km/h »

Si mes expéditions n’avaient qu’un but, ce serait celui-ci : montrer que le lien avec la nature est le seul moyen pour l’être humain de sauver sa peau. J’ai passé la moitié de ma vie à traverser les forêts, les déserts, les steppes, et j’ai développé cette capacité à m’y ressourcer, au bout d’une vingtaine de minutes de marche. Après tout, il s’agit simplement de retrouver la condition originelle de l’être humain : mettre un pied devant l’autre, au cœur de l’immensité de la nature.

La lenteur fait-elle partie de ce processus ?

Oui, car la vitesse naturelle de l’homme, c’est la marche. Celle par laquelle il s’épanouit. Notre système sensoriel, olfactif, tactile, est conçu pour être optimal de 3 à 6 km/h. Lorsqu’on se laisse porter, par une voiture, un métro, on passe à côté des choses. Car il y a un décalage entre notre enveloppe et la vitesse à laquelle on vit. Alors oui, évidemment, ralentir est nécessaire.

La marche permet-elle aussi un cheminement intérieur ?

Bien sûr. La magie de la marche, c’est la corrélation de deux choses : une nature parfois hostile, qu’il faut apprivoiser, et qui permet de se découvrir de l’intérieur. L’individu ne se connaît pas. Il n’existe que dans un conditionnement socioculturel, par rapport au groupe. En marchant, on apprend beaucoup sur soi, on touche à son unicité.C’est d’ailleurs pour cela que j’ai choisi de marcher en solitaire ; il faut être seule pour atteindre cette forme d’harmonie.

Vos expéditions n’ont donc pas pour objectif d’aller à la rencontre de l’autre…

Non, j’aime être seule. Les rencontres, je les subis plutôt que je ne les cherche. Ce qui n’empêche pas les belles surprises. Comme cette femme qui vivait isolée au milieu d’une forêt américaine, ce cavalier mongol qui m’a sauvé d’une meute de chiens prête à me dévorer. Ce sont des moments de grande simplicité.

Dans « Sauvage par nature », votre rencontre avec un nomade en Mongolie est un moment étrange et intense…

Quand on rencontre un autre être humain après avoir marché seule dans des grands espaces, au milieu de nulle part, c’est comme tomber sur un extraterrestre. On ne parle pas la même langue, on sort du mode de communication classique. On utilise la perception, les sens, le regard… Je me souviens en effet de cet homme croisé en Mongolie, que j’ai vu arriver sur son cheval, dans un beau manteau traditionnel vert. Je cherchais une source. Il m’a dessiné une carte au sol, dans la poussière. Notre échange a été très « animal », sommaire, mais c’était une belle rencontre. Nous nous sommes compris… et j’ai trouvé l’eau !

Etre une femme seule complique-t-il vos expéditions ?

Pas simple d’être une femme aventurière. Mais je pars toujours sans appréhension. Si j’ai su survivre face aux crocodiles et aux grizzlis, je saurai le faire face à quelques hommes malintentionnés. C’est un état d’esprit : je ne me présente pas comme une « proie », je me sens plutôt tigresse. L’attitude corporelle joue beaucoup. Le regard, la voix, les pieds bien ancrés dans le sol, la position des mains, la distance que l’on met avec l’autre. Il faut être une « tueuse », et, comme un animal, défendre son territoire. Là encore, c’est très instinctif. Il m’est tout de même arrivé d’avoir très peur ; au Laos, dans la jungle, je me suis fait attaquer par des trafiquants de drogue, armés de mitraillettes. J’ai fini par m’en sortir, mais ce jour-là, je me suis dit que la fin était venue. D’ailleurs, je n’ai pas peur de la mort, c’est une réalité très claire dans ma tête. Elle fait partie de mon quotidien.

Avez-vous déjà eu peur de mourir de faim ?

Avec le temps, j’ai cru que la faim m’était familière. Puis il y a eu cette dernière expédition en Australie, pendant laquelle j’ai ressenti la faim comme jamais, pendant trois mois. La faim est comme un monstre à l’intérieur de soi qui ne vous laisse ni dormir, ni penser. Mais le corps réagit de manière étrange. Au bout de douze jours, sans aucun apport de sucre, le cerveau passe dans un état d’hypersensibilité. J’avais alors une force incroyable, douze heures par jour. Puis, au bout du 23e jour, tout a lâché. L’énergie s’était enfuie. Pour oublier la sensation de faim, je m’astreins à une heure d’écriture quotidienne. Dans une sorte de journal de bord, je note tout, le lieu, la date, mes impressions brutes, mes sensations.

Avez-vous d’autres habitudes pour rythmer vos journées ?

