L'avis de Jérôme Pineau sur Alan Boileau.
Quel regard portez-vous sur la semaine vécue par Alan Boileau au Rwanda ?
Elle est incroyable pour lui car il enchaîne les victoires chez les professionnels pour sa première année. Il a huit jours de courses chez les pros (onze exactement), il a gagné trois fois. Le ratio est bon (rires). Mais s’il est chez les pros, ce n’est pas pour rien. C’est un garçon qui a beaucoup de talent. Le terrain au Rwanda correspond parfaitement à ses qualités. Il a la confiance, c’est un garçon qui est plein d’ambitions pour la suite, qui a de grandes qualités et le prouve en ce moment. Certains pourraient dire que ce n’est que le Rwanda. Mais c’est une course pro, avec du très beau monde autour de lui. Il a quand même réussi à aligner Alexis Vuillermoz, certes de retour de blessure, mais qui reste un coureur capable de gagner par le passé à Mûr-de-Bretagne dans le Tour (2015). En plus de cela, il le pragmatisme des grands dans le final. Il ne s’affole pas, il court juste. Pierre Rolland se met à son service et ça ne le fait pas trembler.
Pour l’encadrement, cela valide aussi le choix de l’avoir fait passer professionnel.
Bien sûr, c’est un plaisir pour nous de voir que le pari de lancer de jeunes coureurs dans le grand bain fonctionne. C’est une semaine qui sera très riche en enseignements et qui sera bonne pour la suite de sa carrière. Je suis moins surpris que la plupart des observateurs mais c’est normal, je l’ai suivi, je l’ai écouté, je l’ai rencontré. Je sais ce qu’il a dans le ventre. Il y a aussi notre cellule de performance qui le suit au quotidien et qui avait vu que ça allait très bien pour lui en ce moment. Il avait déjà montré de premiers signes encourageants au Tour de Valence (14 au 18 avril).
À 21 ans, il fait déjà preuve d'une grande maturité.
Il a de la graine de champion. Ce sera à lui de décider ce qu’il en fera. C’est l’abnégation et les choses qu’il mettra en place qui décideront de quoi son avenir sera fait. Il a cette maturité capable d’assumer un rôle. Aujourd’hui (ce jeudi), l’équipe est allée le voir à 20 km de l’arrivée pour savoir s’il se sentait bien. N’importe quel jeune néo-pro, qui vient de gagner deux fois, pourrait trembler un peu et hésiter. Lui a assumé jusqu’au bout et il a encore couru juste dans le final. Toutes ces choses nous font dire qu’il y a de l’avenir avec lui. Que ce soit au Rwanda ou ailleurs, n’importe quelle course est dure à gagner. Savoir gagner, c’est essentiel pour un jeune. Il a cette qualité, on l’avait déjà vu par le passé. Je ne veux pas qu’il perde ça. Parfois, quand on arrive chez les professionnels, on le perd, car c’est plus dur, le niveau est plus haut et que l’on n’ose pas. Ce que je veux aussi, c’est qu’Alan continue à progresser et ne se lasse jamais de gagner.
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