Sur ce thème, j'aime assez le point de vue bien pensant et exprimé sur un journal gauchiste d’extrême droite, soit Mediapart, défendu par Antoine Perraud.
Citation:
Les poursuites judiciaires engagées contre Dominique Strauss-Kahn soulèvent de la pire façon (violence et voyeurisme planétaires), avec un chef d'accusation délictueux en diable, ce que la France n'a jamais su affronter: sa complaisance envers ce qu'il est convenu de nommer «les frasques» de son personnel politique.
Certes, en 1959, André Le Troquer, président socialiste de la chambre basse, qui venait de laisser son perchoir au gaulliste Jacques Chaban-Delmas, fut dénoncé puis sanctionné (un an de prison avec sursis). Il avait participé à des «ballets roses». L'expression, forgée par France-Soir, désignait des spectacles érotiques organisés avec des jeunes filles parfois lancées par leur mère. C'était dans la forêt de Fausses-Reposes (Yvelines), au sein du pavillon du Butard alors mis à la disposition du président de l'Assemblée nationale.
En 1965, Antoine Pinay, seule personnalité de droite capable d'inquiéter Charles de Gaulle, aurait été dissuadé de défier le chef de l'État lors des élections présidentielles, en raison de lourds dossiers concernant ses bagatelles.
À part cela, le retour du président Giscard d'Estaing à l'heure dite du laitier, en septembre 1974, passa comme une lettre à la poste. Et la deuxième famille du président Mitterrand, nichée dans les replis de la République, fit presque saliver.
On peut y voir une heureuse exception planétaire, à mille lieues des morales rigoristes anglo-saxonnes.
On peut, au contraire, y distinguer un processus de veulerie gaillarde. Excipant d'une forme de théorie des races et du climat – la gauloiserie méditerranéenne en quelque sorte –, les faiseurs d'opinion s'attachent à justifier «le tabou français». Plus encore qu'en Italie, une «vie sentimentale tumultueuse» (euphémisme longtemps en vigueur) serait un marqueur de l'identité politique nationale. Les électeurs s'identifieraient en toute complicité carnassière, ou bien compenseraient leur faiblesse en la matière grâce à de tels exploits par procuration; en ce pays où le fouteur est roi.
La monarchie n'est jamais loin en France. Dans l'inconscient collectif, le droit de cuissage incombe à l'apanage des hommes de pouvoir. Ogres d'Ancien Régime, ils prélèvent leur tribut en milieu démocratique. Leur libido dominandi va de pair avec l'autorité verticale qu'ils incarnent.
Violentée ou même consentante aliénée, la femme, alors réifiée (au même titre que jadis le sujet colonisé), devient une option en stock, un lot de consolation sexuel, de la chair à frisson. Aux yeux du politicien prédateur, comme du public mis dans la connivence.
Passer de la gaudriole à la réflexion, découpler la politique de la paillardise, refuser que la vie de la cité se satisfasse de l'indignité faite au «beau sexe», est-ce faire preuve de vertu intégriste? Non, c'est refuser cette domination de la femme par l'homme, qui poursuit par tous les moyens sa carrière archaïque dans l'esprit public.
Veulerie gaillarde. J'aime bien.