J’ai mis en place un petit rituel autour du thé. Quand je sens la fatigue, ou que l’environnement est hostile, j’arrête tout. Et je me concentre sur des gestes familiers : sortir le réchaud, mettre de l’eau à bouillir… Une manière de s’extirper de la réalité.

Comment se passe le retour, après s’être quasiment coupée du monde pendant des mois, voire des années ?

Rentrer est difficile. Je vis pourtant dans un petit village suisse, près d’un lac ; une petite bulle où il n’y a aucun bruit, où je n’écoute jamais de musique. Mais après avoir vécu en telle harmonie avec la nature, le choc est grand. Je ne supporte plus d’être dans un espace clos, je suis incapable d’être au milieu d’une foule, dans le métro, dans un concert. J’ai le sentiment de devoir remettre ma carapace. Alors que quand je marche, je suis nue, sans protection.


T'as écouté le podcast Le tchip alors ?

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Pas encore. Un peu sceptique. Mais je vas tenter.

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Kékun abonné au Point svp ?

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/s ... or=CS1-32-[Echobox]

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C'est bien parce que c'est toi.

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Puis-je me permettre M.Mo' svp ? :oops:
http://www.lepoint.fr/justice/corse-un-repenti-de-la-brise-de-mer-raconte-30-09-2017-2160989_2386.php

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Jolsen a écrit:

Désolé Jojo, j'aurais bien voulu.
Mais, je ne vois pas cet article dans le dernier numéro...

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Tu as une interview ici : https://www.franceinter.fr/emissions/l-interview/l-interview-23-septembre-2017

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Arf tant pis Mo'.
Merci à toi !

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Moriarty a écrit:


Merci beaucoup !:)

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Article à la fois très intéressant et très révélateur d'un milieu qui se sclérose.

Et finalement, les vieux sont probablement ceux qui aiment le plus la sociologie pour ce qu'elle est.

J'ai des souvenirs horribles de TD de socio à Sciences Po avec un chargé de TD qui tenait des propos incohérents mais très marqués politiquement (2005 : les jeunes de banlieues sont des sauvageons qu'il faut torcher à coup de pieds au cul; Israël est un état fasciste, l'EZLN est un magnifique mouvement de libération).

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Caen, ville forte riche, spacieuse, belle de ses rivières, de ses prairies, de son port de mer ; elle se pare de tant d'églises, de maisons et d'habitants que c'est à peine si elle se reconnaît inférieure à Paris. GUILLAUME LE BRETON. Philippide, 1. VIII.


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Je trouve ça fascinant d'assister au naufrage d'un intellectuel, il y a un truc dans l’interaction de l'ego avec la dépression qui met du sel dans la plaie c'est un peu foufou.

Mon prof de philo n'en pouvait plus d'être dépité de la chute du mur du Berlin presque 10 &ns après et imitait une sodomie de truie entre deux internements.

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ebdolejournal un hebdomadaire à venir fondé par les équipes de la revue XXI

https://ebdo-lejournal.com/

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Oui c'est à suivre.

Un abonné à CI ?

https://www.courrierinternational.com/a ... 1507308288

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Un abonné le Monde svp ?

http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... 1514070624

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Face aux GAFA, « nos entrepreneurs sont culturellement dépassés »
François Némo, consultant spécialiste du numérique, estime dans une tribune au « Monde » que l’alternative aux géants de la Silicon Valley repose sur des plates-formes offrant des relations et des modèles économiques basés sur les valeurs européennes.

LE MONDE | 23.12.2017 à 07h00 | Par François Némo (Conseil en construction de plates-formes numériques)


« Notre seule alternative pour échapper à cette colonisation est de faire basculer les utilisateurs sur d’autres plates-formes en inventant d’autres formes de relations et de nouveaux modèles d’affaires.. »
Tribune. Est-ce un manque de vision, d’ambition ou quelque autre intérêt qui pousse nos capitaines d’industrie et nos chercheurs à baisser les bras en acceptant progressivement de collaborer avec les GAFA [les géants du Net Google, Apple, Facebook, Amazon] ? Tout le monde sait que cette supposée collaboration n’a pour but que de s’approprier les meilleurs de nos ressources en échange de quelques miettes sur lesquelles nous nous précipitons.
Surprenant ! Chaque jour, on voit émerger de nouveaux débats sur la régulation : comment se protéger des cyberattaques et de la diffusion des « fakes news » [fausses informations], comment se protéger des dérives de l’intelligence artificielle (IA) ou du transhumanisme. Mais jamais on n’aborde l’essentiel : le pouvoir.
Lire aussi : « Il faut accélérer la collecte des données de consommation et de comportement, et en sécuriser l’utilisation »

