Republic V a écrit:
Je ne voterai pas pour Eva Joly, mais pas à cause de sa position sur le défilé militaire du 14 juillet que je trouve intéressante.
J'ai toujours entendu et lu que si les dirigeants de la IIIe République avaient institué le 14 juillet comme fête nationale c'était pour commémorer la Fête de la Fédération de 1790 (et non la prise de la Bastille de 1789).
Certes, mais notons cependant qu'en 1790 cette Fête célèbre...la prise de la Bastille, qui a eu lieu 365 jours auparavant. Bref, très tôt, cet événement a fait figure de symbole. Symbole du renversement d'un régime honni, qui va s'avérer être tellement fort qu'il va devenir le symbole de la République.
Or, cette dernière n'est instaurée officiellement que le 22 septembre 1792. Au gré de mes modestes études, j'ai souvent été surpris du peu de place occupé par cette date dans notre Histoire (qui est même reniée dans certains manuels de lycée, à laquelle on substitue le 21 septembre). Il me semble néanmoins que cette date a été fériée sous la IIIe République, mais qu'il ne fut jamais question qu'elle devint notre fête nationale. En outre, cette date est concomitante avec la victoire de Valmy (sur laquelle il y aurait tant de choses à écrire, mais nous sommes dans le symbole, toujours et encore), dont le retentissement fut énorme, mais surtout, qui concrétisait de manière éclatante les paroles de
La Marseillaise, composées 5 mois plus tôt. La cohérence eût été de bon aloi !
Mais c'est là où tu as raison Rep V : les dirigeants de la IIIe ont opté pour ce souvenir de l'unanimité de la nation en 1790, puisqu'ils cherchent à rassembler les Français, à une date où les monarchistes (divisés entre légitimistes et orléanistes) et les bonapartistes restent hostiles de manière virulente à la République. Comme le rappellent donc les commentateurs du moment, c'est donc bien "la gauche" de l'époque qui a entériné les symboles et les modalités de célébration actuels, mais des gens "plus couillus" auraient pu opté pour d'autres choix. Il faut croire que la division des "deux France" était encore trop profonde, ce que prouveront par la suite l'affaire Dreyfus et la mise en place du régime de Vichy (à la suite...du désastre de 40. Tiens, tiens !)