Inscription: 09 Juil 2007 12:54 Messages: 16378 Localisation: Paris
|
Aujourd'hui avec sa réunion dite e-G8, financée par des entreprises privées et chargée au terme des débats d'envoyer un message aux dirigeants des pays participants au sommet du G8 on vit un grand moment de manipulation et d'hypocrisie.
La quadrature du net s'exprime sur le sujet.
Article du monde:
- Cliquez ici pour faire apparaître le contenu caché
Citation: "Do no harm", ou en français, "d’abord, ne pas nuire" : le journaliste et universitaire américain Jeff Jarvis, l’un des rares représentants de la société civile participant aux tables rondes de l’e-G8, a interpellé Nicolas Sarkozy pour lui demander de prêter le serment d’Hippocrate envers l’Internet. Durant deux jours, 1 500 invités, pour la plupart issus du monde des entreprises Web, ont été invités à participer à une série de débats sur "la question d’Internet", selon les mots de Maurice Lévy (Publicis), l’organisateur de l’événement souhaité par le président de la République. Au terme de deux jours de discussion, un message commun doit être envoyé aux chefs d’Etats et de gouvernements rassemblés au G8 à Deauville.
Ce message, estime Jeff Jarvis, devrait être "d’abord, ne pas nuire" : "aucun gouvernement ne possède Internet, mais les Etats le voient comme un espace à conquérir". Il est donc important de pas légiférer trop vite, et de ne pas prendre de décisions dommageables pour l’avenir du réseau. "Pourquoi voudriez-vous qu’on vous nuise ?", a rétorqué Nicolas Sarkozy. "Vous représentez un potentiel de croissance extraordinaire. Mais est-ce qu’évoquer la question de la sécurité face au terrorisme, c’est vous nuire ? Est-ce que dire que la création doit être respectée, c’est vous nuire ?"
Si Nicolas Sarkozy a évoqué lors de son discours plusieurs des grands points de clivage entre les gouvernements, les entreprises et les citoyens – lutte contre la pédopornographie ou le terrorisme, protection de la vie privée, droit d’auteur, censure – ces sujets "qui fâchent" ne seront pas tous abordés lors du sommet : seule la question de la propriété intellectuelle fera l’objet d’un débat en séance plénière.
LA CNIL PAS INVITÉE
La protection de la vie privée, présentée comme centrale par le président de la République dans son discours aux entrepreneurs – "Ne laissez pas la révolution que vous avez lancée porter atteinte aux droits élémentaires de chacun à une vie privée et à une pleine autonomie" – est absente des discussions. Dans un communiqué, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) déplore "l'absence de tout régulateur des données personnelles et de la vie privée ainsi que des associations de défense des libertés ou des consommateurs alors même que ce thème figurerait au programme" de la manifestation.
La CNIL, dont aucun représentant n’a été invité à l'e-G8, fait mine de s’interroger : "Lors de cet événement où tout s’achète, combien coûte la protection de la vie privée ? Apparemment pas grand chose !" Entièrement financé par douze sponsors privés et Publicis, le sommet, dont le budget est estimé à trois millions d’euros, laisse une place importante dans les tables rondes aux PDG des entreprises qui l’ont co-financé.
C’est l’un des problèmes que pointe le collectif La Quadrature du Net, qui voit pour sa part dans l’e-G8 un "écran de fumée" et une collusion entre grandes entreprises et gouvernements. "Les gouvernements semblent avoir renoncé à protéger les droits des citoyens face aux entreprises s'engageant dans des activités néfastes. Ils ont conclu une alliance avec certaines de ces entreprises, effrayés par les nouvelles possibilités offertes aux individus par Internet et l'informatique. L'e-G8 est une mise en scène où un gouvernement déconnecté de la civilisation Internet espère apparaître en phase avec celle-ci en se montrant en compagnie de quelques leaders économiques du secteur", assène Jérémie Zimmermann, porte-parole de La Quadrature Du Net. La lettre de refus de participation de Mediapart:- Cliquez ici pour faire apparaître le contenu caché
Citation: Cher Monsieur,
Nous vous remercions de votre invitation à participer, au titre de Mediapart, au Forum e-G8 dont vous êtes l'organisateur à la demande du Président de la République. C'est pour nous une marque de reconnaissance de l'ambition éditoriale, du modèle économique et de l'indépendance véritable de notre journal en ligne.
Mais c'est au nom de cette indépendance même que nous sommes au regret de décliner cette invitation. Les enjeux citoyens et mondiaux du numérique, en termes d'intérêt général et de bien public, ne nous semblent pas compatibles avec une manifestation soumise à l'agenda politique de la présidence française et aux intérêts financiers des grandes entreprises du secteur. Ces contraintes, qui vous sont imposées, ne nous semblent pas offrir les garantie d'indépendance et de pluralisme que nous serions en droit d'attendre d'une telle manifestation internationale.
En ce sens, notre refus est un acte de solidarité avec les diverses protestations venues de la société civile contestant une manifestation qui réduit Internet, d'une part, à un levier de croissance économique, d'autre part, à une menace pour les puissances étatiques. Cette alliance des puissances étatiques et économiques marginalise ou néglige les questions démocratiques qui sont le premier défi du numérique, qu'il s'agisse de la généralisation du droit d'accès à Internet, de la défense de la liberté d'expression, de son renforcement et de son extension, de la protection de la neutralité du Net et, plus généralement, de la promotion de toutes les questions d'intérêt public mondial.
Nous partageons donc les inquiétudes du Forum sur la gouvernance de l'Internet qui voit le Forum e-G8 "comme une régression majeure pour la démocratie mondiale et la diversité du débat". Nous sommes solidaires de l'Appel à la résistance créative initié par La Quadrature du Net face à une initiative qui entend renforcer le contrôle centralisé du Net, au détriment des libertés d'information et d'expression. Et nous comprenons les protestations soulevées lors du contre-G8 organisé au Havre par le monde associatif des ONG.
Journalistes et travailleurs de l'information, nous nous situons résolument du côté du droit à l'information des citoyens, droit sans frontières comme l'exige la Déclaration universelle des droits de l'homme auquel aucune autre entrave que le respect des libertés fondamentales ne doit être opposé.
Certains que vous comprendrez les raisons de notre refus et les convictions qui le motivent, nous vous prions de croire à l'expression de nos salutations cordiales,
Edwy Plenel Directeur de Mediapart
Marie-Hélène Smiéjan Directrice administrative et financière de Mediapart
Jeff Jarvis en Anglais à propos de la réponse donnée par Sarkozy à sa demande de serment "Do not harm".
_________________ « Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons. »Влади́мир Ильи́ч Улья́нов This is such a mind fuck.
|
|