Extrait du site de l'ASSE.
19 avril 06
Les internautes du site officiel
www.asse.fr ont souhaité poser ce mois-ci leurs questions à Sébastien Mazure. L’attaquant de l’AS Saint-Etienne répond sans langue de bois et en toute franchise. Les internautes ont adressé une centaine de questions, certaines se recoupaient : voici un condensé fidèle qui répond aux interrogations des utilisateurs du forum officiel.
Sébastien, pourquoi avez-vous été aussi discret en terme de communication et de présence dans les médias alors que cette saison, vous avez connu des périodes difficiles, un temps de jeu réduit et une blessure récurrente ?
Sébastien Mazure : «Tout simplement parce que je ne suis pas très expansif. Je ne fais pas partie des personnes qui, même lorsque cela se passe bien, s’épanchent dans la presse. Je ne vois donc aucune raison particulière à le faire lorsque cela se passe mal. D’autre part, comme cela ne se passait justement pas très bien pour moi, je ne voulais pas dire des choses qui auraient dépassé ma pensée».
Même après le match de Nantes lors duquel vous rentrez et vous marquez, vous n’avez absolument pas voulu vous emballer…
S.M. : «Il n’y avait pas de raison. A chaud, on a tendance à dire des choses que l’on regrette plus tard. Je préfère rester discret. Même à Caen la saison passée où cela se passait bien, je n’en ai pas rajouté. Cette saison, je garde tout ce que je pense pour moi».
Malgré votre saison difficile, le public semble vous apporter un soutien indéfectible. Est-ce important pour vous ?
S.M. : «J’ai cette impression que les gens m’ont toujours apprécié, toujours soutenu et cela montre bien que l’on n’a pas besoin d’être bavard dans la presse pour cela. Je suis content. C’est rassurant de savoir que les gens qui regardent le football ne regardent que le foot, sans s’intéresser au reste. Je suis donc plutôt fier de cela. Ce soutien est surtout très important lorsque je rentre à la maison le soir. Cela me permet de retourner à l’entraînement en me disant que tout ce que je fais, cela compte peut-être. Cela permet de continuer à rester motivé».
Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez marqué contre Nantes. Avez-vous pleuré de désespoir ou de joie ?
S.M. : «Je n’ai pas pleuré du tout. J’étais tout simplement heureux qu’on gagne le match. J’étais heureux comme un sportif qui remporte une victoire. Je savais ce que je traversais et je ne voulais pas en faire plus que ce qu’il fallait».
Comment envisagez-vous votre avenir ? Si vous aviez la garantie d’être titulaire, seriez-vous prêt à rempiler ?
S.M. : «Cette question est compliquée. Dans le sport, on n’est jamais certain de quoi que ce soit. Je n’ai jamais demandé au coach d’être un titulaire indiscutable. Je n’ai pas cette prétention. Je n’ai jamais critiqué personne. Je ne sais donc pas de quoi mon avenir sera fait mais il faudrait qu'on en parle autour d’une table. C’est une éventualité à prendre en compte».
Avez-vous aussi votre part de responsabilité dans le fait que vous jouez peu ?
S.M. : «Certainement. Quand on vous achète deux millions d’euros et que l’on ne vous fait pas jouer pendant plusieurs mois, on se pose des questions. Là où j’ai peut-être ma part de responsabilité, c’est lorsque j’ai joué un peu plus. Mes performances n’ont peut-être pas été à la hauteur de ce que l’on espérait. Il faut être franc. Je n’ai peut-être pas convaincu l’entraîneur de me laisser en place. Maintenant, je pense qu’on ne m’a jamais vraiment donné la confiance. Je ne l’ai jamais ressentie. Et il est hors de question que je donne sans recevoir».
Suivez-vous toujours l’actualité et le parcours de Caen, votre ancien club ?
S.M. : «De très près. J’ai encore des contacts très proches avec le club qui peuvent même me faire penser qu’un retour n’est pas impossible. Je suis amoureux de ce club. C’est un club que je n’aurais pas quitté malgré les propositions, s’il s’était maintenu en Ligue 1. Je l’ai toujours dis. Je suis encore très proche de certains joueurs et du président. C’est un homme que j’ai toujours considéré avec énormément de respect puis avec amitié au fil des années. Caen est une ville que j’ai au fond de moi».
