Youssef El Arabi : " Revenir à Caen, ça me trotte dans la tête"
L’ancien attaquant du SM Caen Youssef El Arabi (30 ans), dont la carrière n’a pas épousé une trajectoire à la hauteur de son talent, a connu l'Arabie Saoudite, l'Espagne et le Qatar, où il évolue depuis 2016. Resté très attaché à son club formateur et à son quartier d'Hérouville, il nous a accordé un long entretien où il raconte ses meilleurs souvenirs et revient sur ses choix de vie.
« Mon lob du pied gauche sur Lloris en 2010… »
"Je suis toujours supporter du Stade Malherbe bien sûr, j’ai encore regardé le match contre Amiens à la maison samedi. Je suis resté en contact avec Sorbon, Nivet, Garande ou des anciens comme Tafforeau, Yatabaré, Inez, Florentin."
"Je suis content pour le club, qui rebondit bien, et j’espère qu’ils vont garder cette dynamique. Et puis j’ai un collègue de sélection qui joue à Caen. Youssef (Aït Bennasser) m’avait appelé pour me demander des renseignements sur le club, je lui ai dit de ne pas hésiter !"
"Percer dans sa ville, devant son public, j’en suis fier encore aujourd’hui. Je suis arrivé tard dans le monde pro, mais j’ai pu marquer le coup. J’ai pu aussi profiter du fait que le club avait été relégué en L2 (2009) pour monter crescendo et avoir du temps de jeu. En L1, cela aurait été un peu plus difficile, il y avait aussi un gars comme Savidan en 2008, un top joueur avec lequel j’ai pas mal appris à l’entraînement."
"J’ai deux grands souvenirs. J’avais marqué 10 buts lors des 14 premières journées de L1 en 2010. On avait commencé par battre au Vélodrome Marseille, à l’époque la grosse équipe avec Niang ou Lucho, et puis j’avais marqué aussi contre Lyon dans la foulée à d’Ornano. Un lob du pied gauche sur Lloris, mon plus beau but cette saison-là !"
"Finir 3e meilleur buteur de L1, c’était énorme. J’étais bien servi par Nivet ou Hamouma aussi, dans une équipe qui jouait pour moi. Aujourd’hui, ça me fait plaisir quand les supporters m’envoient des messages sur les réseaux sociaux, en me disant « tu nous manques, reviens à la maison ! »
"Si j’ai songé revenir à Caen ? Franchement, oui ! Il y a des joueurs qui aiment bien finir leur carrière dans leur premier club, ça me trotte dans la tête. Terminer dans ton club formateur, devant ton public, ça serait beau ! Le football est particulier, mais si j’ai cette possibilité… Je n’ai pas eu les dirigeants sur ce sujet, après il y a eu pas mal de changements depuis mon départ. »
« À Grenade, ils veulent me faire une statue ! »
"Je suis content parce que j’ai pu laisser une trace partout où je suis passé. À Grenade (El Arabi est le meilleur buteur de l’histoire du club), ils veulent même me faire une statut à côté du stade, mais c’est tôt et un peu gros quand même pour moi !"
"J’ai fini 5e meilleur buteur de Liga en 2016 (16 buts en 35 matches), dans le meilleur championnat du monde. Grenade, c’est un petit club qui joue le maintien, ce n’est pas toujours évident, mais jouer régulièrement contre des équipes qui finissent souvent en finale de C1, c’est assez énorme."
"Marquer au stade Bernabeu contre le Real, c’était quelque chose qui restera gravé à jamais. On avait battu aussi le Barça chez nous en 2014 : c’est nous qui lui avions enlevé le titre à deux journées de la fin, dans un stade bondé."
"Pour l’anecdote, Messi a aussi accroché mon maillot dans son musée personnel, avec tous les maillots des joueurs qu’il apprécie, franchement c’est un honneur ! Je ne pensais même pas qu’il le garderait quand je lui ai donné ! »
« 17 buts en L1, et pas de propositions… »
"Ne pas avoir de propositions concrètes après une saison de L1 à 17 buts en 2011, ça m’a mis un coup. Les clubs disaient vouloir des attaquants plus confirmés, mais je me souviens que dans un marché des transferts beaucoup moins fou qu’aujourd’hui, le président Fortin ne demandait que 5 millions d’euros…"
"Ma priorité était de rester en Europe. Il n’y a eu que le Genoa, où j’ai visité les installations, mais ça ne m’a pas donné envie d’y aller. J’ai repris la saison avec Caen, puis fini par accepter Al Hilal en Arabie Saoudite. On a fait quart de finale de la ligue des champions asiatique, et mon agent a pu ensuite me trouver une porte de sortie à Grenade."
"L’année dernière, je voulais partir de Grenade, connaître autre chose qu’un club qui joue le maintien. C’était compliqué dans le contexte de la vente du club à des Chinois. J’espérais trouver un club de haut de tableau, ça n’a pas été le cas. Bordeaux et Saint-Etienne me voulaient aussi en prêt, mais le président de Grenade exigeait un transfert."
"J’ai eu une première offre du Qatar que j’ai refusé, mais le mercato est resté bloqué, et j’ai fini par accepter leur 2e proposition. J’ai fini meilleur buteur avec Lekhwia la saison dernière, après avoir été blessé presque trois mois à l’épaule. J’ai eu une offre d’un gros club turc cet été, mais mon président n’a pas voulu me lâcher.
"Je ne suis pas vieux, mais pas jeune non plus : à moi de ne pas me tromper si j’ai une opportunité de revenir. Je vis au jour le jour. »
« Des questions d’argent, mais pas que… »
"Je pense que j’avais la capacité de jouer de grandes compétitions, connaître vraiment le haut niveau en Coupe d’Europe dans un plus gros club. Avec une grosse équipe, j’aurais sûrement marqué encore plus. Je n’ai pas eu cette chance, mais je remercie Dieu déjà d’avoir fait une carrière."
"Il ne faut pas regretter ce qui arrive, il faut assumer et aussi respecter les choix des gens, mais quand je suis parti en Arabie Saoudite, ce n’était pas vraiment le bon."
"Je ne vais pas mentir, l’argent rentre en ligne de compte, mais il n’y avait pas que ça. S’il y avait eu d’autres possibilités à côté, OK, on aurait pu dire que je ne pensais qu’à ça. Mais encore une fois, ce n’était pas le cas, il n’y avait donc pas vraiment matière à trancher par rapport à l’aspect sportif."
"Est-ce que j’ai été trop gourmand financièrement à un moment ? Peut-être que ça a joué, mais vous savez comment est fait le système du football. À une époque, on payait un joueur en fonction de sa valeur, aujourd’hui c’est plus par rapport au club où il joue, à l’état du marché. Et cet été en France, beaucoup de clubs ont dû se résoudre à prendre des joueurs libres ou en prêt. »
_________________ tu ferrais bien de t'y mettre à la rando, sinon tu vas finir au Cap d'Agde comme bouée tractée !
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