Moi, je ne fréquente pas les bars.
(mouhahaha).
J'y connais rien en bars caennais, je ne me rappelle que de ceux de mon adolescence et des après-midi de sèche (quoique à Allende la jeunesse jouait plutôt du jembé autour du stade ou allait voler à Carrefour...), et les rares fois où j'ai voulu retourner dans les mêmes rades je me suis prise un méchant coup de vieux.
Mais dans la vraie rubrique "la Vie d'tous les jours", j'ai testé :
LA PISCINE MUNICIPALE QUAND ON N'Y A PAS ETE DEPUIS 10 ANS.
Bah, oui, pour moi, la piscine c'est plutôt le lieu où l'on boit la Pina Colada en vacances, où le spot où on joue à couler avec les neveux.
De fait, en y repensant, je me souviens avoir été une addict à la piscine de Colombelles...mais ce serait bien au siècle dernier.
Alors là, rongée par la mauvaise conscience, défigurée par les excès, ramollie par l'inactivité, et fatiguée de la nuit, c'en était trop.
"et si j'allais chez Decath' acheter un maillot à 5 euros, et que j'allais bouger mon corps au milieu des mômes parisiens en vacances?"
Ni une ni 2. Fasse à la pauvreté du panier et au recours exclusif aux premiers prix, je me sens obligée de faire une petite blague à la caissière de Decathlon quant à mon statut de sportive du dimanche. Elle rit, et me félicite de mon choix de brassière ("acheter la même chez Nike aurait été une bêtise", me dit-elle...la brave femme.)
J'hésite à acheter un vrai tapis pour mes fausses séances de Yoga sur DVD, puis je me dis qu'il faut arrêter les conneries (enfin, mon banquier surtout. Le chien.).
Et hop.
Non non. Je n'ai pas opté pour l'Aquaboulevard et le barbotage à 20 euros la séance.
Je me dis "sois courageuse, marche au lieu de reprendre le tramway".
Le tramway arrive et je l'emprunte, donc.
Et là! Ravissement. A deux pas des jolies cités, la piscine municipale de Paris-Didot vous ouvre ses portes.
Vêtue pour 12 euros (en comptant le bonnet de bain "spécial cheveux longs" (comme s'il te donnait l'air moins con)), je constate que les vestiaires, sans surveillance, sont la proie de jeunes vacanciers en manque d'occupations saines (et visiblement pas équipés pour un plongeon). Je regrette d'avoir pris mon téléphone. J'angoisse à l'idée qu'on me vole mes nouvelles baskets Artengo à 12 euros, je flippe à l'idée qu'on me dépossède de ma carte bleue.
En fait, c'est dès qu'on enfile le bonnet qu'on se rappelle soudain pourquoi on n'allait plus à la piscine. On devient le plus vulnérable et le plus laid des êtres humains. On respire chlore. On se lave chlore. On avale chlore.
Le maître nageur, qui vient de demander à 2 fillettes d'arrêter de plonger dans le petit bassin, me lance un sourire jovial, tandis que j'entame ma 2ème longueur:
"ça va, tout roule?"
Je prends la tasse en tentant de lui signaler que "c'est dur de s'y remettre. " Et que je n'ai pas fait ça depuis 10 ans. A mi-parcours, je sens mon genou se bloquer. L'aventurière en a vu d'autres. Je sauve la face et survis à ce premier incident.
Je réalise que mon objectif du Km est parfaitement inconsidéré, dès lors que je comprends que ce bassin ne fait que 25m.
Réaliste, je me contente de 45 minutes d'allers et retours en touriste et d'yeux qui piquent.
Le sus-cité maître nageur me félicite pour ma forme. (je n'ose pas croire qu'il ne se moque pas, le bougre. J'ai eu l'impression de patauger dans la Stella tellement j'ai divorcé d'avec mon hygiène de vie.)
Les bonnets de bain "cheveux longs" sont une belle arnaque, au passage. Ca te pourrit la vie, ça te gâche le plaisir, en plus de te rendre ridicule. C'est le préservatif du nageur. L'Herpès de la bouche à pipes.
J'ai mal. Même quand je tape sur la touche du point/point virgule.
Dois-je vraiment conclure en disant "c'était génial, je m'y mets à fond"?
Parce que, j'sais pas...mais la mauvaise conscience, tout comme le lendemain de fête, et bah ça m'fait moins mal au mollet.
Marie, une vie de rêve pour 2,60 euros.
PS : les mômes ne m'avaient rien piqué. La caissière en était à la même page du Parisien qu'à mon arrivée. A peine sortie de ce temple de la bactérie, j'ai rallumé un clope.
Ce message est dédicacé à tous ceux qui, comme Graham ou Simply The Best, raffolent de mes tranches de vie hors du commun. C'est avec plaisir que je leur offre celle-ci (et essore ma serviette sur leurs futurs écrits).
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