Voilà ça devrait aller mieux là ...
Citation:
L’homme n’apprécie pas vraiment l’exercice médiatique. Pourtant, derrière son bureau, l’entraîneur de Caen a pour une fois dérogé à la règle et s’est longuement livré jeudi. Sur lui, ce qui est assez rare, sur la Coupe de France, qu’il n’apprécie guère et sur l’avenir sportif de ce club qui l’a vu naître, il y a un peu plus de vingt ans, au monde professionnel.
CAEN –
de notre envoyé spécial,
«Alors, il vous arrive aussi de sourire ?
– (Surpris.) Pardon ? Mais moi, je souris tout le temps !
– Ce n’est pourtant pas l’image que vous donnez ou que vous voulez donner de vous !
– Attendez ! si vous voulez parler de mon image par rapport à la presse, c’est autre chose. Avec vous, c’est du donnant donnant. Quand elles sont justifiées, les critiques sont normales. Elles peuvent même être constructives. Mais souvent ça me " gonfle"; Moi, on me demande de gérer une équipe, pas de faire des sourires à la presse. Parce que des fois, vos questions, ça me pique un peu.
– Et qu’est-ce qui vous pique en ce moment dans le jeu de votre équipe ?
– On est compétitif, mais on n’est pas compétiteurs. Le véritable problème, c’est qu’on est toujours en réaction. Je ne compte même plus le nombre de matches où on amené au score avant de se faire rattraper.
– C’est peut-être un problème de maturité chez vos joueurs, un problème de leadership ?
– Non ! Même si c’est vrai, on veut grandir tous ensemble. Maintenant, l’état d’esprit est bon. La confiance est là et on la retrouve en compétition. Malheureusement, on n’a pas de tueur.
– Plutôt de grande gueule ? Est-ce que l’entraîneur Dumas aurait souhaité diriger le joueur Dumas ?
– Ah ! ça oui ! Avec un grand plaisir. Mais moi, encore une fois, je ne suis pas une grande gueule, je suis un vrai gentil.
– Un gentil emmerdeur en quelque sorte ?
– (Sourire.) Voilà, on va dire ça. Je suis un gentil emmerdeur. Mais c’est mieux, non ? Je préfère diriger des grandes gueules plutôt que des moutons.
– Steve Savidan pourrait-il tenir ce rôle ?
– Steve, c’est un mec bien et les gars sont vraiment ravis de l’avoir avec eux.
– Ne sont-ils pas perturbés, justement, par toutes ces rumeurs de transfert à son sujet ?
– Voilà encore quelque chose qui devrait être réglé depuis longtemps. Cela fait des semaines qu’on dit que Steve va rester chez nous, qu’on va lui faire une proposition, prolonger son contrat et qu’on va même revaloriser son salaire, mais on continue à nous poser les mêmes questions. Steve ne partira pas, c’est niet et, il y a quelques jours, j’ai même dit que je démissionnerais s’il s’en allait.
– On vous sent irrité par l’insistance de Lyon.
– Plutôt fatigué de répéter les mêmes choses. Nous, quand on souhaite faire venir un joueur, on s’adresse d’abord à son président, puis à son agent et enfin au joueur en question. Ce n’est pas le cas de tout le monde, effectivement.
– Que faudrait-il à Caen, qui possède seulement sept points d’avance sur le premier non-relégable, Sochaux, pour se mettre définitivement à l’abri ?
– Comme tout le monde : une série de victoires. Puis aussi un esprit peut-être un peu plus défensif.
– Que voulez-vous dire ?
– En novembre, quand Ben Khalfallah, Eluchans et Deroin, trois milieux offensifs, se sont blessés en même temps, on jouait forcément autrement et cela me plaisait assez. L’état d’esprit était, comment dire, plus virulent.
– En attendant, c’est l’heure de la
Coupe…
– La Coupe, je m’en fous ! Elle appartient aux joueurs, ce n’est pas mon quotidien. Enfin je dis que je m’en fous, et c’est vrai, mais s’ils se font éliminer je vais quand même les allumer (rires). »
JEAN-PHILIPPE COINTOT