Car le pouvoir n’est pas la maîtrise, même si elle est nécessaire, de l’IA ou des algorithmes, c’est la conquête des opinions, de la multitude ! C’est la capacité de changer la vie des gens sinon le cours de l’histoire. Le pouvoir, c’est l’intelligence du monde, cette compréhension du « pourquoi » des gens et des choses qui fait appel à la subjectivité, à la culture, à l’intuition, à l’instinct, aux émotions.
Les applications grand public
Ce qui va nous faire gagner la guerre de l’IA, ce n’est pas la recherche et les applications technologiques, ce sont les applications grand public qui vont très simplement donner du sens (ou du contresens) à notre quotidien. Les institutions américaines l’ont bien compris qui, pour renforcer leur pouvoir, financent et assistent les projets innovants. Aujourd’hui la NASA collabore avec Uber pour développer des taxis volants. Une pertinence et une avance sur leur temps qui a permis à ces « aventuriers » de créer des plates-formes sans concurrence et qui aujourd’hui bafouent un droit évident, celui du choix.
Ces leaders ne sont cependant pas les principaux responsables de cette domination sans partage. C’est essentiellement notre incapacité à créer des contre-pouvoirs qui doit être mise en cause. Pourquoi nous nous sommes laissés enfermer entre les Etats-Unis et la Chine sans opposer la moindre résistance ? Une question que nous contournons soigneusement en accusant les grandes plates-formes de tous nos maux et en brandissant des mesures de rétorsion et de régulation plus ou moins illusoires.
CES LEADERS NE SONT CEPENDANT PAS LES PRINCIPAUX RESPONSABLES DE CETTE DOMINATION SANS PARTAGE. C’EST NOTRE INCAPACITÉ À CRÉER DES CONTRE-POUVOIRS QUI DOIT ÊTRE MISE EN CAUSE
Notre seule alternative pour échapper à cette colonisation est de faire basculer les utilisateurs sur d’autres plates-formes en inventant d’autres formes de relations et de nouveaux modèles d’affaires. Impossible, trop tard ? Ce sont les réponses que l’on entend habituellement. Bien au contraire, c’est un boulevard qui s’ouvre devant nous ! Tous les leaders sont à un clic de la chute. L’exaltation de la première révolution Internet fait place à un brutal désenchantement.
Brexit, montée des extrémismes, crise des réfugiés, crainte du terrorisme, écarts de richesse, division entre communautés, les réactions de violence et de rejet se multiplient face à la transformation profonde de la société à l’ère du numérique. Il existe une véritable attente pour inverser la tendance et faire émerger de nouvelles formes de gouvernance.
Des alternatives au monde technocentré
Avec sa culture, sa tradition de paix et de justice, l’Europe est légitime pour reprendre la balle au bond et se lancer dans l’exploration de ces nouveaux territoires tout aussi passionnants que vertigineux ouverts par les nouvelles technologies. Prendre le leadership de cette révolte et proposer des alternatives au monde technocentré, sans chair et sans historicité dans lequel nous entraînent inexorablement les leaders américains ou chinois.
La nécessité de créer de nouveaux modèles d’affaires passe d’abord par la nécessité de faire émerger de nouveaux entrepreneurs ! Il faut se rendre à l’évidence : notre logiciel est usé et nos entrepreneurs sont culturellement dépassés. Enfermés dans leur « pêché originel » – une culture entrepreneuriale linéaire axée sur l’ingénieur et les solutions techniques centralisées –, nos entrepreneurs sont incapables de sortir de leur « neutralité » technologique pour générer des idées et des actions créatives engagées.
Lire aussi : Jeremy Darroch : Internet ne doit pas devenir un « Far West » incontrôlable

C’est en dehors des actuelles filières de recrutement « raisonnables » qu’il faut trouver les nouveaux entrepreneurs qui, à l’image des leaders de la Silicon Valley, ont compris que l’avenir n’est pas le produit d’actions raisonnables, rationnelles et empiriques, mais qu’il répond à d’autres motifs beaucoup plus complexes.
« Le dernier espoir des démocraties libérales, actuellement en crise, réside dans le projet européen », écrit Yuval Noah Harari dans son dernier livre Homo Deus (Albin Michel, 464 pages, 24 euros), certainement la meilleure synthèse du monde qui vient. Face à l’avenir que nous proposent les géants de la Silicon Valley, le monde attend de nous entendre, parlons-lui sans tarder… Institutions, chercheurs, entrepreneurs, investisseurs, citoyens, refondons ensemble une Europe épuisée par son manque d’ambition en renouant avec sa triple promesse originelle de paix, de prospérité et de liberté. C’est notre seule et dernière chance !


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