Si vous deviez retourner à Caen comme les rumeurs de certains journaux en font état, considéreriez-vous un retour en Ligue 2 comme une régression ?
S.M. : «Sur un plan sportif, oui, mais sur un plan humain, j’y retournerais, pour ma famille et moi. Je privilégierais ma vie privée à ma vie professionnelle et à mon ambition personnelle».
Comment avez-vous géré vos blessures cette saison ? Est-ce dur psychologiquement ? Où en êtes-vous de votre blessure au mollet ?
S.M. : «J’ai été blessé au mollet pendant deux mois et demi. Je pensais que c’était une blessure qui allait passer rapidement mais en fin de compte, elle s’est éternisée, notamment parce que j’ai voulu reprendre trop rapidement pour un match contre Bordeaux. Je n’étais pas bien du tout dans ma tête et je crois que cela a joué. J’en ai parlé avec le docteur. Dans une période noire, le cerveau a fait que cela se passe également mal dans le corps. Cela a été compliqué à gérer. Mais ne me sentant pas indispensable, loin de là, j’ai essayé de ne plus me prendre la tête : ma santé avant tout. Quand j’étais bien, je n’ai pas forcément joué. Je ne laisserai personne dire que c’est ma blessure au mollet qui a gâché ma saison. Cette année, beaucoup de joueurs ont été blessés à l’ASSE et cela ne les a pas empêchés de retrouver leur place».
Quels sont les joueurs avec qui vous êtes proche dans le vestiaire ?
S.M. : «Il y en a quelques-uns. Je suis très pote avec Jody Viviani, avec Julien Sablé et en très bonne relation avec Zoumana Camara, Frédéric Piquionne, Pascal Feindouno…et d’autres. Je suis beaucoup plus renfermé qu’eux mais tout se passe bien. Je n’ai jamais été en conflit avec qui que ce soit dans le vestiaire. Ce sont de fausses rumeurs. En fait, c’est essentiellement sur le plan sportif que cela s’est mal passé».
Votre discrétion et votre professionnalisme sont à souligner.
S.M. : «On me l’a beaucoup dit. Nombreux sont les entraîneurs français et les dirigeants de clubs qui m’ont dit que c’était la meilleure solution. Je ne suis pas du genre à faire des tapages pour rien. La vie m’a appris qu’il faut savoir être raisonné, qu’il faut réfléchir avant d’agir. Je n’en veux à personne. J’ai un salaire qui est enviable, je ne suis pas une star capricieuse. Je fais mon boulot. Certains penseront que je ne le fais pas bien, d’autres que je n’ai pas été jugé à ma valeur, chacun a son avis sur la question. J’ai le mien et je pense que c’était la bonne solution de ne pas faire d’esclandres et d’attendre le bon moment pour prendre des décisions. Je ne suis pas du genre à retourner ma veste».
Quels sont les domaines dans lesquels vous devez progresser ?
S.M. : «Il y en a plein. Mais ce n’est pas évident. Il faut trouver la personne qui va vous faire progresser en comprenant vos besoins, vos qualités, vos défauts et en vous donnant toute la confiance nécessaire pour pouvoir le faire. Tout seul dans son coin, on ne progresse pas forcément».
Quel est votre modèle en tant que footballeur ?
S.M. : «Je n’ai pas de modèle particulier. Il y a plein de joueurs que j’adore. J’aime bien marquer des buts et faire des passes. Ce qui me plaît dans une équipe, c’est le jeu de passe, le jeu collectif. Je ne comprends pas les gens qui veulent briller individuellement avant de privilégier la solution collective».
Seriez-vous prêt à jouer milieu de terrain en retrait de deux attaquants de pointe ?
S.M. : «Non. Ce n’est ni ma vocation ni mon poste. On a un peu eu l’impression que je l’ai fait cette année mais ce n’est pas mon jeu. Ce n’est pas moi».